Article mis à jour en janvier 2016
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Souvenirs de Pont du Fossé par Robert Faure. ( 05, Hautes Alpes ).
Saint Jean Saint Nicolas (H. A.) commune champsaurine du canton d’Orcières. 1010 habitants.
Village principal: Pont du Fossé (village commerçant et dynamique).
Deux paroisses: Saint Jean et Saint Nicolas.
Un monument historique: Prégentil (flèche du bas). Des ruines: château de Montorcier (flèche du haut).
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IL Y A 100 ANS, Grosse animation à Pont du Fossé pour la foire de la Saint Jean autour du « barri ». (Les photos les plus anciennes ont été prises par Joseph Dusserre-Bresson, collection privée).
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……………………………Pour la vogue du Pont, chacun avait sorti ses plus beaux atours.
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……………………….Équipage de fête pour les amis du maire.
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……………..Joyeuse animation autour du « coin-Jouglard ».
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………………On avait hissé l’imposant « mai » avec du gros matériel sur la place centrale du Pont.
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……………..Pour gagner un peu d’argent pour les fêtes, on cueillait des champignons qu’on allait vendre à Ferrero.
Nous vous proposons de visualiser ce magnifique diaporama sur la vie des paysans dans les années 50, composé de photos prises par Robert Manson et recueillies par Robert Faure. Cliquez au centre.
DOMAINE de PREGENTIL
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La plus vieille maison du Champsaur, Prégentil. Les tours rondes qui se trouvaient aux angles du château ont été démolies. Prégentil avait été donné, le 22 juin 1339, par le Dauphin à son maître d’hôtel Etienne Roux. (Image du patrimoine).
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………………………………………La majestueuse porte d’entrée en accolade de Prégentil.
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……………….Le domaine de Prégentil.
ANCIENS CHATEAUX ET EGLISES.
…………………..Document ancien sur Prégentil. Blason et armoiries des Arnauds.
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Prégentil avant sa réhabilitation. A remarquer la façade ornée de moulures élégantes et percée de croisées et de petits jours carrés à arêtes chanfreinées et des ouvertures à croisillons et à meneau.
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De l’important château de Montorcier que le roi du Dauphiné avait acheté le 9 septembre 1303 pour en faire sa résidence d’été, (et qui accueillit par la suite Louis XI dauphin), il ne restait plus au début du 20 ème siècle, que quelques ruines.
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De nombreux nobles portant blasons ont été autrefois propriétaires de Prégentil ( les Arnauds, les Gras, les de Gril…)
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Le blason des Arnauds figure encore aujourd’hui sur la porte d’entrée. On constate que la fleur de lys, symbole de la royauté, a été martelée par les révolutionnaires.
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Quand le château de Montorcier, Castrum Mons Orserii ( le château de la montagne des ours ) était très puissant. Au 14ème siècle, les Montorcier possédaient la moitié du Champsaur, la moitié de la Vallouise, Chaudun, Durbon, La Bâtie Neuve, la Rochette, Romette etc…
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Après l’abandon du château de Montorcier, le château du Rival devenait la résidence du seigneur majeur de Montorcier. Puis, le domaine était racheté aux seigneurs du Serre en 1750 par Henry Montcheny-Bonnabel d’Orcières. Une de ses descendantes épousait en 1805 Pierre Julien-Baille de Champoléon qui devenait ainsi propriétaire du Rival avant de racheter Prégentil aux de Gril.
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………………………L’historique de Montorcier : on y parle du roy Louis XI
………………………..Quand Lesdiguières était seigneur de Saint Jean Saint Nicolas.
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Ce Champsaurin, en étant nommé connétable, devenait le deuxième personnage de la France après le roi.
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Le château de Saint Jean faisait partie des 13 domaines nobles qui existaient encore, en 1789, dans la commune de Saint Jean Saint Nicolas. Autres biens nobles: Montorcier, le Rival, Prégentil, Les Ricous, La Coche, Pré-la-Grange, La Pallue, Le Diamant, Les Arieys, La Tour, Le Freyne, Les Roranches.
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………………Saint Jean, l’église principale de la commune construite en 1854.
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………………La route qui menait à Saint Jean, avant les constructions.
