Duc de Lesdiguières (suite )

HISTOIRE DU DUC DE  LESDIGUIERES

Son enfance et son éducation :
 
 François de Bonne est né à Saint-Bonnet, le premier Avril 1543, fils de Jean de Bonne et de Françoise de Castellane .
 Issu d’une famille de notaires, il perd à 5 ans son père qui ne lui laisse qu’un patrimoine modeste. Son oncle, Castellane, prend en charge son éducation . Il le fait élever au collège d’Avignon puis l’envoie à Paris en 1558 au collège de Navarre pour qu’il y fasse sa « philosophie ». Ce collège de Navarre était réservé aux fils de familles proches de l’entourage du roi. François de Bonne y côtoie les enfants des grands de l’époque et fait la connaissance du futur Henri IV, de neuf ans son cadet. Son oncle désirait lui faire faire des études de droit.
Mais un an plus tard son oncle meurt (1559) brusquement et Lesdiguières qui a 16 ans est contraint de quitter le collège et de rentrer à St Bonnet.
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Henri IV confiera au Duc de Lesdiguières l’éducation de son fils ainé qui deviendra Louis XIII
(tableau du Musée de Gap)
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Il a gardé de ce passage au collège de Navarre une grande érudition et l’amour de la littérature. La très belle bibliothèque du château de Vizille en fait foi.
Comme il est attiré par le métier des armes, sa mère ( Françoise de Castellane) et quelques parents rassemblent les fonds nécessaires à l’achat d’une charge d’archer dans la compagnie d’ordonnance de Bertrand de Gordes, lieutenant général du roi et du Dauphiné (1562), il a 19 ans. C’est cette année-là que débutent les guerres religieuses dans cette province. Depuis Avignon, il était secrètement acquis à la cause de la réforme.
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  Le duc de Lesdiguières : une fière allure !  
 
 Il se rallie donc à la cause des protestants et quitte Bertrand de Gordes pour rejoindre l’armée des Huguenots.
Il rejoint son cousin, le capitaine Furmeyer qui mène le combat .Après la mort de son cousin, il sera désigné comme chef des protestants du Champsaur, à 32 ans,  et livrera de nombreux combats. Il commence fort jeune une carrière de chef de guerre. Ses troupes occupent St Bonnet et Corps (voir plus loin la chronologie de sa vie), il participe à tous les combats de la Savoie, du Dauphiné et jusqu’au Languedoc ! Ses prouesses militaires et ses capacités au commandement sont reconnues en plus haut lieux et c’est à ce moment là qu’il se fera remarquer par Henri III. Lorsqu’en 1584 ( 30 ans plus tard ) Henri III désigne le roi de Navarre pour lui succéder, son autorité sur les huguenots du Dauphiné est reconnue.
Henri IV en viendra, comme nous l’avons déjà dit plus haut,  à lui demander ouvertement son aide contre le Duc de Savoie !  En effet ce dernier profitant des divisions religieuses, essayait de  récupérer les terres du Dauphiné. Le duc de Lesdiguières alors fidèle au roi de France ( et ancien ami du collège de Navarre ) rentra en guerre contre le duc de Savoie. Afin de mettre Lesdiguières de son côté, le Roi n’hésitera pas à le gratifier de titres honorifiques, d’argent ( sa fortune devient colossale ) et le qualifier  « d’ami fidèle » à tout bout de champ. Mais le roi se méfie des énormes capacité de Lesdiguières et le qualifie dans son entourage de  » rusé comme un renard » !
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 François de Bonne , Duc de Lesdiguières .
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Voici les titres de Lesdiguières : 
 
Chef des protestants du Dauphiné                       en 1577 . 
Lieutenant général                                                en 1595 . 
Lieutenant général du Dauphiné                          en 1598 . 
Maréchal de France                                             en 1606 .
Duc et Pair de France                                          en 1611 .
Maréchal de camp Général                                 en 1621 . 
Connétable de France                                        en 1622 .
Chevalier du Saint Esprit                                    en 1622 .   
 
