Le Mausolée de Lesdiguières
LE MAUSOLEE et LA CHAPELLE DE LESDIGUIERES
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1 / Dans un premier temps nous allons voir l’histoire de cette Chapelle qui est tombée en ruine en 35 ans ( de 1789 à 1827 )
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1 / HISTOIRE DE LA CHAPELLE ET DE SA RUINE EN 35 ANS (de 1792 à 1827) .
Avez-vous remarqué la fenêtre qui a été condamnée au centre du mur ? Elle l’a été pour mettre en place l’autel.
Son histoire jusqu’à la ruine.
Il faut bien réaliser que ce Château construit par Lesdiguières aux alentours de 1580 ( la Chapelle en 1604 comme nous venons de le voir ) a été brûlé en 1692 dans sa quasi totalité ( voir le détail plus haut ) par les mercenaires du Duc de Savoie. La chapelle a pourtant été épargnée, je pense uniquement par manque de temps ou par oubli car cette horde de sauvages venait de piller tout le Champsaur, saccager chapelles, églises et lieux de culte, tuer le curé de St Bonnet ( 5 km ) ……Donc ce n’est pas par respect d’une église qu’ils ne l’ont pas brûlée mais à priori par manque de temps. Par ailleurs la chapelle était moins accessible aux projectiles incendiaires du duc de Savoie ( pas de fenêtres côté montagne). Le Château lui a brûlé aux 2/3 et finalement n’a jamais été reconstruit.
Pendant pratiquement 200 ans la chapelle est donc intacte. Nous allons voir comment en 35 ans, cette chapelle qui était intacte en 1789, avec son mausolée, le caveau, la présence des corps, le masque funéraire du Duc, les cercueils …, se retrouve en ruine en 1827, pillée de tout ce qu’elle contenait.
Reconstitution numérique de la Chapelle du Château de Lesdiguières.
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Voici la chronologie …..
En 1780 un prêtre est encore dans le château et réside dans la tour de l’horloge. Il vit dans des conditions très précaires.
En 1789, le château est donc en piteux état, la chapelle prête a tomber en ruines, et la révolution va pousser les gens du village à venir prendre ce qui les intéressent , pierres de tailles , montants de portes , ……Ce que personne n’aurait osé faire 10 ans plus tôt, se fait sans problème en 1789.
La chapelle est délabrée et les autorités publiques s’émeuvent de ce qui se passe et craignent pour le mausolée. Une grille est mise en place pour protéger les lieux.
En 1789 l’autel et son retable sont volés à l’intérieur de la chapelle . Mystère! Après quelques recherches, j’ai appris qu’ils étaient partis à la chapelle des Pétètes dans la commune de Benevent Charbillac ( juste à côté de Saint Bonnet en Champsaur ) qui venait d’être édifiée ( 1743 ) . Curieusement c’est un maçon-charpentier , un dénommé Jacques Pascal , qui avait construit tout seul cette petite chapelle , pour plaire à sa bien aimée selon la tradition , et qui donc était venu se servir, prenant autel et retable. Peut-être d’ailleurs avait-il les autorisations en bonne et due forme d’un comité révolutionnaire local.
Ci-dessus la photo du retable de la chapelle de Lesdiguières et que l’on peut voir aujourd’hui à la chapelle des Pétètes. Il représente la Vierge Marie, Saint Joseph sur la gauche tenant un lys et un évêque à droite, sa mitre au sol devant lui . Qui est-il ? Certains parlent de St Grégoire. On peut aussi supposer qu’il s’agit de Saint François de Salle que Lesdiguières a rencontré à plusieurs reprises et qui l’a invité a rentrer dans l’église catholique. Ce retable vient d’être restauré.Tout le cadre est fait de cuir retourné ainsi que le bas de l’autel.
Mais revenons à l’histoire de notre Chapelle de Lesdiguières……..
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On remarque sur ce cliché les pierres taillées qui ont été retirées pendant la révolution, en particulier les pierres horizontales en bas des fenêtres.
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Ce cliché montre l’emplacement du Mausolée ( emplacement normal d’un autel ) et sur la droite l’ouverture vers le caveau. Malgré les apparences j’ai pris cette photo sous une pluie battante……
En 1798 les autorités civiles finissent par transférer le mausolée à la chapelle St Pierre de la cathédrale de Gap. ( voir quelques pages plus bas les pérégrinations de ce monument).
Il ne reste donc plus en 1798 que les corps dans le caveau .
En 1810 : la porte de la Chapelle est forcée, les grilles poussées, le caveau profané. Personne ne s’en rend compte sur le moment, tant et si bien que des chiens s’introduisent à l’intérieur et sortent des os jusque dans les escaliers : émoi général ( je trouve que c’est un peu tardif ) et la famille fait murer le petit passage vers le caveau.
