Année Lesdiguières
Année Lesdiguières :
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C’est en 1611 que le Champsaur a été créé pour Lesdiguières.
Article de Robert Faure réactualisé en avril 2017
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Du 20 mai 2017 au 28 février 2018, c’est l’« année Lesdiguières » : une idée de l’Université de Grenoble, reprise avec de nombreux points forts dans les Hautes Alpes : notamment par le Musée départemental de Gap où se trouve le remarquable mausolée du Champsaurin, au Glaizil le 27 juillet, au Château de Montmaur le 25 août, à Saint Bonnet où il est né et dans différents villages du Champsaur, son Duché.
C’est il y a un peu plus de 400 ans que ce duché du Champsaur a été créé pour Lesdiguières.
Il y a 400 ans, en 1610, la France avait peur. Henri IV avait été assassiné. La paix civile était fragile. Le futur roi, Louis XIII, n’était qu’un enfant de 9 ans. Des protestants et des ligueurs menaçaient d’en découdre pour prendre le pouvoir en France.
Guerre civile ou retour de la paix?
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Un seul homme devenait l’homme-clé de la situation: le chef des armées de la France, Lesdiguières.
Lesdiguières, on le sait (voir le site de Philippe Lecourtier : http://www.champsaur.net était sans conteste le chef dominateur des armées protestantes qu’il avait menées à de multiples conquêtes au point de recevoir de son ami Henri IV le bâton de Maréchal de France. Les relations étaient alors bonnes entre le chef protestant et le roi catholique.
Mais, en 1610 , Henri IV était assassiné. Le futur roi Louis XIII n’avait que 9 ans. La France était inquiète. La régente, Marie de Médicis n’était pas très aimée par la puissante armée française qui était derrière Lesdiguières, un Lesdiguières qui était alors en contact avec d’influentes personnalités comme Bouillon, Condé, Soissons, qui développaient un parti d’ opposants dans de nombreuses régions de France.
Et tous ces comploteurs décidaient de demander au tout puissant Lesdiguières, de prendre la tête d’une vaste confédération de tous ces protestants qui se disaient prêts à prendre les armes pour s’emparer du pouvoir en France et transformer le Royaume en République.
Dans un premier temps, Lesdiguières, intéressé, leur donnait son accord : oui, il était capable d’armer 10 000 hommes avec son arsenal de Vizille et 3000 cavaliers, et de les amener jusque sous les murs de Paris.
Le coup d’état allait il se produire?
C’était sans compter sur la rouerie féminine de Marie de Médicis.
Astucieusement, connaissant la faiblesse naturelle de Lesdiguières: (son amour fou pour sa terre natale), elle lui faisait la proposition suivante: M. le Maréchal, pour vous récompenser de m’aider dans cette période difficile, et, en attendant de vous donner un jour l’épée de connétable, je vous offre aujourd’hui de devenir « duc du Champsaur » et, en présent, je vous cède l’ancien domaine des Dauphins (21 paroisses du Champsaur).
Que faire? Rêvant de devenir l’égal du duc de Bretagne, du duc de Normandie, du duc de Bourgogne, (et n’envisageant nullement le sort atroce réservé à Ravaillac) Lesdiguières n’hésitait pas longtemps. La France ne deviendra pas, comme l’Angleterre un Etat protestant.
Le 17 août 1611 un décret érigeait en duché-pairie la terre des Diguières .
Le vaillant soldat des Diguières, devenu Duc de Lesdiguières , pouvait alors régner en souverain sur un duché de terres et de seigneuries comprenant, si l’on s’en réfère à l’administration actuelle, les communes du canton d’Orcières (Orcières, Champoléon, Saint Jean Saint Nicolas, Chabotonnes), du canton de Saint Bonnet (Saint Bonnet, Ancelle, Bénévent et Charbillac, Buissard, Chabottes, Les Costes, La Fare, Le Forest Saint Julien, Les Infournas, Laye, Molines en Champsaur, La Motte, Le Noyer, Poligny, Saint Eusèbe, Saint Julien en Champsaur, Saint Laurent du Cros Saint Léger les Mélèzes, Saint Michel de Chaillol) et 4 communes du canton de Saint Firmin en Valgaudemar (Saint Firmin, Aspres les Corps, Chauffayer, et le Glaizil), soit, au total, un peu plus de 10 000 habitants.
Le duché du Champsaur, c’est la haute vallée du Drac, avec ses multiples villages et hameaux, depuis Lesdiguières jusqu’à Ourcières, le pays des ours (orthographe de l’époque).
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En renvoyant ainsi dans sa vallée natale le bouillant maréchal, la régente Marie de Médicis s’assurait que Lesdiguières consacrerait le meilleur de son temps au développement de son beau duché du Champsaur et qu’il ne gambergerait plus à Paris auprès des comploteurs.
Lesdiguières était comblé. Les plus déçus dans cette histoire furent finalement ses vaillants lieutenants champsaurins et gapençais qui se voyaient déjà tous ministres dans le gouvernement de qui aurait été la première république française: les Martin de Champoléon, les Roux de Prégentil, les Georges du Serre, les Béranger, les Vialis de Romette, les Giraud des Estachis, les Blacons, les Sarrazins, les le Poet, les de Bardonneche, les Autard, les Philibert de Charance.
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Une nouvelle histoire pour le Champsaur commençait.
En lui donnant le Champsaur, Marie de Médicis avait laissé entendre à Lesdiguières qu’il serait un jour connétable. Mais Lesdiguières a du patienter une dizaine d’années et il a du, en plus, se convertir au catholicisme. Voici l’acte d’abjuration signé par Lesdiguières et par l’archevêque d’Embrun le 26 juillet 1622.
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Ainsi une nouvelle histoire pour le Champsaur commençait.
Le nouveau duc s’employait aussitôt à apaiser les tensions locales au sein même du Champsaur.
Car, on ne lui pardonnait pas, dans le Champsaur, de tradition catholique et même ultra catholique, d’avoir pillé et détruit les églises, d’avoir pratiquement obligé tous les gens du pays – sous menaces – à se convertir à la religion protestante, après des guérillas sanglantes d’une impitoyable cruauté, de les avoir obligés à prendre les armes pour combattre sous ses ordres, et d’avoir finalement transformé la région en champs de ruines…
Tout repartait à zéro.
Lesdiguières devenait alors un apaisant conciliateur, « oubliez vos rancunes! », s’intéressant au petit peuple et s’appliquant à calmer les haines .
Bon administrateur, il multipliait les initiatives : domptant les colères du Drac, élevant des digues, construisant des ponts, installant des scieries, bâtissant des hôpitaux, amenant l’eau dans les villages, créant des grands magasins de blé, développant les foires, instituant de nombreuses fondations charitables, réparant les routes de la vallée et rénovant les maisons ruinées par les guerres…
Il s’occupait de tous ceux qui avaient recours à lui, et il voulait voir tout le monde travailler au relèvement de son Champsaur.
Le Champsaur, en tant que tel, parti du néant, se mettait peu à peu en place.
…400 années ont passé.
..En dépit de conditions de vie très difficiles, le courage et la persévérance ont finalement permis aux habitants de la vallée de relever le défi.
Bravo si le pays renait sans renier son passé.
.NDLR. Pour compléter votre documentation, vous pouvez vous procurer le livre « LESDIGUIERES DUC DU CHAMPSAUR » de Faure de Prégentil en le commandant aux « Editions des Hautes Alpes-Infocolor » sur Internet ou, par téléphone, au 04 86 99 00 87. Prix: 12 euros 90. Pour la présentation du livre Cliquez ICI.
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