Duc de Lesdiguières

 Duc de Lesdiguières

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Le Duc de Lesdiguières, (1543- 1626) fut un des personnages les plus titrés de l’histoire de France. Ami d’Henri IV dès son enfance, ce Champsaurin fut un chef d’armée et un meneur d’hommes exceptionnel.

Il faut distinguer deux périodes très différentes dans la vie de Lesdiguières: La première partie de sa vie : il participe aux affrontements religieux catholiques-protestants dans le Champsaur. Il monte très vite dans la hiérarchie militaire protestante et s’impose comme leur chef. C’est alors qu’il commet beaucoup d’exactions, qu’il pille et profane  les 2/3 des églises de la région (or des ciboires …), vole le trésor d’Embrun dont une magnifique statue de La Vierge Marie en or,  de Gap et de  nombreux monastères …..  900 villages de la région seront volés et brulés !  Il  fait rapidement fortune  et s’impose  ainsi dans toute la région grâce à des qualités de chef militaire hors norme et malheureusement son absence totale de scrupule. Le Roi  voit en lui  un homme exceptionnellement doué dans l’art militaire,  » rusé comme un renard » , mais il s’en méfie. Devait-il en faire un ennemi ou un allié ?
Dans la deuxième partie de sa vie,  à partir de 1595,   la couronne de France lui demande ouvertement son aide face au  Duc de Savoie Charles Emmanuel qui  profitait des guerres religieuses en France pour récupérer la Savoie. En réalité l’ambition du Duc de Savoie était d’étendre ses terres jusqu’au Rhône.
Henri IV puis Louis XIII, conscients de l’enjeu, se firent très généreux à  l’égard de Lesdiguières, en argent et en titres honorifiques. Sa fortune  devint colossale.
Un exemple : lors de la bataille de Pontcharrat face aux Piémontais (5000 morts),  Lesdiguières emporta un butin de guerre énorme. Pratiquement tous les soldats ennemis étaient porteurs de chaînes en or et de bourses bien remplies.
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François de Bonne, le Duc de Lesdiguières .
 
Cet article  a été écrit à partir de QUATRE sources principales :
1 / Le livre remarquable de Robert Faure intitulé « Lesdiguières duc du Champsaur » (voir référence en fin d’article). M. Robert Faure a eu l’amabilité d’écrire plusieurs articles sur ce site.
2 / le  dictionnaire d’histoire  de France« Perrin »,

3 / l
es écrits de M. Roux du village de St Bonnet intitulé «  histoire et patrimoine du Champsaur »,

4 /
d’un fascicule édité par le conseil général des Hautes Alpes intitulé « sur les terres du Glaizil, l’empreinte de Lesdiguières, dernier connétables de France« . Curieusement dans les dizaines d’écrits, sites, blogs que j’ai pu lire par ailleurs concernant le Duc de Lesdiguières il y a beaucoup d’inexactitudes et de contradictions. J’ai donc essayé de faire une synthèse de tout cela et laisser émerger les points communs à toutes ces informations.
  
QUEL HOMME ETAIT-IL ?
Nous devinons à travers son histoire que le Duc de Lesdiguières était un homme hors du commun .
Il m’a paru intéressant d’approcher d’emblée sa personnalité.
Buste du Duc de Lesdiguières réalisé par Jean de Paris
Les qualités incontournables ……
Il fut un chef militaire hors pair. Alors qu’il  n’avait initialement aucune fortune personnelle et que son premier poste dans l’armée fut archer, il domine en très peu de temps le Champsaur (à 32 ans) et termine sa carrière en étant proche du Roi, grand Connétable de France, chef de toutes les armées de France, Duc du Champsaur.
Il avait donc des qualités de meneur d’hommes extraordinaires, une intelligence par ailleurs qui avait fait l’admiration de ses professeurs au collège de Navarre,  une clairvoyance surprenante …..
Toute sa vie il négocia avec ses adversaires, mais aussi avec le Roi, avec beaucoup d’habileté. Il fut  un administrateur d’envergure particulièrement efficace. En effet dans la 2eme partie de sa vie, alors que le Champsaur a été ravagé par la guerre, il reconstruit ponts, digues, villages, châteaux, fortifications…..( voir la liste plus bas ). Sa clairvoyance et sa fidélité au Roi l’ont mené aux premiers postes de l’état.
A la mort d’Henri IV ( Louis XIII n’a que 9 ans ) il aurait pu devenir Roi en intriguant quelque peu : il ne l’a pas fait malgré les invitations de Bouillon (groupe de conspirateurs contre Marie de Médicis). Probablement encore un signe de bon sens. Comme le dit M. Faure de Prégentil dans son livre ( voir références plus loin ), le sort de Ravaillac envers les régicides l’a peut-être fait réfléchir. Et ne l’oublions pas, il avait 74 ans.
 
