Mémoire du Champsaur édite en ce mois de décembre 2018, un livre sur la Résistance 39-45 dans le Champsaur. Pour en savoir plus Cliquez ICI
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Arrivée des Allemands en septembre 1943
Une catastrophe pour le secteur !
Suite au débarquement des alliés en Afrique du Nord, les Allemands envahissent à partir du 11 novembre 1942 la France libre pour empêcher un éventuel débarquement en Provence.
Dans le Champsaur ils n’arriveront que le 8 septembre 1943. Les Italiens doivent alors quitter la région. Mussolini proteste vigoureusement puis s’incline devant la volonté d’Hitler. Comme les Italiens tardent à évacuer Gap, des accrochages militaires ont lieu en ville à l’arrivée des Allemands (alors qu’ils sont Alliés) et dans la précipitation du départ, ils laissent des armes aux Français soit par négligence (manque de temps) soit, selon certains témoignages, pour les aider. L’hôtel Lombard a longtemps porté sur sa façade les stigmates de ces combats.
L’arrivée de l’armée allemande change complètement l’ambiance. Tout se durcit. La Résistance aussi. A la stupéfaction générale, les exécutions sommaires se multiplient. La villa Mayoli à Gap devient un lieu d’interrogatoire et de torture où passeront tous les Résistants arrêtés. Le Préfet s’en émeut ouvertement et tente d’infléchir l’attitude allemande… en vain.
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L’ennemi comprend immédiatement que la Résistance s’est installée dans la vallée du Champsaur et tout spécialement à Champoléon. Ils décident en novembre 1943 (3 mois après leur arrivée) d’intervenir. Il seront malheureusement aidés dans leur tâche par quelques collaborateurs et tout spécialement par le jeune Fernand Grasset qui à lui tout seul fera arrêter 172 Champsaurins dont seulement 89 survivront. Dans son journal personnel, Paul Ducatez le surnommait Grasset-le-Renard.
Richard Duchamblo a écrit en 1946 dans son livre, « Maquisards et Gestapo », un chapitre intitulé « Tableau de chasse de Grasset » où il énumère sur 2 pages toutes les victimes. Le titre à lui seul fait froid dans le dos ! Mais nous pouvons citer également Léon Michel, passé de la Résistance à la Collaboration après avoir été arrêté par les Allemands et qui a fait également beaucoup de mal (condamné à mort à la Libération), Vallet (condamné à mort également). Ce dernier, a arrêté personnellement Pierre Poutrain dans sa cabane et l’a frappé violemment, Jeannette Devineau (tuée à la Libération par la population, sans jugement) …
Nous allons découvrir successivement les 4 grandes rafles du Champsaur liées à Grasset :
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la rafle de la cure de Saint-Jean et du lycée professionnel du Père Poutrain
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l’attaque massive mais loupée des camps de maquisards
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l’arrestation de 21 jeunes STO à St Firmin le soir du Réveillon
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la rafle des Combes (un peu plus tardive le 5 janvier 1944)
Nous parlerons également de :
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la rafle de Saint Eusèbe liée à la dénonciation de Jeannette Devineau
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1 / En novembre 1943, dramatique rafle au lycée professionnel de Prégentil
Dans la nuit du 12 au 13 novembre 1943 la Gestapo et la Whehrmacht (500 soldats) encerclent simultanément le village de Saint-Jean (où se trouve la cure de l’abbé Poutrain) et le lycée professionnel (dont le fondateur est l’abbé Poutrain). Cet établissement se trouvait à l’époque à Pont du Fossé. Ils arrêtent toutes les personnes présentes sur les lieux.
Rappel d’histoire sur le lycée professionnel :
Nous avons parlé à plusieurs reprises de l’abbé Louis Poutrain, curé du village de Saint-Jean. Voici comment il devint progressivement Résistant.
Touché par la difficulté des jeunes Champsaurins à trouver du travail dans la région, il avait fondé en 1941 un lycée professionnel pour l’enseignement de la menuiserie et son frère Pierre l’avait rejoint en 1942 après s’être échappé d’un camp allemand de prisonniers militaires lors d’un transfert en train. Créer un lycée : rien de répréhensible.
