Poligny et la chapelle saint Etienne
Poligny et la Chapelle St Etienne
La Chapelle Saint Etienne, qui se trouve non loin du village de Poligny (05 Champsaur), est un lieu sacré depuis le VIème siècle après Jésus-Christ. C’est en ce lieu (au bord de la route romaine dont le tracé a pu être retrouvé par des recherches) que fut construite la première et unique église du plateau de Poligny et du Noyer dédiée à Saint Etienne.
Comment cette population initiale (qui habitait alors seulement au bord de la route romaine, au flanc de la montagne à cause des bandes de pillards) s’est-elle partagée par la suite en deux communautés distinctes (le Noyer et Poligny) ? Et par quelles causes ?
Article écrit par Claudette RL actualisé le 26 janvier 2016
Pour lire l’article sur le village de Poligny 05 Cliquez ICI
Poligny et la Chapelle St Etienne
Le village de Poligny est surtout connu pour son imposante et obscure forêt, où les conifères côtoient volontiers les feuillus. Elle est parcourue d’un important réseau de chemins favorables à la cueillette des champignons : morilles, chanterelles, lactaire sanguin…
A la lisière de cette forêt, sur les contreforts du Dévoluy, une vaste clairière, c’est le site de Saint Etienne ou Saint Estève.
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Ce lieu de Saint Etienne, de la forêt de Poligny est un lieu sacré, depuis le VIème siècle après Jésus-Christ. C’est en ce lieu (au bord de la route romaine dont le tracé a pu être retrouvé par des recherches) que fut construite la première et unique église du plateau de Poligny et du Noyer dédiée à Saint Etienne.
Comment cette population initiale (qui habitait alors seulement au bord de la route romaine, au flanc de la montagne à cause des bandes de pillards) s’est-elle partagée par la suite en deux communautés distinctes (le Noyer et Poligny) ? Et par quelles causes ?
Ce lieu de rassemblement, de recueillement, de pèlerinage est très ancien, datant probablement du Moyen-âge, selon l’abbé Loret,( curé de la paroisse de Poligny de 1961 à 1969), qui a fait sur le sujet de nombreuses recherches, la chapelle actuelle, vieille de deux ou trois siècles, aurait été élevée sur l’emplacement d’une ancienne église, en bordure de l’ antique chemin. Il paraîtrait même qu’un ancien prieuré aurait existé à proximité. Un édifice y était déjà attesté en 1685 d’après l’inventaire des Monuments historique.
Ceci est très possible, les territoires du Noyer et de Poligny ayant appartenu depuis la nuit des temps à l’évêque de Gap, et non au Dauphin, sous le nom de « Terre d’Eglise » nom qui demeura jusqu’à la révolution de 1789.
En 1735, un ermite avait obtenu la permission de s’établir à Poligny sur le site de la dite Chapelle.
Saint Etienne (ou Saint Estève) était le premier martyr de l’époque chrétienne qui, à l’exemple du Christ, pardonna avant de mourir à ses bourreaux qui le lapidaient.
Au début du XXe siècle, de nombreux pèlerins de plusieurs communes du Champsaur s’y rendaient encore, le premier dimanche d’août pour assister à la messe, aux vêpres et à la bénédiction des enfants. La chapelle d’un ouvrage classique mais harmonieux avec son abside en cul de four, se dresse au centre d’un large espace inculte dit « Clots des Moures » (terrains des morts). Selon la légende, un laboureur, ayant, il y a fort longtemps, tenté de retourner ce terrain, aurait été éclaboussé par du sang ; nul par la suite ne renouvela cette expérience ; le nom même de l’espace confirmerait que chapelle ait été élevée en bordure d’un cimetière ou d’une ancienne nécropole. Des ossements y ont certainement été trouvés, ce qui a donné naissance à la légende du « sang »
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Cette chapelle est de style roman avec un chœur en « cul de four ». L’édifice est surmonté d’un clocher mur, que l’on nomme en Champsaur, une « panelle » et dans laquelle est logée une cloche.
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Il est à noter que sur mes photos qui datent de 2 ans, le joug de la cloche était en très mauvais état. Il vient toutefois d’être refait et la cloche peut maintenant sonner à toutes volées comme autrefois pour appeler les pèlerins.
On peut remarquer 2 dates inscrites sur la maçonnerie de la Chapelle…
L’une gravée dans la pierre formant l’arc brisé de la porte d’entrée…1856
L’autre directement gravée sur le crépi au dessus de l’œil de bœuf surmontant l’arc brisé de la porte….1897
A quoi ces dates peuvent-elles bien correspondre…. des réfections, des travaux ?
