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1938 ( 58 ans )il est nommé « Monseigneur » c’est-à-dire prélat d’honneur de Sa Sainteté. Il n’a pas été évêque à proprement parler. C’est pour ce motif qu’il est resté dans sa paroisse de St Peter catholic Church. Mais il est malgré tout légitime de l’appeler « Monseigneur Eyraud ».
Il était l’un des six membres du clergé du diocèse de la Nouvelle Orléans a être élevé par Pie XI à ce rang.
Monseigneur Eyraud à la Cathédrale Saint Louis, lors de sa nomination comme « prélat d’honneur de sa Sainteté ».
Voici un extrait du texte du Saint-Père lors de cette nomination.
Bénédiction du Saint Père
« Fils aimé, santé et Bénédiction Apostolique.
Afin que nous puissions dignement récompenser vos mérites, notre frère vénérable, l’archevêque de la Nouvelle-Orléans, nous a informé de vos services comme suit :« Jean Eyraud, consultant diocésain, s’est acquitté pendant de nombreuses années de son ministère de façon la plus louable et de nombreuses façons auprès des âmes ; il a érigé dans sa paroisse une école catholique pour des enfants blancs et une pour les enfants noirs ». C’est pourquoi, suite à la demande de notre frère vénérable, l’Archevêque de la Nouvelle-Orléans, nous désirons vous accorder un témoignage public de notre bienveillance.
Nous vous constituons volontairement et vous déclarons, par ces Lettres Apostoliques et par notre autorité, « Prélat « . Donc, fils aimé, nous vous accordons le droit et l’autorité pour porter la robe pourpre ……le vêtement de lin, appelé le Rochet ; de même pour utiliser les honneurs, ….les prérogatives, induits ……. »
Nous espérons que la traduction de ce texte du Saint-Père est correcte et qu’elle ne trahit pas ses propos. Nous restons ouvert à toute rectification.
Le 27 mars 1938 sur la demande de l’archevêque de la Nouvelle orléans Mgr Rumel , une journée ( congrés ) Eucharistique se déroula à Réserve. 12000 personnes participèrent aux cérémonies avec des processions telles que l’on n’en avait jamais vues.
Cette photo m’a été transmise par M. Dwayne Montz de Louisiane avec qui je suis en contact. Il en a profité pour m’envoyer 5 documents ( journaux) qui parlent de Mgr Eyraud.
Période de 1939 à 1953 .
Au cours de ces quatorze années, Mgr Eyraud garde toujours le même cap. Il répond aux besoins de ses paroissiens en améliorant les écoles, en construisant une nouvelle salle paroissiale, il répare, agrandit, repeint, …….
Il reçoit des dons importants et peut rembourser les prêts plus rapidement que prévu.
Saint Peter Church fête en 1939 ses soixante quinze ans d’existence. Lors du sermon, le prédicateur affirme: » Quand Monseigneur Eyraud est arrivé ici, à Saint Peter en 1916, on se demandait pourquoi il y avait une si grande église pour un si petit nombre de paroissiens. Depuis quelques années, c’est l’inverse. Beaucoup affirment que l’église est trop petite pour accueillir tant de paroissiens malgré les trois messes du dimanche ».
Juin 1944 : une grand messe d’action de grâce est dite pour ses 40 années de sacerdoce.
Août 1944 ( il a 64 ans) les prêts contractés pour l’achat des terrains et la construction des écoles sont totalement remboursés. Le Père Eyraud avait été critiqué par certains de ses paroissiens et avait été mis en garde par son évêque face à des emprunts qui semblaient excessifs. Quatorze années auront suffit pour tout rembourser !
En juin 1947: il fait un voyage en France. Le secteur paroissial devient énorme. Le livre « Père, the little frenchman » cite les nombreuses églises qui ont été construites autour de la ville de Réserve ( P 73) . Mgr Eyraud est nommé doyen du secteur. Mais il est fatigué ( 67 ans) et ressent le besoin de faire un petit retour en France. De nombreux amis paroissiens cotisent pour qu’il puisse y retourner pendant 3 mois ! En juin 1947 il part donc dans son pays natal. Il en profite pour aller à Rome au Vatican, voir le Pape ( le livre ne précise pas le genre de visite), s’arrêter en divers lieux de pélerinage ( le livre n’indique pas lesquels ), passe par un cimetière américains en Belgique. On est en 1947, juste après la guerre, et on peut supposer qu’il est allé se recueillir sur la tombe de paroissiens morts au combat . Et enfin il séjourne au Glaizil avec beaucoup d’émotion ou il rencontre tous les membres de sa famille avec beaucoup de joie.
Le Glaizil.
La visite de Monseigneur Eyraud a touché beaucoup de personnes . Entre autres, il a pu rencontré le Père Sylvain Blanchard (le frère de la nièce de Monseigneur). Ce prêtre et ami lui a écrit une lettre peu de temps après son retour à la ville de Réserve, datée le 26 août 1947, de la Fare en Champsaur. La voici :
« Le Seigneur a été très bon de me donner la joie de vous revoir . Vous avez amené avec vous de très chères personnes ( je ne sais pas de qui ce prêtre parle ) et votre présence affectueuse a changé ma solitude de prêtre d’un pays humble en une ruche baigné par la lumière du soleil ……. Votre départ m’a laissé un vide profond, mais aussi une tranquillité totale, avec la joie d’avoir vu l’activité et les voix vibrantes de Hélène et Jeannette. Débordement d’affection …… Maintenant vous pouvez comprendre la solitude que je ressens après votre départ, car nous nous étions si rapidement habitué à votre heureuse présence ……. je suis resté perdu dans la mémoire inoubliable de votre visite si animée et heureuse. J’éloigne de moi ces réflexions sombres pour remercier Dieu pour Sa bonté … Très cher Père, vous avez été envoyé très particulièrement pour nous sauver, pauvres serviteurs. Vraiment « Merci » . C’est rapidement dit et je ne fais que le répéter. Mais il m’est difficile face à une telle bonté et générosité comme la vôtre et présentée avec une telle simplicité, de mettre dans des mots ce que le coeur sent si profondément.
Au moins, vous avez reçu mes prières reconnaissantes et ma gratitude… Au moment de ces quelques lignes, vous êtes entre la mer et le ciel. J’espère et prie pour que votre voyage de retour soit agréable et rempli du souvenir heureux de la visite à votre patrie aimée après une absence de 37 années. Je me souviens de vos yeux méditatifs et vos mains désignant du doigt votre rosaire lorsque vous marchiez sur le pont, priant pour votre pays revisité et pour vos paroissiens fidèles, qui attendent avec impatience le retour de leur père spirituel et pasteur. J’espère que cette lettre sera sur votre bureau attendant votre retour avec mes remerciements et profonde gratitude de nouveau répétée » .
Le village de Chauffayer qui se trouve à côté du Glaizil. Le Glaizil se trouve au pied de cette chaîne montagneuse.
Une réflexion personnelle ( webmaster) .
La lette du Père Blanchard est touchante. Elle nous fait découvrir de façon admirable la qualité de présence et d’écoute de Mgr Eyraud. Quel prêtre ! Cette lettre fait prendre brusquement conscience de la réelle dimension de cet homme et confirme que les réalisations matérielles de Mgr Jean Eyraud aux USA sont celles d’une charité hors normes, et d’un prêtre exceptionnel.
Retour au USA
La vie américaine reprend fin 1947. Il retrouve ses paroissiens avec joie. Mais au cours de son voyage en France il a pris conscience de la pauvreté de certaines familles du Champsaur. De retour aux USA il se soucie de leur sort et les aide financièrement, soit directement, soit pour venir aux Etats Unis. En Louisiane il y a du travail pour tous. Une fois sur place il s’occupe de leur intégration……un prêtre exceptionnel !
De 1947 à 1950 la paroisse de St Peter est devenu la plus importante du secteur et l’évêque de la Nouvelle Orléans demande à Mgr Eyraud d’organiser toutes les grandes fêtes et les grands rassemblements. Le livre énumère les nombreux rassemblements…..je vous en fais grâce.
En 1953 Le père Jean fait construire une nouvelle salle Paroissiale.
Le 19 mars 1953 en la fête de St Joseph il inaugure un grande salle qui sera détruite en 1990.
En 1953 également, l’école est aggrandie et la construction d’une cafétéria est réalisée.
1954
Année 1954 ( 74 ans ) une année très forte pour Mgr Eyraud.
Cette année 1954 va être marquée pour lui par deux évènements très importants :
1 / – En janvier 1954, l’accueil de la Vierge pélerine de Fatima à Saint Peter avec un évènement extraordinaire lors des cérémonies.
2 / – Le 29 juin 1954 il fête ses 50 ans de sacerdoce.
Janvier 1954
Il reçoit donc à St Peter Church, la Vierge Pélerine de Fatima qui depuis 1947 faisait le tour du monde sur l’invitation du Primat du Portugal pour demander la paix dans le monde et la conversion de l’URSS. Lorqu’elle arrive à St Peter Church le 31 janvier, elle est déjà passée dans 2000 églises des USA . Une procession solennelle est organisée pour son entrée. L’église est bondée, pleine à craquer.
Au moment du couronnement de la Sainte Vierge un évènement extraordinaire se produisit selon quelques témoins.
Murmure parmi les paroissiens, le Père se demande se qui se passe.( ? )
Voici comment le livre « Père, the Little Frenchman » raconte l’évènement. « Au moment précis où il couronne la tête de la Sainte Vierge, Mgr Eyraud offrit ses 50 ans de sacerdoce et demanda une paix durable dans le monde. A ce moment il prît conscience qu’il avait mené un combat de 50 années comme soldat de Dieu au service de la paix, cette paix qui éliminera les guerres et les soldats. Il fit donc le geste du couronnement avec une grande joie et un sourire sur les lêvres. Alors, aux dires de plusieurs paroissiens la Vierge se pencha en avant et lui sourit ».
Un réputation de sainteté commence à naître autour de lui.
Le livre « Père, little Frenchman » reste assez discret, et on le comprend, sur cette vision extraordinaire qui marqua les paroissiens. Il faut remarquer qu’aucun phénomène de ce genre ne se produisit dans les autres paroisses.
Deuxième évènement : le 29 juin 1954, ses paroissiens fêtent ses 50 ans de sacerdoce avec grande joie et beaucoup d’ardeur.
Le livre décrit cette cérémonie grandiose avec beaucoup de détails, et nos mentalités actuelles ont quelques difficultés à imaginer que cette anniversaire ait pû prendre une telle ampleur ! En voici un petit résumé :
– un fascicule de 68 pages fut édité en juin 1954 pour retracer en textes et photos les 50 ans de sacerdoce de Mgr Eyraud avec l’ensemble de son oeuvre.
