De Pont du Fossé à Jérusalem

A deux sur un cheval-vapeur.

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§ Automne 1954.

Sortant du C. F. J. ,diplôme en poche, Robert Faure achète, avec l’argent de ses trois mois de stage à « Midi Libre », à son frère Honoré, à Pont du Fossé, une petite moto d’occasion: une Puch 125 ( 1 cheval-vapeur) et décide de partir, avec un collègue du C. F. J. vers le Proche Orient.

Robert Faure tient le raisonnement suivant: « Que faire après le Centre de Formation des Journalistes? Journaliste bien sur, mais quoi dans le journalisme? Il est évident qu’un rédacteur en chef avisé n’enverra pas un débutant en grand reportage aux quatre coins du monde. Alors, plutôt que de tout rater, autant se prendre en charge pendant qu’on est encore libre…et foncer vers l’aventure.
Or, l’aventure est là.
J’ai une petite moto. Pierre Nogent a une amie en Israël.
Combinons les deux.
Filons à Paris pour les démarches ».

Article paru dans « Paris Normandie » les 28 et 29 septembre 1955

 

« QUAND le sol vous brûle les pieds, quand les fourmis vous montent le long des jambes, quand les yeux ont hâte de s’agrandir, les oreilles de bourdonner d’enivrements, les mains de serrer d’autres mains…, qu’est-ce qu’on fait ?

On décide de partir.

A vrai dire, on décide un peu dans l’inconscience sans prévoir les montagnes de paperasses, d’ennuis, de difficultés, de tracasseries… Moyens de locomotions, photographies pour les visas, queues à chaque ambassade, “ Revenez demain ! ”, piqûres antivarioliques, certificats de baptême pour les pays arabes, carnet de passages en douanes, assurance au tiers, permis de conduire international qu’on délivre même si, comme nous, n’avons jamais passé devant un examinateur, sacs à bagages, adresses à collecter, argent à mettre de côté, au revoir tonton, au revoir tata… et cetera…Et ne rien oublier surtout, ni oublier personne…

Ouf !

Départ le  21 Novembre 1954.

«Puchnette », motocyclette Puch 125 cm 3 (force : un cheval vapeur) attendait près des tonnelles, le ventre plein, la chaîne huilée, le robinet essence ouvert.

Nous devions partir à midi de Nogent.

 

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Au départ: première tentative compliquée. Devant: Pierre Prégentil (Robert Faure), derrière: Pierre Nogent… Installation peu confortable à revoir!

Hélas, personne n’était là pour nous expliquer de façon logique comment attacher sur les deux sacoches archi-pleines de la moto : deux sacs marins bourrés de nos paquetages, un bidon d’huile, deux sacs de couchage, une serviette en cuir remplie d’adresses, de papier vierge, de quatre passeports… etc…, besoin nous fut de subir encore quatre heures de patience et de reficelages.

 

 

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Où tout placer? Comment attacher, sur les deux sacoches archi-pleines, les 2 sacs marins bourrés de paquetages, le bidon d’huile, les sacs de couchage, les multiples papiers, les appareils photos…etc…

Aux yeux des passants honnêtes, notre moto devait ressembler, dans l’épais brouillard, à ces anons des pays arabes surchargés de marchandises et de balluchons d’étoffes…Elle allait lentement.C’était le rôdage (à froid, très froid) pour les segments neufs comme pour notre colonne vertébrale. Quand le moteur chauffait, nous commencions à claquer des dents. Ce grand jour-là, seuls nos petits lits chauds de Sens eurent vraiment du bon.

En guise d’apéritif au voyage, nous étions servis.

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La crevaison n’allait pas tarder à planter son clou. Elle choisit, pas de chance, la Rochepot. Mais, dans ce maquis, un mécanicien ouvrait baraque. Il cacha le trou, négligea la chaîne. Au remontage,il ne la tendit pas… Nous fûmes bons pour son prochain collègue.

L’Auberge de la Jeunesse de Crèches-sur-Saône (près de Mâcon) se compose de dortoirs, d’une casserole et d’un tas de balayures. Les balayures servirent à faire du feu et la casserole de 10 centimètres de diamètre à cuire deux immenses biftecks. Ils cuiront à peu près autant que pouvaient l’être ceux des Huns qui les plaçaient entre leur corps et l’échine fumante de leurs chevaux. Ce feu ne put guérir nos rhumes, et les gouttes au nez de P. Nogent continuèrent à tomber sur le nylon de la combinaison de P. Prégentil. Un café chaud à Lyon, un grog à Montélimar avec du filet de maquereau (plutôt que du nougat) nous réchauffèrent jusqu’à l’île de la Borthelasse, sise en Avignon, cité papale ensoleillée. Quand les cigales chantent et que vous avez le vent debout, le garde-boue arrière qui rompt sous le poids, la crevaison qui remet ça, l’Estérel à grimper, les Adrets à franchir, les sacs de couchage perdus puis retrouvés, mieux vaut penser aux histoires de Marius… et aux olives qu’une brave dame, à Cannes, prépare pour notre arrivée.

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De la France vers l’Italie .