Une vie d’église très présente à l’époque dans les villages.
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………………La communion solennelle avec l’abbé Chaix.
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………………La communion solennelle avec l’abbé Poutrain (1939).
L’abbé Louis Poutrain fut un grand résistant. En effet il fonda avec son frère Pierre en 1941 un lycée professionnel pour l’enseignement de la menuiserie, dans les locaux libres de Prégentil. Jusque là, rien de répréhensible. Mais en 1942 ils accueillirent 20 jeunes Alsaciens (logés à la cure ) qui ne voulaient pas être enrôlés dans l’armée allemande puis dans la foulée accueillirent également une vingtaine de jeunes réfractaires au STO ( logés dans le lycée : de faux papiers leur permettaient de tricher sur l’âge et donc de rester au lycée). Tout cela était bien-sûr en lien avec la Résistance locale et en particulier avec le lieutenant Radères et le sous lieutenant Radius ( Collart dans la résistance ).
Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1943 la Gestapo et la Whehrmacht (400 soldats) cernèrent le village, arrêtèrent toutes les personnes présentes à la cure. Les résistants, avertis à temps, avaient pu quitter Prégentil pour fuir dans leur cache en montagne. Le père Poutrain fut arrêté et déporté. Il raconte cet épisode dans un livre intitulé « la déportation au coeur d’une vie ». Pour lire le déroulement de cette arrestation vous pouvez cliquer ICI.
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La « panelle » de Saint Nicolas et le presbytère ont mieux résisté au temps que l’église de Saint Nicolas qui, fissurée et dangereuse pour les paroissiens, a du être démolie.
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………………Sortie de messe et communion privée.
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……………..La classe de catéchisme avec l’abbé de la Bréole.
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………………Le coteau de Saint Nicolas. On devine encore, en haut, l’ancienne église.
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La secte des Patarons.
………………La chapelle du Moulin qui abrita les « patarons ».
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La « pataronne » qui dirigeait la secte de Saint Jean Saint Nicolas, une secte qui s’élevait contre le concordat de Bonaparte. Elle voulait rester fidèle au Pape et à Rome.
Vous pouvez lire l’article sur la secte des patarons en cliquant ICI.
Vie familiale ……..
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En attendant la distribution du « vin chaud », les « novis » devant la chapelle du Moulin.
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Les familles étaient nombreuses et patriarcales. Le patriarche, l’aïeul à la grande barbe, on le vouvoyait, il était très respecté.
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Toute la famille Bonnet du hameau de Montorcier. Les Bonnet sont des descendants des Arnaud de Prégentil.
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La chapelle des Roranches construite en 1787. Devant: le curé et quelques paroissiens.
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Cartes postales et photos du village et hameaux
Le hameau de Chabotonnes avant son intégration à Saint Jean Saint Nicolas.
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Grâce à trois éditeurs de cartes postales de Pont du Fossé : Galleron, Jouglard et Bertrand, on peut retrouver l’état de la commune au début du 20ème siècle.
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Peu d’animation. A remarquer: l’emplacement de la fontaine, le premier poteau électrique, des jardins sur la place, une croix sur le Châtelard.
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Une grande bascule était installée sur la place pour peser les animaux les jours de marché.
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……………..Le maréchal ferrant avait pris place au meilleur coin du village.
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………………Dans Pont du Fossé, au pied du Châtelard, la petite tour Eyraud.
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………………Vue cavalière de Pont du Fossé, prise du Châtelard.
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…………………………Début d’hiver au Pont.
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……………..Au milieu du Pont, rencontre avec Gustou du Bep
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Un pays de montagnes paraissant inhabité , avec très peu de végétation sur Frustelle, une ferme au lieu de Bonnedonne, et, au pied du Pont, le Diamant, avec seulement 2 maisons.
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La route du Pont aux Foulons, avec un beau pin malheureusement abattu.
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La salle des fêtes de Pont du Fossé que Maurice de Rothschild avait offerte pour appuyer sa candidature à l’élection de sénateur des Hautes Alpes.
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Au centre du Pont, succès pour l’un des premiers hôtels pour tourisme familial.
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Catastrophe : la guerre de 14-18
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Derrière le monument aux morts, l’ancienne école: maternelle, garçons et filles (aujourd’hui devenue mairie).