Une belle séquence tournée par l’ASPP
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L’ASPP (Association de Sauvegarde du Patrimoine de Poligny en Champsaur) a pour vocation de développer les actions de valorisation du patrimoine et de sensibilisation des publics par la recherche, la diffusion des connaissances relatives au patrimoine de Poligny .
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La belle Fontaine de la chapelle
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En 1930, fut érigée sur la place, une belle fontaine au bassin circulaire surmontée d’un groupe d’angelots tenant un vase. Cela désignerait-il l’abondance de l’eau en ce lieu ?
Sources : – Gallica – dictionnaire historique
La belle et insolite histoire du Champsaur ( Jean Simon)
L’abbé Loret, Notre Champsaur, août-septembre 1966
Eléments de recherches de Denis Gras que je remercie vivement.
La légende du pré de la chapelle de St Étienne
(Du sang dans le sillon)
Quand j’étais enfant, dans les années 1946-1955, avec ma famille on allait chaque année au mois d’août en pèlerinage à la chapelle de Saint-Étienne de Poligny , ainsi que beaucoup de Champsaurins . C’est à cette époque que j’entendais raconter la « légende du pré » devant la chapelle.
Il y a fort longtemps à coté de cette chapelle encore couverte de chaume, se trouvait un terrain – à l’endroit où maintenant est construite la belle fontaine- qui était complètement inculte où rien ne voulait pousser ; la légende disait que c’est là qu’étaient enterrés les enfants « mort-né », les non baptisés, ou nés de parents inconnus, quelques trimards sans foi ni loi, les athées et tous ceux qui refusaient la religion.
On disait que c’est pour cela que rien ne pouvait pousser en ce lieu, et qu’il ne fallait pas toucher à cette terre…
Pourtant un jour, un mécréant, voulant braver les divinités et l’interdit arriva avec son attelage pour labourer, pensant sans doute s’approprier ce beau champ tout plat….Mais quand il eut tracé quelques sillons, quelle ne fut sa stupeur de voir du sang couler dans les raies creusées…. Aussi pris d’une grande frayeur il remballa son outillage et déguerpit en catastrophe. Jamais plus personne ne le revit dans le quartier …
Ainsi sont les légendes transmises par la voix orale et qui enfant nous intriguent ou nous font rêver …
Si d’autres personnes ont souvenir d’avoir entendu cette légende, peut-être dans une version différente cela me ferait plaisir de la connaître ….
Lucien Villar 2015
La troupe de théâtre du Noyer interpréta une pièce intitulée :
Du sang dans le sillon en 1949-1950
Cette pièce fut jouée dans le Champsaur en Dévoluy à Corps
Oratoire dédié à Geneviève de Brabant
Mr Antoine TAIX, né le 31 juillet 1852 à La Fare émigra en Californie à l’âge de 19 ans. Il y fit fortune en ayant exercé successivement les métiers de boulanger, berger, éleveur de moutons, boucher. C’était un homme extrêmement dynamique et ambitieux, il devint maire de sa commune de San Juan et alla même jusqu’à y fonder banque locale..
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.Toutefois il était demeuré fidèle et très attaché à son petit coin de Champsaur. Aussi comme nous l’avons vu dans l’article sur Notre Dame de bois-vert, il fit rénover cette chapelle et dota le lieu de nombreux monuments tels que la Statue de Saint Vincent de Paul, la fontaine de Saint Clair ou le cénotaphe dédié à sa mère et encore une fontaine en souvenir de sa soeur…Il érigea aussi le monument aux morts de la Fare en mémoire de ceux de son village qui étaient tombés durant la Grande Guerre.
Puis reconnaissant également au village de Poligny tout proche…. En 1936, il fait ériger, à une cinquantaine de mètre de la Chapelle Saint Etienne, un oratoire en l’honneur de Geneviève de Brabant. Cet édifice en pierres de taille de style roman est surmonté d’une statue de la Sainte tenant son fils (Drogan) tout près d’elle.
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Sur le tympan, un agneau en relief. Dans l’iconographie chrétienne l’agneau représente le Christ (l’agneau de Dieu). Ou bien a-t-on voulu faire allusion à la biche que Geneviève avait apprivoisée dont parle la légende ?
A l’intérieur de l’édifice un petit autel de marbre blanc. Une inscription rappelle « Ermitage de Saint Etienne ». De chaque coté de l’autel, deux vitraux illuminent le lieu l’un représente un paysan, l’autre une paysanne.