Les défauts tout aussi incontournables …..
Pour beaucoup et surtout dans la première partie de sa carrière militaire, le Duc de LESDIGUIERES fut un chef de bande uniquement occupé à tuer, piller et à détruire, « rusé comme un renard ». Il construisit une bonne part de son immense fortune sur des exactions ( trésor d’Embrun par exemple ….). Il a laissé ( selon Mr ROUX historien du Champsaur ) « une mémoire entachée de cruauté et de rapacité ». Mr Robert Faure signale, comme nous le disions plus haut que 900 villages ont été pillés et brûlés dans le Dauphiné, 256 prêtres et 112 religieux tués .Les chiffres sont parlants !
Le Duc de Lesdiguières bâtisseur ……..
Il fut un bâtisseur infatigable : il chargea le capitaine Lagier, un Champsaurin, de réparer les ponts , de construire et aménager les routes , élargir les chemins , édifier scieries et moulins …..On lui doit la construction de digues le long du Drac et d’un pont d’une grande hardiesse sur le Drac, le Pont-de-Claix, qui deviendra une des sept merveilles du Dauphiné. Il fortifia comme nous l’avons dit plus haut la plus part des villes de sa province.
Rappelons, pour montrer l’audace de Lesdiguières, qu’en pleine guerre avec la Savoie, il fit construire près de St Chaffrey et Chante-Merle un rempart de plus de 15 Km de long sur la crête des montagnes séparant la vallée de La Clarée de celle de La Guisane, un mur en pierres de 2,50 m de hauteur fortifié par un fossé aux endroits d’accès faciles, et muni d’un ressaut sur lequel les fusiliers devaient monter pour faire feu. Il m’a fallu relire deux fois cette information (émanant de Joseph Roman) pour arriver à le croire ! Il n’existe à ma connaissance aucun détail complémentaire dans les archives sur ce travail immense.
 N’oublions pas le château de Vizille, le château du Duc de Lesdiguières ( commune du Glaizil 05 ), sa maison forte de St Bonnet , les maisons fortes de Serres et les énormes travaux qu’il fit à Grenoble et que nous citons plus haut .   A Grenoble, Gap, Embrun, il restaura, réorganisa et institua de nombreuses fondations charitables et hôpitaux ……..Le Duc de Lesdiguières n’arrêtera donc pas de nous surprendre par les contrastes de sa personnalité.
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 Pont de Claix
 

Quelques traits de caractères …….

En parcourant la vie du Duc de Lesdiguières, on découvre donc un personnage haut en couleurs, tour à tours sobre, infatigable, magnanime (voir photo plus bas), puis rusé, dur, impitoyable. Mais pour ce dernier point, peut-être nos mentalités du XXIem siècle ont une sensibilité bien différente.
Quelques exemples :  
 