En fait, c’est la pluie qui nous trouve à Cannes, nous troue les habits, et nous retrouve lendemains et surlendemains jusqu’à Zagreb.

L’Italie : en coup de vent, trempés jusqu’à l’humérus, l’intérieur de nos sacs mouillés jusqu’au troisième slip, et virages sur virages sur la route glissante tout au long de la Riviéra.

De Gênes, nous avons vu surtout le fourmillement des rails de tramways qui jouèrent la peau de banane et nous mirent front contre terre.

A Venise, « Puchnette » a préféré l’immense garage où elle était reléguée pour la nuit dans un cinquième étage à l’interdite place Saint-Marc, aérodrome de pigeons domestiques et débarcadère de gens à boites à déclic.

C’est au Castelleto di Scorcola, à Trieste, qu’enfin nous pûmes étendre à l’aise nos chaussettes détrempées sur les barres de nos lits.

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De l’Italie vers la Grèce.

 » Vous voulez aller en Grèce en cette saison par la Yougoslavie, mais vous êtes fous » (ce sont deux Français rencontrés à l’auberge de Trieste qui parlent ), « Nous l’avons tenté avec notre 202. Nous avons dû rebrousser chemin. Nous gagnerons la Grèce par le bateau. Nous vous conseillons d’en faire autant. »

Que de terribles histoires entendues à propos de l’état des routes, à propos de la neige, à propos de la rareté des postes d’essence, à propos des loups que nous risquions de rencontrer…On verra bien ! Sésame ferme la frontière italienne mais ouvre l’accès aux routes de boue.

« Merci, oh douaniers, gens pressés sous les averses, qui fites si peu de cas de nos sacs crottés, de notre paquetage moisi ! »
Donc, route boueuses à travers des coteaux arides qui mènent à de pauvres villages égayés de drapeaux. Tant de récits abracadabrants nous avaient été faits sur ce pays communiste que nous sommes tout étonnés d’y trouver de braves paysans semblables à ceux de chez nous, un drapeau semblable à celui de chez nous, des filles à bas percés semblables à celles de chez nous, des bistrots puants semblables à ceux de chez nous, du cognac -presque semblable à celui de chez nous puisqu’il s’écrit konjac-, des policiers semblables à ceux de chez nous… plus gentils peut-être.

Avez-vous jamais vu en France deux policiers en train de défaire leurs ceintures pour remorquer une épave de moto qui ne peut plus respirer ? De l’auto-route Zagreb-Belgrade, longue bande d’asphalte posée sur des espaces infinis de désolation, un segment de  » Puchnette « , victime des précédentes grimpettes à 17 %, se découvrit une paille. Force nous fut de nous asseoir sur l’herbe, la mécanique n’étant pas notre fort. Prochain garage : 75 kilomètres.

Nous tentons au pouce du camion stop.

Mais les camions sont rares en Yougoslavie, aussi rares que les policiers motorisés. Ce que firent les deux qui se présentèrent: ils nous traînèrent en laisse sur les 25 kilomètres que nous avions déjà faits, jusque chez un de leurs amis, garagiste à Zagreb. « Demain, tout sera parfait, vous pourrez avaler dans la journée les 400 kilomètres pour être à Belgrade entre chien et loup… ”

Dieu, que c’est long, de rouler 100 kilomètres sans trouver âme qui vive… quelques cantonniers seulement qui, à la vue de nos casques, se mettent au garde-à-vous et nous saluent, croyant avoir affaire à des motards communistes en patrouille.

Chaque 100 kilomètres : une baraque où se vendent de l’essence, du café turc, des carrés de porc et de l’air sous pression. L’on remet ça quatre fois, quatre fois le café turc, mais la quatrième, c’est la bonne… Sur les bords du Danube, c’est la nuit à Belgrade.

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Arrivée en Grèce.

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Rf-1008.jpgLes affreuses routes de Grèce, d’ Alexandroupolis à Edirne: nids de poules, têtes-à-queues, embourbements, patinages, brusques embardées, bagages et vêtements détrempés…

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rf-1038.jpg                                            On ne devait pas inspirer confiance à ces trois visiteurs grecs.

La route à cailloux serpente dans les montagnes. Tout près d’elle, des rails de chemin de fer l’accompagnent. C’est là que passe le Simplon-Orient- Express qui, au flanc de ces pentes, prend des allures de tortillard… mais il arrive tout de même plus vite en Grèce que toutes les autos et toutes les motos…

La Grèce du Nord, c’est d’abord le soleil, puis les marchands d’olives, les fromages de brebis, le miel, les bohémiennes qui veulent se faire photographier et les bergers en houppelande. Ceux-ci vous stoppent pour vous demander une cigarette. Si vous avez l’audace de passer outre de peur de ne plus pouvoir repartir dans la fange, alors ils vous lancent après leur meute de chiens qui s’en donnent à pleines dents sur les mollets bien gonflés de « Puchnette » ou à pleins crocs sur le pli mal fait de nos pantalons. S’il est un désastreux chemin campagnard, c’est bien celui, l’unique, qui relie l’Europe non communiste à l’Asie. Poulailler abandonné, aux nids de poules géants, remplis de quarante centimètres de boue, tracé spécialement conçu pour gymkhanas d’amateurs de glissades et de têtes à queues.