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Geneviève de Brabant
Fille du duc de Brabant, épouse de Siffroy ou Siffrid, Comte palatin d’Offtendick dans le pays de Trèves, vivait au commencement du VIIIème siècle. Ses malheurs ont fait connaitre son nom dans l’Europe entière. Dans toutes les foires, dans tous les marchés, à la porte des églises, on chante son histoire, on débite des livrets très mal imprimés et de grossières images qui s’y rapportent. Tout est-il exact dans ces traditions qui ont traversé le Moyen Age ? Il est permis d’en douter ; mais il est certain qu’il y a un fond de vérité dans cette légende si répandue. Il serait superflu de la reproduire ici en détail : personne n’ignore si Siffroy, partant pour suivre les drapeaux de Charles Martel, confia Geneviève, enceinte sans qu’elle le sût encore, aux soins de son intendant Golo.
Ce traitre voulu la séduire, et se voyant repoussé avec horreur, il se vengea en écrivant à Siffroy que sa femme l’avait trompé et qu’elle venait d’avoir un enfant, fruit de l’adultère. Siffroy, furieux, enjoignit à Golo de faire noyer la mère et le fils. Les émissaires du coupable intendant n’eurent pas le courage de mettre à mort les victimes qui leur étaient livrées ; ils les abandonnèrent dans une forêt.
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Geneviève y vécut près de cinq ans et demi, n’ayant pour asile qu’une grotte, vivant de fruit sauvages et donnant à son fils le lait d’une biche qu’elle avait apprivoisée. Siffroy, entraîné un jour en ces lieux solitaires par la passion de la chasse, poursuivit la biche, qui se réfugia auprès de Geneviève ; une reconnaissance eut lieu : l’anneau conjugale que la princesse avait conservé, leva les doutes.
Elle fut ramenée en triomphe au château avec son fils ; elle intercéda en vain pour Golo : Siffroy le fit écarteler par quatre taureaux sauvages. Geneviève fit élever à l’endroit où elle avait été reconnue une chapelle en l’honneur de la Vierge ; ce fut longtemps un lieu très fréquenté par les pèlerins. Aujourd’hui la chapelle est en ruine, et, au lieu de forêt, des champs cultivés s’étendent alentours.
Le bonheur de Geneviève, après tant de souffrances, ne fut pas de longue durée : une fièvre ardente l’enleva ; elle mourut dans les sentiments de la piété la plus fervente, laissant sa famille livrée au désespoir. Sa légende, comme celle du Juif errant, nous a été conservée sous deux formes, le récit en prose, et la chanson populaire, telles que des complaintes naïves la reproduisent sans lasser leurs naïfs auditeurs.
Plusieurs hagiographes ont parlé de Geneviève comme d’une sainte ; d’autres l’ont simplement déclarée comme béatifiée ; Molanus dans son travail sur les saints de la Belgique (Natales Sanctorum Belgit, Lonvin 1596) fixe sa fête au 2 avril, c’est aussi la date sous laquelle les compilateurs des Acta Sanctorum, recueillis pas le jésuite Bolland et ses successeurs, ont réuni les anciens documents qui subsistent sur Geneviève. Du reste elle n’a jamais été l’objet d’un culte ordonné par l’Eglise, et son histoire a reçu des embellissements dénués de vraisemblance. Des romanciers, des auteurs dramatiques ont exploités cette légende, Berquin en a fait l’objet d’une romance fort connue.
Merci à Denis Gras pour ce texte.
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Source d’inspiration
Geneviève de Brabant a beaucoup inspiré « l’imagerie populaire » à tel point que l’on ne sait plus si c’est du domaine de l’« Histoire » ou de la « Légende »…
Les éléments qui tendraient à une vérité non imaginaire se sont dispersés dans l’écume de l’histoire…elle est devenue le « mythe de l’innocence reconnue »
Au XIXe la poésie s’en est emparée, elle est devenue populaire dans toute l’Europe. Ainsi ont éclos, des romans, des pièces de théâtres, des gravures, des peintures, des adaptations scéniques, des adaptations musicales : Erik Satie, Jacques Offenbach
Quelques exemples…
https://fr.wikisource.org/wiki/Genevi%C3%A8ve_de_Brabant
http://expositions.bnf.fr/proust/grand/7-5.htm
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http://diaprojection.unblog.fr/2012/06/26/spectacle-de-lanterne-magique-trophonius-et-genevieve-de-brabant/
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