Une des grandes humiliations du jeune Lesdiguières 

Il a 16 ans. Le jeune François de Bonne vient de perdre son oncle Castellane qui subvenait à ses études dans le  prestigieux collège de Navarre. Il doit donc rentrer à St Bonnet.
Ce collège était réservé aux enfants nobles du Royaume, proches le plus souvent de la couronne. Le jeune Lesdiguières quitte donc cette prestigieuse compagnie et les études de philosophie qu’il aimait  pour retrouver son Champsaur natal. Il doit y rejoindre sa mère.
La route est longue, épuisante depuis Paris. Non loin de St Bonnet, sous une pluie battante, il décide de s’arrêter dans un château qui appartient à de la famille éloignée. Il fait nuit.
Les domestiques un peu réticents à ouvrir les portes du château  à ce jeune voyageur trempé et très sale,  décident de le laisser dehors  sous une pluie battante, le temps  de prévenir le maître du logis. Ils ont un gros doute sur la véracité de ses dires.
La  famille  est en pleine réception et les domestiques font un tel descriptif que le châtelain (qui pourtant  reconnaît effectivement son hôte) décide de le faire passer discrètement par les communs et de le loger chez les domestiques !  Pas question que ses invités voient un tel spectacle !
Le lendemain, après un bref salut de courtoisie, François qui avait côtoyé  la plus grande noblesse de  Paris, reprend le chemin  dans un état de grande humiliation, la mort dans l’âme.
Il faut croire que cet événement affecta longtemps le Duc car il raconta cette histoire  toute sa vie à son entourage. On peut l’imaginer (ce n’est que supposition de ma part )  le faisant dans le grand château de Vizille, alors que le Roi de France le gratifiait déjà de  « mon très cher ami « , fulminant  contre cet évènement et  contre cette famille.
Certains historiens ont vu dans cet évènement, non seulement un trait de caractère du futur Duc de Lesdiguières bien-sûr, mais également la raison de sa rage de vaincre, de se hisser dans la hiérarchie, de retrouver la place que la mort prématurée de son père puis de son oncle, lui avaient fait perdre.
« Rusé comme un renard » et grand stratège …. 
Encerclé dans la ville de CORPS , alors qu’il avait très peu d’hommes avec lui, il réussit à s’échapper de ce guet-apens par un stratagème peu courant. Il réquisitionna un troupeau de chèvres, fixa des torches à leur cornes et les lâcha aux portes de la ville . Les assiégeants pensant avoir à faire aux soldats de Lesdiguières, et en tout cas surpris par cette horde de chèvres leur arrivant dessus ( les 2 interprétations existent),  ne virent qu’une solution s’écarter. Certains documents signalent que les soldats oublièrent Lesdiguières et  en profitèrent pour faire un bon repas. Ainsi  sans coup de fusil Lesdiguières pût s’échapper du bourg de Corps.
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Sans concession pour les catholiques ! un début de réponse ?    
Voici une anecdote qui peut nous éclairer. Son oncle Jean de Bonne coseigneur de St Laurent avait eu un grave différend avec l’évêque de Gap. En effet il avait chassé sur les terres de l’évêque sans autorisation. Des amis communs ayant cherché à les raccommoder, une réunion eu lieu au château de Laye. Au cours d’un mouvement d’humeur Jean de Bonne défenestra l’évêque. Celui-ci porta plainte auprès de Rome. Jean de Bonne (oncle de François de Bonne) fut condamné à s’expatrier et ses propres biens confisqués. Il est probable que notre duc de Lesdiguières ( décidément, il y a du tempérament dans cette famille …..) abreuvé de cette histoire déplorable ait  pu en garder rancune !
Culotté notre Duc de Lesdiguières malgré tout … !   
 Les moines de St Bonnet possédaient un terrain enclavé parmi ceux que possédait le Duc de LESDIGUIERES et qu’il convoitait lui-même disant en être propriétaire ! Afin de régler le litige, il convoqua les moines sur le terrain , leur demandant d’apporter leur titre de propriété. Au jour dit, un jour d’automne réunis sur le fameux terrain (où il avait fait allumer un brasier) après quelques palabres , il demanda aux moines leur titre de propriété. Debout devant le feu, il le lit , la discussion s’échauffe un peu , et tout en discutant se retourne brusquement et déclare « au reste c’est moi le seul propriétaire » et ce disant, il jette le titre de propriété des moines au feu, où il se consume aussitôt . Ainsi sans autre formalité, Lesdiguières s’appropria le champ.

