Vous allez découvrir en détail l’histoire de cette église et sa ruine progressive à travers une trentaine de photos, des témoignages, un film. Vous arrivez sur le site « Mémoire du Champsaur » qui parle longuement de Notre-Dame de La Salette dans les Hautes-Alpes, lieu d’une apparition Mariale en 1846 (pour lire l’article Cliquez ICI ). Toutefois notre site fait une escapade jusqu’à Marseille, car un lecteur (et ami) m’a signalé la triste histoire de l’église ND de La Salette à Marseille dans le 11eme arrondissement.
Je suis allé voir sur place et j’ai effectivement constaté…
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Marseille en arrière plan, une ville très étendue située entre mer et montagne. Cette église qui se trouve au cœur du 11ème arrondissement a été pendant 100 ans un lieu de pèlerinage très prisé des Marseillais. Elle est aujourd’hui en ruine suite a des problèmes de succession ( les 165 héritiers ont eu du mal à s’entendre sur la transaction). Le diocèse de Marseille fait aujourd’hui ce qu’il peut pour rattraper la chose…mais c’est un peu tard.
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Vous allez découvrir dans cet article:
– L’état des lieux en 2011 et 2016.
– Son histoire, depuis la construction en 1872 (suite d’une guérison miraculeuse) jusqu’à nos jours.
– Sa destruction progressive, qui en 2016 est pratiquement complète…..nous pourrions même parler de saccage et de profanation.
– Enfin nous aborderons son devenir…..avec quelques nouvelles de 2016.
L’esprit de cet article n’est pas polémique. Certaines personnes s’occupent actuellement de son devenir. Loin de moi l’idée d’écrire sur internet n’importe quoi ou de refaire l’histoire de cette église à ma façon. Toutefois, si vous avez la curiosité de regarder la vidéo qui se trouve juste au dessous, qui a été tournée en 2011, vous comprendrez qu’on ne peut rester muet…….sauf de stupeur ou d’indignation.
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Le bâtiment se trouve comme je le disais plus haut, dans le 11eme arrondissement de Marseille sur la colline des « Treize Vents »…..un peu à l’extérieur de la ville, ce qui explique peut-être sa ruine progressive. Il ne s’agissait pas d’une paroisse mais plutôt d’un lieu de pèlerinage et plus tard d’un lieu d’accueil pour les jeunes qui faisaient leur retraite avant la « Première Communion » ou « Confirmation ». L’importance de la bâtisse et l’entretien que cela supposait, ont été en cause également dans sa ruine. On m’avait effectivement parlé de ruines. En arrivant j’ai été plutôt agréablement surpris. La suite est plus triste.
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La façade de cette église est en quelque sorte une copie, en plus petit, de la Basilique ND de La Salette. Elle a été construite en 1872 par Gaspard Nicolas après une guérison miraculeuse. Pendant des années un pélerinage en l’honneur de Notre Dame de La Salette se déroulait en ce lieu le 19 septembre. Une personne âgée que j’ai rencontrée sur place me racontait que les gens partaient à l’époque (pas si lointaine) de La Valentine et montaient à pied à travers la pinède. Une autre personne me signalait que pour la Saint Christophe (car aux Accates la paroisse est sous le vocable de Saint Christophe) jusqu’en 1990 environ, une messe était dite en plein air, sur cette esplanade. L’église, déjà à cette époque était dangereuse…..mais loin d’être en cet état.
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Photo de novembre 2016. Sur la droite on repère bien la partie église et sur la gauche l’hôtellerie (perpendiculaire). Cette photo a été réalisée grâce à un drone performant (sur cette photo, altitude 40m environ) … malheureusement le ciel était nuageux.
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Histoire succincte de cette église.
La plus grande partie des renseignements m’ont été aimablement transmis par M. Robert Lanteaume (descendant de Gaspard Nicolas qui a construit de ses deniers cette église) et par le « Comité Intérêts du Quartier » ( M. JC Ravera).
– En 1800, le quartier des Accates était rural. Les terres étaient couvertes de vignobles qui produisaient d’ailleurs un très bon vin. Mais il y avait également des cultures très diverses justifiant une main d’oeuvre importante. Les Accates comptait environ 200 habitants.
– A partir de 1850, Gaspard Nicolas (1807-1878) propriétaire d’une grande partie des terres, avec 13 fermes dessus, effectua de gros travaux dans le quartier, réalisant des drainages, améliorant les voies d’accès, consolidant les restanques…….. Il embaucha pour ce travail une quinzaine d’hommes pendant plus de vingt ans. En 1876, il reçut une médaille d’argent des mains du ministre de l’agriculture pour tous ses travaux.
– Gaspard Nicolas, chrétien pratiquant, fut guéri miraculeusement en 1860 d’un cancer de la peau au niveau du menton, extrêmement douloureux, ulcéré, traité depuis des années et jugé incurable par les médecins. Cette guérison miraculeuse survint au cours d’un pélerinage à Notre Dame de La Salette dans les Hautes-Alpes (apparition en 1846). En remerciement, il décida de faire construire une église « ex-voto », avec ses propres deniers, réplique en plus petit de la Basilique de Notre-Dame de la Salette.
– En réalité, il fît construire une première chapelle en 1865 exactement au même endroit (au « Bois de la Vieille ») et devant l’affluence incroyable des pélerins dès la première année, il décida de la faire agrandir. Les travaux de cette deuxième église furent terminés en 1872. Le 19 septembre 1872 (date anniversaire de l’apparition ), l’affluence fut énorme, tant et si bien que Gaspard Nicolas mit en place les autres années des « omnibus » qui partaient de Marseille à 5h du matin et revenaient vers 10h.
Vous trouverez un peu plus loin l’histoire détaillée de tous ces évènements qui à l’époque avaient fait grand bruit à Marseille….Une très belle histoire qui devrait reprendre son cours dans les années à venir (je vais vous donner quelques bonnes nouvelles).
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Clichés comparatifs. Le lieu de l’apparition (1846) à gauche, l’église de Marseille à droite, construite en 1872.
Mais découvrons ce qu’est devenue cetteégliseen 2011: quelle tristesse !
Si je me tais……..
Lorsqu’on entre, c’est la stupéfaction ! L’état est pire que désastreux. Mais que s’est-il passé dans cette église ?
Un autel saccagé, profané. Abominable ! Un bouquet de fleurs a été posé. C’est un beau geste certes, mais est-il encore justifié ? Devant un tel spectacle, le message de la Sainte Vierge à la Salette m’est revenu en mémoire « Que votre zèle vous rende comme des affamés pour la gloire et l’honneur de Jésus-Christ. Combattez, enfants de lumière, ……… car voici le temps des temps, la fin des fins.L’Eglise sera éclipsée, le monde sera dans la consternation ».
« ….. Cette clarté tournoie sur elle-même et finalement laisse apparaître une belle dame, assise la tête entre les mains dans une attitude de profonde tristesse ». La belle Dame en pleurs avait bien des choses à nous dire …….Priez, convertissez-vous, sans quoi vous verrez des événements qui vous laisseront dans la consternation. (1846)
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En 2016, l’église a été sécurisée,
…..des portes ont été posées, toute la charpente enlevée.
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Novembre 2016. La porte est blindée, tout a été nettoyé, l’autel retiré. Quelques graffiti demeurent des années précédentes. Mais l’urgent a été fait : ouf !
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.2016. La photo a été prise de l’extérieur avec un zoom. Quelqu’un a rajouté en rouge « Le Christ est mort pour nos péchés ». Ce graffiti percutant a certainement été écrit par un chrétien voulant rappeler à tous ces jeunes quelques vérités. En 2016 l’autel a été retiré : c’est une bonne chose. L’accès à l’intérieur de la ruine est beaucoup plus difficile mais malheureusement encore possible (et sans difficulté).
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.Novembre 2016. On se rend compte sur cette photo aérienne (concernant la sécurisation du lieu) que toute la charpente a été retirée sauf au niveau du dôme central et du chœur car les tuiles protègent encore un peu l’intérieur. Il semble que la tour de gauche ait été isolée ( calandrite ? )
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Reprise de la visite de 2011.
La Sainte Vierge annonce « …….. les églises seront fermées ou profanées. »
A vrai dire, très vite en ce lieu, on n’est plus ni visiteur, ni curieux….mais uniquement un chrétien consterné !
« Les mauvais livres abonderont sur la terre et les esprits de ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu ….chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables. » (message de Notre Dame de La Salette en 1846)
Il était là le danger : qu’une tuile ou un morceau de charpente tombe et blesse le visiteur. En 2016 tout a été enlevé. Personnellement j’étais dans un coin sans risque…mais j’ai été extrêmement prudent !