Ce dernier  titre peut laisser songeur ! Toutefois il fut très touché sur la fin de sa vie par la prédication de  St François de Salle et semble être revenu à des sentiments plus catholiques ( si on peut dire) sur la fin de sa vie. Mais …( car il y a un mais…) grâce à ce retour il a été nommé connétable de France. Demeure donc un doute sur la réalité de ce retour.
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Le 25 juillet 1622, à l’église St Bruno de Grenoble, il abjure en effet le protestantisme devant l’évêque d’Embrun ( à 79 ans). La cérémonie terminé De Créqui son gendre, lui donne lecture d’un courrier du Roi :« Monsieur, puisque vous êtes catholique, le Roi vous donne la charge de connétable »
 

 

 Mais revenons à la chronologie des évènements de sa carrière  :

.Sa carrière militaire fut si longue ( de 19 ans à 83 ans ) qu’il nous semble judicieux d’en faire un résumé chronologique !
 
De 1562 à 1574 : Lesdiguières , à la tête des protestants, fait tout pour dominer  le Champsaur . A cet effet il participe aux  luttes religieuses, jusqu’à  éteindre toute contestation de la part des catholiques . Mr Robert Faure signale que 900 villages dans le Dauphiné seront brûlés, 256 prêtres et 112 religieux  tués. En 1566 grâce à l’édit d’Amboise, la guerre est provisoirement suspendue.  Il a 23 ans et épouse Claudine de Béranger qui lui donnera trois enfants ( voir plus loin les étapes de sa vie privée ). Il ne s’agit pas d’un mariage d’amour mais calculé pour son ascension politique : elle est noble. Par ailleurs sa mère devient aveugle et son épouse pourra s’occuper d’elle.
 
En 1572 il s’empare de Mens et de Corps puis l’année suivante écrase les catholiques de Gap.
C’est à Corps que se situe cet exploit magnifique que seul Lesdiguières était capable de réaliser. En début de nuit il se trouve avec seulement quelques hommes dans le village de Corps. On lui apprend qu’il est complètement encerclé par les catholiques et qu’il n’a aucune chance de s’échapper .Le combat est inégal, il est obligé de le perdre. Il imagine alors un stratagème unique en son genre . Il prend des centaines de chêvres et de moutons sur lesquels il fixe des torches , et pousse le troupeau sur l’ennemi qui surpris par cet cavalcade se pousse et pense à toute autre chose qu’au combat. Lesdiguières peut se dégager de ce guépier sans même entamer le combat  !
 
En 1574 il participe à la prise de Serres, Vif, La Mure, Ambel …..toujours dans le même esprit : faire de telle sorte que toute la région soit protestante. Les mises en garde se répètent de la part du Roi .Mais toutes les régions de France sont en proie à cette véritable guerre civile et la situation lui échappe .
En 1575 il s’empare à nouveau de Gap .Pourquoi est-ce important pour Lesdiguières ?  La ville de Gap (où demeure l’Evêque) est restée très catholique. Les Gapençais ne se privent pas, régulièrement de faire des incursions dans la vallée du Champsaur, protestante, pour piller, voler le bétail, faire des prisonniers. Lesdiguières désire une bonne fois pour toute régler le problème. En fait il s’agira d’un véritable massacre. Il pille la ville et fait environ 120 morts. Pour établir sa position il fait construire, au dessus de Gap, la forteresse de Puymaure.

       Duc de LesdiguièresDévastation de Gap (dessin de Gilbert Bouchard pour « Mémoire du Champsaur »).

