Photo prise au col de Gleize.
Mémoire du Champsaur édite en ce mois de décembre 2018, un livre sur la Résistance 39-45 dans le Champsaur. Pour en savoir plus Cliquez ICI
Si vous arrivez directement sur ce chapitre, vous avez loupé les belles photos de Chaudun autrefois : Cliquez ICI. ( vous pourrez lire l’article entièrement).
J’ai donc visité ce village de Chaudun en juin avec une certaine curiosité je dois le dire. Ce matin là, il faisait presque froid.
L’itinéraire pour aller à Chaudun ( Hautes Alpes, 05 ) est le suivant : non loin du col Bayard suivre la direction « Col de Gleize » à droite en allant vers Gap . On peut monter jusqu’au col de Gleize en voiture : la route est goudronnée. Ceux qui descendent jusqu’au Gîte peuvent y aller en voiture avec l’autorisation des gardes forestiers.( barrières )
On stationne donc au col de Gleize ( sur la carte, il est indiqué « Vous êtes ICI » ) . Ensuite l’itinéraire pour aller à Chaudun à pied est bien indiqué par le service forestier. J’ai mis 1h30 pour descendre et 2h30 pour revenir ( montée relativement raide) jusqu’au Col de Gleize.
Dès le début du chemin on comprend le travail colossal de reboisement qui a été effectué. Colossal ! Cette première partie du chemin est relativement plate pendant environ 30 mn.
A Saint Bonnet en Champsaur, on m’avait signalé avant de partir qu’il y avait sur le chemin une croix datée de 1896 . Je l’ai effectivement bien repérée. Elle marque l’endroit où une jeune fille est morte en plein hiver 1896 . Le village a été abandonné définitivement le 1er avril 1896. Donc ce décès a eu lieu entre janvier et avril.
Un internaute me donne des précisions : » Au sujet de la croix située entre les deux cols, j’ai toujours entendu raconter qu’une jeune fille était morte là alors qu’elle était allée à Gap chercher des médicaments pour sa mère. Prise dans la tourmente elle n’aurait pas pu aller plus loin. C’est ce que racontaient les derniers habitants de Chaudun. j’en ai connu deux. L’un habitait Gap, l’autre Mr Bonnardel, St Bonnet en Champsaur. Il eut fallu enregistrer ces témoins . Personne dans le pays n’était équipé pour le faire et de plus ces gens là n’évoquaient pas volontiers ce passé ».
Puis descente vers Chaudun.
Le long du chemin, la neige est encore repérable par-ci par-là. On trouve dans cette forêt, des mélèzes, des pins noirs d’Autriche, des pins à crochets, mais également toutes sortes de feuillus.
.
La pente se fait plus raide et je presse le pas ( j’ai marché environ 1h15) . Voici donc cette forêt qui est l’oeuvre des « Eaux et Forêts ». Magnifique.
L’arrivée sur Chaudun
Dans une trouée d’arbres, je commence à découvrir les premières pierres de Chaudun et par la même occasion, la désolation de cette vallée très encaissée. L’autre versant n’a pas été reboisé et présente des signes de ravinement et d’appauvrissement évident. Par ailleurs on devine sur cet autre versant la marque du travail de l’homme …… encore 20 mn de marche pour arriver à destination….tout à fait en bas.
Chaudun
J’ai été très surpris par cette arrivée dans le village. Le pont est d’époque. Il est en très bon état. En 6 heures de temps ( 4h de marche A et R + 2h sur place) je n’ai rencontré personne.
Si vous avez loupé les photos anciennes du villagecliquer ICI.
Les berges du torrent. L’impression est très curieuse. Le village a été abandonné il y a 110 ans, et pourtant ne semble pas totalement délaissé.
Premier pôle d’intérêt : le mémorial laissé par les habitants en 1895.
Ce très beau cliché m’a été adressé par M. Dominique Dupeyre ( qui habite Romans sur Isère ) avec le mot qui suit :
« Sur le GR93, depuis Peyrus dans la Drôme, je suis arrivé à Chaudun au bout de mon 8eme jour de marche (c’était le Mercredi 15 Septembre 2010). Je venais de St Étienne en Dévoluy en passant par le Col de Saume et le Col de Chétive. Une très belle journée. Une trouée dans la forêt et sont apparus la chapelle commémorative et les restes du cimetière de Chaudun. Je devais continuer mon étape pour bivouaquer après le village. Je suis rester bivouaquer à Chaudun. Le lendemain, j’ai continué vers Rabou par le GR93 le long du Petit Buech. J’ai rencontré à Chaudun une athmosphère à la fois pesante et de plénitude, que je n’ai rencontré que dans certains endroits du Vercors.
Avant de partir en 1895, les habitants avaient décidé de batir cette petite « chapelle-mémorial » pour honorer leurs défunts et en mémoire de leur village. Il ne reste que la façade qui a été restaurée il y a quelques années. Il ne s’agit donc pas de l’église du village dont les dimensions étaient plus importantes
.
La tombe de la jeune Félicie Marin ( décédée à 17 ans le 30 avril 1877) . Cette photo n’est pas spécialement plaisante, mais elle va me permettre d’expliquer un problème majeur pour chaudun. En effet non seulement le village était totalement isolé pendant les 9 mois d’hiver avec impossibilité d’évacuer un malade vers l’hopital de Gap mais pire, il n’y avait pas de médecin sur place ! De quoi est décédée cette jeune fille ? une appendicite ? une petite infection qui a mal tourné ? une tuberculose ? une chute ? A chaudun, le problème sanitaire était réel.
