Photos anciennes du Valgaudemar
VALGAUDEMAR : RETROUVER L’AUTREFOIS.
Article écrit par Robert Faure réactualisé le 28 avril 2016
Retrouver l’autrefois du Valgaudemar, c’est d’abord retrouver les paysages du passé autour desquels la vie des ancêtres a pu s’organiser.
Remercions donc les diffuseurs des Cartes Postales Anciennes, premiers journalistes reporters, qui ont pu saisir ce qu’était la vie particulière et exceptionnelle des Gaudemarous d’autrefois le long de la Séveraisse et sur les pentes montagneuses, dans les 5 communes de la vallée : Saint Jacques, Saint Maurice, Villar-Loubière, la Chapelle et Saint Firmin (Saint Firmin qui, au temps de Lesdiguières, faisait partie du Duché du Champsaur).
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Saint Firmin en Valgaudemar
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Saint Firmin, le chef-lieu du canton, compte actuellement, en 2012, 491 habitants. C’est relativement peu, par rapport à la population de la Vallée qui était, au siècle dernier, près de dix fois supérieure : 4000 habitants dans le canton de Saint Firmin en 1906 (presque tous des paysans). Mais de véritables saignées ont eu lieu dans les hameaux haut-perchés car la vie y était trop difficile, avec un climat brutal , des hivers très longs et et des ubacs sans soleil, des avalanches, des crues, des incendies et des terres stériles qui ne pouvaient plus nourrir la forte population . Beaucoup de gens ont du vendre leurs biens à l’ Etat, émigrer et quitter le pays que pourtant ils aimaient. Des hameaux entiers ont disparu comme Navette, l’Esparcelet, Les Pennes, Le Clot…
Les vieilles ruelles du village de Saint Firmin, autour de l’église, propices aux rencontres et aux discussions.
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Le Château de Saint Firmin (pour voir le diaporama le concernant : cliquer ici.
La première usine du Valgaudemar pour produire de l’électricité a été construite en 1902 , près de Saint Firmin , par M. Valentin Chabrand.
Pour lire l’article sur cette centrale et la privatisation des barrages de La Séveraisse Cliquez ICI..
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La Chapelle en Valgaudemar.
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La Chapelle en Valgaudemar reste le village le plus préservé par ses Chapellins. Il a toujours été un lieu de séjour recherché.
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La place principale de La Chapelle en Valgaudemar. Tout le monde avait mis ses habits de fête pour parader sur la photo.
Le Valgaudemar a vécu son âge d’or touristique vers les années 1930 grâce à la venue d’Anglais amateurs de montagnes et d’estivants qui venaient chasser le chamois et se montraient heureux d’avoir tué un beau coq. Age d’or éphémère qui ne survécut pas à la guerre 1939-1945 et arrêta ce bel élan.
Caractéristiques du Valgaudemar, ces maisons à « tounes » , ces grands porches qui protègent les entrées du mauvais temps et du soleil.
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L’asile Saint Paul où les religieuses ont souvent soigné les gens du pays a été transformé pour devenir la Maison du Parc National des Ecrins.
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Des pauvres fermes basses, tassées sous les chaumes qui pourtant protègent hommes, bêtes et foins.
.On continue à célébrer les chèvres dans la Vallée le 4 octobre de chaque année.
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Berger et bergère. Le pastoralisme a été, de tout temps, l’activité première des éleveurs. Dès le Moyen Age, le Valgaudemar a eu comme seigneurs les Gras venus de Prégentil. Et dès cette époque, Henri Gras donna aux Gaudemarous la propriété des montagnes pastorales, abolissant ainsi ses droits seigneuriaux.
Une chapelle, des tounes, des toits de chaume, de grandes cheminées, un fermier, son âne : c’est la sérénité dans un village vraiment paisible.
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Villar-Loubière
Les femmes du village se retrouvaient là quand elles venaient puiser l’eau au ruisseau.
Saint Maurice en Valgaudemar
L’église de Saint Maurice, monument Historique, construite peu après l’an 1000, par les moines de Cluny. A ses cotés, des arbres centenaires dont le célèbre tilleul « Sully » planté sur ordre du Ministre de Henri IV.