Les quarante kilomètres avant Edirne semblent un cauchemar de lendemains de pluies.

La Turquie .

Il a fallu la Turquie, avec ses pavés secs, pour  mettre un peu de beurre sur nos tartines.  De repos à lstamboul, privé de soleil, nous nous  sommes engouffrés, sans chaussures, fidèles aux principes de la religion musulmane, dans la mosquée d’Allah. Avec ces musulmans à la ferveur démonstrative, l’Asie nous accueillait. Elle nous accueillait aussi avec sa route à montagnes russes, bordée de champs où des paysannes voilées poussaient de leurs maigres bras une charrue de bois traînée par deux vaches faméliques.

Les fumeurs de narghilé, assis au devant des bistrots nous invitaient à tirer quelques bouffées et les réparateurs des postes de T.S.F. en profitaient pour nous demander si nous n’avions pas dans nos bagages quelques lampes de rechange.

Mis à part, notre séjour dans la citadelle d’Ankara où deux femmes portant longues jupes jaunes nous jetèrent des pierres parce que nous voulions les photographier, ce fut partout un agréable accueil.  La neige même (nous étions en plein mois de décembre) voulut nous offrir un tapis. Puchnette », notre moto, l’apprécia peu. Nous, encore moins. Pourtant, nous avions décidé de faire un détour pour voir Urgup et Goréme.

Dans cette région, l’eau et le vent ont façonné des forêts de rochers coniques, grands parfois comme des cathédrales et toujours droits et rugueux comme des âmes en révolte. Mais le plus curieux est que des moines byzantins ont creusé toutes ces pierres d’une foule d’alvéoles qui leur servirent de cellules et d’églises.

Nous cloîtrant dans l’un de ces rochers, nous avons attendu là l’année 1955. Pour le premier de l’an, nous n’avons guère accompli qu’une cinquantaine de kilomètres dans la neige pour arriver de nuit à Kaimacli, un village de 300 habitants, la barbe gelée, chaussettes et souliers ne faisant qu’un même bloc de glace.

A notre vue, les paysans qui entouraient le poêle de l’unique bistrot se dressèrent comme un seul homme… c’était pour nous offrir les meilleures places et commander pour nous du thé bien chaud. Pendant que l’un essayait de revigorer nos mains de glace, l’autre triait la neige des lacets de nos brodequins et nous déchaussait. Puis, répondant aux vieilles lois de l’hospitalité, il apporta une bassine et une cruche, et nous prit de force les pieds pour les laver…comme dans l’ancien temps. Quand nous fûmes bien réchauffés, bien pouponnés, on nous mena chez Ali Guge. Chez lui, nouveau lavage des pieds et, à table, à  la Turque naturellement, tirant avec nos doigts du plat unique olives noires, cornichons, piments et fromage de brebis émietté. Les deux femmes de notre hôte nous servaient sans dire mot. Elles devaient plus tard se contenter des restes.

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Direction Israël…..

Le lendemain, nous quittions à regret ces braves gens pour reprendre la route de Mersin, décidés à ne pas entrer encore dans les pays arabes, mais à prendre un bateau pour Israël. En effet, l’on ne passe impunément des pays arabes en Israël et vice versa. Tout bien vérifié, quoique nous ayons chacun deux passeports, l’entrée en Jordanie nous serait automatiquement interdite si nous étions venus auparavant du Liban en Israël.  Force nous fut d’embarquer « Puchnette » de Mersin a Haïfa. Seule, nue, abandonnée sur le gaillard d’avant, elle brava la tempête.

 

Arrivée en Israël,  6 ans après sa création….

 

rf-1009.jpgEn 1955,l’Etat d’Israël est tout jeune. Il n’a que 6 ans. Jérusalem est partagé en deux: d’un coté les Israéliens, de l’autre, les Jordaniens qui possèdent la vieille ville.

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rf1015.jpgPopulation hétérogène. Ils sont venus de tous les pays et se sont donné rendez vous là pour peupler le nouvel Etat.

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Chacun tente à sa façon de trouver une petite affaire pour s’intégrer dans la nouvelle nation.

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En Israël quelques camps de bédouins demeurent. Ils vivent sous des tentes en peaux de chameaux. Quand elles viennent en ville, en 1955, les bédouines du cheick Souleiman portent toute leur fortune d’or sur leur visage.

Arrivés à Haïfa, un coup de crayon dû à un récent changement de réglementation l’avait condamnée, et « Puchnette », pendant une dizaine de jours, le temps d’attendre un avis favorable de l’Automobile-Club de France, a rouillé sur ses béquilles dans un hangar de Haïfa.

Libérée, elle nous traîna à nouveau jusqu’au désert du Neguev.  Quand nous arrivâmes le soir, au kibboutz de Mishmar-Haneguev, le soleil s’était couché sur les sables. Un vent chaud soufflait d’Arabie. Des chacals fixaient nos phares.

 

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Printemps 1955. Autour de « Moumous » au kibboutz du Neguev, 9 heures de travail par jour. Pour d’anciens citadins, la plupart bacheliers, venus de France ou d’Afrique du Nord, la terre est lourde, elle est basse. Elle casse les reins. La pioche couvre les mains d’ampoules, mais les gens sont heureux: ils préparent leur futur pays.

