Le Champsaur a feu et a sang
Les Savoyards nos pires ennemis.
§ Article écrit par Robert Faure
Les Savoyards, ce sont nos rivaux pour la candidature aux Jeux Olympiques, ce sont nos rivaux pour attirer les touristes sur les pistes de ski, ce sont nos rivaux pour gagner les meilleures places dans les compétitions hivernales.
Mais tout cela n’a pas grande importance. Les Savoyards sont, dans l’ensemble, aussi charmants et aimables que la majorité de leurs rivaux haut-alpins.
Il est vrai qu’on a, de part et d’autre, pratiquement oublié une période de notre histoire pendant laquelle les troupes savoyardes se sont montrées particulièrement odieuses envers notre population haut-alpine.
il y a un peu plus de 300 ans, ils ont été nos pires ennemis. Oui, nos pires ennemis. Oublions un peu l’histoire qu’on nous a apprise à l’école selon laquelle nos ennemis traditionnels ont été les Anglais et les Allemands…Et pourtant, si l’on s’en tient à notre petite géographie haut alpine, ce qu’ont fait les Anglais et les Allemands ne sont que broutilles à coté de ce qu’ont fait, dans notre département les Savoyards.
A la fin du XVII ème siècle, les Savoyards avaient l’intention de conquérir le Sud Est de la France et d’étendre leur territoire jusqu’aux bords du Rhône.
C’était sans compter sur l’implacable résistance de Lesdiguières qui leur a infligé de cuisantes défaites en les boutant hors de Grenoble. (D’ailleurs, sans Lesdiguières, Grenoble serait, peut être aujourd’hui, une ville italienne(???).
Mais la vengeance des troupes de Victor Amédée de Savoie, après la mort de Lesdiguières, allait être terrible.
En 1692, brutalement et rapidement, en moins d’une semaine, tout fut méthodiquement pillé, détruit et enfin mis en cendres. La Rochette, Romette, Saint Julien, Aubessagne, le Glaizil (et son beau château de Lesdiguières), Poligny, La Fare, Saint Laurent, Chantaussel, Le Noyer, Laye, Les Allards, Saint Michel de Chaillol, Chabottes, Chabottonnes, Saint Bonnet et ses Hameaux, Ancelle, Saint Jean de Montorcier furent méthodiquement pillés et.dévastés sans que la moindre maison fut épargnée: 10 945 maisons brûlées dans le Champsaur et le Gapençais (dont le splendide château de Tallard).
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Les ruines du château de Tallard après le passage des Savoyards. Quant au château du Glaizil de Lesdiguières, il était dans le même triste état après le passage de ces mêmes Savoyards (voir ce qu’il en restait en Cliquant ICI. )
Dans le Champsaur, la plupart des habitants avaient pu fuir dans la montagne. Dans le Gapençais, ce fut plus horrible : massacres, tueries, viols accompagnés de crapuleuses et lubriques orgies. Eglises et chapelles furent pillées de leurs objets d’or et d’argent. Un témoin, le curé Albert raconte: « Ils ont sabré quelques crucifix, profané quelques églises et tué un pauvre prêtre du côté de Saint Bonnet ».
Les pillards, utilisant des « baguettes divinatoires »pour tenter de trouver les cachettes, purent ainsi mettre la main sur les biens et archives que les gens de Saint Jean de Montorcier avaient enfouis dans le lit du Brudou. Ainsi disparurent, cette année de 1692, bon nombre d’anciens documents qui étaient la mémoire du Champsaur.
Le cauchemar était total.
Traumatisés et exsangues, le Champsaur et le Gapençais qui ne s’étaient pas remis des guerres de religion, n’étaient plus qu’un désert hérissé de décombres.
Tout était alors à refaire. Il fallait, profil bas, repartir à zéro.
Notre région allait rester, à cause des Savoyards, plusieurs siècles à peiner pour relever ses ruines, pour tenter d’apaiser les haines…
Elle semble l’avoir réussi, et même au delà, puisque, sur les pistes de ski, on semble avoir oublié que nos rivaux Savoyards ont pu être autrefois des barbares.
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