Le 19 février 1822: la tour qui contient le caveau ( tour accolée à la chapelle ) tombe en ruine. La famille et en particulier Mme de Béranger, organise le transfert des corps ( mis dans 3 caisses scellées) vers le château de Sassenage. Certains documents parlent du transfert des cendres de Lesdiguières. Je pense qu’il s’agit d’une imprécision de langage pour parler en réalité des restes des corps. Il n’y a aucune notion de crémation. A l’époque d’ailleurs cela ne se faisait pas.
En 1827 : Mr Jansson Desfontaines revient dans les lieux pour finir les relevés du Château. Il est très surpris d’y trouver la chapelle et le caveau vides.
.Mais où est donc passé le masque mortuaire de Lesdiguières ?
En 1827 , lorsque Jeanson Desfontaines revient dans la chapelle de Lesdiguières pour faire l’état des lieux, il écrit : » .…il ne reste plus rien des tombeaux dans le caveau si ce n’est les dès en pierre qui supportaient les barres de fer sur lesquelles ils reposaient. tout cela a été vandalisé. On a profité des tombeaux pour avoir le plomb des cercueils et les madriers en chêne et cela depuis 35 ans seulement car j’ai vu en 1792 ces tombeaux, ils étaient encore à leur place et les corps en chaque bière. Il n’y avait à l’époque que le masque de Lesdiguières qui était dérangé ….Je fus alors tenté de le prendre mais je ne voulus pas le faire par respect pour les morts , et j’aurais pourtant bien fait car ce masque fut enlevé, porté à Mens d’où il est revenu aux Disguières où après avoir rôdé dans la crèche d’une écurie il fut confondu avec le fumier dans lequel il fut jeté et porté pour n’en plus sortir dans les champs et être confondu avec la poussière du sol où celui à qui il avait appartenu avait commandé en souverain « .
Ce masque a donc été volé. Janson ( Jeansson ) Desfontaines après avoir constaté le vol en 1827, semble s’être renseigné dans les hameau des Disguières ( commune du Glaizil ) et se fier aux dires d’un habitant .
Nouvelles recherches et une découverte intéressante dans un livre de Mr Jean Simon » La belle et insolite Histoire du Champsaur » qui nous dit : »…..une personne semblant bien informée nous assure que le masque retrouvé il y a quelques années, aurait rejoint le corps de son propriétaire en l’église de Sassenage ……qui retrouvera cette relique au mystérieux destin..… ?
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2 / Après la Chapelle, l’Histoire du Mausolée ( à proprement parler).
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Mais finalement en 1798, la chapelle à son tour menaçant de ruine ( et de vol ) le mausolée est transféré à la chapelle St Pierre de la cathédrale de Gap.
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Le Mausolée terminé. Lesdiguières semble avoir fait des économies sur les bas reliefs, sur la hauteur des colonnes latérales, la largeur du monument …..
Détail du mausolée . Le visage ( très réussi ) de Lesdiguières . ( Photo du département ).
En 1836 : La cathédrale devant être rendu au culte, le mausolée fut à nouveau transféré en 1836 dans la salle des délibération du Conseil Général du département des Hautes Alpes. Finalement il arriva en 1912 au musée départemental de Gap, dans la salle des sculptures.
3 / Histoire du caveau à travers les écrits de Jeanson Desfontaines (1792 à 1827 ) .
Mais que vient faire Jeanson Desfontaines en ce lieu en 1792 puis en 1827 et qui était-il ?
Il était ingénieur des « ponts et chaussées » et faisait partie du corps royal ( ou ce qui en restait 3ans après la Révolution). Il vient dans le cadre de sa profession et sur la demande du préfet Asselin, faire des relevés du château qui seront finis en 1827. Il est témoin de la dégradation des lieux entre 1792 et 1827.
Voilà ce qu’il trouve en 1792.
Le caveau auquel on accédait par neuf marches , contenait au total 8 places . Le corps du Duc se trouvait tout au fond .On y retrouvait également la sépulture de Claudine de Béranger , première épouse de Lesdiguières , morte à 56 ans , de leur fils ainé décédé à l’âge de 12 ans d’un coup de sabot ( ruade ) de cheval , sa fille épouse du Duc de Créqui morte très jeune , le Comte de Saut , le Duc de Créqui gendre de Lesdiguières et qui fut à ses côtés pendant toutes ses chevauchées guerrières .
Selon Mr Jeanson Desfontaines en 1792 , il y avait près de l’escalier le corps d’un jeune homme de 25 – 26 ans que la tradition disait avoir été tué par balle en Italie. Etait-il un proche de la famille ou un des soldats de Lesdiguières qu’il aurait affectionner comme un fils ? En tout cas j’ai été surpris que Jeanson Desfontaines puisse évaluer l’âge de ce jeune près de 160 ans après sa mort ! A moins qu’il ne l’ai entendu dire , et qu’il ait ensuite constater la présence effective de ce corps.
En haut , le plan de la chapelle et l’accès au caveau qui se trouve dans la tour . L’entrée est à gauche . Le petit rectangle indique l’emplacement de l’autel . Le mausolée de marbre est en face de l’entrée . En bas le plan du Caveau à l’intérieur de la tour N°1 .( archives Nationales numérisées )
Voila donc ( plus en détail ) le 1er constat de Jeanson Desfontaines en 1792 .