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rf-1014.jpg1955 au kibboutz de Mishmar Haneguev : les enfants jouent. Leurs mères qui travaillent dans les champs ne les verront qu’une heure ou deux, le soir, lorsque le travail sera terminé. Des monitrices s’occuperont d’eux toute la nuit et les jours suivants, pendant que pères et mères travailleront la terre.

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Venu du Yémen en Israël, il est heureux de tout découvrir. En échange d’une photo, il négocie le droit d’emprunter notre « Puchnette ». Tout est nouveau pour lui, mais il semble serein.

…..et le voyage continue ……

A Beershéba, les pancartes nous disaient : « Vous entrez ici dans le désert. Vérifiez une dernière fois le moteur. »  Nous primes un dernier jus d’orange et… la piste. La route qui mène à la Mer Rouge est un rouleau de tôle ondulée aux creux et aux bosses triples de l’ordinaire et couverte de gros cailloux.  Cela nous a coûté un appareil photo, une toile de tente, un sac et tous nos outils qui sont tombés d’une sacoche, chassés par les trépidations. De plus, nous avons essuyé une vilaine tempête de sable. Il n’y a rien de plus désagréable que ces petits grains de sable qui vous rentrent dans les yeux, dans  les oreilles et ce vent qui ralentit la marche et oblige de rouler en seconde.

 

rf-1016.jpgLa solitude dans le terrible désert du Neguev. A Beershéba, les pancartes avaient indiqué: « Vous entrez ici dans le désert. Vérifiez une dernière fois le moteur : Eilat 257 km . »

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Desert-du-Neguev.jpgDésert du Neguev …..Neguev  veut dire  » sec » .  Ce désert est souvent cité dans la Bible :  » …ils se sépareront  du milieu de l’habitat des hommes pour aller au désert afin de prier et d’y préparer la voie de Dieu…. »

Aucun abri à l’horizon. D’ailleurs l’horizon est à vingt mètres, et il faut avancer, une main au guidon et l’autre devant les yeux. La hantise de la panne, le piste qui se recouvre, mieux vaut s’arrêter au premier baraquement de chercheurs d’eau, même s’il est midi. C’est ce que nous avons fait acceptant même d’attendre la nuit et de dormir là.  Bien nous en prit ! A 8 heures du soir, nos hôtes captaient au poste T.S.F. qu’un camion venait de sauter sur une mine à 80 kilomètres de là, près du port d’Eilat. Cette route, en effet, longe la frontière jordanienne souvent à moins d’un kilomètre, quelquefois à 4 ou 500 mètres, et il y a souvent des attentats de ce genre.

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                                      Détente avant de descendre 420 mètres au dessous du niveau de la mer.

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Descente-vers-la-mer-morte.jpgDescente vers la Mer Morte que l’on voit au loin, devant les montagnes. Elle se trouve à  420m au dessous du niveau de la mer. Il s’agit d’un résidu d’une  grande étendue d’eau salée qui s’est évaporée sur des milliers d’années sous l’effet d’une chaleur importante.

La tempête calmée, nous avons repris le lendemain matin la route d’Eilat. Nous fûmes tout surpris de rencontrer un groupe de cantonniers sur cette piste du désert. Nous nous sommes arrêtés pour fumer une cigarette avec un Juif nord-africain, assez aimable, qui les surveillait. Quelques kilomètres après l’avoir laissé, notre pneu arrière se dégonflait lentement.,. Comme nous n’avions plus un seul outil, nous sommes repartis aussi vite que l’état de la route le permettait. Vint un moment où nous étions presque à plat. Nous savions, grâce à notre compteur, qu’un poste militaire se trouvait à 6 kilomètres de là. Avec un seul passager, la moto pouvait encore rouler un bout de chemin. Pierre Nogent descendit  donc et continua à pied dans le sable jaune. Au bout d’un kilomètre, il stoppait un camion… C’était les ouvriers qui rentraient vers Eilat. « Tu as de la veine que je t’ai reconnu, devait confier le Nord-Africain à P. Nogent. Sinon, je te tirais dessus : Sur cette route-ci, les piétons ne sont jamais des Juifs. »

Nous nous sommes retrouvés au poste d’Enra- dian où une fille caporal nous invita à déjeuner et demanda à un mécanicien de réparer notre crevaison. Après quoi, nous avons repris la route et sommes arrivés sans encombre à la Mer Rouge saluant au kilomètre 8 les gens de l’O.N.U. qui enquêtaient sur l’attentat à la mine de la veille.
C’était la première fois qu’une 125 cm 3 traversait le désert du Néguev.


mer-morte.jpgLa mer morte, longue de 76 Km et large en moyenne de 17 Km . La profondeur va de 392 m ( maximum ) à 5m seulement dans le sud.  Toute forme de vie est exclue du fait de la salinité.

rf-1018.jpgPour les nouveaux arrivants : la découverte de la Mer Morte, de ses grottes de sel et de son eau super porteuse.