Mais en 1942, il accueille 20 jeunes Alsaciens dans le presbytère de son église à Saint-Jean. Quelques mois plus tard, il accueille également une vingtaine de jeunes réfractaires au STO, logés cette fois-ci dans le lycée qui se trouvait dans la vallée, au domaine de Prégentil. De faux papiers lui permettaient de tricher sur l’âge et donc de les garder au lycée. Tout cela se faisait en lien avec la Résistance locale. Les jeunes qui le désiraient, partaient ensuite vivre dans le Maquis de Champoléon. D’ailleurs, Pierre Poutrain (le frère du prêtre) faisait à pied d’incessants aller-retour entre le Maquis et le village de Saint-Jean.
Pour mémoire, le lycée actuel commençait tout juste à sortir de terre en 1943 (bâtiment administratif). La poursuite de la construction se fera en 1946.
Déroulement de la rafle :
Les Allemands cernent donc le village de Saint-Jean et le lycée, investissent l’église, le presbytère, et font une fouille systématique. Ils tirent à tort et à travers au point que le Père Louis Poutrain (à son retour de déportation) qualifiera ces tirs de mortier et de mitraillettes de « totalement inutiles et ridicules ». Toutes les personnes trouvées sur les lieux sont arrêtées.
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Presbytère où a eu lieu l’arrestation.
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A deux reprises au moment de l’arrestation le Père aurait pu s’échapper mais ne l’a pas fait. La première s’est passée de la façon suivante : prisonnier au rez de chaussée de la cure, le jeune Allemand qui les gardait s’était endormi lourdement après une nuit difficile. Se réveillant, les yeux écarquillés, ce jeune leur demanda presque timidement : « tout le monde est-il là ? et le Père de répondre « oui, tout le monde ! »
La deuxième opportunité se passa au moment où on les fît sortir de la cure et qu’ils marchaient en file indienne dans un petit chemin. Le père Poutrain réalisa qu’ils étaient 3 gaillards accompagnés d’un seul Allemand plutôt petit. Ils pouvaient à la faveur d’un effet de surprise le maîtriser et s’échapper par de petits chemins qu’ils connaissaient bien mieux que les Allemands. Ils ne le firent pas. Pourquoi ? S’échapper aurait été terriblement préjudiciable à tous ceux (50 personnes environ) qui avaient déjà été arrêtés.
Les Allemands repartent avec les prisonniers. Le Père Louis Poutrain sera déporté jusqu’à la fin de la guerre à Flossenbürg. Dans son livre « la déportation au cœur d’une vie » (1982 Édition du Cerf) il signale qu’il n’a eu la vie sauve que par le hasard des circonstances et l’aide d’un codétenu qui le faisait boire à la petite cuillère pendant 15 jours alors qu’il était dans le coma et bouillant de fièvre. Lorsque le camp est libéré, allongé sur une charrette, totalement immobile, on le prendra un moment pour mort.
Les Allemands arrêtent également, le Père Joseph de La Briolle qui se trouvait là, de passage. Il sera libéré quelques jours plus tard après intervention de l’évêque : en effet ce prêtre n’avait aucun lien avec la Résistance. Ils arrêtent les 20 jeunes Alsaciens de la cure, les 20 jeunes réfractaires au STO du lycée, la famille Demontis avec leur bébé de quelques mois : la mère et l’enfant seront libérés rapidement. Proto Demontis suivra le chemin de la déportation avec le Père Poutrain, la cuisinière et son mari seront libérés quelques mois plus tard, François Lauzier de Chaillol mourra en déportation à Mauthaussen le 19 Aout 1944 sans avoir vu la naissance de son 7eme enfant : ce sera une petite fille (certains m’ont dit que François Lauzier était mort à Flossenbürg).
Beaucoup vont être déportés, en passant tout d’abord par la villa Mayoli à Gap pour interrogatoire, puis les Baumettes à Marseille et enfin direction l’Allemagne, à Flossenbürg pour beaucoup (espérance de vie 3 mois maximum). Le frère du prêtre, Pierre Poutrain, était ce soir-là aux Garnauds et échappa à la rafle. Il fut capturé dans une bergerie quelques mois plus tard, torturé à la villa Mayoli et fusillé le 19 juin 1944, quelques jours avant la Libération avec quatre autres Résistants. Son corps a été transféré le 22 Août 1946 dans le cimetière tout proche de la cure de Saint-Jean sur demande de son frère Louis Poutrain (après son retour de déportation ).