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…………………………En relisant les vieux annuaires…….
La guerre de 1914-1918 allait marquer cruellement la vie de la commune. Quatre années très dures. Près d’un tiers de la population masculine était sacrifié.
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Jour de mobilisation à la mairie de Saint Jean Saint Nicolas. Toute la population masculine, drapeau en tête, venait chercher sa destination pour le front. (La mairie se trouvait alors au Moulin).
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…………………………Les soldats étaient partis pleins d’espoir.
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Pendant que les hommes étaient à la guerre, les femmes faisaient, sur place, le travail des hommes, comme ici, à la scierie Jaussaud.
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………………Les fermes vivotaient (ici une ferme des Ricous).
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Avec ces cartes postales de correspondance militaire, les soldats du front tentaient de rassurer, et de conseiller aussi les épouses qui devaient, à la maison, s’occuper de tout.
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……………..Il y avait foule à l’inauguration du monument aux morts.
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Les inondations catastrophiques de 1928 à Pont du Fossé.
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Autre catastrophe: les inondations de 1928. On se promenait pourtant tranquille sur le pont le plus sur de la vallée.
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L’ancien Pont avant les inondations. C’était un lieu de réunion où l’on papotait sur les allées et venues.
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………………Les voitures étaient en confiance.
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Cette photo a été prise exactement dans le même axe que la précédente ! Puis le drame est arrivé. De brutales inondations du Drac emportaient, le 22 octobre 1928, le pont de Pont du Fossé, une partie des maisons, des digues, des scieries et des moulins .
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………………On installait d’abord un passage piéton.
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………………..Puis une passerelle provisoire.
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……………………Et enfin le nouveau pont.
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Le canal de Gap
La cascade de Coste Belle au niveau du canal de Gap.
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On venait voir le travail titanesque entrepris dès 1865 pour creuser dans les rochers le passage du canal de Gap qui allait alimenter en eau la région gapençaise.
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Le canal de Gap, avant d’être recouvert, avait souvent servi de lieu de promenade…et même de piscine pour la jeunesse. BEAUCOUP DE METIERS ONT DISPARU.
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Comme cette ardoisière de Corbières qui fournissait de belles lauzes pour les toits des maisons.
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Il n’y a plus de meunier, ni de camion Berliet dans le Champsaur. Sa maison est devenue un musée.
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Les grandes sauques de faucheurs (comme ici dans les prés de Prégentil au pied de Frustelle) ont disparu. On a planté des arbres ou des argousiers.
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Les paysans de Saint Jean Saint Nicolas apportaient leur blé à la batteuse qui se trouvait derrière le moulin.
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Au hameau de Montorcier, on venait acheter le miel du beau rucher de Jean Auguste Bonnet.
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Parmi tous les étals de la foire, celui du rouennier au marché de Pont du Fossé.
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Les couturières faisaient de leur mieux pour habiller les Pontassonnes.
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…Certaines jouaient même au mannequin devant la charrette à foin.
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…………..Quand les bonnes soeurs géraient Bonnedonne, maison de santé.
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………………Coste Belle vivait encore, on y montait les vaches.
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La vie était très dure. Beaucoup de jeunes ne trouvaient pas du travail sur place et, pour survivre, décidaient de partir aux Amériques d’où ils envoyaient des cartes à leur famille.
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Les Pontassons s’unissaient aux Champoléards pour faire tourner en Californie cette importante blanchisserie.
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Certains, fortune faite, revenaient au pays et paradaient à Pont du Fossé, avec chauffeur, voiture …et belles filles … louées.
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Il fallait attendre les années 1940 pour que beaucoup de choses changent. Venant après les fameux concours de descente à skis, (des Richards à Prégentil), le premier fil-neige au « Pré de Faure », allait être le début de l’aventure touristique qui transformera la vallée.
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ALBUM DE FAMILLE
Autrefois, il n’y avait pas de maternité. On naissait dans la maison de la famille et il fallait vite aller déclarer la naissance au maire de la commune.
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1937 :Dans la petite enfance, on pouvait jouer avec les chiens-bergers (les attacher à une petite carriole), avec les nombreux chats, le paon, les brebis, les petits agneaux, les animaux de la ferme, mais on pouvait aussi rêver à d’autres espaces : pourquoi pas devenir matelot???