 

Le Duc de Lesdiguières coureur de jupons qui ne plaisante pas ?
Il se maria relativement jeune (23 ans) avec Claudine de Béranger. C’était une jeune femme simple, discrète, effacée, l’inverse de lui. Ce mariage était-il arrangé entre famille ? Il  eut  en tout cas des relations très distantes avec elle. Il ne lui écrivait que rarement lors des campagnes militaires, et ses lettres étaient froides et sans états d’âme.  Par contre sa maitresse, Marie Vignon, dont il fut très amoureux, eut tous les égards au grand scandale de son entourage. Il la rencontrait le plus souvent en des lieux tenus plus ou moins secrets. Lorsqu’il fut veuf en 1608 de Claudine de Béranger, il désira se marier avec Mme Vignon. Il n’hésita pas à faire assasiner (selon toute vraisemblance) son mari puis à éliminer dans un deuxième temps l’homme de main qui avait commis ce meutre !
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Braconnage interdit !
La scène se passe au château de Vizille. Un braconnier ayant pêché nombre de truites dans l’étang du château, offre la plus belle pièce à Mme de Lesdiguières. Ayant eu écho de la scène, Lesdiguières convoqua le galant paysan, le fit avouer et le décapita. Afin d’immortaliser son geste en guise d’avertissement, il ordonna que l’on sculpta une truite à tête d’homme sur un fronton de la ménagerie.
Surprenant aussi …….. 
Les dictionnaires « QUILLET » signalent que le duc de Lesdiguières  s’occupa  d’œuvres caritatives en particulier à Vizilles , à Gap, Briançon…. Lorsque  l’on sait que le même homme était très menaçant pour les corvées en faisant dire par ses soldats  aux villageois  » venez ou brulez », on demeure perplexes. Surprenant le Duc, vous disais-je ! Son testament stipula, par exemple, qu’une pension annuelle de 200 livres devait-être versée après sa mort aux pauvres de St Bonnet soit environ 12 salaires annuels et à l’entretien de l’hopital (source : Robert Faure dans Histoire et Mémoire du Champsaur ).
Encore plus surprenant : Richelieu disait de lui que c’était un  « abîme de bonté » . Il le connaissait pourtant très bien et l’avait même écarté de Paris en l’envoyant guerroyer dans le sud de la France, tant il le craignait sur le plan politique.
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Lesdiguières atteint de folie meurtrière ?  
En revenant de La Rochelle (1575 : il a 32 ans ) il apprend que le Champsaur (protestant ) a été attaqué pour la énième fois  par les catholiques de Gap. Des troupeaux ont été volés, des hommes faits prisonniers, de nombreuses exactions commises ….. Il décide avec ses hommes de prendre Gap et de s’attaquer directement à ce fief catholique où réside l’Évêque et de nombreuses communautés religieuses.
Par la ruse et la force il rentre dans Gap et fait un carnage . Chevauchant devant ses hommes il hurle « tue , tue , tue…. ». Le résultat ne se fît pas attendre : 120 morts dans les rues. Le jour même le palais épiscopal était investi, le clocher de la cathédrale détruit, les actes de propriété (vignes, terres….) redistribués à ses  hommes, les biens de valeur volés. Le moindre contestataire était tué.
Duc de LesdiguièresCarnage de Gap par le Duc de Lesdiguières (dessin offert par Gilbert Bouchard pour Mémoire du Champsaur)
De temps en temps , le Duc de Lesdiguières est très magnanime ! pourquoi ?…….  
Averti que son valet de chambre a promis de le tuer, il lui donne un poignard et une épée, puis se mettant en garde, lui dit « tu as promis de m’ôter la vie, essayes de le faire présentement et ne perds pas par lâcheté le titre de brave que tu t’es acquis ». Le malheureux confus se jette aux pieds de son maître, qui lui pardonne.
Gravure montrant Lesdiguières  grâciant  son serviteur  .

Pour compléter la documentation vous pouvez lire aussi le livre: « Lesdiguières duc du Champsaur » par Faure de Prégentil paru aux « Editions des Hautes Alpes ».  Je vous conseille de lire ce livre : il est remarquable car il relate à la fois  le destin national de Lesdiguières et fourmille d’anrecdotes très intéressantes.