« Enfin, j’appelle (…) les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu (…) dans la pauvreté et dans l’humilité, dans le mépris et le silence, dans l’oraison et dans la mortification, dans la chasteté et dans l’union avec Dieu, ….à sortir et venir éclairer la terre. Allez et montrez vous comme mes enfants chéris. Je suis avecvous, en vous, pourvu que votre foi soit la lumière qui vous éclaire dans ces jours de malheurs. » (message de Notre Dame de La Salette en 1846)
« La foi seule vivra. »
« Les saisons seront changées, la terre ne produira que de mauvais fruits, (…)la lune ne reflétera qu’unefaible lumière rougeâtre. L’eau et le feu donneront au globe de la terre desmouvements convulsifs et d’horribles tremblements de terre qui ferontengloutir des montagnes, des villes, (d’actualité en ce mois de mars 2011)…Il est temps ; le soleil s’obscurcit…la foi seule vivra. »
Une précision du webmaster : des physiciens ont affirmé que lors d’une explosion nucléaire importante, la luminosité pouvait s’affaiblir et faire prendre au soleil et à la lune un aspect rougeâtre. Le message de Notre Dame date de 1846.
Mais d’autres évènements m’y ont fait penser. Lors des immenses incendies survenus en Grêce en 2008, et aux Etats-Unis, les pompiers avaient signalé un grand obscurcissement du ciel et l’aspect rougeâtre du soleil qui était à peine visible.
Le fond de l’église. Tribune. La sortie est sur la gauche, on voit la luminosité au sol. Les grilles ont été sciées.
L’entrée de l’église. Les grilles sont sur la droite …….et une envie irrésistible de sortir de ce lieu qui est devenu un cloaque.
Lorsque j’ai pris cette photo, au sortir de l’église, une personne m’a abordé pour m’expliquer que les vitraux avaient été méticuleusement retirés et de me montrer du bout du doigt la découpe précise. M. Lanteaume, à qui j’ai posé la question (en mars 2011) m’a précisé qu’il s’agissait malheureusement d’un vol (précédé d’ailleurs de détérioration). Il m’a raconté à cette occasion que la cloche qui autrefois sonnait pendant plusieurs heures le 19 septembre ( date anniversaire de l’apparition de ND de La Salette), chaque année (qui pesait 250 à 300 kg) a également été volée. Comment ont-ils fait ? Ils l’ont certainement fait chuter au sol puis rouler jusqu’à l’extérieur.
Une anecdote : alors que M. Robert Lanteaume (descendant de Gaspard Nicolas), il y a quelques années, était à l’intérieur de l’église et qu’il discutait tranquillement avec des membres de sa famille pour faire l’état des lieux, plusieurs ouvriers sont arrivés, n’ont même pas fait attention à leur présence et ont commencé à prendre le carrelage au sol. M. Lanteaume leur a signalé qu’il s’agissait d’une propriété privée. Mais finalement, il a fallu qu’il monte le ton pour arriver à les faire arrêter ! Chacun venait se servir à sa guise……..
Film-témoignage sur l’état catastrophique de ND de La Salette à Marseille: ( 12 mars 2011)
Que ceux qui aiment l’Eglise, préparent leur mouchoir…..
Pour voir cette vidéo cliquez au centre de la photo ou cliquez ICI.
Depuis ce film, non seulement j’ai été reçu par M. Lanteaume, mais j’ai appris des nouvelles plutôt rassurantes sur le devenir de cette église. Je ne tarderai pas à vous les transmettre, tout au moins ce qui est certain et su de tous.
Découverte du reste du bâtiment.
Je fais le tour du bâtiment en passant sur la droite. La bâtisse est imposante.
Un passant m’a signalé que le vitrail rond avait été retiré il y a très peu de temps.
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La même personne m’a signalé que la toiture de cette partie arrière s’était effondrée il y a environ 5 ans. Les murs ont suivi très peu de temps après. Toute la propriété est cloturée, les accès fermés.
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Je passe à l’arrière du bâtiment. On peut observer les pierres taillées à l’angle. Voici ce que disent les documents sur cette partie arrière : « Après la construction de l’église terminée en 1872…….Gaspard Nicolas fit construire un logement à trois étages, adossé à la chapelle. S’il l’a fait si vaste et si grandiose c’est qu’il désirait avoir pour le service religieux, les pères missionnaires de la Grande Salette…….Mais une fois l’édifice terminé, l’évêque de Marseille s’opposa à la venue des pères de La Salette……ce qui contraria fortement M. Nicolas…. »( voir plus loin l’histoire détaillée.)
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Au début du siècle dernier, ce bâtiment (1er et 2eme étage) a donc servi de lieu d’accueil pour les pélerins et les prêtres de passage. Sa capacité était importante. Le troisième étage était réservé à M. Faure, le curé des Accates, pour ses activités paroissiales et pour lui-même.
Ensuite, dans les années 40-50-60, le bâtiment a servi de lieu de retraite pour les jeunes Marseillais avant leur « Première Communion » ou leur « Confirmation ». Déjà le bâtiment commençait à se dégrader.
Pour rendre service, dans les années 70, l’évêché a prêté ce lieu à des ouvriers agricoles, essentiellement des saisonniers. Ils venaient travailler dans les fermes alentour ou dans les pépinières. Ces ouvriers ont largement contribué à la dégradation du site, prenant dans l’église et dans les bâtiments ce qui les intéressait. Ils ont fini d’ailleurs par être eux-mêmes très mal logés.
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Photo faite en novembre 2016. L’hôtellerie à gauche est en ruine totale. A droite l’église a encore ses murs entiers. On devine la mer au loin.
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.Photo de novembre 2016. Mon drone ayant au moins une demi-heure d’autonomie, j’ai osé rentrer dans les ruines de l’hôtellerie. Je suis au 3eme étage à la hauteur de l’appartement du Père Faure curé des Accates vers 1900. Par rapport à la photo de 2011 qui se trouve un peu plus haut, la moitié du plancher s’est effondré (en 5 ans). A remarquer aussi le conduit de cheminée.
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Cette photo a été prise en vol stationnaire au 3eme étage de l’hôtellerie (perpendiculaire à la photo précédente). Elle n’a pas beaucoup d’intérêt, toutefois… On se rend compte que les vitraux ont été méticuleusement découpés et volés, que la porte principale de l’autre côté est solide et bien fermée, et que des débris continuent à tomber au sol….on s’en doutait.
Je pense que l’hôtellerie est irrécupérable comme nous l’avons vu plus haut. Par contre l’église pourrait encore faire l’objet d’une restauration mais une restauration très onéreuse ! Le diocèse en a-t-il les moyens ?
Je suis passé de l’autre côté….mais je ne peux pas aller plus loin.
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Le départ.
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Dernier regard vers cette bâtisse. Je repars de ce lieu très perplexe.
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Histoire de cette église.
Je remercie vivement M. Robert Lanteaume (descendant par une nièce de Gaspard Nicolas) de m’avoir donné tous les renseignements utiles pour l’élaboration de cet article. C’est le CIQ ( M. Ravera) qui m’a permis de le rencontrer.
Qui était Gaspard Nicolas ?
Il est né en 1807 et resta célibataire toute sa vie. Ses parents possédaient quelques terrains dans le secteur des Accates qui était à l’époque essentiellement rural. Il s’agissait d’une famille chrétienne et pratiquante. Sa famille n’était pas spécialement aisée.
Gaspard Nicolas était un homme travailleur et clairvoyant dans les affaires. Il créa en 1837 à l’âge de 30ans, avec M. Saurin un ami, un commerce au 8 rue Mission de france, pour l’importation de tissus en provenance d’extrême Orient. Les affaires ne tardèrent pas à prospérer.
Homme d’affaires mais également de coeur, il créa une école de garçons dont il confia la direction aux « Frères du Sacré-Coeur », et une école de filles qu’il confia aux religieuses trinitaires de Sainte Marthe. Il participa de façon très importante à la création d’une pharmacie aux Accates, au Cercle Saint Christophe et à la construction de la fontaîne sur la Place Saint-Christophe (toujours aux Accates).
Chrétien pratiquant, il fut le trésorier de Notre Dame de La Garde pendant 17 ans. Il participait à la messe tous les jours. Voici un témoignage de l’époque » Homme de devoir et du travail bien fait, il a toujours su conquérir l’estime de ses confrères….. »
Son commerce étant devenu très prospère, il fît fortune et put agrandir de façon considérable la propriété ancestrale appelée « la Denise ». Il acheta les terres environnantes, le « Bas Vallon », le « Haut Vallon », la « Cayole », le « Mazet » , les « Longues », la « Giraude », les « Romans » côté Valentine, le « Bois de la Vieille » et bien d’autres parcelles, sur lesquelles étaient construites environ treize fermes. Il embaucha quinze hommes pour entretenir cette immense propriété, fît construire des restanques, des chemins d’accès, des canaux de drainages…….toutes choses encore en place aujourd’hui, en 2011.