– la célébration du jubilé a inclus un » triduum » ( 3 jours ) comportant une réception civique de 1000 personnes environ, suivie d’une grand Messe solennelle célébrée par Mgr Joseph Francis Rummel. Des milliers de personnes participèrent à cette grand Messe, d’anciens paroissiens, des bienfaiteurs, les paroissiens actuels, beaucoup de prêtres, religieux et religieuses, les soeurs qui s’occupaient des 2 écoles, des fonctionnaires…….
– la grand Messe a été suivi d’un grand banquet.
Le livre précise » Ce jour là, toute l’affection et la dévotion qu’il était humainement possible d’offrir à leur pasteur bien-aimé, les paroissiens de la paroisse St Peter l’ont manifesté… Les cérémonies ont exprimé à l’unisson, la grande admiration des paroissiens pour leur pasteur. Rien n’avait été laissé au hasard pour montrer leur grande appréciation … »
Photo prise le 29 juin 1954 à la fin de la grand Messe du Jubilé d’or de Mgr Eyraud .
Monseigneur Eyraud, toujours très agréable ( je reprends les expressions du livre), fut reconnaissant de cette célébration fort bien organisée. Mais il a écrit une lettre, qui donne un éclairage un peu différent. En effet il aurait préféré passer son 50ème anniversaire dans le calme et la méditation ! Intéressant…..Sa démarche face à cette célébration est donc réellement spirituelle ( ….et nous n’en doutions pas..). Il y participe sur la demande expresse de ses paroissiens.
Voici ce mot où transparaît toute son humilité :
« Mon désir était de me retirer dans le silence d’un monastère et passer le jour de mon jubilé sacerdotal dans la méditation, loin du monde turbulent, seul avec Dieu qui a été si bon pour moi, si patient et si charitable. Mes très chers confrères m’ont demandé d’abandonner ce projet et de me prêter comme je suis à une célébration publique. Les vieillards doivent parfois obéir aux plus jeunes, particulièrement quand ils s’approchent de la période de leur deuxième enfance. J’ai accepté volontiers leur suggestion dans l’espoir que cette action de grâce ( le triduum publique) soit plus agréable à Dieu, car accompagnée par les prières de mes confrères prêtres et par celles de mes paroissiens ……. Ils m’aideront, je suis sûr, à rendre grâce de façon vraie et sincère pour l’honneur le plus grand qu’un homme puisse recevoir – le Sacerdoce; des remerciements vrais et sincères pour le privilège de célébrer la Messe presque chaque jour pendant 50 ans malgré ma bassesse, mes péchés innombrables et mes défauts; des remerciements vrais et sincères pour me permettre durantma longue vie d’administrer les sacrements, de prêcher l’Évangile et de remplir mes devoirs de pasteur d’âmes.
Personne ne refusera de se joindre à ma prière pour demander pardon de mes échecs et des mauvais exemples que j’ai pû avoir donnés. Quand je pense à mes responsabilités face à toutes les grâces reçues et que le temps n’est pas loin où je devrai rendre des comptes au Divin Maître, je suis heureux de savoir que beaucoup de personnes que j’ai baptisé, que j’ai marié, que j’ai réconcilié avec Dieu, que j’ai accompagné à leur repos se joindront à moi dans la prière….. »
« En ce jour mon désir est que cette célébration favorise parmi mes jeunes paroissiens la vocation au sacerdoce et qu’elle puisse augmenter dans tous les coeurs un amour profond pour les prêtres de Christ; qu’elle puisse aussi ouvrir ce jour le coeur de ceux qui ont refusé de tenir compte des appels à la conversion. Mon voyage a été long parmi vous. Tous les jours j’ai essayé de vous montrer la Vérité, la Voie et la Vie. Mon temps, ma bonne volonté et l’affection sincère ont été, sont toujours, et seront pour vous et le bien de vos âmes. J’ai essayé durement de continuer le travail de mes prédécesseurs et … le peu qui a été accompli a été fait par votre aide et vos prières »
Une lettre donc très éclairante sur ses dispositions intérieures…..J’ai laissé quelques lourdeurs de style pour être au plus près du texte anglais.
Mgr Eyraud entouré de ses assistants. Toutes les photos de cet article ont été trouvées sur le livre » Père, The Little Frenchman » écrit par Darlène Labranche.
Au cours de ce triduum de nombreux prêtres prennent la parole pour remercier Mgr Jean Eyraud, en particulier ses fils spirituels et ses collaborateurs. Le livre « Père, The little Frenchman » y consacre de nombreuses pages. Vous trouverez ci-dessous uniquement les compliments qui m’ont paru importants et révélateurs.
1 / L’Archevêque Joseph Francis Rummel, Archevêque de la Nouvelle-Orléans, a signalé que Monseigneur Eyraud avait établi un record de longévité (38 ans ) dans la même paroisse. Il lui dit encore: »ces années ont été marquées par une forte participation à votre messe et l’efficacité dans votre éducation spirituelle, morale…. ce qui explique votre nomination comme « Consultant Diocesain », comme Doyen et enfin par votre élévation au rang de Prélat. »
2 / « ….ces années de service vous ont fait gagner la confiance et la bonne volonté de vos paroissiens et l’estime de vos prêtres, tandis que votre sollicitude pour l’instruction religieuse dans les écoles catholiques vous a fait gagner la gratitude et l’affection des enfants de votre paroisse ! »
3 / « ….vous avez été aussi un père attentionné, prévenant; non pas simplement un distributeur de la lettre ou de la loi, mais un disciple sincère de la fraternité. Monsignor Eyraud a été parmi ses confrères un prêtre humble et modeste, à la ressemblance de St Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars. Nous ses confrères, nous avons vu sa charité……. » ( Père Edmund Gauirapp )
4 / « votre ardeur pour l’honneur de Dieu et votre dévotion pour l’Église de Christ rougeoient au-dessous de vos vêtements de prêtre et votre humilité n’est pas arrivé à nous les cacher ».
5 / « …. aucun obstacle n’a arrêté votre chemin; vous êtes allé de conquête en conquête. Vous avez planté la bannière de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ partout dans la longueur et largeur de votre secteur paroissial en entier « .
6 / « ….. pasteur doux et compréhensif, il a été aussi un père pour nous, les prêtres assistants … Il nous donnait l’exemple d’une consécration totale à Dieu, consacré au travail du sacerdoce. Peu de pasteurs dans l’histoire ont été aussi aimés par leurs assistants que l’a été Monseigneur Eyraud……….
…….Les prêtres assistants se réunissaient chaque année le 11 novembre à son anniversaire. Depuis sa mort, nous avons continué à nous rencontrer pour perpétuer son esprit et son souvenir.! » ( Rev Lester lacassagne)
7 / « …..nous le considérions comme un vrai père, professeur et ami……un exemple pour nous de justice et de générosité ….. » ( rev John Remi Bourgeois ).
Monseigneur Jean-Martin Eyraud en présence de ses assistants. » Peu de pasteurs dans l’histoire ont été aussi aimés par leurs assistants que l’a été Monseigneur Eyraud « selon le témoignage qui se trouve un peu plus haut……….Après sa mort, ses collaborateurs continueront à se réunir chaque année à la même date, le 11 novembre.
Ces témoignages se terminent par cette note :
« Le calice qui a servi à Monsignor Eyraud lors de la Messe de son Jubilé d’Or avait une longue histoire.
Il avait été utilisé régulièrement au cours 18ème siècle, symbole de fidélité, de courage et de dévotion pour la cause du Christianisme.Fabriqué à Lyon, en France, pendant la Révolution de 1789, il avait été utilisé dans les cavernes souterraines par des prêtres courageux, malgré la menace de mort qui pesait sur eux, défiant les despotes civils de la Révolution française …..puis avait été utilisé en des temps plus calmes lors de la Messe quotidienne. Ce calice est arrivé en Amérique avec le Père Baissac, qui, au moment de sa mort, était Prêtre à Kenner, en Louisiane. Une soeur d’Ather Baissac a présenté ( on pourrait éventuellement traduire par « offert »: voir le texte en anglais juste dessous) le calice à Monseigneur Eyraud lors de son Jubilé d’argent en 1929. »
« A sister of Father Baissac presented the chalice to Monsignor Eyraud when the jubilarian celebrated his Silver Anniversary in1929 »
( Le Comité de Canonisation cherche ce calice pour le mettre dans les archives de Mgr Eyraud. Si quelqu’un a des informations sur ce calice, contacter le comité de canonisation .) » ( N’ayant pas l’adresse de ce comité veuillez contacter l’Evéché de Gap ou moi-même à l’adresse suivante : glaizil@hotmail.fr ) . Mais logiquement ce calice doit se trouver encore aux Etats-Unis.
1955 The big STRIKE ( grêve ) du 14 avril 1955 au 15 décembre 1955.
Avant les grandes épreuves, le Seigneur préparent ses amis………..
Si l’année 1954 fut très douce pour Mgr Eyraud, 1955 fut une année extrêmement dure pour lui. Une gréve de huit mois allait toucher la « Raffinerie Godchaux Sugars ». Dans ce conflit, les qualités morales et religieuses du Père jean Eyraud seront mises à l’épreuve ( « put to the ultimate test » signale le livre )……poussées à l’extrême. Cette gréve allait violemment déchirer la communauté, opposant le syndicat contre la direction, le frère contre le frère, paroissiens contre paroissiens. Mgr Eyraud ne sera pas toujours bien compris dans son attitude et en voici les raisons :
En 1930, le Père Jean Eyraud avait pris position en faveur des ouvriers face aux « Raffinerie Godchaux ». Contrarié ( scandalisé ? ) par leur petit salaire, leur travail extrêmement dur (industrie de la canne à sucre), et les difficultés qui en résultaient pour les familles, il avait pris position en leur faveur et même avait favorisé la création d’un syndicat reconnu plus tard par l’entreprise. Tous avaient ce souvenir et les ouvriers étaient reconnaissants.
Mais en 1955, Mgr Eyraud est plus réservé et même à plusieurs reprises il se met du côté de la direction de l’usine car les revendications des ouvriers lui semblent démesurées. Les syndicats sont devenus puissants depuis 1930 et semblent profiter de cette position dominante pour exiger des choses impossibles…..
Les critiques à l’égard de Mgr Eyraud vont bon train ! Mais le Père agit en fonction de sa conscience et non dans le but de plaîre.
Revendications des ouvriers :
« ne plus être considérés comme des esclaves par la direction Godchaux, avec des salaires de misère . Ils demandent des salaires justes pour des heures raisonnables » Le livre ne donne pas plus de précisions. En ces termes on ne peut qu’être d’accord avec eux : salaire juste pour un temps juste…..mais encore ?