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Le Père Poutrain décoré de la légion d’honneur en 1975 ( 81 ans ).
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Cette rafle de Prégentil a eu lieu grâce aux renseignements donnés par Grasset. Il était arrivé à s’introduire dans le bureau du Père Poutrain, de nuit et à découvrir les faux papiers qu’il utilisait pour les jeunes. Pour se faire accepter, ce collabo circulait dans la vallée en soutane, en se faisant passer pour un séminariste. Aucun habitant ne l’avait reçu. Par contre le camp des Tourronds et la cure du village de Saint-Jean, bien que méfiants, le reçurent quand même. Ce sera une catastrophe pour tout le Maquis du secteur.
Dans son livre, le père Poutrain se posait la question de savoir s’il n’avait pas été imprudent en laissant les papiers de ses jeunes hôtes dans un tiroir de son bureau et s’il n’avait pas manqué également de prudence en se faisant livrer directement au presbytère toute la nourriture de ses 20 hôtes alsaciens. Il aurait été préférable de se faire livrer au lycée puis ensuite transférer discrètement la nourriture de nuit à la cure. Beaucoup trop de gens dans le village connaissaient son activité. Lorsque le jeune collabo est arrivé à Saint-Jean, il a été rapidement renseigné et a trouvé les papiers sans difficulté. Mais laissons ces questions de côté surtout après tant d’années et retenons surtout le courage et la générosité de ce prêtre dans un moment si difficile. Il a été décoré de la légion d’honneur en 1975.
Plusieurs décennies plus tard il deviendra l’aumônier en quelque sorte des anciens déportés de Flossenbürg et retournera sur les lieux avec eux, toujours avec autant d’émotion. Sur demande de ses anciens codétenus et amis, il écrira en 1982, son livre « la déportation au cœur d’une vie ».
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2 / Les camps de Champoléon attaqués par les Allemands
Le même jour, trois camps de Maquisards ont été attaqués : les Tourronds, les Meollions, les Borels. Par contre, les Garnauds ont été épargnés.
Les Borels et l’église du Père Robin
Les maquisards de ces 4 camps ont été prévenus par un gendarme (un certain Fine) quelques heures avant le moment fatidique. Après avoir soigneusement caché les armes et le matériel, les Résistants se sont échappés dans la montagne en passant par le col d’Orcières. Aux Méollions, un Résistant a écrit sur la porte du chalet « vous arrivez trop tard ». Les Allemands, en arrivant sur place, après de nombreux tirs inutiles de mortier et de mitraillettes, ont inspecté les lieux, détruit toutes les installations avec des grenades incendiaires. Quoi qu’il en soit les maquisards ne pouvaient plus revenir dans ces camps de base, même aux Garnauds. Tout devait être abandonné.
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.Les ruines de Meollions après le passage des Allemands.
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Après cette attaque, la Résistance du secteur est totalement désorganisée. Paul-Marie Radius est prêt à recommencer. Il rassemble tous ses hommes sur les hauteurs d’Orcières, mais reçoit l’ordre du colonel Daviron de les libérer pour qu’ils rentrent chez eux.
Une petite partie du groupe passe quelques jours à l’hôtel des «Négociants» à Gap sous l’autorité des 2 officiers : Radius et Rouxel (les 2 amis). Voici ce qu’en dit Paul Marie Radius dans une lettre à ses parents « Nous y avons goûter le plaisir de coucher dans un lit, au voisinage immédiat de quelques Allemands ! Ce fut pour nous les délices de Capoue… » Mais cela ne pouvait durer, chacun allait devoir rentrer chez lui.
Après l’attaque du 13 novembre 1943, les Allemands connaissaient très bien les noms des chefs de la Résistance et ils étaient tous recherchés. Finalement, mais nous faisons un saut dans le futur, Paul-Marie Radius sera fusillé le 10 juillet 1944, Bernard Rouxel mourra en déportation à Wilhemshaffen à l’âge de 23 ans le 16 mars 1945, Pierre Poutrain fusillé le 19 juin 1944, son frère le Père Louis Poutrain arrêté lors de cette attaque du 13 novembre 1943 déporté à Flossenbürg mais il en est revenu, le colonel Daviron sera déporté mais en reviendra, le capitaine Conan (Henri Baudel) en réchappa et continuera le combat en prenant de gros risques, le lieutenant Raymond Grandjean mourra en déportation à Neuengrame le 5 janvier 1945, comme le lieutenant Pellegrin René le 6 juin 1945 à Flensburg …Le fait de séjourner à Gap était donc extrêmement risqué pour eux et l’avenir le prouvera.