On peut trouver ce livre dans les librairies des Hautes Alpes, notamment à Gap, à Pont du Fossé, à Saint Bonnet, à Orcières…ou chez l’éditeur: « Editions des Hautes Alpes » Tel  04 86 99 00 87 . 

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HISTOIRE DU DUC DE  LESDIGUIERES

Son enfance et son éducation :
François de Bonne est né à Saint-Bonnet, le premier Avril 1543, fils de Jean de Bonne et de Françoise de Castellane .
Issu d’une famille de notaires , il perd à 5 ans son père qui ne lui laisse qu’un patrimoine modeste . Son oncle ,Castellane , prend en charge son éducation . Il le fait élever au collège d’Avignon puis l’envoie à Paris en 1558 au collège de Navarre pour qu’il y fasse sa « philosophie » .Ce collège de Navarre était réservé aux fils de familles proches de l’entourage du roi . François de Bonne y côtoie les enfants des grands de l’époque et fait la connaissance du futur Henri IV , de neuf ans son cadet . Son oncle désirait lui faire faire des études dedroit.
Mais un an plus tard son oncle meurt ( 1559 ) brusquement et Lesdiguières qui a 16 ans est contraint de quitter le collège et de rentrer à St Bonnet .
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Henri IV confiera à Lesdiguières l’éducation de son fils ainé qui deviendra Louis XIII (tableau du Musée de Gap)
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Il a gardé de ce passage au collège de Navarre une grande érudition et l’amour de la littérature. La très belle bibliothèque du château de Vizille en fait foi.
Comme il est attiré par le métier des armes, sa mère ( Françoise de Castellane ) et quelques parents rassemblent les fonds nécessaires à l’achat d’une charge d’archer dans la compagnie d’ordonnance de Bertrand de Gordes,lieutenant général du roi et du Dauphiné (1562), il a 19 ans. C’est cette année-là que débutent les guerres religieuses dans cette province . Depuis Avignon, il était secrètement acquis à la cause de la réforme.
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  Le duc de Lesdiguières : une fière allure !
 Il se rallie donc à la cause des protestants et quitte Bertrand de Gordes pour rejoindre l’armée des Huguenots.
Il rejoint son cousin, le capitaine Furmeyerqui mène le combat .Après la mort de son cousin, il sera désigné comme chef des protestants du Champsaur, à 32 ans,  et livrera de nombreux combats. Il commence fort jeune une carrière de chef de guerre. Ses troupes occupent St Bonnet et Corps (voir plus loin la chronologie de sa vie), il participe à tous les combats de la Savoie , du Dauphiné et jusqu’au Languedoc ! Ses prouesses militaires et ses capacités au commandement sont reconnues en plus haut lieux et c’est à ce moment là qu’il se fera remarquer par Henri III. Lorsqu’en 1584 ( 30 ans plus tard ) Henri III désigne le roi de Navarre pour lui succéder, son autorité sur les huguenots du Dauphiné est reconnue. 
Henri IV en viendra, comme nous l’avons déjà dit plus haut,  à lui demander ouvertement son aide contre leDuc de Savoie !  En effet ce dernier profitant des divisions religieuses, essayait de  récupérer les terres du Dauphiné. Le duc de Lesdiguières alors fidèle au roi de France ( et ancien ami du collège de Navarre ) rentra en guerre contre le duc de Savoie. Afin de mettre Lesdiguières de son côté, le Roi n’hésitera pas à le gratifier de titres honorifiques, d’argent ( sa fortune devient colossale ) et le qualifier  « d’ami fidèle » à tout bout de champ. Mais le roi se méfie des énormes capacité de Lesdiguières et le qualifie dans son entourage de  » rusé comme un renard » !  
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 François de Bonne , Duc de Lesdiguières .
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Voici les titres de Lesdiguières :
Chef des protestants du Dauphiné                       en 1577 . 
Lieutenant général                                                  en 1595 . 
Lieutenant général du Dauphiné                         en 1598 . 
Maréchal de France                                               en 1606 .
Duc et Pair de France                                            en 1611 .
Maréchal de camp Général                                  en 1621 . 
Connétable de France                                          en 1622 .
Chevalier du Saint Esprit                                      en 1622 .
Ce dernier  titre peut laisser songeur ! Toutefois il fut très touché sur la fin de sa vie par la prédication de  St François de Salle et semble être revenu à des sentiments plus catholiques ( si on peut dire) sur la fin de sa vie. Mais …( car il y a un mais…) grâce à ce retour il a été nommé connétable de France. Demeure donc un doute sur la réalité de ce retour.
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Le 25 juillet 1622, à l’église St Bruno de Grenoble, il abjure en effet le protestantisme devant l’évêque d’Embrun ( à 79 ans). La cérémonie terminé De Créqui son gendre, lui donne lecture d’un courrier du Roi :« Monsieur, puisque vous êtes catholique, le Roi vous donne la charge de connétable »