Gaspard Nicolas fut toute sa vie un bienfaiteur important de la Paroisse des Accates. Il participa largement à l’aménagement intérieur de l’église du village.
Vers 1858 il est atteint d’un cancer de la peau au niveau du menton, ulcéré, douloureux au point que certains jours il ne sortait plus de chez lui, et pour lequel aucun traitement n’avait d’efficacité. Nous reviendrons longuement sur sa guérison miraculeuse à Notre Dame de La Salette en 1860. En remerciement pour cette guérison il fît construire en 1865 une première chapelle sur la crête des « Treize Vents », au « Bois de la Vieille ». Comme nous le disions plus haut, l’affluence de pélerins fût telle ( les textes disent qu’il y avait le 19 septembre, jour anniversaire de l’apparition de ND de La Salette, plus de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’église ! ) que Gaspard Nicolas décida d’agrandir cette église. Les travaux fûrent terminés en 1872.
Dans les années qui suivirent, les nombreux pélerins qui vinrent sur la crête des Treize Vents, « étaient toujours sûrs de rencontrer en ce lieu, aux premières heures du jour, l’infatigable serviteur de Marie. Rien ne pouvait l’arrêter, ni les primates de l’hiver, ni les accablantes chaleurs de l’été. Toujours à son poste, il était connu de tous……. ».
Alors qu’il était toujours très actif et qu’il semblait en pleine santé, il meurt brutalement le 26 avril 1878 à la surprise générale.
Lors des funérailles, un discours est prononcé. En voici la photo ci-dessous.
De sa guérison miraculeuse à la construction d’une église bien connue à Marseille.
Histoire du miracle survenu pour Gaspard Nicolas à Notre Dame de la Salette
Deux précisions importantes:
1 / A ma connaissance, ce miracle n’a fait l’objet d’aucune enquête de la part de l’Eglise. Toutefois plusieurs médecins ont évoqué (à distance et selon la description qui nous est parvenue) le diagnostic d’épithélioma spino-cellulaire (rapidité de l’évolution) à forme ulcéro-végétante. Il s’agit d’un cancer assez redoutable (surtout à l’époque) aux métastases survenant rapidement. Il s’agit réellement d’une guérison inexplicable et donc à priori miraculeuse. Aujourd’hui ce cancer se soigne par radiothérapie.
2 / Tous les renseignements concernant le déroulement de cette guérison m’ont été donnés par M. Lanteaume.
En 1860, depuis quelques mois, Gaspard Nicolas souffrait d’une tumeur de la peau située au niveau du menton. La souffrance était de plus en plus marquée au point que certains jours il ne sortait plus de chez lui et ne recevait que sa famille ou ses plus proches amis.
Rapidement cette tumeur prit des dimensions importantes malgré des soins assidus, et la plaie s’ulcéra. Devant cette évolution, son ami et associé dans les affaires, M. Saurin, lui suggéra de demander sa guérison en allant faire un pélerinage à Notre Dame de La Salette. Cette apparition de Marie datait de 1846 (la basilique datait de 1852) mais ce voyage n’inspirait pas du tout Gaspard Nicolas. Il attendait le jugement définitif de l’église et l’annonce faite par le Pape sur le sujet. Certes en 1851, Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, avait reconnu l’authenticité de l’apparition de La Salette. Mais il n’était pas, malgré cela, totalement acquis à la cause.
A cette époque, la basilique Notre Dame de La Garde était en peine construction, et Gaspard Nicolas s’occupait de toute la trésorerie. Le travail était considérable. Le document que m’a transmis M. Lanteaume précise « La Bonne Mère ne tînt pas rigueur à son zélé serviteur de sa foi chancelante sur son apparition à la Salette. Elle suscita un moyen pour le mieux éclairer et lui montrer sa puissance malgré ses doutes. »
Ce moyen persuasif vint en la personne de son futur neveu par alliance, Marius Lanteaume (l’aïeul de Robert Lanteaume qui m’a aimablement reçu pour m’expliquer cette histoire). Ce jeune homme qui plus tard allait se marier avec la nièce de gaspard, fervent chrétien, le persuada de monter à La Salette pour sa guérison.
Une pélerinage fervent mais tout simple à La Salette.
Dessin du village de Corps en 1860, année où Gaspard Nicolas entreprend son pélerinage. Ce village de Corps était le point de départ des pélerinages à l’époque.
Après avoir dormi à Corps (le village le plus proche) il monte avec son futur neveu à La Salette. Lorsqu’il entend les chants des pélerins au loin il est très ému. Il demanda ingénument au conducteur de la diligence « mais où vont tous ces gens ? A La Salette mon bon monsieur »……. Peu après, un autre groupe de pélerins est dépassé par la voiture, il demande au cocher: « mais ces gens vont-ils encore à La Salette ? » Le conducteur, pragmatique répondit : « Oui, sans doute ». Alors M.Nicolas osa demander » Croit-on au miracle de La Salette dans cette contrée ? La réponse du conducteur fut aussi directe que vive : si on y croît ? Comment ne pas y croire après les guérisons de tout genre que nous avons vues de nos yeux ! » Profondément touché par ce témoignage, lui qui n’y croyait qu’à moitié, Gaspard Nicolas « entra en lui-même…. » pour reprendre l’expression du document.
A partir de la Salette Fallavaux la montée se faisait à dos de mulets. Mais M. Nicolas (53ans) dont la foi en La Salette s’était renforcée depuis quelques heures préféra monter à pied, suivant le mulet de son jeune ami et futur neveu.
Notre Dame de La Salette en 1860.
Ils arrivent à Notre Dame de La Salette un dimanche matin. Tous deux participent aux prières, à la Messe, aux offices et vont plusieurs fois à la source de La Salette.
Dessin de 1860. Cette source a jaillie sur le lieu même de l’apparition et ne s’est plus interrompue jusqu’à ce jour. M. Nicolas humecte et lave sa plaie maintes et maintes fois et retourne à la Basilique pour demander sa guérison.
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La Basilique en 1860, telle que l’a vue Gaspard Nicolas.
Sa foi se trouva fortifiée, sa ferveur très marquée. Toutefois, il n’osait pas espérer sa guérison. Ils restèrent (lui et son neveu) deux jours en ce lieu béni : dimanche et lundi. Ils ne partirent que le mardi pour arriver à Marseille le mercredi. Le pélerinage avait été très fort pour tous les deux…..mais pas de guérison évidente sur le moment.
Du mercredi au dimanche suivant, une évolution spectaculaire de sa tumeur…..
A Marseille, du mercredi au dimanche de la semaine qui suivit, les douleurs incessantes, dont il souffrait depuis plusieurs mois, s’estompèrent pour cesser totalement. La croûte sêcha rapidement. Mais il n’osait pas y croire tant cette tumeur avait eu des hauts et des bas dans le passé. Son neveu, Marius Lanteaume, lui proposa le dimanche matin d’enlever prudemment la croûte. Ce qu’ils fîrent, et à leur stupéfaction, la peau était totalement guérie dessous. Immense joie et immense reconnaissance à l’égard de Notre Dame…….. Le document précise : »…dès ce moment, un second pélerinage à ce vénéré Sanctuaire fut-il décidé, en témoignage de reconnaissance à Notre Dame de La Salette ».
Histoire de la construction de la chapelle.
Comme je le disais plus haut une première chapelle fut construite en 1865 sur la crête des « Treize Vents » , c’est à dire à l’emplacement actuel. Devant l’affluence très importante des pélerins dès la première année, Gaspard Nicolas décida de l’agrandir, telle qu’elle est aujourd’hui. Cette deuxième église fut inaugurée en 1872, après 7 années de travaux.
Construction de la première Chapelle en 1865.
C’est le curé des Accates, ami de Gaspard Nicolas, qui eût le premier l’idée de construire cette chapelle sur la crête, dans la pinède, sur un terrain appelé « le Bois de la Vieille ». Gaspard Nicolas accepta cette idée car elle lui semblait excellente et fut même frappé « comme d’une vive lumière ». Il demanda pourtant quelques jours de réflexion.
Il réalisa alors que le terrain était rocailleux et qu’on y trouverait toutes les pierres nécessaires, réduisant ainsi considérablement le coût de la construction. Par ailleurs, ce terrain, ne pouvait pas devenir un terrain agricole pour de multiples raisons. Donc il confirma le lieu au curé des Accates quelques jours plus tard.