La réponse de la direction : »
« Les raffineries ont subi de plein fouet la législation tarifaire, la crise économique de 1929, la maladie de la canne à sucre….. Personne ne peut nier la pauvreté et la misère des familles. Mais est-il juste de les mettre sur le compte des employeurs ? Est-il juste d’accuser la direction de transformer les ouvriers en esclaves ?….C’est vrai, certains employés reçoivent des salaires bas, mais pouvez-vous accuser les employeurs parce qu’ils ont essayé d’employer autant de mains d’oeuvre que possible pour augmenter le gain de beaucoup de familles ? N’oublions pas que la ville de « Réserve » est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à la canne à sucre et aux usines qui embauchent, et cela quand la plupart des Etats du pays étaient dans les convulsions de la grande dépression,…. »
Mgr Eyraud prit position en faveur de la direction en suivant sa conscience. Le livre « Père, The little Frenchman » précise qu’à plusieurs reprises le Père » s’exprima en des termes on ne peut plus clairs, soulignant que leurs demandes étaient déraisonnables et qu’ils demandaient trop……. »
Le livre ajoute que beaucoup d’ouvriers furent en colère contre lui. Mais lui de répondre sans se départir de sa sérénité » je suis pour tous « . Tous ses paroissiens étaient enfants de Dieu et il répondait à leurs questions selon sa conscience sans se soucier du reste.
La grêve est violente
La grêve a donc commencé le 14 avril 1955. Au lieu des 40 cents d’augmentation ( par heure ) demandés par les ouvriers, la direction offre 5 cents. Je résume les nombreuses violences qui suivirent: le 23 avril 1955, un coup de fusil est tiré dans la chambre à coucher d’un contremaître de « Godchaux Sugars ». Heureusement, personne n’a été blessé. Le 30 avril 1955 des ouvriers provoquent des heurts pour faire peur à la direction. Le 7 mai 1955 deux contremaîtres de l’usine sont roués de coups et le même jour le vice-président de la raffinerie et mis à terre par un groupe d’hommes. Le 28 mai 1955, malgré une injonction de la Cour Fédérale, des coup de fusils ( 5 à 6 ) sont tirés en l’air, des pierres sont jetées contre la fenêtre du contremaître. Le 4 juin 1955 un garde d’usine est blessé par un tir provenant d’une voiture qui roule. Le 11 juin 1955 un garde est tué par une explosion alors qu’il roulait en voiture sur les terres d’exploitation. Il est tombé dans une véritable embuscade. Le 22 juillet 1955 trente femmes font signer une pétition qui obtient 3000 signatures. Et ainsi de suite jusqu’au 15 décembre 1955 où la grêve se termine enfin par un compromis.
En cette période très troublée, Mgr Eyraud essaya à plusieurs reprises de prendre contact avec le syndicat qui refusa. Il reprochait à Mgr Eyraud de ne pas être venu en pleine grêve les voir au QG et par contre d’avoir rencontré à plusieurs reprises la famille Godchaux propriétaire des sucreries. Suivirent de véritables persécutions à son égard. Chaque fois que les grêvistes apprenaient quelque chose qui ne leurs plaisait pas, ils jetaient des pierres sur son presbytère, poussaient des cris, faisaient des remarques hostiles en plein baptême, certains sont allés jusqu’à déchirer leur papier de paroissien en pleine église ( le livre parle de « déchirer leur enveloppe » : je ne sais pas à quoi cela correspond ) …… Cette période fut très dure pour lui……….aussi.
Tout son travail de prêtre depuis 1916 semblait avoir été anéanti.
Comment guérir des blessures aussi profondes pour sa paroisse, et rétablir une cohésion ? Il y mit toute sa bonne volonté et son affection pour apaiser les choses. « …vous êtes tous ma famille… » disait-il. Il veilla » à ne se montrer ni faché, ni critique à l’égard de qui que ce soit… » Le livre de rajouter « il invita chacun , après la grêve, à tourner son coeur et son esprit vers Dieu…….car la Paroisse n’en avait jamais eu autant besoin….. »
Mais reprenons le cours des choses selon la chronologie……
Année 1956
Le 16 septembre 1956 la paroisse fête les 25 ans de l’école St Peter school . Les cérémonies sont très joyeuses, très réussies. La paroisse est très attachée à ses deux écoles catholiques et se souvient du tout début ( 1931) où tout s’est fait sans argent avec la seule volonté de Mgr Eyraud de mobiliser les uns et les autres. La joie fut de courte durée……….
Année 1957.
Le 29 janvier 1957, l’école » Notre Dame de Grâce » brûle en 45 mn . Il n’y a aucun blessé alors qu’il s’agissait d’un jour de classe. Mais le Père Joseph LeFrois, en voulant sortir le Saint Sacrement de la chapelle, a échappé aux flammes « in extremis ». Un problème de circuit eléctrique semble en cause. C’est la conternation car cette école avait une longue histoire….première école pour enfants d’origine africaine ( appelée initialement « Ecole Sainte Catherine ») . Dès juin 1957 l’école est reconstruite par l’inépuisable Mgr Eyraud qui a…..77 ans !
Année 1960. ( il a 80 ans )
Sa dernière réalisation…… Il rénove l’école St Peter. L’établissement a vieilli et surtout toutes les pièces ont été transformés en salles de classe y compris la salle de catéchisme. Mgr Eyraud réalise que cela entrave la vocation initiale de cet établissement à savoir un enseignement chrétien de qualité.
Il demande une aide à ses paroissiens de 200.000 $, leurs rappelant qu’en 1930 l’école s’était faite de cette manière alors que les familles étaient beaucoup plus pauvres et que le pays sortait tout juste de la récession. Il obtient finalement 260.000 $ et les travaux peuvent ce faire en septembre 1960……
En septembre 1960, la ville de « Réserve » se prépare à fêter ses 100 ans. Mgr Eyraud écrit un article dans le journal local pour retracer la longue histoire de Saint Peter Church. Il a 80 ans et mène cette paroisse depuis 1916 ! …..( 44 ans de dévouement ). Il rappelle dans cet article toutes les réalisations et constructions réalisées mais écrit aussi « …. des hommes et des femmes ardents sont entrés dans les différents groupes chrétiens que sont les « Chevaliers de Columbus » (1923), « les filles catholiques » (1939), les « mères de St Peter » (1931), le Club des « frères de St Peter » (1954), les « Enfants de Marie », la « Société de l’Autel », la « Fraternité de la Doctrine Chrétienne », la « Société du Saint Nom ». Toutes ces sociétés ont eu à leur à leur tête des hommes loyaux et ardents et des femmes qui ont aidé à garder la foi. Leurs efforts communs promettent de porter des fruits dans l’avenir et aideront à résoudre les problèmes auquel nous faisont face aujourd’hui. »
Je me suis étendu sur ce passage car il résume bien l’ensemble des groupes ( impressionnant ! ) qui ont été créé par Mgr Eyraud.
Année 1963 : il se retire.
Il a 83 ans . Il demande officiellement à son Evêque de se retirer de sa lourde charge ( été 1963 ). Son Evêque accepte ( il était le prêtre le plus âgé en activité dans le diocèse de la Nouvelle-Orléans ). L’Evêque le nomme alors » pasteur émeritus de Saint Peter « . Il devient aussi prêlat de la maison Saint Pie XI. Il est remplacé à St Peter Church par le Rev Michael J. Killoughey.
Son Evêque l’invite à s’installer dans une petite maison qui se trouve à 50 Yards ( soit 45 m environ) de St Peter Church.
Mgr Eyraud en 1964 devant sa maisonnette. Il semble, sur la photo originale, avoir une canne dans la main droite. ( photo du livre « The little Frenchman » de Darlène LaBranche. )
Mais sa retraite fut plus active que beaucoup :
– il célèbre la messe tous les jours.
– il la célèbre deux fois le dimanche
– confesse ses anciens paroissiens pendant de longues heures le samedi.
– reçoit toute personne qui a besoin……
Mais aussi :
– s’occupe de son jardin ( souvenir de son enfance au Glaizil ?) et affirmait « c’est ma joie et ma santé ».
– il lit beaucoup
– s’occupe de ses canaris…..
Monseigneur Jean Eyraud à l’âge de 83 ans. Il s’est déjà retiré (été 1963) de St Peter Catholic Church. Cliché trouvé dans le livre « Père, The Little Frenchman ».
Année 1964. ( 84 ans)
Une très belle année 1964 pour Mgr Jean Eyraud……..mais qui le prépare à la grand épreuve de 1965. Le Seigneur prépare ses amis avant les grandes épreuves……. disais-je à propos de l’année 1954 !
Le printemps et l’été 1964 ont été des mois très heureux et animés pour lui . Il aide à préparer les célébrations du 100ème anniversaire de la fondation de l’église St. Peter ( où il a été prêtre pendant 47 ans) avec l’Archevêque John P. Cody. Un des points culminants de cette fête a été le banquet honorant Monseigneur Eyraud pour le 60ème anniversaire de son ordination sacerdotale.
En juin 1964 il fait un 2eme grand voyage en France sur l’invitation de sa nièce Mme Hélène Brochier. C’est en l’honneur du 60ème anniversaire de son ordination que les paroissiens de St. Peter lui ont offert ce voyage.
Au cours de ce voyage, Monsigneur Eyraud retrouve et visite les Hautes-Alpes, 300 jours lumineux pour lui.
Deuxième voyage de Mgr Eyraud en France en 1964. Cette photo montre les proches environs du Glaizil, son village natal. J’ai souri en lisant que Mgr Eyraud était au Glaizil en Juillet et Aout 1964 car j’y étais moi-même cette année-là pendant les deux mois d’été. Nous nous sommes donc croisés…..Il avait 85 ans, j’avais 10 ans.
Il a concélébré la Messe en la Basilique du Laus avec son ami le Chanoine Jaussaud, un ami de toujours. C’est en cet endroit précis qu’il avait dit sa première messe en 1904 ( voir plus haut). Puis un banquet a été donné en son honneur à « Notre Dame du Laus. »
Monsigneur Eyraud a pu célébré ensuite le 60ème anniversaire de son ordination en la Cathédrale de Gap, lieu même de son ordination le 29 juin 1904, à l’âge de 24 ans.
Que de joie pour lui avec les grandes épreuves de l’année suivante…….
Année 1965.
Un évènement stupéfiant survint le 9 septembre 1965….. La belle église de St Peter ( que le Père Eyraud appelait en 1916 « ma cathédrale » ) fut totalement détruite par un ouragan, ainsi que le cimetière dont les arbres furent tous arrachés.
Stupefiant, n’est-ce pas ? Photo de 1965, montrant la paroisse de Saint Peter-Réserve après le passage de l’ouragan du 9 septembre 1965. J’ai mis le trait rouge pour souligner l’ampleur des dégats. Seul le clocher est resté debout.