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Mais les policiers d’Eilat furent loin de nous faire des compliments! Nous avions enfreint les ordres écrits à l’entrée du désert (Hélas, ils étaient en hébreu). Une autorisation de la police était indispensable pour utiliser cette route très dangereuse et, en tout état de cause, nous n’avions pas le droit de circuler dans le désert sans armes. Ils nous invitaient à repartir le lendemain encadrés par un autobus et deux jeeps.

Le lendemain, en fait,  » Puchnette ” était entre les mains des policiers… Ils ont passé, sourire aux lèvres, la journée à se promener dans Eilat et à balader leurs relations diverses. Nous avons vécu huit jours tranquilles dans l’enchantement de la Mer Rouge, puis, sans inquiétude aucune, nous avons péniblement remonté le désert pour profiter des fêtes de Pâques, afin de passer plus aisément en Jérusalem arabe.

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rf-1039.jpgUne voiture a sauté au bord de la piste. Les cantonniers sont là pour réparer les dégats. Quant à « Puchnette », elle subit un désencrassage de bougie.

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Drôle d’accueil en Jordanie.

Nous fûmes, au premier abord, fort bien reçus en Jordanie, grâce à notre deuxième passeport. Mais “ Puchnette  » fut immobilisée huit jours à Mendelbaum Gate, le temps de remplir à nouveau quelques paperasses.  Notre pire ennui vint de ce que nous débarquions en Jordanie sans une piastre, espérant bien y trouver l’argent de nos premiers articles écrits sur Israël. Hélas, aucun sou n’avait pu alors sortir de France.

Nous nous sommes aussitôt transformés en ouvriers agricoles et avons biné des haricots chez les Pères Trappistes. Nous avons tout de même pu assister aux fêtes de la Résurrection au Saint-Sépulcre, ce bâtiment en ruines trop étroit pour contenir la foule d’autant plus nombreuse cette année que les catholiques fêtaient Pâques dans un chaos indescriptible, alors qu’au même endroit les Grecs orthodoxes organisaient leur procession des Rameaux… Il ne faut pas aller au Golgotha pour trouver une atmosphère de recueillement.

Nos allées et venues à moto ne passaient pas inaperçues. Sous prétexte que nous ne ressemblions pas aux Arabes, des hordes de gosses, contre lesquels nous ne pouvions rien, nous poursuivaient dans Jérusalem ameutant tous les gens, en criant « Yaoud » (Juifs) Yaoud Yaoud.

A Bethanie, on nous jetait des pierres. A Salt, on nous crachait dans le dos. Dénoncés sans arrêt comme espions juifs, les policiers nous traînaient à leurs postes. Même enfermés à la Trappe, le même gendarme revenait tous les jours réclamer nos mêmes passeports en règle.

Du matin 8 h. 30 jusqu’à 13 heures, nous avons été questionnés par les policiers d’Amman le jour où nous voulions assister au mariage du Roi. Ils ont relevé un à un les 47 tampons de nos passeports avant de nous libérer.

Si le roi et la reine formaient un charmant jeune couple, la foule des bédouins, qui avaient laissé leurs tentes noires tissées de poils de chameaux pour assister à ce fastueux mariage, se montra choquée quand la reine apparût toute souriante au balcon… Elle n’avait pas le visage voilé selon la coutume arabe.

P. Prégentil, qui s’était confectionné sur un mur un siège idéal pour tout photographier, porta pendant huit jours les traces de coups de bâton qu’un sergent de la Légion lui administra pour arriver à le déloger. Bref, dès que nous avons eu assez d’argent pour quitter la Jordanie, nous l’avons fait.

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Passage en Syrie…….

En Syrie, nous sommes tombés sur des gens moins soupçonneux et bien moins curieux, sauf à l’égard de « Puchnette  » et de notre installation. Nos titres de Français ne leur faisaient ni chaud ni froid. Inévitablement, ils amenaient la conversation sur les questions d’Afrique du Nord.

Puis au Liban…avant le retour…..

Au Liban, nous avons reçu un accueil désarmant de gentillesse. Nous y avons surtout vécu en touristes parcourant à moto la riche plaine de la Béka, visitant les ruines du Temple du Soleil à Baalbek, le château de Saint Louis à Sidon, excursionnant dans la montagne des Cèdres, partageant nos repas avec les Bédouines stupéfaites devant nos boîtes à sardines et en admiration pour le papier argenté qui recouvrait notre crème de gruyère.

Puis à Beyrouth, nous avons dû songer à prendre des décisions plus sérieuses. C’était le mois de juin.  Un bateau turc ramena P. Prégentil en France… P. Nogent est encore en vagabondages. »

(Reportage de Robert Faure, paru dans « Paris Normandie » les 28 et 29 septembre 1955)

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Deuxième partie .

DES FETES PASCALES PLUTOT BIZARRES DANS LES LIEUX SAINTS

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    Illustration de M. Robert Rey qui accompagnait l’article de Robert Faure paru dans « La Dépêche du Midi »    (article paru dans « La Dépêche du Midi » du 27 août 1957)

 

L’Idée d’une visite au berceau du christianisme est, pour celui qui sent derrière lui vingt siècles d’éducation chrétienne, un peu semblable à celle qui pousserait l’émigré a retourner au pays natal… Surtout s’il s’y ajoute un secret désir de palper le mystère et un impérieux besoin de vagabondage.