Ce constat de 1792 est très important car il confirme que le caveau n’avait été endommagé ni par les mercenaires du Duc de Savoie en 1692 qui brûlèrent complètement le Château , ni par la Révolution Française . En 1792 le mausolée était intacte .
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Cette photo est intéressante : on y voit sur la gauche , la marque du mausolée ( dans les années 60 je prenais ça pour la marque de l’autel ), et par ailleurs le passage pour aller dans la tour N°1 ( je prenais ça pour une porte allant vers la sacristie ). Ce passage permettait d’accéder d’une part aux étages de la tour qui était une tour de surveillance, et d’autre part au caveau.
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1792 : Voici donc le récit que fit Jeanson Desfontaines en 1792 après sa visite du caveau : « Les tombeaux reposaient sur leurs supports et les corps étaient entiers , dans toutes leurs parties et semblaient ne pas avoir été remués . Il n’y avait que le masque de Lesdiguières qui était dérangé et tombé sur la bière , à côté de sa tête . Lorsque j’ai vu ces tombeaux , Lesdiguières était le dernier au bout du caveau , opposé à l’escalier , la tête tourné vers le midi . Les autres cercueils étaient placés de même , après lui . »
Attention le passage suivant est un peu dur : j’ai longtemps hésité avant de le mettre.
Il continue ainsi « de cette visite trois choses me frappèrent. Ce fut, primo , l’énorme épaisseur de la peau de l’estomac de Lesdiguières qui sur la poitrine avait au moins cinq lignes d’épaisseur , et l’énorme grosseur de sa tête. Ce fut, secundo, le corps de la Duchesse de Créqui, dont toutes les parties étaient parfaitement conservées, où l’on voyait encore les cheveux et les poils , mais dont tout le corps était noir comme de l’encre et la peau percée de multitudes de petits trous comme le tissu d’un tamis . Ce fut en troisième lieux le corps du Comte de Saux dont la peau était très blanche et qui , velu comme un ours , avait le poils noir qui se détachait sur cette peau, la faisait paraître plus blanche encore . Celle du Duc de Créqui ( gendre de Lesdiguières ) était était plus blanche encore, elle avait la blancheur du papier ….……. »
Il s’approche et remarque : »je fus frappé par l’énorme grosseur de la tête de Lesdiguières car , ayant mis son masque sur le mien , il le dépassait en longueur de sept à huit lignes ( centimètres ? ) et en largeur de plus de 10 lignes « Dans plusieurs documents anciens que j’ai pu lire effectivement que le Duc de Lesdiguières avait une tête très volumineuse.
La description de l’état des corps m’a beaucoup surpris surtout quand on pense qu’elle a été faite 156 ans après la mort de Lesdiguières ! J’ai donc fait des recherches pour savoir si Lesdiguières , comme on peut le supposer , avait été embaumé .
Il l’avait été effectivement à Valence par son chirurgien , un dénommé Toussaint Jolliot, et j’ai appris par ailleurs que ses entrailles étaient restées à Valence, son coeur mis à la cathédrale de Grenoble. Autres temps , autres moeurs !
Ce chirurgien fut très étonné par la petitesse de son coeur et ajoute dans ses notes.. »comme beaucoup de grands hommes ….. » . Cette anotation n’est absolument pas corroborée par nos connaissances actuelles.
En tout cas on peut affirmer qu’en 1792 le caveau était intact et que tout était en place.
Cliché montrant la Chapelle dans laquelle se trouvait le mausolée, et la tour accolée à la chapelle dans laquelle se trouvait le caveau en sous sol ( ou entresol ). Par ailleurs on se rend compte à quel point la montagne est proche : c’est de là haut que les mercenaires du Duc de Savoie ont incendié en 1692 le Château. ( voir explications plus haut )
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Reconstitution numérique de la chapelle et de sa tour. Dans le sous-sol de cette petite tour de surveillance se trouvait le caveau avec ses 8 places .
1827 : le 2em constat de Jeanson Desfontaines
Jeanson Desfontaines revient au Château 35 ans après son 1er passage et reste stupéfait par l’état des lieux !
Lorsqu’il revient donc dans la chapelle de Lesdiguières pour faire le descriptif, il écrit : » …..il ne reste plus rien des tombeaux dans le caveau si ce n’est les dès en pierre qui supportaient les barres de fer sur lesquelles ils reposaient. tout cela a été vandalisé .On a profité des tombeaux pour avoir le plomb des cercueils et les madriers en chêne et cela depuis 35 ans seulement car j’ai vu en 1792 ces tombeaux, ils étaient encore à leur place et les corps en chaque bière. Il n’y avait à l’époque que le masque de Lesdiguières qui était dérangé …. «
Comme je le disais plus haut , cette chapelle va probablement être restaurée pour servir de lieu d’accueil pour les touristes , d’exposition sur la vie de Lesdiguières et sur son château ……
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