Juste après l’ouragan, lorsqu’au petit matin leRev Michael J. Killoughey sortit de son presbytère après une nuit très mouvementée avec un vent très violent, des bourasques et du tonnerre, il se dirigea vers St Peter pour dire sa première Messe. Lorsqu’il vit son église dans cet état ( telle qu’elle est sur la photo juste au dessus) il mît quelques minutes pour réaliser vraiment. Comment était-ce possible ?
Mgr Eyraud fut prévenu, et consterné par la nouvelle, il s’exclama : » je pensais que je partirai de Saint Peter, mais jamais que ce soit elle qui parte avant moi….. »
Ce fut très douloureux pour lui de voir son église détruite, de même que la « rosace » et les vitraux. Une paroissienne écrivait « Il était presque impossible pour les paroissiens de croire qu’une structure qui était si importante pour eux puisse être détruite……nous l’avons tous pris durement, mais celui qui a été le plus touché fut Monseigneur Eyraud. » Mais lui, se ressaisissant, considéra que « c’était la volonté de Dieu….. ».
Le 2 octobre 1965 ( 1 mois plus tard donc ) de gros engins vinrent déblayer tous les gravats.
Une campagne pour reconstruire l’église fut immédiatement mise en route. Monseigneur Eyraud fut consulté et donna des conseils utiles. Il travailla avec le Père Killoughey sur les plans de la nouvelle église.
La première pierre pour la nouvelle église St. Peter fut posée le 21 avril 1967 en présence de l’archevêque Philip M. Hannan de l’Archidiocèse de la Nouvelle-Orléans. La pierre angulaire posée à cette occasion contenait un livret sur l’histoire de St Peter , des photos de l’ancienne paroisse, le récit du jubilé d’or de Mgr Eyraud…….
Mgr Eyraud vint régulièrement voir l’avancée de la reconstruction. Son désir ( il avait 86 ans) était de voir son église reconstruite. Les cloches avait été descendues de l’ancien clocher. Il les vit remettre en place avant qu’il ne tombe malade en 1968 ( 88ans) ……mais il ne verra pas l’achévement des travaux.
La fin d’une vie remarquable : 1967-1968
…..et une fin remarquable….
Le 13 octobre 1967 Mgr Eyraud tombe malade : aucune précision dans le livre. On peut penser qu’il était tout simplement à bout de force. On l’hospitalisa à l’Hôtel Dieu de la Nouvelle Orléans. Trois mois plus tard, il était toujours trop malade pour participer le 14 janvier 1968 à la dédicace de la nouvelle église St Peter. Dans son sermon, l’archevêque Philip Hannan rappela tout son parcours et déclara : » …j’ai pu rencontrer à l’hôpital Mgr Eyraud la semaine dernière…….Je suis assuré qu’il est avec nous aujourd’hui, se joignant à nos prières et nos actions de grâce……..Les infirmières m’ont dit qu’il passé tout son temps à prier en français…… il était dans une soumission totale à Dieu. En fait, elles m’ont affirmé qu’il était un patient très gai….. En étant avec lui je me suis rapidement rendu compte qu’il était vraiment en union avec le Christ…… »
Mgr Eyraud entra dans le coma et son état s’aggrava.
Quand la nouvelle arrive en France plusieurs lettres parviennent aux USA.
L’abbé Gaussard écrit par exemple: » Nous sommes très peinés par votre lettre. Il est très triste de savoir que notre cher Monseigneur Eyraud est dans le coma, lui qui était si intelligent. Je crois qu’il ne souffre pas; mais, il est si douloureux pour nous tous de le voir dans cette inconscience quand nous aurions tant à lui dire. Je suis sûr qu’il nous encouragerait et promettrait de nous guider avec vigilance du ciel. Car notre cher malade ne nous quitte pas complètement. Nous le verrons de nouveau dans le ciel un jour … je continue à espérer que vous recevrez quelques mots tendres de ses lèvres qui ont souri avec tant de bonté et si aisément toute sa vie ».
Le 5 février 1968, Monsigneur Eyraud succombe à sa longue maladie.
Ainsi va la vie: après les joies du 14 janvier 1968 et la dédicace de la nouvelle église Saint-Peter Réserve, les paroissiens apprennent la mort de leur cher pasteur le 5 février 1968. Ils viennent très nombreux pour un dernier Adieu à la messe d’enterrement de Mgr Eyraud. L’église est archi comble. L’Archevêque Philip M. Hannan, dit la messe de requiem pontifical entouré par plus de 80 prélats, dont 50 prêtres, 20 monseigneurs, cinq évêques et plus de 100 nonnes. Tous les enfants , des écoles privées et publiques sont là…..et des milliers de paroissiens.
Cela faisait 52 ans qu’il menait avec beaucoup de zèle cette paroisse ( 1916-1968) et il était très aimé de tous. Finalement la grande majorité des paroissiens avait été baptisée, confirmée, mariée par lui et ce cher pasteur connaissait chacun d’entre eux.
Messe de funérailles pour l’école St Peter . L’église est comble et très recueillie.
L’enterrement de Mgr Eyraud.
Après la messe, un cortège funèbre impressionnant progresse dans le cimetière avec les enfants de St. Peter School en uniforme alignés le long du trajet ……L’Archevêque Philip M. Hannan est toujours entouré par plus de 300 religieux et religieuses. Les évêques représentaient chaque diocèse de Louisiane.! «
Mgr Hannan dira plus tard « J’ai été très impressionné à ses obsèques, par la présence de l’orchestre du lycée public (Léon Godchaux) dont les élèves semblaient être tous enchantés de jouer pour lui comme un dernier salut. Actuellement je ne connais pas de pasteur qui ait eu un soutien si complet des écoles publiques et Catholiques ………. Il n’y avait aucune dissonance et tous semblaient bien satisfaits……. «
Devant la tombe de Mgr Eyraud, le Père Patrick B Sander ( vice-postulateur). Ce prêtre est venu en France avec Mgr Tekippe pour l’enquête ecclésiale. La photo (transmise par Mme Gonsolin Reine Marie) se trouvait sur un bulletin daté de juillet 2001, qui faisait le point sur la possible canonisation de Mgr Heyraud.
Le livre de Darlène LaBranche…..222 pages à traduire en français…..un vrai plaisir.
…..dans les deux sens de l’expression.
Ce livre publié en 1994, a été réédité en 2002 ( Imprimé aux USA). Il devait, selon l’information reçue, sortir en France en 2004. Mais les choses ne se sont pas faites et je n’en connais pas la raison.
Quelques réflexions personnelles sur ce livre fort intéressant.
1 / La fidélité de Mgr Eyraud !…. Au cours de la traduction, j’ai été vraiment frappé par la fidélité de ce prêtre et sa confiance aimante à l’égard de Dieu tout au long de sa vie. De l’enfance jusqu’à un âge avancé le livre signale une foi extraordinaire. Mgr Hannan à son tour en parle alors que Mgr Eyraud est mourant. Il affirme « Il est totalement uni à Dieu dans cette dernière épreuve« ……
Bienheureux celui qui se donne à Dieu avec autant d’ardeur et de fidélité……….
2 / Une espérance sans failleetquia atteint sa pleine maturité. Elle le rend inébranlable dans l’adversité et la souffrance. Souvenons-nous. Lors de sa première nomination en 1913 à « Saint Thomas l’Evangéliste » il met tout en place, améliore l’église, structure la paroisse, …..et tout est détruit par un ouragan en septembre 1915. Il se remet au travail et la reconstruit avant d’être muté à Saint Peter Church en 1916. Mais continuons: le cimetière de saint Peter ( sa première réalisation) ravagé par l’ouragan de 1965, l’église détruite totalement par le même ouragan, l’école « Notre Dame de Grâce » une de ses plus belle réalisation, brûle en 45 minutes en 1957, et pire que tout, pendant la grande gréve de 1954, beaucoup se retournent contre lui et sont violents à son égard. Quoi de pire pour un prêtre. D’ailleurs il prononce cette phrase touchante pour se faire comprendre » ….mais vous êtes ma famille… » . Une espérance donc sans faille qui lui a permit de voir loin, de comprendre le sens des évènements et de rester stable dans l’amour de Dieu et de son prochain.
Bienheureux celui qui espère en Dieu à ce point.
3 / Une charité inépuisable !…..Le livre rapporte de nombreux évènements où sa charité est exemplaire. Mais deux passages m’ont vraiment intéressé.
Tout d’abord la lettre du Père Sylvain Blanchard écrite juste après le passage de Mgr Eyraud en France . Ce prêtre manifestement en difficulté lui écrit : » Le Seigneur a été très bon de me donner la joie de vous revoir ………votre présence affectueuse a changé ma solitude de prêtre en une ruche baigné par la lumière du soleil ………Votre départ m’a laissé un vide profond, mais aussi une tranquillité totale……. je suis resté perdu dans la mémoire inoubliable de votre visite si animée et heureuse……..Mais il m’est difficile face à une telle bonté et générosité comme la vôtre et présentée avec une telle simplicité, de mettre dans des mots ce que le coeur sent si profondément. » Ce n’est qu’un résumé de la lettre qui se trouve plus haut ( 1947 ) . Quelle lettre !
Par ailleurs l’attitude de Mgr Eyraud vis à vis des élèves : « il donnait les notes de classe avec beaucoup de tact, de douceur, afin de ne pas embarasser les enfants….tout le monde l’aimait…..il connaissait chacun d’entre nous……il faisait confiance….. »
Qualité de présence et d’écoute.
Bienheureux celui qui aime à ce point !
D’autres aspects m’ont intéressés ou surpris :
4 / – Ceux qui connaissent Le Glaizil ( village natal de Mgr Eyraud ) savent que le village se situe entre deux lieux de pèlerinage, Notre Dame du Laus et Notre Dame de La Salette. Le jeune Jean Eyraud a été plus touché par Notre Dame du Laus. Il y a d’ailleurs célébré sa première messe.
Peut-être une explication ( sous toute réserve): Notre Dame de La Salette est un lieu où la Sainte Vierge appelle à la conversion, à un retour vers le Christ. Notre Dame du Laus va plus loin dans le message et s’adresse à des personnes qui ont déjà cheminé dans l’offrande d’eux-mêmes. Le choix du jeune Jean ne m’a pas donc vraiment surpris ………
5 /- Une grande fidélité en amitié: là non plus je n’ai pas été surpris. Mais je n’ai laissé passer aucune ligne du livre soulignant cet aspect.
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Monseigneur Eyraud ( 2eme partie).
6 mars 1938: Le Père Jean est nommé « Monseigneur ».