 

Mais revenons à la chronologie des évènements de sa carrière  :

.Sa carrière militaire fut si longue ( de 19 ans à 83 ans ) qu’il nous semble judicieux d’en faire un résumé chronologique !
De 1562 à 1574 : Lesdiguières , à la tête des protestants, fait tout pour dominer  le Champsaur . A cet effet il participe aux  luttes religieuses, jusqu’à  éteindre toute contestation de la part des catholiques . Mr Robert Faure signale que 900 villages dans le Dauphiné seront brûlés, 256 prêtres et 112 religieux  tués. En 1566 grâce à l’édit d’Amboise, la guerre est provisoirement suspendue.  Il a 23 ans et épouse Claudine de Béranger qui lui donnera trois enfants ( voir plus loin les étapes de sa vie privée ). Il ne s’agit pas d’un mariage d’amour mais calculé pour son ascension politique : elle est noble. Par ailleurs sa mère devient aveugle et son épouse pourra s’occuper d’elle.
En 1572il s’empare de Mens et de Corps puis l’année suivante écrase les catholiques de Gap.
C’est à Corps que se situe cet exploit magnifique que seul Lesdiguières était capable de réaliser. En début de nuit il se trouve avec seulement quelques hommes dans le village de Corps. On lui apprend qu’il est complètement encerclé par les catholiques et qu’il n’a aucune chance de s’échapper .Le combat est inégal, il est obligé de le perdre. Il imagine alors un stratagème unique en son genre . Il prend des centaines de chêvres et de moutons sur lesquels il fixe des torches , et pousse le troupeau sur l’ennemi qui surpris par cet cavalcade se pousse et pense à toute autre chose qu’au combat. Lesdiguières peut se dégager de ce guépier sans même entamer le combat  !
En 1574 il participe à la prise de Serres, Vif, La Mure, Ambel …..toujours dans le même esprit : faire de telle sorte que toute la région soit protestante. Les mises en garde se répètent de la part du Roi .Mais toutes les régions de France sont en proie à cette véritable guerre civile et la situation lui échappe .
En 1575 il s’empare à nouveau de Gap .Pourquoi est-ce important pour Lesdiguières ?  La ville de Gap (où demeure l’Evêque) est restée très catholique. Les Gapençais ne se privent pas, régulièrement de faire des incursions dans la vallée du Champsaur, protestante, pour piller, voler le bétail, faire des prisonniers. Lesdiguières désire une bonne fois pour toute régler le problème. En fait il s’agira d’un véritable massacre. Il pille la ville et fait environ 120 morts. Pour établir sa position il fait construire, au dessus de Gap, la forteresse de Puymaure.

Devastation GapDévastation de Gap (dessin de Gilbert Bouchard pour « Mémoire du Champsaur »).