Le projet fut élaboré pendant 2 ans avec les architectes. Un maçon fut trouvé, ravi de prendre en charge une telle construction. En 1864, il décida de passer à l’action et de construire cet ex-voto (expression de M.Robert Lanteaume que j’ai rencontré en mars 2011) à la hauteur de sa reconnaissance pour la Sainte Vierge et sa guérison miraculeuse à La Salette.
Les travaux commencèrent dans les aspérités du terrain et une pierraille omniprésente. Mais Gaspard Nicolas avait bien vu : il suffisait de se baisser pour trouver les pierres convenables.
Au printemps 1865, la chapelle fut entièrement finie (j’ai été surpris de la rapidité de la construction) et livrée au culte.
Les ouvriers travaillèrent ensuite pour rendre le chemin d’accès carossable, ce qui leurs prit beaucoup de temps. Grâce à ce travail, les pélerins pourraient ensuite monter jusqu’à l’esplanade en voiture.
Un évènement vînt marquer les débuts de cette chapelle. En effet, Mgr Cruice, évêque de Marseille, était gravement malade, d’une maladie qui devait l’emporter quelques semaines plus tard. Gaspard Nicolas lui proposa sa propriété pour se reposer et cette nouvelle chapelle pour prier. L’évêque accepta et Gaspard Nicolas « se trouva au comble de la joie de rendre service à son évêque qu’il estimait beaucoup« . Mgr Cruice eut la joie de bénir ce nouveau sanctuaire et d’y venir tous les jours. Ce fut une bénédiction pour le lieu.
L’affluence fut telle, dès la première année (surtout le 19 septembre 1865), avec des pélerins venant de Marseille et de ses environs, que Gaspard Nicolas compris immédiatement que la chapelle serait trop petite. En effet, il y avait plus de monde à l’extérieur que dedans !
1916
Au moment de la plus grande affluence, Gaspard Nicolas organisa des transports par omnibus partant de Marseille à 5h30 et revenant vers 10h.
Construction de la deuxième église (1872).
Voyant que la première chapelle (terminée en 1865) était trop petite, Gaspard Nicolas décida l’année suivante de l’agrandir. Il créa une nef latérale, et releva le plafond dominé par un dôme sur lequel il tint à placer une statue en métal doré de Notre Dame de La Salette.
Pour la petite histoire cette statue inspira la future statue de Notre Dame de La Garde. L’administration de la Basilique se déplaça pour voir ce que M. Nicolas avait fait, avant de prendre sa décision. Le groupe trouva la rélisation fort bien réussie et décida d’en faire autant.
Après recherches approfondies, j’ai appris que les plans de l’église, de style Byzantin, avaient été établis par l’abbé Pougnet qui avait été par ailleurs l’architecte de l’église Saint-Vincent-de-Paul (les Réformés comme l’appelle les Marseillais……en réalité des Augustins réformés) , et architecte également de Saint Truphème à La Cabucelle. L’église fut bénie par Mgr Place.
Une des toutes premières photos de Notre Dame de La Salette aux Accates (photo aimablement transmise par par M. Robert Lanteaume). On voit très bien sur ce cliché le dôme, en arrière de la façade, qui a été construit dans un 2eme temps, et qui est paradoxalement de forme rectangulaire . A l’intérieur ce dôme a une forme arrondie. Sur ce cliché la statue de Notre Dame de La Salette n’est pas en place. Motif ?
Cette église fut ouverte début le 6 octobre 1872. Une neuvaine fut prêcher par l’abbé Olivier alors vicaire à Saint Martin.
Anecdote : le jour de l’ouverture, un adjoint et un agent de police mirent opposition à l’ouverture de l’édifice sous prétexte qu’on n’avait pas fait constater administrativement la solidité de l’édifice. Le problème fut régler très rapidement, et les nombreux fidèles purent participer à la neuvaine.
En 1874, Gaspard Nicolas acheta une vierge de La Salette en pleurs. Ce fut l’occasion d’une grande cérémonie. Il est possible que cette statue ait été récupérée avant la ruine de l’église. Un internaute m’a indiqué une piste……..( à ce propos, je suis surpris par la participation des internautes à l’élaboration de cet article…..Merci à tous).
En 1875, un tambour est construit pour protéger les fidèles du vent (des treizes vents du lieu….)
Construction du bâtiment d’accueil, en arrière de l’église.
Les documents ne précisent pas la date de la construction de cet imposant bâtiment. Il semble avoir été construit juste après l’église et dans des délais records ( « construit comme par enchantement »). Ce fut la dépense la plus importante pour M. Gaspard Nicolas !
Voici le texte du document. » Après la construction de l’église terminée en 1872…….Gaspard Nicolas fit construire un logement à trois étages, adossé à la chapelle. S’il l’a fait si vaste et si grandiose c’est qu’il désirait avoir pour le service religieux, les pères missionnaires de la Grande Salette…….Mais une fois l’édifice terminé, l’évêque de Marseille, Mgr Place, s’opposa à la venue des pères de La Salette……ce qui contraria fortement M. Nicolas….qui stoppa les travaux pendant 18 mois »
L’édifice possédait 3 niveaux. Le 1er et 2eme étage étaient réservés aux prêtres ou pélerins de passages, le 3eme réservé au curé des Accates, M. Faure, pour ses activités paroissiales et pour lui.
M.Faure, curé des Accates, ami de Gaspard Nicolas, fut désigné responsable du lieu.
Les pélerinages se sont succédés pendant des années.(photo R Lanteaume)
Le testament de Gaspard Nicolas a mis beaucoup de temps pour être appliqué.
Au décès de Gaspar Nicolas, le 26 avril 1878, son testament désigné l’évêché comme héritier du lieu, ce qui était prudent et logique…… Toutefois, ce ne fut pas si simple à exécuter voire impossible sur le moment. Une Société Civile Immobilière » (SCI) fut créée par la famille pour gérer ce bien important. Lorsqu’en 1970 (j’ai été surpris par cette date si tardive) les choses purent enfin se faire, la SCI devait recueillir les 165 signatures d’approbation de la famille, 165 membres directement concernés par cet édifice. Ce ne fut pas simple.
Dans ce long laps de temps (100 ans) des prêtres logèrent plus ou moins sur place, et sur la fin un prêtre ( M. Batengel qu’on pourrait presque qualifier d’ermite tant il était isolé), assura pendant 15 ans une présence écclésiale. Ce fut le dernier prêtre sur place.
Le devenir de cette église.
En 2014
Des transactions sont en cours : je ferai donc preuve de discrétion. Je vais être très bref.
L’ensemble du bien (si j’ai bien compris) va être vendu à un « Privé » (complexe hôtelier) qui s’engage à maintenir une chapelle dédiée à Notre Dame de la Salette. La chapelle actuelle sera modifiée (malheureusement avec une forte réduction de surface), restructurée et pourra reprendre sa vocation initiale.
Une association chrétienne pour la défense de ce Site (menée par un avocat à la retraite) s’est réunie en décembre 2011. Elle conteste le futur projet. Je suis en contact avec ce groupe.
Quelques nouvelles de 2015
1 / Nous venons d’apprendre malheureusement le décès de l’avocat à la retraite qui était en 2011 le chef de file de la contestation face à ce projet immobilier.
2/ En 2015 toutes les transactions immobilières semblent être suspendues voire abandonnées. Personnellement, ce grand silence ne me paraît pas très rassurant……. Les négociations ne se font-elles pas en coulisses pour ne susciter aucun remous ? Certains silences sont troublants….
3 / 3eme nouvelle : une statue de Notre Dame de La Salette a été retrouvée avec son brancard (pour les processions) dans une des paroisses les plus proches du secteur. Notre ami Frédéric Faut est en train de la restaurer dans les règles de l’art.
Lui, semble convaincu que cette statue appartenait à Notre Dame de La Salette (l’église dont nous parlons) et aurait été mise à l’abri dans les années 90. Comme je le disais en début d’article, une procession avait encore lieu chaque année le jour de la Saint Christophe jusqu’en 1990. La messe était dite à l’extérieur pour des raisons de sécurité (chute de pierres dans cette église délabrée). Il est donc très probable que la statue, une fois la procession terminée, était mise en lieu sûr, dans la paroisse la plus proche….. ce qui corrobore les dires de Frédéric Faut.
4 / L’ensemble pastoral regroupant les Accates, Saint-Christophe, les Camoins, Sainte-Agathe, Notre Dame d’Eoures, La Treille (Saint-Dominique), la Valentine (Saint-Valentin) se mettrait sous le vocable de « Notre Dame de La Salette ». Cette heureuse information (pour le devenir de l’église dont nous parlons) est à confirmer.
Pour revenir à l’article sur La Salette ( dans les Hautes Alpes) :Cliquez ICI .
Pour revenir à l’Accueil général du Site :Cliquez ICI .