C’est ainsi que j’enfourchais, l’autre année, ma moto et quittais avec mon baluchon Paris, via Jérusalem. La route dura cinq mois et partout, en Italie comme en Yougoslavie, en Grèce comme en Turquie, en Syrie comme au Liban, je dus constater fraternité, bon coeur, sympathie.

Bref, en bon pèlerin, j’étais mûr pour pénétrer dans Jérusalem. J’y arrivais donc le Vendredi  Saint, à la tombée de la nuit, si fourbu, si harassé, si sale, que je n’avais qu’une hâte m’étendre et dormir.

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Hélas! j’allais d’hôtels en auberges, d’auberges en couvents, de couvents en collèges tout était plein. A « Terra Sancta » l’auberge officielle des pèlerins, on me répondait : « Mais, monsieur, il fallait faire retenir une chambre. » Au collège des Frères, tandis que Je demandais un coin de préau ou un banc de classe pour m’étendre sur mon sac de couchage, on me répondait : « Mais, monsieur, nous mettons notre honneur a ne pas accueillir ainsi un pèlerin » et l’on me fermait la porte au nez.

J’ai compris alors combien précieuse avait pu être l’étable pour Marie et Joseph.

 

Réfugié à l’orphelinat

 

APRES avoir fait le tour de Jérusalem, je quittais la ville, prêt à frapper, pour demander gîte, à n’importe quelle maison arabe. Ce fut un gosse qui me conduisit, à travers les milliers de tombes de la vallée de Josaphat, jusqu’à Béthanie où, finalement, des bonnes soeurs  m’accueillirent à l’orphelinat. Puis, Pâques vint.  Je me faisais une joie d’assister à ces fêtes de la résurrection à l’endroit même où, d’après l’Évangile, le Christ est sorti du tombeau.

Je les imaginais grandioses,  mais recueillies et émouvantes.  Je pensais y retirer un brin de cette émotion qui avait tant marqué Claudel un soir de Noël à Notre-Dame de Paris. Or,  il ne faut pas aller au Golgotha pour augmenter sa foi.

Au matin de Pâques. Je m’acheminais par des petites rues étroites, sinueuses, puantes, grouillantes de bazars et de marchands ambulants, vers le Saint Sépulcre. Je croisais des multitudes de promeneurs miteux, de pèlerins austères, d’ânes ultra-chargés et j’arrivais devant la basilique du Saint-Sépulcre.

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Une basilique soutenue par une carcasse d’échafaudages.

 

M’Y voilà ! C’est donc cela, la basilique? A première vue, c’est  un mur lézardé, croulant, défiguré par une carcasse d’étais et d’échafaudages de bois et de fer qui le soutient vaille que vaille.  Mais je suis bientôt tiré de ma contemplation par une horde de faux mendiants empressés qui, moyennant «bakchich », proposent « la visite des lieux saints les plus secrets ». Il est très dur de s’en défaire, malgré les cinglants « Foutez-moi le camp! » que je leur décoche.

Ma réaction fait sourire un franciscain  qui passe.  Je lui fais part de mes premières déceptions. «Monsieur, me dit-il, il ne faut pas voir Jérusalem avec les yeux du corps, mais avec les yeux de la foi.» Puis il me parle de la bataille qui se livre autour du Saint Sépulcre. « Vous, savez, sans doute,que cette basilique, qui date du Xe siècle et qui a été l’œuvre des croisés, a subi un tremblement de terre et deux incendies, le dernier en 1948, à la suite d’un bombardement de Jérusalem, a été fort désastreux.

En voulant réparer la coupole de plomb, les pompiers jordaniens y mirent le feu, le plomb fondu tomba en averse et l’on remplaça la coupole par une autre de béton.»  Un architecte   anglais replâtra alors, tant bien que mal la basilique et c’est à ce même architecte que le gouvernement jordanien, « gardien » officiel des lieux saints,         veut faire appel pour une plus ample restauration,» Les communautés chrétiennes ont aussitôt désigné un Français, M. Trouvelot, le chargeant de faire disparaître les échafaudages et de consolider   le monument.

Mais la restauration n’en est qu’à l’état de projet et la bataille continue autour du Saint-Sépulcre. »

 

Un Saint-Sépulcre nationalisé

 

Les  Jordaniens, en effet,  ont nationalisé le  Saint – Sépulcre.  Leurs  soldats en keffieh rouge y  paradent en maîtres et, l’arme à la bretelle. Ils canalisent les pèlerins. Entre la double haie, je suis le flot humain. Mes voisins sont des Levantins et des Grecs. Il y a énormément de vieux et de vieilles venus ici avec leurs habits de paysans, dans le secret espoir de mourir pendant leur pèlerinage, ce qui serait pour eux le bonheur suprême. Ils contrastent avec les Occidentaux (costume de ville, col dur du type américain), venus ici comme ils seraient allés à Capri. Je distingue encore deux prêtres noirs, quelques Chinois.  Aucune impression de fraternité ne se dégage de cette masse, Je traverse une espèce d’antichambre où des soldats dorment sur des tapis et ou des prêtres orthodoxes (soutane, longs cheveux, barbes noires) donnent à leurs épouses leurs dernières consignes avant la cérémonie.