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Le Roux
Le Roux : dans les sous-sols de ce village, le plus chaud de la Vallée, on a longtemps cherché du cuivre, du plomb et de l’or. Une société minière : la « Valgaudemar Mining Compagny » avait même été créée en 1861 : Elle employait 50 ouvriers.
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Village de Navette
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Navette : 93 habitants en 1901 puis village abandonné après avoir été englouti en partie en 1950 par une avalanche. C’est l’Etat qui achetait tous les biens pour confier le village aux Eaux et Forêts. Les gens devaient alors partir, qui vers le Champsaur, qui vers les vallées environnantes et aussi vers les Amériques.
Le Rif du Sap et les Aupillous
Le Rif du Sap (Le Ruisseau du Sapin) situé à 1408 mètres, c’est le dernier village de la Vallée.
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Quand les guides se transformaient en porteurs pour les alpinistes et les chasseurs de chamois.
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Photos de la vallée
Le rêve du cycliste : le Pic de l’Olan, 3564 mètres, le sommet emblème de la Vallée, réservé aux très bons alpinistes.
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Le chalet-hôtel Xavier Blanc, appelé aussi Refuge du Clot, où se retrouvaient les férus d’escalades(1440m).
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Au milieu des gorges profondes par où s’engouffre le torrent de Navette, on peut apercevoir les « marmites de géants » creusées par la puissante érosion de l’eau.
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De La Chapelle, en longeant le torrent de Navette, on pouvait enjamber ce pont à arche unique.
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Depuis les Romains, ce vieux pont a résisté aux assauts de toutes les méchantes crues de La Séveraisse.
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Les montagnes du Valgaudemar
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Le Sirac (3440 mètres). On distingue bien les 6 rocs qui lui ont donné son nom. Sur des cartes anciennes, le Sirac est parfois écrit : Chirac. C’est le pasteur américain Coolidge qui a conquis le premier sommet du Sirac le 1er juillet 1877 avec son guide Almer. Il est revenu en 1879 s’offrir tous les cols alentour. Puis il fallait attendre 1932 pour que la face nord du Sirac soit conquise par Lloyd et Longland (voir « Le Champsaur Histoire et Mémoire »).
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Le Sirac : col de Valompierre.
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Le refuge du Pas de l’Olan a longtemps été entretenu par les guides du Valgaudemar, notamment par la famille Vincent.
Le refuge du Pas de l’Olan (un des premiers refuges construits. À 2345 mètres) . 3 heures de marche depuis La Chapelle. Plusieurs refuges du Pas de l’Olan ont été détruits par les avalanches.
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Les Ecrins, les glaciers, et, à droite, Les Bans, (3669 mètres) le plus haut sommet du Valgaudemar. L’engouement des alpinistes pour le Valgaudemar a commencé quand l’alpiniste anglais Pendlebury a atteint pour la première fois le sommet de l’Olan le 8 juillet 1875. Selon Gaston Rebuffat ; « Le Valgaudemar est la plus himalayenne des vallées alpines ». Le Valgaudemar compte plus de trente sommets dépassant les 3000 mètres d’altitude.
La superbe forêt de résineux des Andrieux. C’est pourtant l’Ubac, le versant sombre, sans aucun soleil pendant 100 jours, un coin propice aux légendes.
Le Lac de Pétarel
La Cascade du Casset, pas très loin de La Chapelle en Valgaudemar
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Cascade de Combefroide.
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Le Vieux Chaillol (3163 mètres), à cheval entre le Valgaudemar et le Champsaur, est d’une ascension relativement facile. On voit ici le célèbre guide Bernard de Champoléon avec ses clients anglais.
Le Refuge du Gioberney (et le « Voile de la Mariée) point de départ de nombreuses courses en haute montagne. .
Le refuge du Clot (Xavier Blanc) du Club Alpin Français. En arrière-plan : La Meije. Non loin, il ne reste que quelques ruines du hameau du Clot, hameau le plus reculé du Valgaudemar, entièrement détruit en 1934 par un incendie qui s’était propagé facilement car les habitations étaient toutes couvertes de chaume.