Le lien si dessus renvoie sur une vidéo. Mais vous pouvez découvrir aussi Gilbert Bouchard sur Wikipédia en cliquant ICI 

 

A partir de 1577, il séjourne régulièrement à Serres, donnée aux protestants comme place de sûreté et dont son secrétaire et biographe Louis Videl (1598-1675) est d’ailleurs originaire. Sa présence y est notamment attestée en 1582 et 1588. La tradition lui prête plusieurs demeures dans cette ville (Maison dite de Lesdiguières).
En 1577 : il est nommé chef des protestants du Dauphiné à la mort de son cousin le Capitaine Furmeyer .
En 1580 une ligue envoie contre lui un de ses meilleurs généraux, le Duc de Mayenne avec une armée de plus de 15000 hommes. Malgré une héroïque résistance, les troupes de Lesdiguières sont battues à plusieurs reprises, il ne reçoit aucun renfort et doit se soumettre.Il doit rendre GAP mais peut conserver PUYMAURE qu’il fait renforcer.
De 1580 à 1584 est aménagée entre Huguenots et catholiques une trêve. Lesdiguières en profite pour embellir son château « des Diguières » et sa maison forte de St Bonnet.
Le 10 octobre 1581 il reçoit le duc de Mayenne au château « des Diguières » avec tout le faste dû à son rang, le menu fut grandiose, un fort courant de sympathie s’établit entre eux.
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Duc de Lesdiguières

 
Mais en 1587 les combats reprennent : Lesdiguières s’emparent de la ville d’Embrun et le riche trésor de la cathédrale est pillé mais sans massacre, seulement grâce à la ruse.
Le 5 avril 1588 il décide de reprendre le contrôle de GAP que les catholiques ont réinvestie. Il occupe fort habilement les moulins dans le but d’affamer la population et la ville tombe.
Le 14 Aout 1588 , un traité est signé à Château Arnoux : suite aux directives royales, Lesdiguières fait alliance avec Lavalette contre Henri de Guise qui veut la destitution d’Henri III. Lesdiguières annonce clairement son camp . ( il a 45 ans )
Après plusieurs échecs sanglants, il s’empare en 1589 de Grenoble. Il ordonne alors un grand nombre de modifications :
 
  • – fortification de la Bastille sur la rive droite de l’Isère
  • -fortifications tendues sur la rive gauche,  
  • -construction des quais de l’Isère, 
  • -embellissement de la ville : nouvelles rues, égouts collectifs, façades crépies, 
  • -Construction du palais du Parlement et de la trésorerie qui deviendra sa    résidence personnelle, à l’emplacement même de l’ancien palais delphinal,
  • Constructions de digues le long du Drac et d’un pont d’une grande hardiesse sur le Drac, le Pont-de-Claix, qui deviendra une des sept merveilles du Dauphiné.

Pont de Claix .
En 1590 il s’empare de Briançon.
Le 17 septembre 1591 bataille de Pontcharra : Alors que Lesdiguières est à la tête de l’armée royale, il  affronte pour défendre la France l’armée Savoyarde à Pontcharra. Les deux armées sont face à face. Lesdiguières et ses lieutenants Poligny, Mures, Morges, Briquemaut, Valouses ne disposent que de 6 000 hommes face à l’armée de don Amédée (frère du Duc de Savoie Charles Emmanuel Ier) et d’Olivares forte de 15 000 hommes, dont 1500 Espagnols, 2000 Napolitains et 3000 Milanais. Le combat fut terrible, avec plus de 5000 morts, mais Lesdiguières l’emporta. Le butin fut énorme.
En 1595 il s’empare de Grenoble qui était occupé par le duc de Savoie.

 