 

Un vacarme infernal

 

A l’intérieur de la basilique, c’est un vacarme infernal, une bousculade inimaginable, un résonnement de plaintes, de chants, de cris. On est pris de frayeur. Des Orientaux à la ferveur démonstrative se vautrent littéralement au sol pour embrasser vingt fois, cinquante  fois une dalle de marbre fendue, usée et polie à force de prostrations. Je m’inquiète. « C’est, me répond-on le rocher qui a  été fendu  par le tremblement de terre qui survint à la mort de Jésus.» Nouvelle queue à l’intérieur pour pénétrer dans un petit monument aux colonnes  torses qui se trouve sous la coupole.

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Saint-sepulcre.jpg                                       Malgré les apparences ( sur cette photo), le Saint-Sépulcre est un lieu  très exigu.

Mes voisins portent des cierges allumés. Les gouttes  de cire tombent sur mon  tricot noir. Je me dispute avec un pope, qui veut à tout prix  faire passer son groupe de fidèles devant nous. On pousse. Et si on pousse, c’est, parait-il, parce que de trop fervents pèlerins se cramponnent au tombeau  du Christ et ne veulent plus le lâcher.

Je pénètre enfin sous l’édicule. Je ne vois qu’une espèce  d’autel-sarcophage recouvert  de marbre qui, me dit-on cache à l’oeil le rocher où le sépulcre était creusé. Un collège de prêtres  coptes clame une litanie de « Kyrie eleison », juste au passage d’une procession d’Arméniens.

J’ai l’impression que c’est  à qui crie le plus fort pour mieux manifester à Dieu sa présence. Une sournoise rivalité  semble se manifester entre coptes, syriaques, orthodoxes et catholiques. Le monument est d’ailleurs partagé entre eux et  chacun dans son coin, avec sa chapelle, son autel, ses statues, célèbre son office.

Aujourd’hui les  catholiques fêtent  Pâques. La messe est chantée avec diacres et sous-diacres. Consuls et ambassadeurs ont sorti leurs costumes d’apparat et les fidèles écoutent l’Evangile en latin. Mais le recueillement est impossible. Pendant que les catholiques célèbrent Pâques, les orthodoxes dans leur coin, fêtent les Rameaux dans une  ambiance de fête foraine, en brandissant des palmes et des fioritures. On m’explique que les Grecs orthodoxes n’ont pas admis la réforme grégorienne et que leurs Pâques tombent douze jours après celles des Latins. Je m’aperçois qu’il y a, tout autour de la basilique, une quinzaine de sanctuaires répartis entre les diverses communautés chrétiennes, où chacun fait sa cérémonie selon sa langue, selon ses rites et selon son humeur. L’Eglise catholique romaine occupe un bas côté, face à la porte d’entrée. Elle est tenue par des franciscains italiens depuis sept siècles. Ils lui ont conservé un aspect noir et vieillot et y célèbrent trente mille messes par an en reconnaissance aux bienfaiteurs. Ces moines semblent, selon leurs voeux, s’y comporter en pauvres, en humbles et en obéissants.

 

Multiplicité de lieux saints

Rien dans ce lieu, où  sont amoncelées tant  d’horreurs hétéroclites, ne rappelle le mont Calvaire et l’on regrette de  ne pouvoir rencontrer la montagne dans son aspect nu… comme des   protestants nous la montrent en dehors de l’enceinte fortifiée, en assurant avec une ferme conviction que c’est là et non là-bas l’authentique tombeau.

Car partout en Terre Sainte il y a cette déroutante multiplicité des lieux  saints (deux Calvaires, trois Emmaüs, etc.) et chaque secte est prête à subir le martyre en affirmant être la seule à tenir le véritable. Mais, non contents de cette multiplicité, j’ai vu des religieux sincères transformés en terrassiers et persuadés d’avoir mis au jour l’authentique lieu saint. De ce fait, ils ne font que semer des doutes et le chrétien a tendance à mêler le dogme et l’historique.

Certes, la recherche se conçoit, puisque Jérusalem a été détruite à plusieurs reprises et puisque les monuments chrétiens ont été  rasés pendant l’occupation musulmane, jusqu’à ce que les croisés s’emparent de Jérusalem, onze  siècles après Jésus-Christ. Pour sentir revivre la Judée biblique, il me faut quitter la ville et gravir les sentiers rocailleux qui mènent de Gethsemani au mont des Oliviers, tandis que me croisent des paisibles bergers conduisant pieds nus leurs troupeaux et des femmes portant de lourdes jarres d’eau sur leur tête. Tant de drames se sont passés ici !

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Olivier

Mais la Judée semble demeurer immuable, comme ces huit oliviers de Gethsemani, qui demeurent après vingt siècles. Leurs onze mètres de circonférence parlent davantage au souvenir que les arabesques fantasques de l’église russe, leur voisine.

Cette église est tenue, me dit-on, par quelques fidèles   tous d’obédience communiste.(Nous sommes en 1955).