David Martin, né en 1842 à Lallée, a d’abord été berger à Saint Jacques en Valgaudemar avant de devenir un réputé géologue et professeur d’histoire naturelle. David Martin a mis en valeur le patois du Bas-Champsaur que l’on parlait à son époque et il s ‘est intéressé à nos paysages, se montrant précurseur dans la défense et le classement de notre environnement naturel.
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Le moulin de Villar Loubière, encore en état de marche, servait autrefois à broyer les grains (pour faire de la farine), à broyer les noix et les noisettes (pour faire de l’huile). A la fin du 19 ème siècle, il y avait, le long de la Séveraisse, 23 moulins dans la vallée.
Avec les images : la généalogie et tout ce qui rattache
Le Syndicat d’initiative du Valgaudemar a organisé, en juillet et en août 2010, au Centre Culturel du Séchier à Saint Jacques en Valgaudemar une exposition intitulée « Généalogie en Valgaudemar ».
Belle initiative qui permet d’intéresser ceux qui sont en quête de leur histoire.
Le Centre Culturel, par cette exposition, (avec en parallèle une enquête-bourse d’échanges), souhaite apprendre, par la généalogie et par tout ce qui s’y rattache ( avec les lieux de naissance inscrits sur les actes civils, dont beaucoup sont aujourd’hui inhabités, ou avec les curieux métiers des parents des nouveaux-nés, inscrits eux aussi sur les actes de naissance) comment on vivait autrefois, et où on vivait, dans la vallée et dans les montagnes du Valgaudemar.
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Lac de Pétarel.
Car, dans le Valgaudemar, des transformations dans la vie traditionnelle sont arrivées, notamment à la fin du 19ème siècle, quand les premiers touristes alpinistes ont découvert ce pays, attirés par la trentaine de sommets qui dépassent les 3000 mètres.
Les habitants n’ont pas perçu tout de suite l’attrait que pouvait avoir la petite région qu’ils habitaient.
Pourtant l’originalité de leur pays était mise en vedette.
Du beau monde venait en effet ici, souvent de l’étranger et des grandes villes, pour tenter de conquérir des cimes inviolées…( inspirés par le révérend Coolidge, son guide Almer, Pilkington…etc…) .
Les hôtels se développaient.
Des refuges se construisaient.
L’économie du pays se transformait.
Et l’on vit alors pas mal d’habitants de la vallée se décider à dépasser leur occupation traditionnelle paysanne, soit pour changer de métier, soit pour devenir des guides pour les nouveaux amateurs d’escalade.
Certaines familles, comme les Vincent, ont beaucoup donné pour la montagne avec des guides réputés dont certains ont ouvert des voies vers les sommets.
Et, puisque chacun, dans cette bourse d’échanges, dans cette recherche du passé, peut apporter sa pierre, je me bornerai, personnellement, à raconter ma rencontre avec l’un de cette lignée : Noël Vincent, aspirant guide, rencontre qui m’a beaucoup marqué puisque, grâce à elle, j’ai pu écrire le premier article de ma vie de journaliste.
Voici l’article paru il y a plus de 60 ans, en mars 1950 , dans le journal « Jeunes Forces Rurales ».
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NOËL, GUIDE de HAUTE MONTAGNE ( Article de mars 1950)
Ce soir, Noël n’est pas trop gai, mais le souvenir de sa vie en montagne vient à point pour le transformer.
Perdu dans une pauvre vallée, son village de La Chapelle en Valgaudemar attend, dans un sommeil de marmotte, le retour des excursions.
Douce tranquillité! Le Sirac veille, l’Olan le protège de ses 3600 mètres et le massif de l’Oisans est là.
C’est dans cet univers de montagnes échevelées, aux murailles impassibles et hautaines, qu’à 16 ans déjà, Noël partait à la conquête des sommets. A 18 ans, il devenait porteur, fier de ce rôle plutôt ingrat, qui faisait de lui, le baudet des touristes passionnés d’escalades. Quelquefois même, pied leste et volonté tenace, il conduisait, en cachette, clients et amis de son père. Hélas, la guerre est venue là aussi paralyser la montagne et modérer sa fougue. Et ce n’est qu’après le retour des estivants qu’on peut reprendre les courses exceptionnelles.
