Louis Liardet Aix-en-Provence
Notre ami Louis Liardet
Cette belle photo est plus travaillée qu’il n’y parait. En tout cas elle est très réussie.
Louis Liardet un coeur gros comme ça !
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Voici comment titrait le journal LA PROVENCE le vendredi 27 juillet 2001 juste après le décès accidentel de Louis en moto sur l’autoroute A51 (nous reviendrons sur les circonstances incompréhensibles de cet accident).
Car il en avait du cœur à la tâche pour s’occuper des jeunes de l’AUCF (club de foot), mais aussi des jeunes de la colonie du Glaizil dans les Hautes-Alpes pendant plus de 10 ans, des jeunes dont il arbitrait les matchs de foot, des « Petits Chanteurs d’Aix » et j’en passe… Oui, vraiment beaucoup de jeunes Aixois connaissaient Louis qu’ils surnommaient affectueusement « Loule » ou le « barbu ». Son frère Patrick me disait qu’il ne faisait pas 100m dans les rues d’Aix-en-Provence sans serrer une main, saluer une vieille connaissance, un professeur de faculté, le Maire de la ville comme cela s’est produit une fois en sa présence. Il était connu de tous !
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1960 colonie du Glaizil. Louis montait chaque année dans les Alpes pour être moniteur de cette colonie. Il nous entrainait bien-sûr au foot et ne plaisantait pas sur l’arbitrage (il adhérait complètement au jeux) puis après le match redevenait « Loule » qui commentait les actions des uns et des autres avec un beau sourire.
J’ai reçu un petit mot de Pierre Coulet (65 ans aujourd’hui environ) ancien de la colonie d’Aix « J’ai bien connu Loule. Il a été mon « Mono » pendant de nombreuses années, ainsi qu’au patronage. J’ai le souvenir d’un match de foot perdu contre la colonie des Marseillais (photo ci-dessus). Nous remontions à pied jusqu’au Glaizil et Loule marchait devant très en colère. Il n’avait pas desserré les dents« . En lisant ce mot j’ai bien reconnu notre ami Loule.
Le 1er témoignage raconte les évènements quand nous avions gagné le match, le deuxième raconte son attitude quand nous l’avions perdu. Voici donc les 2 facettes de Loule…
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Un rappel de son itinéraire.
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Louis Liardet est né à Gardanne en janvier 1939 pendant la guerre. Né prématurément, d’emblée sa santé a été fragile et ses parents ont déployé des trésors d’ingéniosité pour améliorer sa santé. Il sera l’ainé de 11 enfants (7 garçons et 4 filles) et dans les années qui ont suivi, la maison a été souvent animée. Deux de ses frères m’ont signalé qu’il avait déjà très jeune des colères mémorables, et certains jours les objets volaient à basse altitude. Mais il revenait vers les autres avec un beau sourire sans la moindre rancune. Il aura ce travers jusqu’à la fin de sa vie et malgré tout, beaucoup apprécieront sa gentillesse. A vrai dire il fallait le connaître …
Vers l’âge de 10 ans (1949) sa famille déménage à Aix-en-Provence dans un premier temps au boulevard de la République puis dans le quartier de la Fourane non loin des facultés d’Aix-en-Provence. Il ira en classes primaires à l’école Sainte Jeanne d’Arc (où il fait connaissance du Père Louis Laferrière) puis fait son secondaire au « Sacré-cœur » où il découvre les « Petits Chanteurs d’Aix ».
A cette époque, sa santé demeure fragile avec de gros problèmes osseux (dos). Il doit porter un corset pendant 2 ou 3 ans pour redresser une cyphose assez marquée. Ses parents l’enverront à Carqueiranne dans le Var pour un séjour prolongé dans un centre de kinésithérapie. En réalité toute sa vie il souffrira de son dos et prendra des antalgiques pour se soulager.
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Cette photo a été prise au Glaizil par le père Louis Laferrière vers 1956. Il a donc 17 ans et on se rend compte qu’il est légèrement vouté. Son dos l’a toujours fait souffrir. Ces souffrances ont peut-être été en cause dans son accident mortel du 27 Juillet 2001 car elles entrainaient de la fatigue et la prise de médicaments, cocktail peu recommandé sur une moto. C’est une question et nous y reviendrons.