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Toutes les occasions étaient bonnes pour organiser de grandes réunions de famille à Prégentil. Elles se terminaient souvent par de bruyantes et joyeuses veillées.
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En 1939, c’était la guerre. Peu de beaux rêves pour les enfants! A l’école, en rédaction, l’instituteur demandait aux petits écoliers de 9 ans ce qu’ils pouvaient faire pour aider la France à gagner la guerre…
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Allait suivre, pendant l’occupation, les durs moments des restrictions: cartes de vêtements, cartes d’alimentation, J3…
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Moments de détente avec Marie, qui savait raconter tant d’histoires anciennes, et avec les deux gentils chiens Bir et Turc.
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Vacances avec Eva, la bergère, et ses moutons dans les prés de Prégentil.
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Voici le fameux « certificat d’études » (1941) que l’inspecteur envoyait pour affichage dans les maisons.
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Les deux élites de la commune étaient l’instituteur et le curé: école d’un coté, catéchisme de l’autre, avec des leçons qui se terminaient par la communion solennelle. Suivait automatiquement le « voyage » chez le photographe de Saint Bonnet, un photographe apprécié car il savait supprimer les taches de rousseur sur les visages des rouquins.
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……………………..Les grands frères avaient une autre allure.
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………………………….Au temps des bagarres adolescentes.
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Après le Conseil de révision, la classe 1950 organisait un bal. Il fallait payer les droits de timbre au buraliste Léon Martin.
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……………..Autre besoin de liberté: partir monter la tente au « Pied du bois ».
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………………………La vraie Libération fêtée par les jeunes du village.
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Voir aussi:http://www.robert-faure.net
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Commentaire de Martial Rispaud
et réponse de Robert Faure le 20 décembre 2016
Bonjour
Habitant (et natif) de ce hameau je suis à la recherche d’informations historiques en particulier sur le domaine familial qui appartenait avant la révolution à Catherine MARTIN épouse DRENEUK (marquise de St Nicolas sur un acte de 1787).
Compte tenu de vos connaissances locales, M. Robert Faure seriez vous en mesure de m’apporter quelques précisions?
En vous en remerciant par avance, respectueusement
Martial RISPAUD
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La réponse de Robert Faure
La recherche du passé peut parfois offrir d’intéressantes découvertes. Ainsi, vous, vous avez découvert que votre demeure avait appartenu à Catherine Dreneuk marquise de Saint Nicolas. Catherine Dreneuk était, en fait, une descendante du fameux Martin de Champoléon, compagnon de chasse de Louis XI et anobli, un peu plus tard par Louis XI. Catherine Martin était née le 25 décembre 1755 (un jour de Noël) et elle avait épousé en 1774 Maurice le long de Dreuneuk. Ils sont devenus propriétaires en de nombreux endroits. Mais, à la révolution, les époux ont du abandonner leurs domaines (aux Estachys, comme à Chorges où leur beau château a été pillé) pour fuir et émigrer en Angleterre.Tous leurs biens (dont celui des Estachys) étaient alors vendus.
Là aussi existait aux « Eustaches » un temple pour les protestants de Saint Jean Saint Nicolas que fréquentait Lesdiguières alors seigneur de Saint Jean Saint Nicolas. Ce temple protestant a été détruit lors de la révocation de l’Edit de Nantes en 1686.
Il existe beaucoup d’endroits dans le Champsaur qui ont une belle histoire et qui, comme le votre, peuvent évoquer d’intéressants souvenirs.
Cordialement.
Robert FAURE
1 / Le village de Pont du Fossé. Pour le lire cliquez ICI .
2 / Veillées Champsaurines en langue intercalaires Cliquez ICI.
3 / Le hameau de Saint-Jean : Cliquez ICI.
4 / Le hameau de Saint-Nicolas : Cliquez ICI .
5 / L’histoire de Saint-Jean-Saint-Nicolas : Cliquez ICI .
6 / Photos anciennes de Saint-Jean-Saint-Nicolas (Robert Faure) Cliquez ICI .
7 / Pour voir ces photos aériennes Cliquez ICI.
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