Le lien si dessus renvoie sur une vidéo. Mais vous pouvez découvrir aussi Gilbert Bouchard sur Wikipédia en cliquant ICI 

 

A partir de 1577, il séjourne régulièrement à Serres, donnée aux protestants comme place de sûreté et dont son secrétaire et biographe Louis Videl (1598-1675) est d’ailleurs originaire. Sa présence y est notamment attestée en 1582 et 1588. La tradition lui prête plusieurs demeures dans cette ville (Maison dite de Lesdiguières).
En 1577 :il est nomméchef des protestants du Dauphiné à la mort de son cousin le Capitaine Furmeyer .
 
En 1580 une ligue envoie contre lui un de ses meilleurs généraux, le Duc de Mayenne avec une armée de plus de 15000 hommes. Malgré une héroïque résistance, les troupes de Lesdiguières sont battues à plusieurs reprises, il ne reçoit aucun renfort et doit se soumettre.Il doit rendre GAP mais peut conserver PUYMAURE qu’il fait renforcer.
 
De 1580 à 1584 est aménagée entre Huguenots et catholiques une trêve. Lesdiguières en profite pour embellir son château « des Diguières » et sa maison forte de St Bonnet.
 
Le 10 octobre 1581 il reçoit le duc de Mayenne au château « des Diguières » avec tout le faste dû à son rang, le menu fut grandiose, un fort courant de sympathie s’établit entre eux.
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Mais en 1587 les combats reprennent : Lesdiguières s’emparent de la ville d’Embrun et le riche trésor de la cathédrale est pillé mais sans massacre, seulement grâce à la ruse.
 
Le 5 avril 1588 il décide de reprendre le contrôle de GAP que les catholiques ont réinvestie. Il occupe fort habilement les moulins dans le but d’affamer la population et la ville tombe.
Le 14 Aout 1588 , un traité est signé à Château Arnoux : suite aux directives royales, Lesdiguières fait alliance avec Lavalette contre Henri de Guise qui veut la destitution d’Henri III. Lesdiguières annonce clairement son camp . ( il a 45 ans )
Après plusieurs échecs sanglants, il s’empare en 1589 de Grenoble. Il ordonne alors un grand nombre de modifications :
  • – fortification de la Bastille sur la rive droite de l’Isère,
  • -fortifications tendues sur la rive gauche,
  • -construction des quais de l’Isère,
  • -embellissement de la ville : nouvelles rues, égouts collectifs, façades crépies,
  • -Construction du palais du Parlement et de la trésorerie qui deviendra sa    résidence personnelle, à l’emplacement même de l’ancien palais delphinal,
  • Constructions de digues le long du Drac et d’un pont d’une grande hardiesse sur le Drac, le Pont-de-Claix, qui deviendra une des sept merveilles du Dauphiné.

Pont de Claix .
En 1590 il s’empare de Briançon.
Le 17 septembre 1591 bataille de Pontcharra : Alors que Lesdiguières est à la tête de l’armée royale, il  affronte pour défendre la France l’armée Savoyarde à Pontcharra. Les deux armées sont face à face. Lesdiguières et ses lieutenants Poligny, Mures, Morges, Briquemaut, Valouses ne disposent que de 6 000 hommes face à l’armée de don Amédée (frère du Duc de Savoie Charles Emmanuel Ier) et d’Olivares forte de 15 000 hommes, dont 1500 Espagnols, 2000 Napolitains et 3000 Milanais. Le combat fut terrible, avec plus de 5000 morts, mais Lesdiguières l’emporta. Le butin fut énorme.
En 1595 il s’empare de Grenoble qui était occupé par le duc de Savoie.

 