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Si vous arrivez directement sur ce chapitre, je vous conseille de Cliquez ICI pour lire la première partie
1938 ( 58 ans ) il est nommé « Monseigneur » c’est-à-dire prélat d’honneur de Sa Sainteté. Il n’a pas été évêque à proprement parler. C’est pour ce motif qu’il est resté dans sa paroisse de St Peter catholic Church. Mais il est malgré tout légitime de l’appeler « Monseigneur Eyraud ».
Il était l’un des six membres du clergé du diocèse de la Nouvelle Orléans a être élevé par Pie XI à ce rang.
Monseigneur Eyraud à la Cathédrale Saint Louis, lors de sa nomination comme « prélat d’honneur de sa Sainteté ».
Voici un extrait du texte du Saint-Père lors de cette nomination.
Bénédiction du Saint Père
« Fils aimé, santé et Bénédiction Apostolique.
Afin que nous puissions dignement récompenser vos mérites, notre frère vénérable, l’archevêque de la Nouvelle-Orléans, nous a informé de vos services comme suit : « Jean Eyraud, consultant diocésain, s’est acquitté pendant de nombreuses années de son ministère de façon la plus louable et de nombreuses façons auprès des âmes ; il a érigé dans sa paroisse une école catholique pour des enfants blancs et une pour les enfants noirs ». C’est pourquoi, suite à la demande de notre frère vénérable, l’Archevêque de la Nouvelle-Orléans, nous désirons vous accorder un témoignage public de notre bienveillance.
Nous vous constituons volontairement et vous déclarons, par ces Lettres Apostoliques et par notre autorité, « Prélat « . Donc, fils aimé, nous vous accordons le droit et l’autorité pour porter la robe pourpre ……le vêtement de lin, appelé le Rochet ; de même pour utiliser les honneurs, ….les prérogatives, induits ……. »
Nous espérons que la traduction de ce texte du Saint-Père est correcte et qu’elle ne trahit pas ses propos. Nous restons ouvert à toute rectification.
Le 27 mars 1938 sur la demande de l’archevêque de la Nouvelle orléans Mgr Rumel , une journée ( congrés ) Eucharistique se déroula à Réserve. 12000 personnes participèrent aux cérémonies avec des processions telles que l’on n’en avait jamais vues.
Cette photo m’a été transmise par M. Dwayne Montz de Louisiane avec qui je suis en contact. Il en a profité pour m’envoyer 5 documents ( journaux) qui parlent de Mgr Eyraud.
Période de 1939 à 1953 .
Au cours de ces quatorze années, Mgr Eyraud garde toujours le même cap. Il répond aux besoins de ses paroissiens en améliorant les écoles, en construisant une nouvelle salle paroissiale, il répare, agrandit, repeint, …….
Il reçoit des dons importants et peut rembourser les prêts plus rapidement que prévu.
Saint Peter Church fête en 1939 ses soixante quinze ans d’existence. Lors du sermon, le prédicateur affirme: » Quand Monseigneur Eyraud est arrivé ici, à Saint Peter en 1916, on se demandait pourquoi il y avait une si grande église pour un si petit nombre de paroissiens. Depuis quelques années, c’est l’inverse. Beaucoup affirment que l’église est trop petite pour accueillir tant de paroissiens malgré les trois messes du dimanche ».
Juin 1944 : une grand messe d’action de grâce est dite pour ses 40 années de sacerdoce.
Août 1944 ( il a 64 ans) les prêts contractés pour l’achat des terrains et la construction des écoles sont totalement remboursés. Le Père Eyraud avait été critiqué par certains de ses paroissiens et avait été mis en garde par son évêque face à des emprunts qui semblaient excessifs. Quatorze années auront suffit pour tout rembourser !
En juin 1947: il fait un voyage en France. Le secteur paroissial devient énorme. Le livre « Père, the little frenchman » cite les nombreuses églises qui ont été construites autour de la ville de Réserve ( P 73) . Mgr Eyraud est nommé doyen du secteur. Mais il est fatigué ( 67 ans) et ressent le besoin de faire un petit retour en France. De nombreux amis paroissiens cotisent pour qu’il puisse y retourner pendant 3 mois ! En juin 1947 il part donc dans son pays natal. Il en profite pour aller à Rome au Vatican, voir le Pape ( le livre ne précise pas le genre de visite), s’arrêter en divers lieux de pélerinage ( le livre n’indique pas lesquels ), passe par un cimetière américains en Belgique. On est en 1947, juste après la guerre, et on peut supposer qu’il est allé se recueillir sur la tombe de paroissiens morts au combat . Et enfin il séjourne au Glaizil avec beaucoup d’émotion ou il rencontre tous les membres de sa famille avec beaucoup de joie.
Le Glaizil.
La visite de Monseigneur Eyraud a touché beaucoup de personnes . Entre autres, il a pu rencontré le Père Sylvain Blanchard (le frère de la nièce de Monseigneur). Ce prêtre et ami lui a écrit une lettre peu de temps après son retour à la ville de Réserve, datée le 26 août 1947, de la Fare en Champsaur. La voici :
« Le Seigneur a été très bon de me donner la joie de vous revoir . Vous avez amené avec vous de très chères personnes ( je ne sais pas de qui ce prêtre parle ) et votre présence affectueuse a changé ma solitude de prêtre d’un pays humble en une ruche baigné par la lumière du soleil ……. Votre départ m’a laissé un vide profond, mais aussi une tranquillité totale, avec la joie d’avoir vu l’activité et les voix vibrantes de Hélène et Jeannette. Débordement d’affection …… Maintenant vous pouvez comprendre la solitude que je ressens après votre départ, car nous nous étions si rapidement habitué à votre heureuse présence ……. je suis resté perdu dans la mémoire inoubliable de votre visite si animée et heureuse. J’éloigne de moi ces réflexions sombres pour remercier Dieu pour Sa bonté … Très cher Père, vous avez été envoyé très particulièrement pour nous sauver, pauvres serviteurs. Vraiment « Merci » . C’est rapidement dit et je ne fais que le répéter. Mais il m’est difficile face à une telle bonté et générosité comme la vôtre et présentée avec une telle simplicité, de mettre dans des mots ce que le coeur sent si profondément.
Au moins, vous avez reçu mes prières reconnaissantes et ma gratitude… Au moment de ces quelques lignes, vous êtes entre la mer et le ciel. J’espère et prie pour que votre voyage de retour soit agréable et rempli du souvenir heureux de la visite à votre patrie aimée après une absence de 37 années. Je me souviens de vos yeux méditatifs et vos mains désignant du doigt votre rosaire lorsque vous marchiez sur le pont, priant pour votre pays revisité et pour vos paroissiens fidèles, qui attendent avec impatience le retour de leur père spirituel et pasteur. J’espère que cette lettre sera sur votre bureau attendant votre retour avec mes remerciements et profonde gratitude de nouveau répétée » .
Le village de Chauffayer qui se trouve à côté du Glaizil. Le Glaizil se trouve au pied de cette chaîne montagneuse.
Une réflexion personnelle ( webmaster) .
La lette du Père Blanchard est touchante. Elle nous fait découvrir de façon admirable la qualité de présence et d’écoute de Mgr Eyraud. Quel prêtre ! Cette lettre fait prendre brusquement conscience de la réelle dimension de cet homme et confirme que les réalisations matérielles de Mgr Jean Eyraud aux USA sont celles d’une charité hors normes, et d’un prêtre exceptionnel.
Retour au USA
La vie américaine reprend fin 1947. Il retrouve ses paroissiens avec joie. Mais au cours de son voyage en France il a pris conscience de la pauvreté de certaines familles du Champsaur. De retour aux USA il se soucie de leur sort et les aide financièrement, soit directement, soit pour venir aux Etats Unis. En Louisiane il y a du travail pour tous. Une fois sur place il s’occupe de leur intégration……un prêtre exceptionnel !
De 1947 à 1950 la paroisse de St Peter est devenu la plus importante du secteur et l’évêque de la Nouvelle Orléans demande à Mgr Eyraud d’organiser toutes les grandes fêtes et les grands rassemblements. Le livre énumère les nombreux rassemblements…..je vous en fais grâce.
En 1953 Le père Jean fait construire une nouvelle salle Paroissiale.
Le 19 mars 1953 en la fête de St Joseph il inaugure un grande salle qui sera détruite en 1990.
En 1953 également, l’école est aggrandie et la construction d’une cafétéria est réalisée.
1954
Année 1954 ( 74 ans ) une année très forte pour Mgr Eyraud.
Cette année 1954 va être marquée pour lui par deux évènements très importants :
1 / – En janvier 1954, l’accueil de la Vierge pélerine de Fatima à Saint Peter avec un évènement extraordinaire lors des cérémonies.
2 / – Le 29 juin 1954 il fête ses 50 ans de sacerdoce.
Janvier 1954
Il reçoit donc à St Peter Church, la Vierge Pélerine de Fatima qui depuis 1947 faisait le tour du monde sur l’invitation du Primat du Portugal pour demander la paix dans le monde et la conversion de l’URSS. Lorqu’elle arrive à St Peter Church le 31 janvier, elle est déjà passée dans 2000 églises des USA . Une procession solennelle est organisée pour son entrée. L’église est bondée, pleine à craquer.
Au moment du couronnement de la Sainte Vierge un évènement extraordinaire se produisit selon quelques témoins.
Murmure parmi les paroissiens, le Père se demande se qui se passe.( ? )
Voici comment le livre « Père, the Little Frenchman » raconte l’évènement. « Au moment précis où il couronne la tête de la Sainte Vierge, Mgr Eyraud offrit ses 50 ans de sacerdoce et demanda une paix durable dans le monde. A ce moment il prît conscience qu’il avait mené un combat de 50 années comme soldat de Dieu au service de la paix, cette paix qui éliminera les guerres et les soldats. Il fit donc le geste du couronnement avec une grande joie et un sourire sur les lêvres. Alors, aux dires de plusieurs paroissiens la Vierge se pencha en avant et lui sourit ».
Un réputation de sainteté commence à naître autour de lui.
Le livre « Père, little Frenchman » reste assez discret, et on le comprend, sur cette vision extraordinaire qui marqua les paroissiens. Il faut remarquer qu’aucun phénomène de ce genre ne se produisit dans les autres paroisses.
Deuxième évènement : le 29 juin 1954, ses paroissiens fêtent ses 50 ans de sacerdoce avec grande joie et beaucoup d’ardeur.
Le livre décrit cette cérémonie grandiose avec beaucoup de détails, et nos mentalités actuelles ont quelques difficultés à imaginer que cette anniversaire ait pû prendre une telle ampleur ! En voici un petit résumé :
– un fascicule de 68 pages fut édité en juin 1954 pour retracer en textes et photos les 50 ans de sacerdoce de Mgr Eyraud avec l’ensemble de son oeuvre.