Eglise Notre-Dame de La Salette (Accates) à Marseille
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Vous allez découvrir en détail l’histoire de cette église et sa ruine progressive à travers une trentaine de photos, des témoignages, un film. Vous arrivez sur le site « Mémoire du Champsaur » qui parle longuement de Notre-Dame de La Salette dans les Hautes-Alpes, lieu d’une apparition Mariale en 1846 (pour lire l’article Cliquez ICI ). Toutefois notre site fait une escapade jusqu’à Marseille, car un lecteur (et ami) m’a signalé la triste histoire de l’église ND de La Salette à Marseille dans le 11eme arrondissement.
Je suis allé voir sur place et j’ai effectivement constaté…
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Marseille en arrière plan, une ville très étendue située entre mer et montagne. Cette église qui se trouve au cœur du 11ème arrondissement a été pendant 100 ans un lieu de pèlerinage très prisé des Marseillais. Elle est aujourd’hui en ruine suite a des problèmes de succession ( les 165 héritiers ont eu du mal à s’entendre sur la transaction). Le diocèse de Marseille fait aujourd’hui ce qu’il peut pour rattraper la chose…mais c’est un peu tard.
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Vous allez découvrir dans cet article:
– L’état des lieux en 2011 et 2016.
– Son histoire, depuis la construction en 1872 (suite d’une guérison miraculeuse) jusqu’à nos jours.
– Sa destruction progressive, qui en 2016 est pratiquement complète…..nous pourrions même parler de saccage et de profanation.
– Enfin nous aborderons son devenir…..avec quelques nouvelles de 2016.
L’esprit de cet article n’est pas polémique. Certaines personnes s’occupent actuellement de son devenir. Loin de moi l’idée d’écrire sur internet n’importe quoi ou de refaire l’histoire de cette église à ma façon. Toutefois, si vous avez la curiosité de regarder la vidéo qui se trouve juste au dessous, qui a été tournée en 2011, vous comprendrez qu’on ne peut rester muet…….sauf de stupeur ou d’indignation.
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Le bâtiment se trouve comme je le disais plus haut, dans le 11eme arrondissement de Marseille sur la colline des « Treize Vents »…..un peu à l’extérieur de la ville, ce qui explique peut-être sa ruine progressive. Il ne s’agissait pas d’une paroisse mais plutôt d’un lieu de pèlerinage et plus tard d’un lieu d’accueil pour les jeunes qui faisaient leur retraite avant la « Première Communion » ou « Confirmation ». L’importance de la bâtisse et l’entretien que cela supposait, ont été en cause également dans sa ruine. On m’avait effectivement parlé de ruines. En arrivant j’ai été plutôt agréablement surpris. La suite est plus triste.
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La façade de cette église est en quelque sorte une copie, en plus petit, de la Basilique ND de La Salette. Elle a été construite en 1872 par Gaspard Nicolas après une guérison miraculeuse. Pendant des années un pélerinage en l’honneur de Notre Dame de La Salette se déroulait en ce lieu le 19 septembre. Une personne âgée que j’ai rencontrée sur place me racontait que les gens partaient à l’époque (pas si lointaine) de La Valentine et montaient à pied à travers la pinède. Une autre personne me signalait que pour la Saint Christophe (car aux Accates la paroisse est sous le vocable de Saint Christophe) jusqu’en 1990 environ, une messe était dite en plein air, sur cette esplanade. L’église, déjà à cette époque était dangereuse…..mais loin d’être en cet état.
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Photo de novembre 2016. Sur la droite on repère bien la partie église et sur la gauche l’hôtellerie (perpendiculaire). Cette photo a été réalisée grâce à un drone performant (sur cette photo, altitude 40m environ) … malheureusement le ciel était nuageux.
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Histoire succincte de cette église.
La plus grande partie des renseignements m’ont été aimablement transmis par M. Robert Lanteaume (descendant de Gaspard Nicolas qui a construit de ses deniers cette église) et par le « Comité Intérêts du Quartier » ( M. JC Ravera).
– En 1800, le quartier des Accates était rural. Les terres étaient couvertes de vignobles qui produisaient d’ailleurs un très bon vin. Mais il y avait également des cultures très diverses justifiant une main d’oeuvre importante. Les Accates comptait environ 200 habitants.
– A partir de 1850, Gaspard Nicolas (1807-1878) propriétaire d’une grande partie des terres, avec 13 fermes dessus, effectua de gros travaux dans le quartier, réalisant des drainages, améliorant les voies d’accès, consolidant les restanques…….. Il embaucha pour ce travail une quinzaine d’hommes pendant plus de vingt ans. En 1876, il reçut une médaille d’argent des mains du ministre de l’agriculture pour tous ses travaux.
– Gaspard Nicolas, chrétien pratiquant, fut guéri miraculeusement en 1860 d’un cancer de la peau au niveau du menton, extrêmement douloureux, ulcéré, traité depuis des années et jugé incurable par les médecins. Cette guérison miraculeuse survint au cours d’un pélerinage à Notre Dame de La Salette dans les Hautes-Alpes (apparition en 1846). En remerciement, il décida de faire construire une église « ex-voto », avec ses propres deniers, réplique en plus petit de la Basilique de Notre-Dame de la Salette.
– En réalité, il fît construire une première chapelle en 1865 exactement au même endroit (au « Bois de la Vieille ») et devant l’affluence incroyable des pélerins dès la première année, il décida de la faire agrandir. Les travaux de cette deuxième église furent terminés en 1872. Le 19 septembre 1872 (date anniversaire de l’apparition ), l’affluence fut énorme, tant et si bien que Gaspard Nicolas mit en place les autres années des « omnibus » qui partaient de Marseille à 5h du matin et revenaient vers 10h.
Vous trouverez un peu plus loin l’histoire détaillée de tous ces évènements qui à l’époque avaient fait grand bruit à Marseille….Une très belle histoire qui devrait reprendre son cours dans les années à venir (je vais vous donner quelques bonnes nouvelles).
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Clichés comparatifs. Le lieu de l’apparition (1846) à gauche, l’église de Marseille à droite, construite en 1872.
Mais découvrons ce qu’est devenue cette église en 2011: quelle tristesse !
Si je me tais……..
Lorsqu’on entre, c’est la stupéfaction ! L’état est pire que désastreux. Mais que s’est-il passé dans cette église ?
Un autel saccagé, profané. Abominable ! Un bouquet de fleurs a été posé. C’est un beau geste certes, mais est-il encore justifié ? Devant un tel spectacle, le message de la Sainte Vierge à la Salette m’est revenu en mémoire « Que votre zèle vous rende comme des affamés pour la gloire et l’honneur de Jésus-Christ. Combattez, enfants de lumière, ……… car voici le temps des temps, la fin des fins. L’Eglise sera éclipsée, le monde sera dans la consternation ».
« ….. Cette clarté tournoie sur elle-même et finalement laisse apparaître une belle dame, assise la tête entre les mains dans une attitude de profonde tristesse ». La belle Dame en pleurs avait bien des choses à nous dire …….Priez, convertissez-vous, sans quoi vous verrez des événements qui vous laisseront dans la consternation. (1846)
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En 2016, l’église a été sécurisée,
…..des portes ont été posées, toute la charpente enlevée.
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Novembre 2016. La porte est blindée, tout a été nettoyé, l’autel retiré. Quelques graffiti demeurent des années précédentes. Mais l’urgent a été fait : ouf !
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.2016. La photo a été prise de l’extérieur avec un zoom. Quelqu’un a rajouté en rouge « Le Christ est mort pour nos péchés ». Ce graffiti percutant a certainement été écrit par un chrétien voulant rappeler à tous ces jeunes quelques vérités. En 2016 l’autel a été retiré : c’est une bonne chose. L’accès à l’intérieur de la ruine est beaucoup plus difficile mais malheureusement encore possible (et sans difficulté).
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.Novembre 2016. On se rend compte sur cette photo aérienne (concernant la sécurisation du lieu) que toute la charpente a été retirée sauf au niveau du dôme central et du chœur car les tuiles protègent encore un peu l’intérieur. Il semble que la tour de gauche ait été isolée ( calandrite ? )
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Reprise de la visite de 2011.
La Sainte Vierge annonce « …….. les églises seront fermées ou profanées. »
A vrai dire, très vite en ce lieu, on n’est plus ni visiteur, ni curieux….mais uniquement un chrétien consterné !
« Les mauvais livres abonderont sur la terre et les esprits de ténèbres répandront partout un relâchement universel pour tout ce qui regarde le service de Dieu ….chaque individu voudra se guider par lui-même et être supérieur à ses semblables. » (message de Notre Dame de La Salette en 1846)
Il était là le danger : qu’une tuile ou un morceau de charpente tombe et blesse le visiteur. En 2016 tout a été enlevé. Personnellement j’étais dans un coin sans risque…mais j’ai été extrêmement prudent !