LE GRAND TOURNANT DE SA CARRIERE

C’est un tournant qu’il faut bien comprendre. Lesdiguières en 1595 arrive à dominer tout le Dauphiné soit en ayant repris les terres au Duc de Savoie  (Grenoble en 1595 par exemple), soit en ayant par sa domination fait cesser les guerres de religion.
Henri IV voit donc le grand bénéfice à s’en faire un allié et commence à lui promettre titres et argent ce qui va de soi. Les deux hommes se rencontrent  à Lyon où Lesdiguières arrivent avec tous les notables de la région. Henri IV se fait très courtois à son égard, le félicite pour son travail d’unification et le traite comme un ami.
Lesdiguières est au sommet de sa notoriété et accepte volontiers ce rapprochement avec Henri IV.
En 1595 il est nommé Lieutenant général du Dauphiné par le Roi.( certains documents parlent de 1597 )
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En 1597 Lesdiguières repart en guerre contre le duc de Savoie Charles Emmanuel 1er( qui profitait de quelques luttes religieuses pour étendre son duché ). Il reprend Montmellian et Chambéry au Duc de Savoie qui doit signer le traité de Lyon en 1601.
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En 1597, il commande le siège du château de l’HUILE ( un château fort qui contrôlait la route du Col du Cucheron ) qu’il prit avec l’aide de trois canons. En 1630, ce château subit un nouveau siège par les armées de Louis XIII, et il est finalement détruit et arrasé sur les ordres du cardinal de Richelieu.
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En1598,  il s’empare de FortBarraux que le duc de SavoieCharles-Emmanuel Ier venait de faire construire (1597).

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Entre1600et1619, il fait construire le célèbre  château de Vizilles.
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.Le chateau de Vizille : un sacré monument !
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..Le château de Vizille aujourd’hui .

En 1606 il est nommé Maréchal de France. ( responsable de toute l’armée royale ! )

Duc de Lesdiguières

 

En 1608 il est veuf . Sa femme Claudine de Béranger décède à l’age de 56 ans.
Il est nommé duc de Lesdiguières en 1611 et pair de France (« le Duché-Pairie de Lesdiguières fut érigé alors à partir des terres des seigneuries de Lesdiguières et de Champsaur, appartenances et dépendances »).
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En 1622, il devient catholique et reçoit le titre de connétable de France ( il sera le dernier ).
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En fin d’année 1622 il reçoit Louis XIII au château de Vizille. Son titre de Connétable l’oblige à demeurer à Paris et il y remonte avec le Roi. Il tente à 80 ans de jouer son rôle. Mais Richelieu est là, il prend le pas sur le vieux connétable qu’il écarte. Il l’envoie gouverner la PICARDIE et l’ARTOIS et les territoires reconquis.
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En fin 1624 planent de nouvelles menaces de guerre, les Gênois alliés des Espagnols sont sur la frontière des Alpes. Retourné d’urgence dans son Dauphiné, Lesdiguières lève rapidement une armée pour les attaquer et en plein hiver, passe Montgenèvre. Le 1er février, il arrive à Turin et poursuit son avancée sur Gênes, laissant commettre de nombreuses exactions par ses soldats sur la population locale.
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En 1625 : Profitant de son absence les protestants se révoltent dans le Dauphiné ( lui est devenu catholique). Lesdiguières alors rejoint le Dauphiné. Méfiant, il fait fortifier la plupart des places fortes de sa province. C’est au cours du siège de MEVOLHON qu’il est saisi d’un violent accès de fièvre et de diarrhée. Il rejoint Valence pour se faire soigner mais le 28 septembre 1626 à 7h30 , le robuste et infatigable Lesdiguières expire à 83 ans.

Duc de lesdiguieres

Pour compléter la documentation vous pouvez lire aussi le livre: « Lesdiguières duc du Champsaur » parFaure de Prégentil paru aux « Editions des Hautes Alpes ».  Ce livre est remarquable : simple de lecture il relate très bien le destin national de Lesdiguières  et fourmille  d’anecdotes aussi intéressantes les unes que les autres .
On peut le trouver  dans les librairies des Hautes Alpes, notamment à Gap, à Pont du Fossé, à Saint Bonnet, à Orcières…ou chez l’éditeur: « Editions des Hautes Alpes »Tel 04 86 99 00 87 .
J’ai moi-même téléphoné aux éditions et les  commandes se font sans problème .
Par ailleurs les plus érudits   peuvent être intéressés par la lecture  du mémoire ( 200 pages ) de M. Caix qui traite de la période juste après Lesdiguières, intitulée Louis XIII et Richelieu à Grenoble ( 1628 ) . Pour la lire vous pouvez cliquer ICI
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