– la célébration du jubilé a inclus un » triduum » ( 3 jours ) comportant une réception civique de 1000 personnes environ, suivie d’une grand Messe solennelle célébrée par Mgr Joseph Francis Rummel. Des milliers de personnes participèrent à cette grand Messe, d’anciens paroissiens, des bienfaiteurs, les paroissiens actuels, beaucoup de prêtres, religieux et religieuses, les soeurs qui s’occupaient des 2 écoles, des fonctionnaires…….
– la grand Messe a été suivi d’un grand banquet.
Le livre précise » Ce jour là, toute l’affection et la dévotion qu’il était humainement possible d’offrir à leur pasteur bien-aimé, les paroissiens de la paroisse St Peter l’ont manifesté… Les cérémonies ont exprimé à l’unisson, la grande admiration des paroissiens pour leur pasteur. Rien n’avait été laissé au hasard pour montrer leur grande appréciation … »
Photo prise le 29 juin 1954 à la fin de la grand Messe du Jubilé d’or de Mgr Eyraud .
Monseigneur Eyraud, toujours très agréable ( je reprends les expressions du livre), fut reconnaissant de cette célébration fort bien organisée. Mais il a écrit une lettre, qui donne un éclairage un peu différent. En effet il aurait préféré passer son 50ème anniversaire dans le calme et la méditation ! Intéressant…..Sa démarche face à cette célébration est donc réellement spirituelle ( ….et nous n’en doutions pas..). Il y participe sur la demande expresse de ses paroissiens.
Voici ce mot où transparaît toute son humilité :
« Mon désir était de me retirer dans le silence d’un monastère et passer le jour de mon jubilé sacerdotal dans la méditation, loin du monde turbulent, seul avec Dieu qui a été si bon pour moi, si patient et si charitable. Mes très chers confrères m’ont demandé d’abandonner ce projet et de me prêter comme je suis à une célébration publique. Les vieillards doivent parfois obéir aux plus jeunes, particulièrement quand ils s’approchent de la période de leur deuxième enfance. J’ai accepté volontiers leur suggestion dans l’espoir que cette action de grâce ( le triduum publique) soit plus agréable à Dieu, car accompagnée par les prières de mes confrères prêtres et par celles de mes paroissiens ……. Ils m’aideront, je suis sûr, à rendre grâce de façon vraie et sincère pour l’honneur le plus grand qu’un homme puisse recevoir – le Sacerdoce; des remerciements vrais et sincères pour le privilège de célébrer la Messe presque chaque jour pendant 50 ans malgré ma bassesse, mes péchés innombrables et mes défauts; des remerciements vrais et sincères pour me permettre durant ma longue vie d’administrer les sacrements, de prêcher l’Évangile et de remplir mes devoirs de pasteur d’âmes.
Personne ne refusera de se joindre à ma prière pour demander pardon de mes échecs et des mauvais exemples que j’ai pû avoir donnés. Quand je pense à mes responsabilités face à toutes les grâces reçues et que le temps n’est pas loin où je devrai rendre des comptes au Divin Maître, je suis heureux de savoir que beaucoup de personnes que j’ai baptisé, que j’ai marié, que j’ai réconcilié avec Dieu, que j’ai accompagné à leur repos se joindront à moi dans la prière….. »
« En ce jour mon désir est que cette célébration favorise parmi mes jeunes paroissiens la vocation au sacerdoce et qu’elle puisse augmenter dans tous les coeurs un amour profond pour les prêtres de Christ; qu’elle puisse aussi ouvrir ce jour le coeur de ceux qui ont refusé de tenir compte des appels à la conversion. Mon voyage a été long parmi vous. Tous les jours j’ai essayé de vous montrer la Vérité, la Voie et la Vie. Mon temps, ma bonne volonté et l’affection sincère ont été, sont toujours, et seront pour vous et le bien de vos âmes. J’ai essayé durement de continuer le travail de mes prédécesseurs et … le peu qui a été accompli a été fait par votre aide et vos prières »
Une lettre donc très éclairante sur ses dispositions intérieures…..J’ai laissé quelques lourdeurs de style pour être au plus près du texte anglais.
Mgr Eyraud entouré de ses assistants. Toutes les photos de cet article ont été trouvées sur le livre » Père, The Little Frenchman » écrit par Darlène Labranche.
Au cours de ce triduum de nombreux prêtres prennent la parole pour remercier Mgr Jean Eyraud, en particulier ses fils spirituels et ses collaborateurs. Le livre « Père, The little Frenchman » y consacre de nombreuses pages. Vous trouverez ci-dessous uniquement les compliments qui m’ont paru importants et révélateurs.
1 / L’Archevêque Joseph Francis Rummel, Archevêque de la Nouvelle-Orléans, a signalé que Monseigneur Eyraud avait établi un record de longévité (38 ans ) dans la même paroisse. Il lui dit encore: »ces années ont été marquées par une forte participation à votre messe et l’efficacité dans votre éducation spirituelle, morale…. ce qui explique votre nomination comme « Consultant Diocesain », comme Doyen et enfin par votre élévation au rang de Prélat. »
2 / « ….ces années de service vous ont fait gagner la confiance et la bonne volonté de vos paroissiens et l’estime de vos prêtres, tandis que votre sollicitude pour l’instruction religieuse dans les écoles catholiques vous a fait gagner la gratitude et l’affection des enfants de votre paroisse ! »
3 / « ….vous avez été aussi un père attentionné, prévenant; non pas simplement un distributeur de la lettre ou de la loi, mais un disciple sincère de la fraternité. Monsignor Eyraud a été parmi ses confrères un prêtre humble et modeste, à la ressemblance de St Jean-Marie Vianney, le curé d’Ars. Nous ses confrères, nous avons vu sa charité……. » ( Père Edmund Gauirapp )
4 / « votre ardeur pour l’honneur de Dieu et votre dévotion pour l’Église de Christ rougeoient au-dessous de vos vêtements de prêtre et votre humilité n’est pas arrivé à nous les cacher ».
5 / « …. aucun obstacle n’a arrêté votre chemin; vous êtes allé de conquête en conquête. Vous avez planté la bannière de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ partout dans la longueur et largeur de votre secteur paroissial en entier « .
6 / « ….. pasteur doux et compréhensif, il a été aussi un père pour nous, les prêtres assistants … Il nous donnait l’exemple d’une consécration totale à Dieu, consacré au travail du sacerdoce. Peu de pasteurs dans l’histoire ont été aussi aimés par leurs assistants que l’a été Monseigneur Eyraud……….
…….Les prêtres assistants se réunissaient chaque année le 11 novembre à son anniversaire. Depuis sa mort, nous avons continué à nous rencontrer pour perpétuer son esprit et son souvenir.! » ( Rev Lester lacassagne)
7 / « …..nous le considérions comme un vrai père, professeur et ami……un exemple pour nous de justice et de générosité ….. » ( rev John Remi Bourgeois ).
Monseigneur Jean-Martin Eyraud en présence de ses assistants. » Peu de pasteurs dans l’histoire ont été aussi aimés par leurs assistants que l’a été Monseigneur Eyraud « selon le témoignage qui se trouve un peu plus haut……….Après sa mort, ses collaborateurs continueront à se réunir chaque année à la même date, le 11 novembre.
Ces témoignages se terminent par cette note :
« Le calice qui a servi à Monsignor Eyraud lors de la Messe de son Jubilé d’Or avait une longue histoire.
Il avait été utilisé régulièrement au cours 18ème siècle, symbole de fidélité, de courage et de dévotion pour la cause du Christianisme. Fabriqué à Lyon, en France, pendant la Révolution de 1789, il avait été utilisé dans les cavernes souterraines par des prêtres courageux, malgré la menace de mort qui pesait sur eux, défiant les despotes civils de la Révolution française …..puis avait été utilisé en des temps plus calmes lors de la Messe quotidienne. Ce calice est arrivé en Amérique avec le Père Baissac, qui, au moment de sa mort, était Prêtre à Kenner, en Louisiane. Une soeur d’Ather Baissac a présenté ( on pourrait éventuellement traduire par « offert »: voir le texte en anglais juste dessous) le calice à Monseigneur Eyraud lors de son Jubilé d’argent en 1929. »
« A sister of Father Baissac presented the chalice to Monsignor Eyraud when the jubilarian celebrated his Silver Anniversary in 1929 »
( Le Comité de Canonisation cherche ce calice pour le mettre dans les archives de Mgr Eyraud. Si quelqu’un a des informations sur ce calice, contacter le comité de canonisation .) » ( N’ayant pas l’adresse de ce comité veuillez contacter l’Evéché de Gap ou moi-même à l’adresse suivante : glaizil@hotmail.fr ) . Mais logiquement ce calice doit se trouver encore aux Etats-Unis.
1955 The big STRIKE ( grêve ) du 14 avril 1955 au 15 décembre 1955.
Avant les grandes épreuves, le Seigneur préparent ses amis………..
Si l’année 1954 fut très douce pour Mgr Eyraud, 1955 fut une année extrêmement dure pour lui. Une gréve de huit mois allait toucher la « Raffinerie Godchaux Sugars ». Dans ce conflit, les qualités morales et religieuses du Père jean Eyraud seront mises à l’épreuve ( « put to the ultimate test » signale le livre )……poussées à l’extrême. Cette gréve allait violemment déchirer la communauté, opposant le syndicat contre la direction, le frère contre le frère, paroissiens contre paroissiens. Mgr Eyraud ne sera pas toujours bien compris dans son attitude et en voici les raisons :
En 1930, le Père Jean Eyraud avait pris position en faveur des ouvriers face aux « Raffinerie Godchaux ». Contrarié ( scandalisé ? ) par leur petit salaire, leur travail extrêmement dur (industrie de la canne à sucre), et les difficultés qui en résultaient pour les familles, il avait pris position en leur faveur et même avait favorisé la création d’un syndicat reconnu plus tard par l’entreprise. Tous avaient ce souvenir et les ouvriers étaient reconnaissants.
Mais en 1955, Mgr Eyraud est plus réservé et même à plusieurs reprises il se met du côté de la direction de l’usine car les revendications des ouvriers lui semblent démesurées. Les syndicats sont devenus puissants depuis 1930 et semblent profiter de cette position dominante pour exiger des choses impossibles…..
Les critiques à l’égard de Mgr Eyraud vont bon train ! Mais le Père agit en fonction de sa conscience et non dans le but de plaîre.
Revendications des ouvriers :
« ne plus être considérés comme des esclaves par la direction Godchaux, avec des salaires de misère . Ils demandent des salaires justes pour des heures raisonnables » Le livre ne donne pas plus de précisions. En ces termes on ne peut qu’être d’accord avec eux : salaire juste pour un temps juste…..mais encore ?
