Lettre de Soeur Isabelle Paquet pour les commémorations du 13 novembre 2010.
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De soeur Isabelle Paquet ( lettre transmise par Danielle Gauvin)
Plus haut que le ciel…
On a toujours ou bien souvent dit dans nos conversations que le ciel était « en haut », monter au ciel, regarder en haut vers le ciel, aller droit au ciel…, oui on a dit cela et c’était bien dit.
Cette fois, pour être authentique, je dois dire que j’ai vu le ciel « en bas ». Oui, j’ai vu le ciel en bas de la montagne, j’ai vu le ciel dans le partage des émotions vécues par 33 personnes, membres des familles endeuillées depuis 60 ans, suite à un accident fatal au Mont Obiou le 13 novembre 1950. Dans ce petit cimetière des Canadiens, juste avant d’entreprendre 13 kilomètres de route en montagne avec des courbes à couper le souffle, en bas, tout en bas, une paix profonde se vit. Et pendant cette cérémonie où plus de 150 personnes étaient rassemblées pour faire mémoire, pendant un discours émouvant de Monsieur Marc Lortie, ambassadeur du Canada à Paris ou celui de Monsieur Michel Robitaille, délégué du Québec à Paris, voilà qu’une danse improvisée de feuilles de mélèzes est venue symboliquement nous dire l’au revoir ultime, le bonheur déjà là des 58 personnes reposant depuis 60 ans dans ce cimetière. Valse, mazurka, rhapsodie, peu importe, c’était en chacun de nous un signe du plus haut que le ciel. 58 personnes, en bas de la montagne, nous faisaient signe par cette danse de feuilles qui a même déconcentré la journaliste incapable de faire autre chose que de regarder s’envoler dans le ciel si bleu tous les souvenirs datant de 60 ans.
En moi se disait la certitude que le ciel c’était un peu cela et c’était bien beau. « Le ciel, on ne l’a jamais vu » disent certaines personnes. Mais oui, on peut le voir dans de telles circonstances.
Durant la minute de silence pendant laquelle nous avons fait une chaîne humaine tout autour des pierres tombales, s’est dite en moi la parole ineffaçable de mon père, inscrite sur une carte postale arrivée à la maison après sa mort : « Après avoir vu Rome, le Pape, il ne reste plus qu’à voir le ciel ». Était-ce prophétique? Poser la question c’est y répondre.
Plus haut que le ciel, c’est bien ce que je viens de vivre durant ces trois jours à La Salette. Sans doute, Marguerite Bourgeoys et le saint Frère André se sont rencontrés autour d’une coupe de champagne pour répondre à ma prière demandant un ciel bleu, et comme nous, ils ont dû fêter aussi toute la beauté de ce coin de terre. Les habitués de ce lieu de pèlerinage ont su dire que ces 13 degrés et cette luminosité étaient inhabituels ( exact, le webmaster) en ce milieu de novembre. Même les moutons étaient là, au bord de la route pour nous montrer toute leur joie. Et Notre-Dame de La Salette, dans cette grande Basilique remplie de gens émus, de jeunes bénévoles du Lycée, nous a promis sa bénédiction.
Si un jour vous passez par La Salette, vous y verrez le Mémorial fait par ces jeunes avec des débris d’avion trouvés sur la montagne en mai 2009. Tout cela racontera aux générations futures une histoire triste et douloureuse devenue avec le temps un événement de grâce.
« Ministres de Dieu, pères et mères de famille, jeunes femmes engagées, continuez de chanter pour nous auprès de Marie les Ave les plus beaux. Grâce à vous, toutes les personnes endeuillées ont pu assumer l’ultime départ. Aujourd’hui, après 60 ans, les souvenirs sont à la fois pluie et soleil. Merci à vous, victimes chères pour votre jeune vie cueillie dans le jardin de Marie. Que soit bénie cette terre de douleur et de beauté. Que vive la vie en ce lieu où rien ne peut s’oublier ! »
Isabelle Paquet, c.n.d.
Novembre 2010
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