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Entrée dans la vie active
Pendant plusieurs années (pas loin d’une décennie), il travaillera comme peintre en bâtiment à Aix, métier qui sollicitera son dos et le fera beaucoup souffrir. Son frère Jean-Paul l’aidera dans un 2ème temps à rentrer dans l’entreprise « COQ » spécialisée dans les machines agricoles et vinicoles (pressoir…). A l’époque cette entreprise ne se trouvait pas très loin du Boulevard des Belges et de « Montperrin » à Aix.
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Cette photo de l’entreprise Coq (1960) donnée sur internet me laisse un petit doute.
Finalement, après 3 années passées dans l’entreprise « COQ », il aura l’opportunité de travailler à la faculté d’Aix à sa grande satisfaction et fera ce travail jusqu’à son décès en 2001. Il devait prendre sa retraite quelques mois plus tard (62 ans). On m’a dit qu’il était vraiment apprécié dans son travail …..mais qu’on avait repéré son caractère explosif .
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Les professeurs de la faculté juste après son décès en 2001 ont été très chics m’a dit un de ses frères. Ils ont pu organiser une exposition de ses photos à la faculté juste après sa mort. Louis était connu comme étant un excellent photographe (voir l’explication juste un peu plus bas). Dans cette salle d’exposition, il y avait des macros (fleurs, cigales, papillons…), des photos de nuit (dont une du lac Léman qui avait été faite après plusieurs heures d’attente avec son frère Patrick), des photos de montagnes, bref des photos vraiment exceptionnelles.
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Le bureau de Louis
Son frère Patrick me racontait qu’à la fac Louis avait un très grand bureau (4 fois les dimensions normales) et que les murs étaient tapissés de photos magnifiques. Les professeurs qui venaient le voir sur un plan professionnel, ne pouvaient s’empêcher de les regarder et passer du temps avec lui, créant ainsi des liens privilégiés. Plusieurs professeurs ont même acheté de très beaux clichés….car ils voulaient absolument les avoir.
Sa famille me précise aussi dans un mail « Il travaillait au service histoire, il était à la reproduction et assemblage des documents (Photocopie, offset, etc..).
Il aimait également peindre et il avait du talent. Une peinture sera mise plus loin.
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Cette photo a été prise par le Père Louis Laferrière en 1960 au Pic du Glaizil. Je connaissais déjà Louis en 1960.
Cette photo m’a intéressé car il a un appareil photo entre les mains et que c’était effectivement sa grande passion. Suite à ma demande, son frère Jean-Paul va faire des recherches de photos concernant cette époque. Il m’a dit qu’il y en avait beaucoup… et que cela risquait de prendre du temps !
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Mort tragique à 62 ans sur L’A51!
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Il avait acheté cette moto environ un mois avant son accident. Ce cliché date donc de juin 2001, prise dans la campagne Aixoise. Sa famille l’avait aidé à l’acheter. La douleur en a été d’autant plus grande ! Sa maman (chez qui il vivait) est décédée 3 mois plus tard ! Mais c’est vrai qu’elle était gravement malade par ailleurs.
Concernant cet accident, je laisse parler son frère Patrick : « Louis a trouvé la mort le vendredi 27 Juillet sur l’autoroute A51, à seulement quelques kilomètres du péage de la fin de l’autoroute !
Nous devions nous retrouver à Thonon-les-Bains en compagnie de mon épouse et de mes 2 enfants pour les vacances d’été !
Nous ne connaissons pas précisément les circonstances de son décès. Une voiture qui le suivait a rapporté que Louis s’était soudainement affaissé sur la moto et avait quitté la route sur la gauche pour aller frapper les glissières centrales de sécurité. Les secours dépêchés sur place n’ont pu que constater le décès. J’ai la profonde conviction que le jour de son accident il a fait un malaise du à la fatigue sans aucun doute. Il n’avait plus fait de long trajet à moto depuis des années, il avalait énormément de médicaments pour se soulager, il avait très peu dormit la veille de son départ et surtout c’était un jour de très grande canicule 38° à l’ombre ce jour là !
La veille de son décès je l’avais eu au téléphone, et je me souviens lui avoir recommandé d’être très prudent sur la route. Il m’avait répondu comme il le faisait souvent : Ne te fais pas de bile Bilou: On ne meurt qu’une fois ! (Bilou c’est le petit nom qu’il m’avait donné) ».(mot de son frère Patrick)
Quelques jours auparavant, Louis avait adressé à son frère Patrick un courrier pour lui dire sa joie de monter en Savoie pour les retrouver, lui indiquant les activités qu’il aimerait faire avec les adultes, avec les enfants. Beaucoup de choses étaient déjà planifiées.