La réponse de la direction : »
« Les raffineries ont subi de plein fouet la législation tarifaire, la crise économique de 1929, la maladie de la canne à sucre….. Personne ne peut nier la pauvreté et la misère des familles. Mais est-il juste de les mettre sur le compte des employeurs ? Est-il juste d’accuser la direction de transformer les ouvriers en esclaves ? ….C’est vrai, certains employés reçoivent des salaires bas, mais pouvez-vous accuser les employeurs parce qu’ils ont essayé d’employer autant de mains d’oeuvre que possible pour augmenter le gain de beaucoup de familles ? N’oublions pas que la ville de « Réserve » est ce qu’elle est aujourd’hui grâce à la canne à sucre et aux usines qui embauchent, et cela quand la plupart des Etats du pays étaient dans les convulsions de la grande dépression,…. »
Mgr Eyraud prit position en faveur de la direction en suivant sa conscience. Le livre « Père, The little Frenchman » précise qu’à plusieurs reprises le Père » s’exprima en des termes on ne peut plus clairs, soulignant que leurs demandes étaient déraisonnables et qu’ils demandaient trop……. »
Le livre ajoute que beaucoup d’ouvriers furent en colère contre lui. Mais lui de répondre sans se départir de sa sérénité » je suis pour tous « . Tous ses paroissiens étaient enfants de Dieu et il répondait à leurs questions selon sa conscience sans se soucier du reste.
La grêve est violente
La grêve a donc commencé le 14 avril 1955. Au lieu des 40 cents d’augmentation ( par heure ) demandés par les ouvriers, la direction offre 5 cents. Je résume les nombreuses violences qui suivirent: le 23 avril 1955, un coup de fusil est tiré dans la chambre à coucher d’un contremaître de « Godchaux Sugars ». Heureusement, personne n’a été blessé. Le 30 avril 1955 des ouvriers provoquent des heurts pour faire peur à la direction. Le 7 mai 1955 deux contremaîtres de l’usine sont roués de coups et le même jour le vice-président de la raffinerie et mis à terre par un groupe d’hommes. Le 28 mai 1955, malgré une injonction de la Cour Fédérale, des coup de fusils ( 5 à 6 ) sont tirés en l’air, des pierres sont jetées contre la fenêtre du contremaître. Le 4 juin 1955 un garde d’usine est blessé par un tir provenant d’une voiture qui roule. Le 11 juin 1955 un garde est tué par une explosion alors qu’il roulait en voiture sur les terres d’exploitation. Il est tombé dans une véritable embuscade. Le 22 juillet 1955 trente femmes font signer une pétition qui obtient 3000 signatures. Et ainsi de suite jusqu’au 15 décembre 1955 où la grêve se termine enfin par un compromis.
En cette période très troublée, Mgr Eyraud essaya à plusieurs reprises de prendre contact avec le syndicat qui refusa. Il reprochait à Mgr Eyraud de ne pas être venu en pleine grêve les voir au QG et par contre d’avoir rencontré à plusieurs reprises la famille Godchaux propriétaire des sucreries. Suivirent de véritables persécutions à son égard. Chaque fois que les grêvistes apprenaient quelque chose qui ne leurs plaisait pas, ils jetaient des pierres sur son presbytère, poussaient des cris, faisaient des remarques hostiles en plein baptême, certains sont allés jusqu’à déchirer leur papier de paroissien en pleine église ( le livre parle de « déchirer leur enveloppe » : je ne sais pas à quoi cela correspond ) …… Cette période fut très dure pour lui……….aussi.
Tout son travail de prêtre depuis 1916 semblait avoir été anéanti.
Comment guérir des blessures aussi profondes pour sa paroisse, et rétablir une cohésion ? Il y mit toute sa bonne volonté et son affection pour apaiser les choses. « …vous êtes tous ma famille… » disait-il. Il veilla » à ne se montrer ni faché, ni critique à l’égard de qui que ce soit… » Le livre de rajouter « il invita chacun , après la grêve, à tourner son coeur et son esprit vers Dieu…….car la Paroisse n’en avait jamais eu autant besoin….. »
Mais reprenons le cours des choses selon la chronologie……
Année 1956
Le 16 septembre 1956 la paroisse fête les 25 ans de l’école St Peter school . Les cérémonies sont très joyeuses, très réussies. La paroisse est très attachée à ses deux écoles catholiques et se souvient du tout début ( 1931) où tout s’est fait sans argent avec la seule volonté de Mgr Eyraud de mobiliser les uns et les autres. La joie fut de courte durée……….
Année 1957.
Le 29 janvier 1957, l’école » Notre Dame de Grâce » brûle en 45 mn . Il n’y a aucun blessé alors qu’il s’agissait d’un jour de classe. Mais le Père Joseph LeFrois, en voulant sortir le Saint Sacrement de la chapelle, a échappé aux flammes « in extremis ». Un problème de circuit eléctrique semble en cause. C’est la conternation car cette école avait une longue histoire….première école pour enfants d’origine africaine ( appelée initialement « Ecole Sainte Catherine ») . Dès juin 1957 l’école est reconstruite par l’inépuisable Mgr Eyraud qui a…..77 ans !
Année 1960. ( il a 80 ans )
Sa dernière réalisation…… Il rénove l’école St Peter. L’établissement a vieilli et surtout toutes les pièces ont été transformés en salles de classe y compris la salle de catéchisme. Mgr Eyraud réalise que cela entrave la vocation initiale de cet établissement à savoir un enseignement chrétien de qualité.
Il demande une aide à ses paroissiens de 200.000 $, leurs rappelant qu’en 1930 l’école s’était faite de cette manière alors que les familles étaient beaucoup plus pauvres et que le pays sortait tout juste de la récession. Il obtient finalement 260.000 $ et les travaux peuvent ce faire en septembre 1960……
En septembre 1960, la ville de « Réserve » se prépare à fêter ses 100 ans. Mgr Eyraud écrit un article dans le journal local pour retracer la longue histoire de Saint Peter Church. Il a 80 ans et mène cette paroisse depuis 1916 ! …..( 44 ans de dévouement ). Il rappelle dans cet article toutes les réalisations et constructions réalisées mais écrit aussi « …. des hommes et des femmes ardents sont entrés dans les différents groupes chrétiens que sont les « Chevaliers de Columbus » (1923), « les filles catholiques » (1939), les « mères de St Peter » (1931), le Club des « frères de St Peter » (1954), les « Enfants de Marie », la « Société de l’Autel », la « Fraternité de la Doctrine Chrétienne », la « Société du Saint Nom ». Toutes ces sociétés ont eu à leur à leur tête des hommes loyaux et ardents et des femmes qui ont aidé à garder la foi. Leurs efforts communs promettent de porter des fruits dans l’avenir et aideront à résoudre les problèmes auquel nous faisont face aujourd’hui. »
Je me suis étendu sur ce passage car il résume bien l’ensemble des groupes ( impressionnant ! ) qui ont été créé par Mgr Eyraud.
Année 1963 : il se retire.
Il a 83 ans . Il demande officiellement à son Evêque de se retirer de sa lourde charge ( été 1963 ). Son Evêque accepte ( il était le prêtre le plus âgé en activité dans le diocèse de la Nouvelle-Orléans ). L’Evêque le nomme alors » pasteur émeritus de Saint Peter « . Il devient aussi prêlat de la maison Saint Pie XI. Il est remplacé à St Peter Church par le Rev Michael J. Killoughey.
Son Evêque l’invite à s’installer dans une petite maison qui se trouve à 50 Yards ( soit 45 m environ) de St Peter Church.
Mgr Eyraud en 1964 devant sa maisonnette. Il semble, sur la photo originale, avoir une canne dans la main droite. ( photo du livre « The little Frenchman » de Darlène LaBranche. )
Mais sa retraite fut plus active que beaucoup :
– il célèbre la messe tous les jours.
– il la célèbre deux fois le dimanche
– confesse ses anciens paroissiens pendant de longues heures le samedi.
– reçoit toute personne qui a besoin……
Mais aussi :
– s’occupe de son jardin ( souvenir de son enfance au Glaizil ?) et affirmait « c’est ma joie et ma santé ».
– il lit beaucoup
– s’occupe de ses canaris…..
Monseigneur Jean Eyraud à l’âge de 83 ans. Il s’est déjà retiré (été 1963) de St Peter Catholic Church. Cliché trouvé dans le livre « Père, The Little Frenchman ».
Année 1964. ( 84 ans)
Une très belle année 1964 pour Mgr Jean Eyraud……..mais qui le prépare à la grand épreuve de 1965. Le Seigneur prépare ses amis avant les grandes épreuves……. disais-je à propos de l’année 1954 !
Le printemps et l’été 1964 ont été des mois très heureux et animés pour lui . Il aide à préparer les célébrations du 100ème anniversaire de la fondation de l’église St. Peter ( où il a été prêtre pendant 47 ans) avec l’Archevêque John P. Cody. Un des points culminants de cette fête a été le banquet honorant Monseigneur Eyraud pour le 60ème anniversaire de son ordination sacerdotale.
En juin 1964 il fait un 2eme grand voyage en France sur l’invitation de sa nièce Mme Hélène Brochier. C’est en l’honneur du 60ème anniversaire de son ordination que les paroissiens de St. Peter lui ont offert ce voyage.
Au cours de ce voyage, Monsigneur Eyraud retrouve et visite les Hautes-Alpes, 300 jours lumineux pour lui.
Deuxième voyage de Mgr Eyraud en France en 1964. Cette photo montre les proches environs du Glaizil, son village natal. J’ai souri en lisant que Mgr Eyraud était au Glaizil en Juillet et Aout 1964 car j’y étais moi-même cette année-là pendant les deux mois d’été. Nous nous sommes donc croisés…..Il avait 85 ans, j’avais 10 ans.
Il a concélébré la Messe en la Basilique du Laus avec son ami le Chanoine Jaussaud, un ami de toujours. C’est en cet endroit précis qu’il avait dit sa première messe en 1904 ( voir plus haut). Puis un banquet a été donné en son honneur à « Notre Dame du Laus. »
Monsigneur Eyraud a pu célébré ensuite le 60ème anniversaire de son ordination en la Cathédrale de Gap, lieu même de son ordination le 29 juin 1904, à l’âge de 24 ans.
Que de joie pour lui avec les grandes épreuves de l’année suivante…….
Année 1965.
Un évènement stupéfiant survint le 9 septembre 1965….. La belle église de St Peter ( que le Père Eyraud appelait en 1916 « ma cathédrale » ) fut totalement détruite par un ouragan, ainsi que le cimetière dont les arbres furent tous arrachés.