Après 10 jours passés en famille, comme convenu, tous les jeunes Résistants sont de retour dans les Hautes-Alpes le 30 novembre 1943. Paul-Marie Radius de retour à Gap va d’hôtel en hôtel, prend des risques pour réorganiser son groupe. Pas un de ses hommes ne manque à l’appel.
Décembre 1943, la hiérarchie leurs demande de monter un camp à la Begüe dans la vallée de Briançon. Ils se retrouvent donc dans une autre vallée. Cette réimplantation sera difficile et les témoignages des anciens iront tous dans le même sens : l’ambiance ne sera jamais plus comme dans les hautes montagnes de Champoléon.
Pour mémoire (car il ne s’agit plus du Champsaur) ce deuxième camp de la Begüe sera encerclé par les Allemands le 16 janvier 1944 (c’est à dire 1 mois et demi après sa création). En voici le déroulement.
Le 16 janvier 1944, M. Bauchau arrive précipitamment à la Begüe pour leur annoncer que Thuoux (une sorte de chantier-frère sur le même secteur) venait d’être attaqué. Les jeunes de la Bégüe disparaissent rapidement dans la nature. Une fois de plus ils échapperont aux Allemands grâce à la population locale.
Paul-Marie Radius dépose ses affaires chez M. Bachau et passe une semaine à Gap. Il écrit à ses parents « cette semaine, cela a été assez la bulle…..vie en hôtel. Hier avec mon ami Rouxel, je suis allé voir Carthacalla, un film sur les Bohémiens…». Une vie donc qui n’est pas simple et qui comporte beaucoup de risques.
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Carnet intime de Paul Marie Radius. 29 Août et 30 Août 1943. Tenir son carnet intime entre les mains est une expérience touchante. Le « M. Pierre » dont il est question sur la page de gauche est Pierre Poutrain. Parfois, il le surnommait « oncle Pierre ».
Six mois plus tard, Paul Marie Radius sera trahi lors d’un trajet qu’il faisait en car le 20 juin 1944 pour aller à Gap voir un médecin (Dr Coronat) et confier un de ses Résistants malade. Torturé à la villa Mayoli jusqu’à en être méconnaissable, il ne parlera pas. Il sera fusillé le 10 juillet 1944 (voir son parcours plus loin).
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3 / La rafle de Saint Firmin
En décembre 1943, le même collaborateur (Fernand Grasset) permet une troisième rafle dans le village de Saint Firmin. Se faisant toujours passer pour un séminariste et lier d’amitié, il organise une soirée de Réveillon à St Firmin. La Trentaine du secteur se méfie et refuse l’invitation. C’est une bonne intuition de la part du Maquis des Préaux. Par contre vingt et un jeunes réfractaires au STO s’y rendent et en pleine fête, la Gestapo arrive. Ce traître prétextant des nausées s’était éclipsé quelques minutes avant. Les vingt et un jeunes sont arrêtés. Dix arrivent à s’échapper pendant leur transfert, les uns à Dijon (17/03/1944) les autres à Paris (19/03/1944). Pour les onze restants, six sont envoyés en Allemagne dans le cadre du STO (3 à Francfort et 3 autres à Hambourg, lieux qui ne correspondent pas à des noms de camps de concentration), cinq furent affectés au STO en France.
Un document signale que les six partis en Allemagne ont été déportés dans des camps. A priori c’est une erreur ou alors il s’agit de camps d’hébergement mais pas de concentration.
Les jeunes filles présentent à cette soirée sont restées libres.
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La rafle se déroula dans cette maison, en haut du village de St Firmin.