LE GRAND TOURNANT DE SA CARRIERE

C’est un tournant qu’il faut bien comprendre. Le Duc de Lesdiguières en 1595 arrive à dominer tout le Dauphiné soit en ayant repris les terres au Duc de Savoie  (Grenoble en 1595 par exemple), soit en ayant par sa domination fait cesser les guerres de religion.
Henri IV voit donc le grand bénéfice à s’en faire un allié et commence à lui promettre titres et argent ce qui va de soi. Les deux hommes se rencontrent  à Lyon où Lesdiguières arrivent avec tous les notables de la région. Henri IV se fait très courtois à son égard, le félicite pour son travail d’unification et le traite comme un ami. Lesdiguières est au sommet de sa notoriété et accepte volontiers ce rapprochement avec Henri IV.
En 1595 il est nommé Lieutenant général du Dauphiné par le Roi.( certains documents parlent de 1597 )
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En 1597 Le Duc de Lesdiguières repart en guerre contre le duc de Savoie Charles Emmanuel 1er ( qui profitait de quelques luttes religieuses pour étendre son duché ). Il reprend Montmellian et Chambéry au Duc de Savoie qui doit signer le traité de Lyon en 1601.
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En 1597, il commande le siège du château de l’HUILE ( un château fort qui contrôlait la route du Col du Cucheron ) qu’il prit avec l’aide de trois canons. En 1630, ce château subit un nouveau siège par les armées de Louis XIII, et il est finalement détruit et arrasé sur les ordres du cardinal de Richelieu.

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En 1598,  il s’empare de Fort Barraux que le duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier venait de faire construire (1597).

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Entre 1600 et 1619, il fait construire le célèbre  château de Vizilles. En réalité, il reprend une ancienne construction, l’agrandit, l’embellit.
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.Le château de Vizille : un sacré monument !
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..Le château de Vizille aujourd’hui .

En 1606 il est nommé Maréchal de France.( responsable de toute l’armée royale ! )

 

En 1608 il est veuf . Sa femme Claudine de Béranger décède à l’age de 56 ans.
Il est nommé duc de Lesdiguières en 1611 et pair de France (« le Duché-Pairie de Lesdiguières fut érigé alors à partir des terres des seigneuries de Lesdiguières et de Champsaur, appartenances et dépendances »).
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En 1622, il devient catholique et reçoit le titre de connétable de France ( il sera le dernier ).
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En fin d’année 1622 il reçoit Louis XIII au château de Vizille. Son titre de Connétable l’oblige à demeurer à Paris et il y remonte avec le Roi. Il tente à 80 ans de jouer son rôle. Mais Richelieu est là, il prend le pas sur le vieux connétable qu’il écarte. Il l’envoie gouverner la PICARDIE et l’ARTOIS et les territoires reconquis.
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En fin 1624 planent de nouvelles menaces de guerre, les Gênois alliés des Espagnols sont sur la frontière des Alpes. Retourné d’urgence dans son Dauphiné, Lesdiguières lève rapidement une armée pour les attaquer et en plein hiver, passe Montgenèvre. Le 1er février, il arrive à Turin et poursuit son avancée sur Gênes, laissant commettre de nombreuses exactions par ses soldats sur la population locale.
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En 1625 : Profitant de son absence les protestants se révoltent dans le Dauphiné ( lui est devenu catholique). Lesdiguières alors rejoint le Dauphiné. Méfiant, il fait fortifier la plupart des places fortes de sa province. C’est au cours du siège de MEVOLHON qu’il est saisi d’un violent accès de fièvre et de diarrhée. Il rejoint Valence pour se faire soigner mais le 28 septembre 1626 à 7h30 , le robuste et infatigable Lesdiguières expire à 83 ans.
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Pour compléter la documentation vous pouvez lire aussi le livre: « Lesdiguières duc du Champsaur » par Faure de Prégentil paru aux « Editions des Hautes Alpes ».  Ce livre est remarquable : simple de lecture il relate très bien le destin national du Duc de Lesdiguières  et fourmille  d’anecdotes aussi intéressantes les unes que les autres .
On peut le trouver  dans les librairies des Hautes Alpes, notamment à Gap, à Pont du Fossé, à Saint Bonnet, à Orcières…ou chez l’éditeur: « Editions des Hautes Alpes » Tel 04 86 99 00 87 .
J’ai moi-même téléphoné aux éditions et les  commandes se font sans problème .
Par ailleurs les plus érudits   peuvent être intéressés par la lecture  du mémoire ( 200 pages ) de Mr Caix qui traite de la période juste après Lesdiguières, intitulée Louis XIII et Richelieu à Grenoble ( 1628 ) . Pour la lire vous pouvez cliquer ICI

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