Stupefiant, n’est-ce pas ? Photo de 1965, montrant la paroisse de Saint Peter-Réserve après le passage de l’ouragan du 9 septembre 1965. J’ai mis le trait rouge pour souligner l’ampleur des dégats. Seul le clocher est resté debout.
Juste après l’ouragan, lorsqu’au petit matin le Rev Michael J. Killoughey sortit de son presbytère après une nuit très mouvementée avec un vent très violent, des bourasques et du tonnerre, il se dirigea vers St Peter pour dire sa première Messe. Lorsqu’il vit son église dans cet état ( telle qu’elle est sur la photo juste au dessus) il mît quelques minutes pour réaliser vraiment. Comment était-ce possible ?
Mgr Eyraud fut prévenu, et consterné par la nouvelle, il s’exclama : » je pensais que je partirai de Saint Peter, mais jamais que ce soit elle qui parte avant moi….. »
Ce fut très douloureux pour lui de voir son église détruite, de même que la « rosace » et les vitraux. Une paroissienne écrivait « Il était presque impossible pour les paroissiens de croire qu’une structure qui était si importante pour eux puisse être détruite……nous l’avons tous pris durement, mais celui qui a été le plus touché fut Monseigneur Eyraud. » Mais lui, se ressaisissant, considéra que « c’était la volonté de Dieu….. ».
Le 2 octobre 1965 ( 1 mois plus tard donc ) de gros engins vinrent déblayer tous les gravats.
Une campagne pour reconstruire l’église fut immédiatement mise en route. Monseigneur Eyraud fut consulté et donna des conseils utiles. Il travailla avec le Père Killoughey sur les plans de la nouvelle église.
La première pierre pour la nouvelle église St. Peter fut posée le 21 avril 1967 en présence de l’archevêque Philip M. Hannan de l’Archidiocèse de la Nouvelle-Orléans. La pierre angulaire posée à cette occasion contenait un livret sur l’histoire de St Peter , des photos de l’ancienne paroisse, le récit du jubilé d’or de Mgr Eyraud…….
Mgr Eyraud vint régulièrement voir l’avancée de la reconstruction. Son désir ( il avait 86 ans) était de voir son église reconstruite. Les cloches avait été descendues de l’ancien clocher. Il les vit remettre en place avant qu’il ne tombe malade en 1968 ( 88ans) ……mais il ne verra pas l’achévement des travaux.
La fin d’une vie remarquable : 1967-1968
…..et une fin remarquable….
Le 13 octobre 1967 Mgr Eyraud tombe malade : aucune précision dans le livre. On peut penser qu’il était tout simplement à bout de force. On l’hospitalisa à l’Hôtel Dieu de la Nouvelle Orléans. Trois mois plus tard, il était toujours trop malade pour participer le 14 janvier 1968 à la dédicace de la nouvelle église St Peter. Dans son sermon, l’archevêque Philip Hannan rappela tout son parcours et déclara : » …j’ai pu rencontrer à l’hôpital Mgr Eyraud la semaine dernière…….Je suis assuré qu’il est avec nous aujourd’hui, se joignant à nos prières et nos actions de grâce……..Les infirmières m’ont dit qu’il passé tout son temps à prier en français…… il était dans une soumission totale à Dieu. En fait, elles m’ont affirmé qu’il était un patient très gai….. En étant avec lui je me suis rapidement rendu compte qu’il était vraiment en union avec le Christ…… »
Mgr Eyraud entra dans le coma et son état s’aggrava.
Quand la nouvelle arrive en France plusieurs lettres parviennent aux USA.
L’abbé Gaussard écrit par exemple: » Nous sommes très peinés par votre lettre. Il est très triste de savoir que notre cher Monseigneur Eyraud est dans le coma, lui qui était si intelligent. Je crois qu’il ne souffre pas; mais, il est si douloureux pour nous tous de le voir dans cette inconscience quand nous aurions tant à lui dire. Je suis sûr qu’il nous encouragerait et promettrait de nous guider avec vigilance du ciel. Car notre cher malade ne nous quitte pas complètement. Nous le verrons de nouveau dans le ciel un jour … je continue à espérer que vous recevrez quelques mots tendres de ses lèvres qui ont souri avec tant de bonté et si aisément toute sa vie ».
Le 5 février 1968, Monsigneur Eyraud succombe à sa longue maladie.
Ainsi va la vie: après les joies du 14 janvier 1968 et la dédicace de la nouvelle église Saint-Peter Réserve, les paroissiens apprennent la mort de leur cher pasteur le 5 février 1968. Ils viennent très nombreux pour un dernier Adieu à la messe d’enterrement de Mgr Eyraud. L’église est archi comble. L’Archevêque Philip M. Hannan, dit la messe de requiem pontifical entouré par plus de 80 prélats, dont 50 prêtres, 20 monseigneurs, cinq évêques et plus de 100 nonnes. Tous les enfants , des écoles privées et publiques sont là…..et des milliers de paroissiens.
Cela faisait 52 ans qu’il menait avec beaucoup de zèle cette paroisse ( 1916-1968) et il était très aimé de tous. Finalement la grande majorité des paroissiens avait été baptisée, confirmée, mariée par lui et ce cher pasteur connaissait chacun d’entre eux.
Messe de funérailles pour l’école St Peter . L’église est comble et très recueillie.
L’enterrement de Mgr Eyraud.
Après la messe, un cortège funèbre impressionnant progresse dans le cimetière avec les enfants de St. Peter School en uniforme alignés le long du trajet ……L’Archevêque Philip M. Hannan est toujours entouré par plus de 300 religieux et religieuses. Les évêques représentaient chaque diocèse de Louisiane.! «
Mgr Hannan dira plus tard « J’ai été très impressionné à ses obsèques, par la présence de l’orchestre du lycée public (Léon Godchaux) dont les élèves semblaient être tous enchantés de jouer pour lui comme un dernier salut. Actuellement je ne connais pas de pasteur qui ait eu un soutien si complet des écoles publiques et Catholiques ………. Il n’y avait aucune dissonance et tous semblaient bien satisfaits……. «
Devant la tombe de Mgr Eyraud, le Père Patrick B Sander ( vice-postulateur). Ce prêtre est venu en France avec Mgr Tekippe pour l’enquête ecclésiale. La photo (transmise par Mme Gonsolin Reine Marie) se trouvait sur un bulletin daté de juillet 2001, qui faisait le point sur la possible canonisation de Mgr Heyraud.
Le livre de Darlène LaBranche…..222 pages à traduire en français…..un vrai plaisir.
…..dans les deux sens de l’expression.
Ce livre publié en 1994, a été réédité en 2002 ( Imprimé aux USA). Il devait, selon l’information reçue, sortir en France en 2004. Mais les choses ne se sont pas faites et je n’en connais pas la raison.
Quelques réflexions personnelles sur ce livre fort intéressant.
1 / La fidélité de Mgr Eyraud !…. Au cours de la traduction, j’ai été vraiment frappé par la fidélité de ce prêtre et sa confiance aimante à l’égard de Dieu tout au long de sa vie. De l’enfance jusqu’à un âge avancé le livre signale une foi extraordinaire. Mgr Hannan à son tour en parle alors que Mgr Eyraud est mourant. Il affirme « Il est totalement uni à Dieu dans cette dernière épreuve« ……
Bienheureux celui qui se donne à Dieu avec autant d’ardeur et de fidélité……….
2 / Une espérance sans faille et qui a atteint sa pleine maturité. Elle le rend inébranlable dans l’adversité et la souffrance. Souvenons-nous. Lors de sa première nomination en 1913 à « Saint Thomas l’Evangéliste » il met tout en place, améliore l’église, structure la paroisse, …..et tout est détruit par un ouragan en septembre 1915. Il se remet au travail et la reconstruit avant d’être muté à Saint Peter Church en 1916. Mais continuons: le cimetière de saint Peter ( sa première réalisation) ravagé par l’ouragan de 1965, l’église détruite totalement par le même ouragan, l’école « Notre Dame de Grâce » une de ses plus belle réalisation, brûle en 45 minutes en 1957, et pire que tout, pendant la grande gréve de 1954, beaucoup se retournent contre lui et sont violents à son égard. Quoi de pire pour un prêtre. D’ailleurs il prononce cette phrase touchante pour se faire comprendre » ….mais vous êtes ma famille… » . Une espérance donc sans faille qui lui a permit de voir loin, de comprendre le sens des évènements et de rester stable dans l’amour de Dieu et de son prochain.
Bienheureux celui qui espère en Dieu à ce point.
3 / Une charité inépuisable !…..Le livre rapporte de nombreux évènements où sa charité est exemplaire. Mais deux passages m’ont vraiment intéressé.
Tout d’abord la lettre du Père Sylvain Blanchard écrite juste après le passage de Mgr Eyraud en France . Ce prêtre manifestement en difficulté lui écrit : » Le Seigneur a été très bon de me donner la joie de vous revoir ………votre présence affectueuse a changé ma solitude de prêtre en une ruche baigné par la lumière du soleil ………Votre départ m’a laissé un vide profond, mais aussi une tranquillité totale……. je suis resté perdu dans la mémoire inoubliable de votre visite si animée et heureuse…….. Mais il m’est difficile face à une telle bonté et générosité comme la vôtre et présentée avec une telle simplicité, de mettre dans des mots ce que le coeur sent si profondément. » Ce n’est qu’un résumé de la lettre qui se trouve plus haut ( 1947 ) . Quelle lettre !
Par ailleurs l’attitude de Mgr Eyraud vis à vis des élèves : « il donnait les notes de classe avec beaucoup de tact, de douceur, afin de ne pas embarasser les enfants….tout le monde l’aimait…..il connaissait chacun d’entre nous……il faisait confiance….. »
Qualité de présence et d’écoute.
Bienheureux celui qui aime à ce point !
D’autres aspects m’ont intéressés ou surpris :
4 / – Ceux qui connaissent Le Glaizil ( village natal de Mgr Eyraud ) savent que le village se situe entre deux lieux de pèlerinage, Notre Dame du Laus et Notre Dame de La Salette. Le jeune Jean Eyraud a été plus touché par Notre Dame du Laus. Il y a d’ailleurs célébré sa première messe.
Peut-être une explication ( sous toute réserve): Notre Dame de La Salette est un lieu où la Sainte Vierge appelle à la conversion, à un retour vers le Christ. Notre Dame du Laus va plus loin dans le message et s’adresse à des personnes qui ont déjà cheminé dans l’offrande d’eux-mêmes. Le choix du jeune Jean ne m’a pas donc vraiment surpris ………
5 /- Une grande fidélité en amitié: là non plus je n’ai pas été surpris. Mais je n’ai laissé passer aucune ligne du livre soulignant cet aspect.
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