Pan sur le Musée départemental !
Article de Robert Faure du 26 juillet 2011
GAP : musée départemental.
§ Le Musée départemental des Hautes Alpes a rouvert ses portes au public le 1er juillet 2011après des transformations et innovations parfois jugées contestables.
L’« équipe » du Musée titrait ainsi sa nouvelle formule :« Voyage des patrimoines vers les Alpes ».
En fait, dans une longue liste, on a vu arriver de l’art contemporain, des peintures modernes venues d’on ne sait où et choisies on ne sait comment, des prêts de la Région, des « ateliers en mouvement », des « naturalisations », des « orientations », des « par delà les au delà » etc, etc…
On plane souvent !
Mais, c’est quoi un Musée ?
Un musée, selon le dictionnaire, est un lieu où est conservée, exposée, mise en valeur une collection d’ oeuvres d’art, d’objets et de documents qui présentent un intérêt culturel.
Le responsable d’un Musée est un « Conservateur » !
Un Musée départemental doit donc, en priorité, conserver le patrimoine et les valeurs anciennes des différents petits pays haut-alpins.
(Concernant les artistes modernes, (parfois bling-bling ou épate-couillons), ils peuvent exposer dans des galeries, dans des salons…(ailleurs que dans un musée départemental).
Retenons toutefois, dans cette réouverture, une ligne positive :« Retours de patrimoines en Queyras ».
En effet quelques objets populaires rares viennent aujourd’hui, par suite de rachats, compléter les magnifiques salles qui, au delà des pièces exposées (et grâce à la volonté des anciens Conservateurs), vulgarisent intelligemment l’ethnographie du Queyras.
Bravo pour le Queyras.
Un bon modèle.
Mais pour le Champsaur ?
Pour le Champsaur, on aurait bien aimé qu’en cette année anniversaire 2011, au moins une petite salle soit consacrée aux 400 ans de la création du Duché du Champsaur.
En effet, le 17 août 1611, les terres du Champsaur devenaient un Duché, et un San-Bonnetier était, il y a 400 ans, le deuxième personnage de la France, après le roi.Oui, le Champsaur (beaucoup de Haut-Alpins l’ignorent) a été un Duché, à l’égal du Duché de Bretagne ou du Duché de Normandie.
Tout autant que l’Andorre ou Monaco, le Champsaur, avec tout son patrimoine et ses nombreux particularismes, mériterait qu’on concrétise son passé, comme on l’a très bien fait pour le Queyras.
Le Champsaur, tout au long du millénaire a connu de grandes étapes marquées par l’occupation romaine, la tyrannie des Sarrazins, la domination des Rois Dauphins, la bienveillance de Louis XI, la puissance de Lesdiguières, l’invasion des Savoyards, la vie difficile des populations paysannes, les émigrations vers les Amériques, les bouleversements économiques avec l’arrivée du tourisme…
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Pièce maîtresse : le mausolée de Lesdiguières. Pour l’explication de l’histoire mouvementée de ce mausolée, cliquez ICI.
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Un des plus beaux vestiges du passage des Romains dans le Champsaur, ce Jupiter Ammon aux cornes de bélier qui a été découvert en 1960 au bord de la route départementale à Saint Laurent du Cros.
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Patrimoine du Champsaur : premier trésor, cette ceinture de l’âge de bronze (un millier d’années avant J. C.) a été découverte à L’Auberie, près de Saint Bonnet, dans une cachette, à 10 centimètres de profondeur sous une prairie par deux bergers : Joachin Valentin et Pierre Bénévent.
Qu’on ne nous dise pas que l’histoire de nos petits pays n’intéresse pas les gens !
Allons sur internet et l’on constate que le site de Philippe Lecourtier: http://www.champsaur.net axé sur la « mémoire du Champsaur » a attiré, en peu d’années, plus de 200 000 visiteurs. (et chaque mois, près de 10 000 lecteurs nouveaux). 200 000 visiteurs sur un site parti du Glaizil ! C’était au départ inespéré.
Qui sont ils ? des jeunes internautes curieux savoir comment vivaient leurs ancêtres,
– des adultes qui étaient venus dans le Champsaur en colonies de vacances ou en classes des neiges et qui veulent compléter leurs connaissances,
– des natifs du pays qui, pour leurs études ou pour leur travail, ont du s’exiler : « quand tu ne sais pas où tu vas, n’oublie jamais d’où tu viens »,
– des touristes, des skieurs, des cyclistes qui ont vu le Champsaur de l’extérieur et qui veulent aussi découvrir son âme,
– des descendants d’émigrés champsaurins qui, par centaines, qu’ils soient du Québec ou de la Californie, de la Louisiane ou d’Argentine, s’accrochent à internet pour en savoir plus sur le pays d’où sont venus , il y a plus de 100 ans, leurs lointains ancêtres,
– et surtout tous ceux qui ont dans la tête la citation de François Arnaud : « Tout groupe humain, famille, cité ou nation, oublieuse de ses ancêtres et insoucieuse de son histoire, quelle qu’elle soit, n’est qu’un troupeau passant et paissant ».
Tableau du Musée où l’on voit Henri IV confier à Lesdiguières l’éducation de son fils, le futur Louis XIII. La France hésita un moment entre ces deux hommes. Lesdiguières manqua d’audace et préféra rester l’ami du Roi de Navarre plutôt que de faire de la France une République protestante.