Mais peu importe! Là, la foi s’exprime, le recueillement y est, les cantiques sont adorables. Le vieux Pope ressemble à Dieu le Père.

 

La ville des rivalités métaphysiques

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Puis je poursuis ma  route jusqu’au haut du mont des Oliviers. C’est l’endroit  idéal pour dominer Jérusalem .

Jerusalem sepia
La ville, enserrée dans ses fortifications, a la forme d’un trapèze. On distingue, au-delà des barbelés qui divisent ce lieu où, entre tous,  devrait régner la paix, la Jérusalem juive. Ville sainte pour les juifs, Ville sainte pour les musulmans, Ville sainte pour les chrétiens, Jérusalem est la ville des rivalités métaphysiques, alors qu’elle pourrait être le symbole de toutes les confessions, le noyau d’un large oecuménisme.

Il fut question maintes fois de l’internationaliser, mais, en 1955, le roi Hussein ne veut pas se défaire de sa seule ville qui est alors industrielle.

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Le dernier diplôme 

QUAND j’ai voulu quitter Jérusalem, j’ai  rendu une dernière visite aux pères franciscains. Comme à tout bon pèlerin, ils m’ont remis un diplôme pour afficher dans ma chambre à coucher et une pochette souvenir contenant un chapelet en noyaux d’olives, des images pieuses, une croix en bois de Gethsemani, authentifié par un cachet de cire.

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Passage-chez-Franciscains.jpg
Sur mon diplôme je peux lire « Omnibus et singulis has latteras visuris,fidem facimus atque testamur M. Robert Faure Jérusalem feliciter pervenisse et sacra loca visitasse. »

(Date et signé   Fr. Théo Bellerini.)

Ce qui veut dire :« A tout un chacun j’affirme et je jure que M. Robert Faure a été heureux de venir à Jérusalem et de visiter les lieux saints. »

 

(Reportage de Robert Faure, illustré par Robert Rey, historien d’art, paru dans « La Dépêche du Midi » le 27 août 1957.

…Mais, un demi-siècle plus tard, on constate qu’il y a toujours des problèmes  à Jérusalem, dans la Palestine et en Israël.

 

PHOTOS PRISES NON LOIN DES LIEUX SAINTS

 


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Souk de la vieille ville de Jérusalem

 

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                                                                                Jérusalem. Religieux en discussion.

Commentaire de Philippe Lecourtier sur cet article (  je ne suis pas  M. l’ambassadeur de France au Liban : homonyme)

Bonjour M. Faure,

 Vous exprimez dans cet article vos sentiments sur Jérusalem.  Je connais bien cette ville et je comprends  votre surprise en la découvrant à l’époque (1954) . Mais voilà…..pourquoi s’en étonner ?

La ville de Jérusalem, à elle seule, résume, cristallise l’histoire religieuse des trois religions monothéistes,  histoire malheureusement  où les affaires humaines se mêlent au religieux, avec des conflits,  des tensions, et des ressentiments. Faut-il s’en étonner ?  Dès qu’il y a des hommes……..

La ville de Jérusalem est à  la croisée des chemins entre l’Orient et l’Occident. Les pèlerins qui arrivent des quatre coins du monde  ont  des sensibilités bien différentes. Les orientaux  sont choqués par l’apparente froideur et indifférence des occidentaux, et nous-mêmes sommes choqués par les manifestations sensibles des orientaux. Faut-il s’en étonner ?

La ville de Jérusalem est réellement tournée vers Dieu.  Mais  voilà, elle  porte en elle-même toutes les contradictions d’une humanité tourmentée, avec ses guerres, son passé, ses fautes…….à l’image de notre personne qui elle aussi, bien que sincèrement  tournée vers Dieu, est rarement arrivée à sa pleine maturité.  Faut-il s’en étonner ?

Jésus parle de Jérusalem,  dans les évangiles,   avec une samaritaine qu’il rencontre . (Jean 4,19-24)

La samaritaine lui demande : « ….Est-ce vraiment à Jérusalem qu’il faut adorer ? ».

Et jésus lui répond : «  Crois-moi, femme, ce n’est ni sur cette montagne ( la Samarie ) , ni à Jérusalem que vous adorerez le Père,….mais les vrais adorateurs adoreront le Père dans l’Esprit et la Vérité….. Le Père Eternel cherche  de tels hommes…… ».


A-t-il voulu  dire qu’il ne fallait  pas aller à Jérusalem ?
 Non, bien-sûr. Jésus nous dit seulement de vivre aussi  les Lieux-Saint en Esprit et en Vérité …. au-delà des apparences. D’où la phrase de votre religieux franciscain que vous rapportez très bien  dans votre article: « Monsieur,  il ne faut pas voir Jérusalem avec les yeux du corps ( c’est-à-dire avec sa sensibilité ) , mais avec les yeux de la foi


Jésus Christ est mort et ressuscité dans cette ville.
Les Chrétiens  le savent, ils le croient, ils en sont touchés.


En réalité lorsque nous arrivons à Jérusalem
, la vraie question est la suivante : « Qu’est-ce que le Seigneur veut me dire personnellement en ce Lieu, en Esprit et en Vérité ? »

 

Bien amicalement. PL

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