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Un Champsaurin m’écrit « Je ne pense pas que ces 21 jeunes étaient organisés en maquis. A priori, ils n’avaient aucun lien avec la Résistance. C’était d’ailleurs le cas de la majorité des STO réfractaires qui se planquaient… Pour ceux de Saint Firmin, beaucoup semblent avoir été de la région, se cachant près de chez eux ou chez des parents et amis. Ces 21 jeunes furent rapatriés de mai à Juillet 1945 »
Par l’intermédiaire de Grasset, les Allemands se rendirent compte de l’importance de la Résistance sur le secteur et du nombre important de réfractaires aux STO. Ce jeune toucha 800 francs (soit 8 nouveaux-francs ) pour cette basse besogne.
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Saint Firmin
L’émoi fut tel dans le village de Saint Firmin et la région que les gendarmes se sentirent obligés d’enquêter sur ce jeune. Mais cela ne relevait pas de leur compétence. La Gestapo intervint quelques heures plus tard, prévenue à nouveau par Grasset. Les quatre gendarmes sont arrêtés mis en prison pendant 4 mois (libérés le 22 avril 1944). L’un d’eux rencontra le Père Poutrain aux Baumettes à Marseille et ils comprirent ensemble qu’ils avaient été trahis par le même jeune.
A la même époque, les Allemands arrêtent deux chauffeurs du Comptoir des Alpes, une entreprise qui ravitaillait les maquis, ainsi qu’un maquisard des Préaux (Saint Firmin), Paul Clément qui fut emprisonné à Marseille et déporté. Ce Paul Clément était maquisard aux Préaux avec les frères Maillet.
Qu’est devenu le collaborateur Grasset ? Dans aucun document son nom n’est mentionné et encore moins dans le livre du Père Poutrain qui reste très discret sur lui. Seul le livre du Père Richard Duchambo signale qu’il fut condamné aux travaux forcés à perpétuité par contumace. Mais il n’a jamais été retrouvé. On apprit plus tard que plusieurs membres de sa famille, avaient pourtant été Résistants à Toulon !
Dans son fascicule (non édité), Paul Ducatez donne d’autres indications crédibles. Il affirme que Grasset-le-Renard (comme il l’appelle) livra d’autres maquisards dans la vallée de Briançon et que les Boches commencèrent à avoir des doutes sur lui, allant jusqu’à penser que pour si bien connaître les réseaux et les lieux il avait dû faire partie de la Résistance. Il l’envoyèrent donc dans un camp de travail en Allemagne. A la Libération il se garda bien de revenir dans le secteur.
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4 / La rafle des Combes a eu lieu le 5 janvier 1944 au petit matin dans le village des Combes, hameau de Saint-Bonnet sur dénonciation du jeune Grasset. Les trois frères Escalle et les deux frères Dusserre-Telmon qui se trouvaient sur place, ont été arrêtés.
Emile Escalle qui faisait partie du maquis du Buech, était venu voir sa mère à l’occasion des fêtes de Noël. Des 3 frères Escalle seul Emile engagé dans la Résistance a été déporté alors que les 2 autres ont été libérés à Marseille. Il en est revenu cachectique.
Pour les 2 frères Dusserre-Telmon, le jeune Joseph, âgé de seize ans a été déporté mais a pu rentré à la Libération dans un état d’épuisement extrême. Pierre, son frère aîné, faisait partie de la Trentaine de Chaillol. On ne sait pas exactement dans quelles conditions il est décédé. Signalé dans un camp à Neuengamme, on ne sait s’il est décédé sur place ou a fait partie de ces convois de déportés embarqués sur de vieux rafiots qui étaient ensuite coulés au large (information donnée par Paul Motte).
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5 / La rafle de Saint Eusèbe. (fin 1943 ou début 1944)
Elle est liée à la dénonciation d’un bal (interdit à l’époque) par Jeannette Devineau, infirmière sur le secteur. Les Allemands sont arrivés en pleine fête et ont arrêté une quinzaine de jeunes, pour la plupart déserteurs du STO. A la Libération, mauvais souvenir, mauvaise conscience, cette infirmière sans aucun procès, a été frappée à mort par la population, à coups de pied, à coups de poing, au sol…… Un soldat US devant un tel déferlement de violence aurait dit « bon ça suffit maintenant » et l’a achevée en tirant un coup de pistolet à bout portant. Un Champsaurin m’a dit qu’elle avait été … « massacrée ».
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– 15 / Souvenirs de guerre d’un petit enfant (JP Clot, chirurgien) : Cliquez ICI.