La course en montagne
Le matin du départ, on suit avec minutie les préparatifs de l’ascension, et, vers midi, guide, client et porteur attaquent lentement les sentiers qui mènent à l’alpage. Un refuge isolé leur offre une piètre installation pour la nuit.
Le lendemain, la véritable course commence. Le guide n’a qu’un souci en tête: la sécurité de sa cordée.
Les accidents innombrables arrivés dan ces montagnes ont été pour lui une terrible leçon : un guide étranglé par sa propre corde alors qu’un éboulis l’entrainait dans le vide ; un guide héroïque qui eut les mains brûlées par la corde pour retenir et sauver sa suite. Un guide,encore, qui eut les yeux paralysés par une avalanche de cailloux déclenchée par une autre cordée.
La montagne procure trop de joies pour ne pas avoir de temps en temps sa revanche. Aussi le guide part pour ramener sa cordée et c’est avec plaisir qu’après deux jours de course harassante, il retrouve le village.
Crise de condition de vie
La haute montagne n’ est accessible que de début juillet à fin septembre. Ces trois mois de vie simple et dure représentent le gagne-pain total du guide. Si les rares hôtels regorgent de clients, il peut compter dix courses par mois, à 3.000 fr. la course. Avec ces 90 000 fr. de salaire annuel, il doit d’abord nourrir sa famille, penser à son équipement, remplacer les cordes peu sures, se procurer des chaussures spéciales qui ne durent que 15 jours.
Quant aux ressources de la vallée, elles sont si maigres que le guide ne peut y compter. Entre deux courses, il s’en va ramasser le peu de fourrage qu’il faut pour nourrir une vache ou une chèvre. En effet, 70 % des guides sont paysans, des paysans de montagne.
Mais, c’est pendant l’hiver, alors que la montagne recouverte de neige devient inaccessible, que la crise se fait de plus en plus terrible. Le montagnard, pourtant attaché à sa famille et à sa vallée se voit obligé d’émigrer. Il lui faut trouver du travail, quitte à sacrifier son métier de guide…
Et, c’est après une de ses journées de travail, pénible et monotone, aux ateliers d’ébénisterie de Pont du Fossé (Hautes Alpes) , où il travaille pour boucler son budget, que j’ai connu, ce soir d’hiver, Noël Vincent, aspirant guide.
Robert FAURE. ( Article datant de Mars 1950 ) .
L’origine de l’article.
Comment est né cet article ? A l’origine, Robert Faure (19 ans) se cherchait un avenir. Après une année passée comme « pion » à l’Institution Sainte Marie à la Seyne sur Mer, il « trainassait » dans son village de Pont du Fossé. Là, il rencontrait Noël Vincent, lui aussi en recherche d’avenir, qui était alors en stage à l’atelier d’ébénisterie fondé par l’abbé Poutrain, et qui logeait, à l’époque, provisoirement, chez sa soeur : Eva Faure-Nicolas.
Le soir, les discussions entre les deux amis portaient souvent sur les exploits, les angoisses, les accidents et les déconvenues des guides de haute montagne, et, plus particulièrement sur la propre expérience de Noël Vincent.
Robert Faure, trouvant que ce qu’avait vécu Noël Vincent était intéressant, remplissait quelques pages de papier et osait écrire à son cousin Marcel Faure, rédacteur en chef, à Paris, du journal « Jeunes Forces Rurales » pour lui proposer sa petite enquête.
(« Jeunes Forces Rurales » était le bi-mensuel de la J. A. C. qui tirait à 150 000 exemplaires.
Parmi les collaborateurs du journal: Michel Debatisse, André Vial… )
Un comité de rédaction examinait l’article, donnait l’avis favorable, et la publication, pour mars 1950, était acceptée.
« Noël, guide de haute montagne » a donc été le premier article écrit par Robert Faure qui, sans Noël Vincent, ne serait peut-être jamais devenu journaliste.
D’autres guides sont aujourd’hui prêts à faire découvrir la Haute Montagne du Champsaur et du Valgaudemar.
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