Dessin réalisé par un ami, tiré au format carte postale et donnée aux proches.
La messe d’enterrement a été dite par le Père Louis Laferrière à l’église Notre Dame de l’Arc. L’église était archi remplie en cette fin juillet 2001 alors que beaucoup de ses amis étaient en vacances. Patrick, son jeune frère, me disait qu’en cours d’année l’église aurait été franchement trop petite.
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Ses activités bénévoles
Nous allons parler de ses nombreuses activités bénévoles avec photos à l’appui.
- la colonie du Glaizil
- Sa passion du foot et ses qualités d’éducateur
- la peinture
- la photographie
- les petits chanteurs d’Aix
1 / La colonie du Glaizil
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On reconnait bien sa démarche sur cette photo de 1965 (26 ans).
La colonie du Glaizil ouverte en 1937 par les frères des écoles chrétiennes accueillaient chaque été les jeunes Aixois qui étaient scolarisés à l’école Jeanne d’Arc. On comprend vite pourquoi Louis Liardet qui allait dans cette école s’est naturellement retrouvé au Glaizil quelques années plus tard comme moniteur. Personnellement je l’ai eu comme responsable à plusieurs reprises.
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Le bâtiment de la colonie en 1963 avant les gros travaux.
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J’aime bien cette photo car il s’agit de la montée vers le pic du Glaizil (2h ) qu’on a faite tant de fois avec lui. Il est en tête de file et moi un peu plus bas. Elle doit dater de 1965. J’ai 3 clichés de cette même journée.
Il ne fallait pas lui désobéir car il s’énervait très vite. Mais une fois cette règle élémentaire comprise tout se passait bien et je dirais même « qu’il avait un cœur gros comme ça ! » Personnellement j’ai mis du temps à le comprendre. J’étais presque craintif à son égard, jusqu’au jour où j’ai capté sa gentillesse et là TILT !! (j’avais 11 ans en 1965 quand lui en avait 26 ans).
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Cette photo a été prise en 1965 (même chemise que la photo précédente) devant le réfectoire du groupe des « cœurs d’or« . Mme Coniglio était la cuisinière de la colonie et de l’école Jeanne d’Arc. Sa gentillesse était légendaire. Elle semble dire au photographe « non pas moi mais lui ».
Sur quelques photos (comme sur ce cliché) Louis Liardet semble manquer d’assurance. Il ne faut pas s’y tromper ! Il était vif, très direct, et menait les jeunes avec beaucoup d’autorité. Paradoxe classique et pas forcement incompatible…
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Le fameux réfectoire des « cœurs d’or ». A la gauche de Louis le jeune moniteur Christian Weith, à sa droite Akakou Miakaméné, debout M. Ivorra qui sert les jeunes dont je fais partie. Je pourrais donner un nom à beaucoup …50 ans plus tard !
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Tous ces jeunes ont très bien connu Louis.
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2 / Le foot et sa passion d’entraineur
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Le foot a été sans aucun doute sa plus grande passion. Il était sur tous les fronts : entraineur, arbitre, organisateur de tournois nationaux et internationaux. Très proche des enfants, l’article de journal qui se trouve plus haut rappelle qu’il était vraiment éducateur dans l’âme. Il a fait partie aussi des instances dirigeante du club et même photographe des matchs à l’occasion. Il n’était pas rare qu’il offre à tel ou tel jeune une belle photo qui le concernait. Toute sa vie il a également pris des notes sur les matchs importants (j’en ai été surpris). On a retrouvé chez lui dans ses affaires des tonnes de notes avec lesquelles ont pourrait faire plusieurs livres !
Le foot a été sa passion
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L’équipe Pupille AUC 1970-1971 dont Louis Liardet s’est occupée.
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Racing club Aixois Pupilles 1973. Louis Liardet sur la gauche.
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Le jeune Tony A. et Louis Liardet éducateur dans l’âme.
Louis a beaucoup aidé ce jeune garçon qui faisait partie de l’équipe de foot, au point de lui donner un coup de main financièrement dans ses études supérieures quelques années plus tard. Il lui a permis également de passer des vacances dans les Alpes dans sa propre famille à Thonon. Une des sœurs de Louis est toujours en contact avec Tony.