« Enfin, j’appelle (…) les fidèles disciples de Jésus-Christ qui ont vécu (…) dans la pauvreté et dans l’humilité, dans le mépris et le silence, dans l’oraison et dans la mortification, dans la chasteté et dans l’union avec Dieu, ….à sortir et venir éclairer la terre. Allez et montrez vous comme mes enfants chéris. Je suis avec vous, en vous, pourvu que votre foi soit la lumière qui vous éclaire dans ces jours de malheurs. » (message de Notre Dame de La Salette en 1846)
« La foi seule vivra. »
« Les saisons seront changées, la terre ne produira que de mauvais fruits, (…) la lune ne reflétera qu’une faible lumière rougeâtre. L’eau et le feu donneront au globe de la terre des mouvements convulsifs et d’horribles tremblements de terre qui feront engloutir des montagnes, des villes, (d’actualité en ce mois de mars 2011)…Il est temps ; le soleil s’obscurcit…la foi seule vivra. »
Une précision du webmaster : des physiciens ont affirmé que lors d’une explosion nucléaire importante, la luminosité pouvait s’affaiblir et faire prendre au soleil et à la lune un aspect rougeâtre. Le message de Notre Dame date de 1846.
Mais d’autres évènements m’y ont fait penser. Lors des immenses incendies survenus en Grêce en 2008, et aux Etats-Unis, les pompiers avaient signalé un grand obscurcissement du ciel et l’aspect rougeâtre du soleil qui était à peine visible.
Le fond de l’église. Tribune. La sortie est sur la gauche, on voit la luminosité au sol. Les grilles ont été sciées.
L’entrée de l’église. Les grilles sont sur la droite …….et une envie irrésistible de sortir de ce lieu qui est devenu un cloaque.
Lorsque j’ai pris cette photo, au sortir de l’église, une personne m’a abordé pour m’expliquer que les vitraux avaient été méticuleusement retirés et de me montrer du bout du doigt la découpe précise. M. Lanteaume, à qui j’ai posé la question (en mars 2011) m’a précisé qu’il s’agissait malheureusement d’un vol (précédé d’ailleurs de détérioration). Il m’a raconté à cette occasion que la cloche qui autrefois sonnait pendant plusieurs heures le 19 septembre ( date anniversaire de l’apparition de ND de La Salette), chaque année (qui pesait 250 à 300 kg) a également été volée. Comment ont-ils fait ? Ils l’ont certainement fait chuter au sol puis rouler jusqu’à l’extérieur.
Une anecdote : alors que M. Robert Lanteaume (descendant de Gaspard Nicolas), il y a quelques années, était à l’intérieur de l’église et qu’il discutait tranquillement avec des membres de sa famille pour faire l’état des lieux, plusieurs ouvriers sont arrivés, n’ont même pas fait attention à leur présence et ont commencé à prendre le carrelage au sol. M. Lanteaume leur a signalé qu’il s’agissait d’une propriété privée. Mais finalement, il a fallu qu’il monte le ton pour arriver à les faire arrêter ! Chacun venait se servir à sa guise……..
Film-témoignage sur l’état catastrophique de ND de La Salette à Marseille: ( 12 mars 2011)
Que ceux qui aiment l’Eglise, préparent leur mouchoir…..
Pour voir cette vidéo cliquez au centre de la photo ou cliquez ICI.
Depuis ce film, non seulement j’ai été reçu par M. Lanteaume, mais j’ai appris des nouvelles plutôt rassurantes sur le devenir de cette église. Je ne tarderai pas à vous les transmettre, tout au moins ce qui est certain et su de tous.
Découverte du reste du bâtiment.
Je fais le tour du bâtiment en passant sur la droite. La bâtisse est imposante.
Un passant m’a signalé que le vitrail rond avait été retiré il y a très peu de temps.
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La même personne m’a signalé que la toiture de cette partie arrière s’était effondrée il y a environ 5 ans. Les murs ont suivi très peu de temps après. Toute la propriété est cloturée, les accès fermés.
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Je passe à l’arrière du bâtiment. On peut observer les pierres taillées à l’angle. Voici ce que disent les documents sur cette partie arrière : « Après la construction de l’église terminée en 1872…….Gaspard Nicolas fit construire un logement à trois étages, adossé à la chapelle. S’il l’a fait si vaste et si grandiose c’est qu’il désirait avoir pour le service religieux, les pères missionnaires de la Grande Salette…….Mais une fois l’édifice terminé, l’évêque de Marseille s’opposa à la venue des pères de La Salette……ce qui contraria fortement M. Nicolas…. » ( voir plus loin l’histoire détaillée.)
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Au début du siècle dernier, ce bâtiment (1er et 2eme étage) a donc servi de lieu d’accueil pour les pélerins et les prêtres de passage. Sa capacité était importante. Le troisième étage était réservé à M. Faure, le curé des Accates, pour ses activités paroissiales et pour lui-même.
Ensuite, dans les années 40-50-60, le bâtiment a servi de lieu de retraite pour les jeunes Marseillais avant leur « Première Communion » ou leur « Confirmation ». Déjà le bâtiment commençait à se dégrader.
Pour rendre service, dans les années 70, l’évêché a prêté ce lieu à des ouvriers agricoles, essentiellement des saisonniers. Ils venaient travailler dans les fermes alentour ou dans les pépinières. Ces ouvriers ont largement contribué à la dégradation du site, prenant dans l’église et dans les bâtiments ce qui les intéressait. Ils ont fini d’ailleurs par être eux-mêmes très mal logés.
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Photo faite en novembre 2016. L’hôtellerie à gauche est en ruine totale. A droite l’église a encore ses murs entiers. On devine la mer au loin.
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.Photo de novembre 2016. Mon drone ayant au moins une demi-heure d’autonomie, j’ai osé rentrer dans les ruines de l’hôtellerie. Je suis au 3eme étage à la hauteur de l’appartement du Père Faure curé des Accates vers 1900. Par rapport à la photo de 2011 qui se trouve un peu plus haut, la moitié du plancher s’est effondré (en 5 ans). A remarquer aussi le conduit de cheminée.
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Cette photo a été prise en vol stationnaire au 3eme étage de l’hôtellerie (perpendiculaire à la photo précédente). Elle n’a pas beaucoup d’intérêt, toutefois… On se rend compte que les vitraux ont été méticuleusement découpés et volés, que la porte principale de l’autre côté est solide et bien fermée, et que des débris continuent à tomber au sol….on s’en doutait.
Je pense que l’hôtellerie est irrécupérable comme nous l’avons vu plus haut. Par contre l’église pourrait encore faire l’objet d’une restauration mais une restauration très onéreuse ! Le diocèse en a-t-il les moyens ?
Je suis passé de l’autre côté….mais je ne peux pas aller plus loin.
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Le départ.
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Dernier regard vers cette bâtisse. Je repars de ce lieu très perplexe.
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Histoire de cette église.
Je remercie vivement M. Robert Lanteaume (descendant par une nièce de Gaspard Nicolas) de m’avoir donné tous les renseignements utiles pour l’élaboration de cet article. C’est le CIQ ( M. Ravera) qui m’a permis de le rencontrer.
Qui était Gaspard Nicolas ?
Il est né en 1807 et resta célibataire toute sa vie. Ses parents possédaient quelques terrains dans le secteur des Accates qui était à l’époque essentiellement rural. Il s’agissait d’une famille chrétienne et pratiquante. Sa famille n’était pas spécialement aisée.
Gaspard Nicolas était un homme travailleur et clairvoyant dans les affaires. Il créa en 1837 à l’âge de 30ans, avec M. Saurin un ami, un commerce au 8 rue Mission de france, pour l’importation de tissus en provenance d’extrême Orient. Les affaires ne tardèrent pas à prospérer.
Homme d’affaires mais également de coeur, il créa une école de garçons dont il confia la direction aux « Frères du Sacré-Coeur », et une école de filles qu’il confia aux religieuses trinitaires de Sainte Marthe. Il participa de façon très importante à la création d’une pharmacie aux Accates, au Cercle Saint Christophe et à la construction de la fontaîne sur la Place Saint-Christophe (toujours aux Accates).
Chrétien pratiquant, il fut le trésorier de Notre Dame de La Garde pendant 17 ans. Il participait à la messe tous les jours. Voici un témoignage de l’époque » Homme de devoir et du travail bien fait, il a toujours su conquérir l’estime de ses confrères….. »
Son commerce étant devenu très prospère, il fît fortune et put agrandir de façon considérable la propriété ancestrale appelée « la Denise ». Il acheta les terres environnantes, le « Bas Vallon », le « Haut Vallon », la « Cayole », le « Mazet » , les « Longues », la « Giraude », les « Romans » côté Valentine, le « Bois de la Vieille » et bien d’autres parcelles, sur lesquelles étaient construites environ treize fermes. Il embaucha quinze hommes pour entretenir cette immense propriété, fît construire des restanques, des chemins d’accès, des canaux de drainages…….toutes choses encore en place aujourd’hui, en 2011.