Je reçois d’assez nombreux courriels pour cette photo, en général de personnes qui sont allées à Chaudun et qui ont été frappées par le lieu. Une internaute qui s’occupe de généalogie m’a adressé des précisions intéressantes sur cette jeune Félicie Marin : » J’ai retrouvé dans les archives le mariage de ses parents et le 1er mariage de sa mère, LAPEYRE Marie Anne Élisabeth, à St Étienne en Dévoluy (elle était du Collet) avec CHAIX Ambroise Auguste, garde champêtre à Chaudun qui est décédé dans sa maison de « mort violente » -relevé sur l’acte-«
Surpris par ces informations j’ai demandé quelques précisions : « Pour mes sources se sont les Archives Départementales 05 en ligne qui sont très documentées et très faciles à consulter (ce n’est pas le cas de toutes les AD où je cherche sans fin pour retrouver nos ancêtres). De plus il y a une partie iconothèque très fournie en photos et fiches provenant, entr’autre, du service de restauration des terrains de montagne: de quoi y rester des heures!
Le hasard : cet après-midi mon mari a retrouvé un exemplaire du » Semenaïre » le n°7 du 1er trimestre 1987 où se trouve un article sur Chaudun extrait d’un exposé de Marcel BARÈS; je vous le passe ainsi que le lien pour les AD
J’ai reçu donc quelques photos, que je ne tarderai pas à mettre dans l’article (novembre 2011)
Cimetière et fronton du mémorial. L’ensemble a été restauré récemment.
.
Reconstitution numérique du mémorial que j’ai effectuée moi-même. Je pense qu’il devait ressembler fortement à ça. Je me suis basé bien-sûr sur des photos anciennes.
Le deuxième pôle d’intérêt : le torrent et les vestiges de la vie quotidienne.
Hormis le pont à l’entrée du village, ce deuxième pont existait déjà à l’époque. Il a bien-sûr été refait depuis en s’appuyant sur les mêmes pierres de la berge.
Cette belle pierre ronde se trouve au bord du torrent.
J’ai reçu un mot fort intéressant d’un agriculteur de Saint Bonnet à la retraite qui a connu ce lieu dans les années 50 et qui me signale quelque chose d’important : « ………J’ajouterais que d’année en année nous, utilisateurs de ce site, avons constaté la disparition de très belles pierres taillées prélevées dans l’église et les habitations en ruine. Elles agrémentent aujourd’hui sûrement des villas dans les entourages appartenant à des personnes un peu fortunées et équipées d’un moyen de transport. Précisons que l’accès au village était alors libre. Seul le mauvais état du chemin a un peu freiné le pillage ».
….l’information est importante.
Fontaine restaurée. Dans le bois qui se trouve derrière il y des dizaines de ruines. On peut s’étonner qu’en si peu de temps (110 ans) tout soit à ce point en ruine !
Troisième pôle : l’ensemble des ruines du village.
Sur place, ces ruines de Chaudun sont étonnantes.
Les ruines du village et quelques photos d’ensemble. ( cliquez sur « rejouer » si le diaporama est en pause).
Le mot d’un internaute : » Je suis de St Bonnet en Champsaur. Agriculteur à la retraite j’ai durant mon activité souvent eu l’occasion d’aller à Chaudun puisque nous y conduisions des génisses dans ces alpages loués aux « Eaux et Forêts » ……. Le bénévolat était alors très répandu et des journées d’entretien nombreuses avant la montée en alpage des bêtes. Elle consistaient à réparer ou améliorer les sentiers: Chabanottes>>les Clots; le village >>Poréo et même la route souvent dégradée par les orages ou les pluies de printemps. Des bassins en béton ont été acheminés par les premiers tracteurs agricoles et mis en place à la force des bras et à l’aide de rouleaux de bois. J’ai un souvenir de travaux effectués sur les piles du pont à l’entrée du village. Les matériaux et outillage étaient transportés depuis St Bonnet par une vielle voiture Renault primaquatre transformée en camionnette….. ».
Lorsqu’on arrive à chaudun on découvre ce panneau . Il surprend après tant de marche. J’ai donc préféré le mettre à la fin……c’est plus poètique. Il y a effectivement deux batisses : une maison forestière ( si j’ai bien compris) et un gîte qu’on peut louer ( vous trouverez les renseignements en tapant en recherche sur internet: « ONF gîte Chaudun » . Pour ceux qui aurait des difficultés je mets le lien en fin d’article ).
Le gîte de Chaudun est à mon avis exceptionnel. Les marcheurs s’y retouveront pleinement. Dépaysement absolu et des excursions partout…..
Retour et remontée vers le col de Gleize.
Deux heures pour remonter le chemin de chaudun et sortir de cette forêt( je me suis donc retourné pour prendre cette photo) ……et un souvenir magnifique.
……et lorsque les plantations n’ont pas été faites on découvre que la pierre n’est pas loin. Je pense être à 30mn du col de Gleize ( chemin du retour) .
Retour au Col de Gleize
J’arrive au col de Gleize ( stationnement voiture) dans une ambiance spéciale……au dessus des nuages.
.
.