Le patrimoine populaire, riche et original de la vallée du Champsaur mériterait certes une place plus importante dans le Musée. Mais si objets de mémoire, documents, souvenirs de notre passé n’attirent plus personne à Gap dans le musée départemental (détourné ou dépassé), pourquoi ne pas envisager à terme une décentralisation dans chacun des petits pays du département qui pourraient , eux, mieux mettre en valeur leur propre patrimoine et leur propre culture.
Musée ou Espace Culturel ??? Il y aurait encore beaucoup à découvrir et à apprendre sur le passé du Champsaur.
Dans un premier temps, le Champsaur pourrait déjà rapatrier quelques unes de ses principales pièces qui avaient enrichi le Musée de Gap:
– le mausolée de Lesdiguières sculpté par Jacques Richier qui était Glaizil,
– le dieu bélier cyrénéen trouvé près de Saint Laurent du Cros,
– la ceinture de l’âge de bronze découverte par deux bergers de L’Auberie,
– le couteau sacrificateur de druide trouvé près d’un dolmen aux Roranches … etc…
Pourrait suivre, dans l’avenir, la création d’un « Espace culturel » qui permettrait aux Champsaurins, d’ « accaparer leur passé, », de mieux rechercher, préserver, conserver, valoriser tout ce qui, dans leur patrimoine exceptionnel, dans leurs archives, dans leurs collections privées, dans leurs lieux de mémoire, dans les initiatives locales et dans leurs traditions aiderait à éviter l’oubli.
Un « Espace culturel » permettrait alors de partager et d’échanger avec tous les publics.
Nombreux sont en effet les touristes, les résidents secondaires, les randonneurs, les sportifs, les acheteurs de forfaits-ski, les contemplatifs…etc…qui souhaiteraient « trouver un plus » dans la vallée et se distraire agréablement à l’écoute du pays.
Des régions, comme la Bretagne, y sont bien parvenues.
Pour l’inauguration de l’ « Espace culturel Champsaurin », une Nolwenn Leroy locale pourrait peut être chanter un succès national issu d’un air de rigaudon.
Pour le cocktail, on aurait tourtons et goustaron.
POUR EN SAVOIR PLUS SUR LE PATRIMOINE CULTUREL DU CHAMPSAUR
-1- concernant la philosophie champsaurine:
.voir l’article : « Manuel de philosophie champsaurine » Cliquez ICI .
– 2- concernant la lexicographie, les néologismes, les mots et les locutions propres aux habitants du Champsaur :
.se procurer le livre : « Encyclopédie du Champsaur » Cliquez ICI.
.voir aussi l’article « Le champsaurisme, une langue menacée de disparition » Cliquez ICI .
– 3- concernant la culture musicale traditionnelle du Champsaur :
.se procurer le disque du « Traditional fiddle playing in France » qui a enregistré en 1975 et 1976 plusieurs rigodons joués au violon par le Champsaurin de Molines Emile Escalle,
.écouter le fond sonore du diaporama You Tube : « Saint Jean Saint Nicolas autrefois» Cliquez ICI .
.voir aussi l’article : « rigodons champsaurins : succès américains » Cliquez .
– 4- concernant la littérature champsaurine :
se procurer :
.les « œuvres de David Meyer », (Daviou de la Coucoire), le poète paysan de Saint Laurent du Cros, éditées par la Société d’Etudes des Hautes Alpes, ses fatorgues et le livre « Sous la rispo dou Draou »,
.les livres du barde Jean Faure du Serre de Chaillol et notamment : « Les vogues du Champsaur » , « Le banc des officiers », « La cloche de Frustelle » et « L’Orciéréide »,
.les poèmes de Jean Sarrazin, le versificateur-chantre de Prapic,
.les pastorales de l’abbé François Pascal, curé du Château d’Ancelle,
.les écrits de Jean Nicolas, du Serre, (Saint Jean Saint Nicolas) , philosophe et naturaliste, parti dans un phalanstère au Texas et qui a publié un ouvrage sur « La topographie physique et médicale du Champsaur »,
.la collection du « Bavard Prapicois » de Piarre dou Draou,
.« Le mandement de Montorcier » de l’abbé Ranguis,
.la collection des albums de B. D. de Michel Crespin, dessinateur de B. D. de Saint Bonnet, qui reproduit dans ses illustrations les sites et les paysages du Champsaur,
.les contes de Marie Nicolas, de Manse, recueillis par Martine Mariotti…etc…
-5- concernant les arts et traditions populaires du Champsaur :
.voir à Pont du Fossé l’ « Ancienne Maison Paysanne » et l’ « Ecole d’autrefois de Saint Jean Saint Nicolas »,
. lire l’article : « Le Musée Paysan de Pont du Fossé » Cliquez ICI.
.voir aussi le « Musée de la Casse à Prapic, ainsi que le Musée du pastoralisme aux Borels à Champoléon,
.lire l’article : « Retour du loup et maison du berger » Cliquez ICI.
-6- concernant les photographies et cartes postales anciennes :
.regarder
Saint Bonnet en Champsaur autrefois (video) Cliquez ICI .
Pont du Fossé autrefois Cliquez ICI .
Orcières autrefois (diaporama) Cliquez ICI .
-7- concernant les Monuments historiques (classés ou inscrits) :
.voir la Chapelle des Pétètes, le château de Saint Léger, le manoir de Prégentil, les ruines du château de Lesdiguières Cliquez ICI .
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