Gaspard Nicolas fut toute sa vie un bienfaiteur important de la Paroisse des Accates. Il participa largement à l’aménagement intérieur de l’église du village.
Vers 1858 il est atteint d’un cancer de la peau au niveau du menton, ulcéré, douloureux au point que certains jours il ne sortait plus de chez lui, et pour lequel aucun traitement n’avait d’efficacité. Nous reviendrons longuement sur sa guérison miraculeuse à Notre Dame de La Salette en 1860. En remerciement pour cette guérison il fît construire en 1865 une première chapelle sur la crête des « Treize Vents », au « Bois de la Vieille ». Comme nous le disions plus haut, l’affluence de pélerins fût telle ( les textes disent qu’il y avait le 19 septembre, jour anniversaire de l’apparition de ND de La Salette, plus de monde à l’extérieur qu’à l’intérieur de l’église ! ) que Gaspard Nicolas décida d’agrandir cette église. Les travaux fûrent terminés en 1872.
Dans les années qui suivirent, les nombreux pélerins qui vinrent sur la crête des Treize Vents, « étaient toujours sûrs de rencontrer en ce lieu, aux premières heures du jour, l’infatigable serviteur de Marie. Rien ne pouvait l’arrêter, ni les primates de l’hiver, ni les accablantes chaleurs de l’été. Toujours à son poste, il était connu de tous……. ».
Alors qu’il était toujours très actif et qu’il semblait en pleine santé, il meurt brutalement le 26 avril 1878 à la surprise générale.
Lors des funérailles, un discours est prononcé. En voici la photo ci-dessous.
De sa guérison miraculeuse à la construction d’une église bien connue à Marseille.
Histoire du miracle survenu pour Gaspard Nicolas à Notre Dame de la Salette
Deux précisions importantes:
1 / A ma connaissance, ce miracle n’a fait l’objet d’aucune enquête de la part de l’Eglise. Toutefois plusieurs médecins ont évoqué (à distance et selon la description qui nous est parvenue) le diagnostic d’épithélioma spino-cellulaire (rapidité de l’évolution) à forme ulcéro-végétante. Il s’agit d’un cancer assez redoutable (surtout à l’époque) aux métastases survenant rapidement. Il s’agit réellement d’une guérison inexplicable et donc à priori miraculeuse. Aujourd’hui ce cancer se soigne par radiothérapie.
2 / Tous les renseignements concernant le déroulement de cette guérison m’ont été donnés par M. Lanteaume.
En 1860, depuis quelques mois, Gaspard Nicolas souffrait d’une tumeur de la peau située au niveau du menton. La souffrance était de plus en plus marquée au point que certains jours il ne sortait plus de chez lui et ne recevait que sa famille ou ses plus proches amis.
Rapidement cette tumeur prit des dimensions importantes malgré des soins assidus, et la plaie s’ulcéra. Devant cette évolution, son ami et associé dans les affaires, M. Saurin, lui suggéra de demander sa guérison en allant faire un pélerinage à Notre Dame de La Salette. Cette apparition de Marie datait de 1846 (la basilique datait de 1852) mais ce voyage n’inspirait pas du tout Gaspard Nicolas. Il attendait le jugement définitif de l’église et l’annonce faite par le Pape sur le sujet. Certes en 1851, Mgr Philibert de Bruillard, évêque de Grenoble, avait reconnu l’authenticité de l’apparition de La Salette. Mais il n’était pas, malgré cela, totalement acquis à la cause.
A cette époque, la basilique Notre Dame de La Garde était en peine construction, et Gaspard Nicolas s’occupait de toute la trésorerie. Le travail était considérable. Le document que m’a transmis M. Lanteaume précise « La Bonne Mère ne tînt pas rigueur à son zélé serviteur de sa foi chancelante sur son apparition à la Salette. Elle suscita un moyen pour le mieux éclairer et lui montrer sa puissance malgré ses doutes. »
Ce moyen persuasif vint en la personne de son futur neveu par alliance, Marius Lanteaume (l’aïeul de Robert Lanteaume qui m’a aimablement reçu pour m’expliquer cette histoire). Ce jeune homme qui plus tard allait se marier avec la nièce de gaspard, fervent chrétien, le persuada de monter à La Salette pour sa guérison.
Une pélerinage fervent mais tout simple à La Salette.
Dessin du village de Corps en 1860, année où Gaspard Nicolas entreprend son pélerinage. Ce village de Corps était le point de départ des pélerinages à l’époque.
Après avoir dormi à Corps (le village le plus proche) il monte avec son futur neveu à La Salette. Lorsqu’il entend les chants des pélerins au loin il est très ému. Il demanda ingénument au conducteur de la diligence « mais où vont tous ces gens ? A La Salette mon bon monsieur »……. Peu après, un autre groupe de pélerins est dépassé par la voiture, il demande au cocher: « mais ces gens vont-ils encore à La Salette ? » Le conducteur, pragmatique répondit : « Oui, sans doute ». Alors M.Nicolas osa demander » Croit-on au miracle de La Salette dans cette contrée ? La réponse du conducteur fut aussi directe que vive : si on y croît ? Comment ne pas y croire après les guérisons de tout genre que nous avons vues de nos yeux ! » Profondément touché par ce témoignage, lui qui n’y croyait qu’à moitié, Gaspard Nicolas « entra en lui-même…. » pour reprendre l’expression du document.
A partir de la Salette Fallavaux la montée se faisait à dos de mulets. Mais M. Nicolas (53ans) dont la foi en La Salette s’était renforcée depuis quelques heures préféra monter à pied, suivant le mulet de son jeune ami et futur neveu.
Notre Dame de La Salette en 1860.
Ils arrivent à Notre Dame de La Salette un dimanche matin. Tous deux participent aux prières, à la Messe, aux offices et vont plusieurs fois à la source de La Salette.
Dessin de 1860. Cette source a jaillie sur le lieu même de l’apparition et ne s’est plus interrompue jusqu’à ce jour. M. Nicolas humecte et lave sa plaie maintes et maintes fois et retourne à la Basilique pour demander sa guérison.
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La Basilique en 1860, telle que l’a vue Gaspard Nicolas.
Sa foi se trouva fortifiée, sa ferveur très marquée. Toutefois, il n’osait pas espérer sa guérison. Ils restèrent (lui et son neveu) deux jours en ce lieu béni : dimanche et lundi. Ils ne partirent que le mardi pour arriver à Marseille le mercredi. Le pélerinage avait été très fort pour tous les deux…..mais pas de guérison évidente sur le moment.
Du mercredi au dimanche suivant, une évolution spectaculaire de sa tumeur…..
A Marseille, du mercredi au dimanche de la semaine qui suivit, les douleurs incessantes, dont il souffrait depuis plusieurs mois, s’estompèrent pour cesser totalement. La croûte sêcha rapidement. Mais il n’osait pas y croire tant cette tumeur avait eu des hauts et des bas dans le passé. Son neveu, Marius Lanteaume, lui proposa le dimanche matin d’enlever prudemment la croûte. Ce qu’ils fîrent, et à leur stupéfaction, la peau était totalement guérie dessous. Immense joie et immense reconnaissance à l’égard de Notre Dame…….. Le document précise : »…dès ce moment, un second pélerinage à ce vénéré Sanctuaire fut-il décidé, en témoignage de reconnaissance à Notre Dame de La Salette ».
Histoire de la construction de la chapelle.
Comme je le disais plus haut une première chapelle fut construite en 1865 sur la crête des « Treize Vents » , c’est à dire à l’emplacement actuel. Devant l’affluence très importante des pélerins dès la première année, Gaspard Nicolas décida de l’agrandir, telle qu’elle est aujourd’hui. Cette deuxième église fut inaugurée en 1872, après 7 années de travaux.
Construction de la première Chapelle en 1865.
C’est le curé des Accates, ami de Gaspard Nicolas, qui eût le premier l’idée de construire cette chapelle sur la crête, dans la pinède, sur un terrain appelé « le Bois de la Vieille ». Gaspard Nicolas accepta cette idée car elle lui semblait excellente et fut même frappé « comme d’une vive lumière ». Il demanda pourtant quelques jours de réflexion.
Il réalisa alors que le terrain était rocailleux et qu’on y trouverait toutes les pierres nécessaires, réduisant ainsi considérablement le coût de la construction. Par ailleurs, ce terrain, ne pouvait pas devenir un terrain agricole pour de multiples raisons. Donc il confirma le lieu au curé des Accates quelques jours plus tard.