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.Mais reprenons le foot :
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Louis Liardet, un arbitre impartial.
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Louis était impartial sur un terrain de foot, jamais de favoritisme malgré la présence de tel ou tel jeune qu’il connaissait bien ou de son plus jeune frère Patrick (surnommé Bilou). A deux reprises, Patrick me racontait qu’il avait été sanctionné d’un carton rouge ! Et Patrick de rajouter « je devais l’appeler Monsieur l’arbitre comme les autres joueurs« . Sur le terrain Louis ne plaisantait pas et certains joueurs le trouvaient trop sévère. Le petit Patrick s’est pris quelques coups dans les tibias de la part des autres joueurs uniquement par représailles () !
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Les photos en noir et blanc ont été prises vers 1965 à la colonie du Glaizil où Louis Liardet était moniteur et s’occupait d’arbitrer les matchs. Les photos en couleurs concerne AUCF à Aix-en-provence malheureusement pas prises par Louis. Il a fait beaucoup de photos, je vais essayer d’en récupérer.
Anecdote : un coup de sifflet tonitruant:
Louis Liardet avait un coup de sifflet tonitruant quand il arbitrait les matchs. Ce n’est pas une personne qui me l’a dit mais plusieurs. Lorsque les jeunes n’étaient pas très loin du stade et que plusieurs matchs se jouaient en même temps ils reconnaissaient sans aucun doute possible, le coup de sifflet de Louis.
Qu’avait-il de particulier ce coup de sifflet ? Impossible d’arriver à le faire préciser par ses amis ou sa famille : mais il était reconnaissable. Certains (à l’époque) avaient essayé de l’imiter mais c’était impossible ! Strident ? percutant ? fort ? toniques ? retentissant ? avec des à-coups ? Un peu tout ça ! A vrai dire c’était son coup de sifflet : incontestable et incontesté !
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Arbitre, éducateur, entraineur, animateur, photographe…. :
Loule est récompensé et honoré par l’association AFSVTP
3 / Sa passion pour la peinture à l’huile .
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Pas mal du tout la peinture. Quelques petites maladresses mais qui lui ressemble et ne gâche rien. Les couleurs sont bien choisies.
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Cette peinture a été réalisée au Glaizil, pendant son séjour comme moniteur à la colonie, très probablement sur un coin de table pendant les « ateliers » des enfants…
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Cet ensemble de dessins est plus naïf mais pas à dire Louis avait du talent.
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4/ sa passion pour la photographie.
Louis et sa caméra sophistiquée.
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Son appareil photo n’était jamais très loin.
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Un cheval, une nature sauvage et Louis sortait son appareil photo.
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Cet ensemble de photos se trouvait dans son bureau à la Fac. Dommage elles ont un peu perdu de leur qualité dans le montage. On y reconnait la Rotonde, le cloître de la cathédrale d’Aix, le clocher de la cathédrale d’Aix de nuit, des macros (fleurs, chien, abeille..) en bas à gauche une équipe de foot et même « Big Ben » à Londres, probablement Venise sur la droite, le lac Léman, Oxford ……
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5 / Les « Petits Chanteurs d’Aix »
(collège du sacré coeur)
Louis Liardet a découvert les « Petits Chanteurs d’Aix » au tout début de leur création c’est à dire il y a environ 55 ans. Par la suite il a participé régulièrement aux activités du groupe mais si j’ai bien compris, il a mis fin de lui-même à cette belle activité suite à un petit litige. J’essaie depuis quelques jours de rentrer en contact avec l’association des « Petits Chanteurs » pour avoir des photos le concernant. Il tarde à répondre mais…j’ai tout mon temps ! La patience et la gentillesse obtiennent tout .
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En cliquant sur cette vidéo vous avez les 2 premières séquences qui concernent les « Petits Chanteurs ». Ferrat en 1ere vidéo, Mozart (Ave Verum) pour la 2eme …..
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Portraits de Louis Liardet de 20 à 60 ans
Un visage très expressif ! On pourrait mettre un sentiment sur chaque cliché.
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Je suis très surpris par le nombre important de visiteurs pour cet article (120 par semaine environ). Pour avoir une telle fréquentation, alors que l’article est tout juste référencé, c’est que Louis Liardet est encore très présent dans le cœur de beaucoup !
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