Le projet fut élaboré pendant 2 ans avec les architectes. Un maçon fut trouvé, ravi de prendre en charge une telle construction. En 1864, il décida de passer à l’action et de construire cet ex-voto (expression de M.Robert Lanteaume que j’ai rencontré en mars 2011) à la hauteur de sa reconnaissance pour la Sainte Vierge et sa guérison miraculeuse à La Salette.
Les travaux commencèrent dans les aspérités du terrain et une pierraille omniprésente. Mais Gaspard Nicolas avait bien vu : il suffisait de se baisser pour trouver les pierres convenables.
Au printemps 1865, la chapelle fut entièrement finie (j’ai été surpris de la rapidité de la construction) et livrée au culte.
Les ouvriers travaillèrent ensuite pour rendre le chemin d’accès carossable, ce qui leurs prit beaucoup de temps. Grâce à ce travail, les pélerins pourraient ensuite monter jusqu’à l’esplanade en voiture.
Un évènement vînt marquer les débuts de cette chapelle. En effet, Mgr Cruice, évêque de Marseille, était gravement malade, d’une maladie qui devait l’emporter quelques semaines plus tard. Gaspard Nicolas lui proposa sa propriété pour se reposer et cette nouvelle chapelle pour prier. L’évêque accepta et Gaspard Nicolas « se trouva au comble de la joie de rendre service à son évêque qu’il estimait beaucoup« . Mgr Cruice eut la joie de bénir ce nouveau sanctuaire et d’y venir tous les jours. Ce fut une bénédiction pour le lieu.
L’affluence fut telle, dès la première année (surtout le 19 septembre 1865), avec des pélerins venant de Marseille et de ses environs, que Gaspard Nicolas compris immédiatement que la chapelle serait trop petite. En effet, il y avait plus de monde à l’extérieur que dedans !
1916
Au moment de la plus grande affluence, Gaspard Nicolas organisa des transports par omnibus partant de Marseille à 5h30 et revenant vers 10h.
Construction de la deuxième église (1872).
Voyant que la première chapelle (terminée en 1865) était trop petite, Gaspard Nicolas décida l’année suivante de l’agrandir. Il créa une nef latérale, et releva le plafond dominé par un dôme sur lequel il tint à placer une statue en métal doré de Notre Dame de La Salette.
Pour la petite histoire cette statue inspira la future statue de Notre Dame de La Garde. L’administration de la Basilique se déplaça pour voir ce que M. Nicolas avait fait, avant de prendre sa décision. Le groupe trouva la rélisation fort bien réussie et décida d’en faire autant.
Après recherches approfondies, j’ai appris que les plans de l’église, de style Byzantin, avaient été établis par l’abbé Pougnet qui avait été par ailleurs l’architecte de l’église Saint-Vincent-de-Paul (les Réformés comme l’appelle les Marseillais……en réalité des Augustins réformés) , et architecte également de Saint Truphème à La Cabucelle. L’église fut bénie par Mgr Place.
Une des toutes premières photos de Notre Dame de La Salette aux Accates (photo aimablement transmise par par M. Robert Lanteaume). On voit très bien sur ce cliché le dôme, en arrière de la façade, qui a été construit dans un 2eme temps, et qui est paradoxalement de forme rectangulaire . A l’intérieur ce dôme a une forme arrondie. Sur ce cliché la statue de Notre Dame de La Salette n’est pas en place. Motif ?
Cette église fut ouverte début le 6 octobre 1872. Une neuvaine fut prêcher par l’abbé Olivier alors vicaire à Saint Martin.
Anecdote : le jour de l’ouverture, un adjoint et un agent de police mirent opposition à l’ouverture de l’édifice sous prétexte qu’on n’avait pas fait constater administrativement la solidité de l’édifice. Le problème fut régler très rapidement, et les nombreux fidèles purent participer à la neuvaine.
En 1874, Gaspard Nicolas acheta une vierge de La Salette en pleurs. Ce fut l’occasion d’une grande cérémonie. Il est possible que cette statue ait été récupérée avant la ruine de l’église. Un internaute m’a indiqué une piste……..( à ce propos, je suis surpris par la participation des internautes à l’élaboration de cet article…..Merci à tous).
En 1875, un tambour est construit pour protéger les fidèles du vent (des treizes vents du lieu….)
Construction du bâtiment d’accueil, en arrière de l’église.
Les documents ne précisent pas la date de la construction de cet imposant bâtiment. Il semble avoir été construit juste après l’église et dans des délais records ( « construit comme par enchantement »). Ce fut la dépense la plus importante pour M. Gaspard Nicolas !
Voici le texte du document. » Après la construction de l’église terminée en 1872…….Gaspard Nicolas fit construire un logement à trois étages, adossé à la chapelle. S’il l’a fait si vaste et si grandiose c’est qu’il désirait avoir pour le service religieux, les pères missionnaires de la Grande Salette…….Mais une fois l’édifice terminé, l’évêque de Marseille, Mgr Place, s’opposa à la venue des pères de La Salette……ce qui contraria fortement M. Nicolas….qui stoppa les travaux pendant 18 mois »
L’édifice possédait 3 niveaux. Le 1er et 2eme étage étaient réservés aux prêtres ou pélerins de passages, le 3eme réservé au curé des Accates, M. Faure, pour ses activités paroissiales et pour lui.
M.Faure, curé des Accates, ami de Gaspard Nicolas, fut désigné responsable du lieu.
Les pélerinages se sont succédés pendant des années.(photo R Lanteaume)
Le testament de Gaspard Nicolas a mis beaucoup de temps pour être appliqué.
Au décès de Gaspar Nicolas, le 26 avril 1878, son testament désigné l’évêché comme héritier du lieu, ce qui était prudent et logique…… Toutefois, ce ne fut pas si simple à exécuter voire impossible sur le moment. Une Société Civile Immobilière » (SCI) fut créée par la famille pour gérer ce bien important. Lorsqu’en 1970 (j’ai été surpris par cette date si tardive) les choses purent enfin se faire, la SCI devait recueillir les 165 signatures d’approbation de la famille, 165 membres directement concernés par cet édifice. Ce ne fut pas simple.
Dans ce long laps de temps (100 ans) des prêtres logèrent plus ou moins sur place, et sur la fin un prêtre ( M. Batengel qu’on pourrait presque qualifier d’ermite tant il était isolé), assura pendant 15 ans une présence écclésiale. Ce fut le dernier prêtre sur place.
Le devenir de cette église.
En 2014
Des transactions sont en cours : je ferai donc preuve de discrétion. Je vais être très bref.
L’ensemble du bien (si j’ai bien compris) va être vendu à un « Privé » (complexe hôtelier) qui s’engage à maintenir une chapelle dédiée à Notre Dame de la Salette. La chapelle actuelle sera modifiée (malheureusement avec une forte réduction de surface), restructurée et pourra reprendre sa vocation initiale.
Une association chrétienne pour la défense de ce Site (menée par un avocat à la retraite) s’est réunie en décembre 2011. Elle conteste le futur projet. Je suis en contact avec ce groupe.
Quelques nouvelles de 2015
1 / Nous venons d’apprendre malheureusement le décès de l’avocat à la retraite qui était en 2011 le chef de file de la contestation face à ce projet immobilier.
2/ En 2015 toutes les transactions immobilières semblent être suspendues voire abandonnées. Personnellement, ce grand silence ne me paraît pas très rassurant……. Les négociations ne se font-elles pas en coulisses pour ne susciter aucun remous ? Certains silences sont troublants….
3 / 3eme nouvelle : une statue de Notre Dame de La Salette a été retrouvée avec son brancard (pour les processions) dans une des paroisses les plus proches du secteur. Notre ami Frédéric Faut est en train de la restaurer dans les règles de l’art.
Lui, semble convaincu que cette statue appartenait à Notre Dame de La Salette (l’église dont nous parlons) et aurait été mise à l’abri dans les années 90. Comme je le disais en début d’article, une procession avait encore lieu chaque année le jour de la Saint Christophe jusqu’en 1990. La messe était dite à l’extérieur pour des raisons de sécurité (chute de pierres dans cette église délabrée). Il est donc très probable que la statue, une fois la procession terminée, était mise en lieu sûr, dans la paroisse la plus proche….. ce qui corrobore les dires de Frédéric Faut.
4 / L’ensemble pastoral regroupant les Accates, Saint-Christophe, les Camoins, Sainte-Agathe, Notre Dame d’Eoures, La Treille (Saint-Dominique), la Valentine (Saint-Valentin) se mettrait sous le vocable de « Notre Dame de La Salette ». Cette heureuse information (pour le devenir de l’église dont nous parlons) est à confirmer.
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