LE NOYER (05, Hautes Alpes)
Article écrit par CRL mis à jour le 1er février 2015
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Le Noyer est un commune composée de plusieurs hameaux, parfois assez éloignés du « centre » :
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- « La Ville » où se situe la mairie, l’école et l’Eglise. On y découvre aussi le Musée Dominique VILLARS – célèbre Botaniste médecin sur lequel nous reviendrons…
- Le Villard, où justement est né Dominique VILLARS. Faut-il préciser que « le Villard » était le hameau le plus important de la commune, souvent presque aussi grand que le chef-lieu. (André Faure)
- « Le Matouret » ou bien encore Marthouret désignerait le lieu des exécutions (martyre) (André Faure)
- « Claret » est un lotissement de maisons neuves, et où a été construit un centre de vacances et de classes vertes.
- « Le Serre » pourrait désigner une colline en forme de mamelon ou de butte rocheuse (les noms du Champsaur G. Carnévalé et M. Crespin)
- « Les Evarras » ce serait un lieu où il a de grosses pierres (André Faure) Aux Evarras se trouve une chapelle datant du XVIIe dédiée à Notre Dame.
- « Lacoue » une chapelle sous le vocable de St Barthélémy
- « La Guinguette » seul hameau qui se trouve sur la route nationale dite « Route Napoléon » en bordure du Drac et à 5km du centre…
Le Noyer est situé dans la partie ouest du Champsaur, sur la rive gauche du Drac, niché au creux de la crête rocheuse de la montagne de Faraud juste en face du Vieux Chaillol et du Massif des Ecrins. Le chef-lieu et les principaux hameaux sont à une altitude de 1 100 m, pourtant la commune s’étage depuis la vallée du Drac (850 m
à la Guinguette) jusqu’aux sommets du Dévoluy à 2 567 m.
La paroisse du Noyer existait dès le XIIe siècle et faisait partie du diocèse de Gap En 1510 le vocable de l’église était Notre-Dame et Sainte Agathe.
En 1708 le Seigneur de Poligny était jus-patron d’une chapelle fondée quelques années auparavant, sous le titre de Notre dame, au hameau des Evarras. Dans l’église paroissiale était alors une autre chapelle dédiée à Saint Claude. L’évêque de gap était collateur de cette cure et principal décimateur (l’ecclésiastique qui doit lever la dîme) de cette paroisse qui dépendait de l’archiprêtré du Champsaur.
Sur le plan administratif et juridique l’évêque de gap et le duc de Lesdiguières se partageaient cette seigneurie.
Le Noyer appartenait, par moitié, à l’évêque de Gap et au Dauphin qui vendit sa part à Lesdiguières le 28 juin 1593, elle fut donc comprise en 1611, dans le duché de Lesdiguières lors de sa création. (extrait du Tableau historique des Hautes Alpes Joseph Roman)
En 1789, et durant la période révolutionnaire, la situation économique et sociale n’était pas bien brillante pour les citoyens du Noyer. La commune comptait 619 habitants. Elle n’avait ni médecin, ni chirurgien –
On a recours à celui de Saint Bonnet distant de une lieue à une lieue et demi- (une lieue correspond à peu près à 3,5 à 4 km) Pas de sage-femme – On fait ordinairement appel à des femmes qui ont quelque routine (1) Pas de vétérinaire, ni de maréchal ferrant non plus.
Les habitations sont couvertes de chaume. Les fabriques de tuiles ou les carrières d’ardoises sont trop éloignées.
Les récoltes principales sont le seigle et les fourrages ; peu de froment et quelques grains printaniers, comme orge, épeautre, avoine, lentilles et alliers, mais les fonds ne produisent en grain qu’une année et l’autre non.(1)
Il y a fort peu d’arbres fruitiers, et encore le fruit ne venant pas à maturité, ne peut se vendre. La nourriture est de pain de seigle. Les pauvres y mêlent de pommes de terre et de l’orge et de l’épeautre. Les soupes des pausons sont de « grus » d’orge ou d’épeautre, avec du jardinage mêlé avec des « truffes » (pommes de terre) (1)
Les animaux, n’ont pas un meilleur sort que les hommes.
On trouve : 4 bœufs, 80 vaches, 15 chevaux ou juments (pas de mule) 50 bourriques.
Moutons ou brebis douze cents dont les deux tiers ont été achetés à crédit, à l’automne et qu’il faut vendre pour les payer.
De nombreux animaux tombent malade par manque de sel…peu de paysans ont les moyen de leur en donner tellement il cher.(1)
Voilà donc une situation difficile pour les habitants du Noyer et de la campagne environnante, à cela s’ajoute les mauvais chemins qui ne permettent pas faire passer les charrettes et rendent le commerce extrêmement difficile, les torrents qui dévastent les prairies et les forêts ont été surexploitées. De plus tous ces paysans sont écrasés d’impôts. Bref ils ont tout juste de quoi survivre, la pauvreté règne récurrente et pesante sur toutes les familles
Les officiers de la communauté du Noyer sont : Gautier(consul) –
J. Encoyant(Consul) – D. Rippert(Commis) – Bresson(Commis)
P. Bertrand(commis) – D. Gautier, H. Pelissier, Bresson, D. Amar
Bellue, Chatelain – Gautier, greffier
(1)Extraits issus de « documents relatifs à la vie Economique et Sociale de la Révolution – Le Champsaur et le Valgaudemar en 1789 par l’Abbé P. GUILLAUME » Gallica
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En 1900 on compte 647 habitants pour 257 électeurs. Le Noyer dépend toujours du canton de St Bonnet éloigné de 8 km. La gendarmerie se trouve aux Barraques et le percepteur à St Eusèbe.
Le maire était Monsieur Jean-Alexandre Villard et l’adjoint Hyppolite Disdier.
Le conseil municipal était constitué de messieurs Ed. Fauque – Jh.Encoyant
Jh. Bresson – Fl Ribail – Fr Blache – Cel. Boyer – Jn E Blanc – Fl Lagier – Const Roux – M Reynaud.
Le Garde Champêtre était M Brunel, Le Médecin Mr Davin de St Bonnet.
Les Instituteurs M et Mme MARTIN – Mr Martin était aussi secrétaire de mairie.
La situation économique et sociale s’était considérablement améliorée en un peu plus d’un siècle et Le Noyer comptait plusieurs propriétaires-agriculteurs et un nombre certain de commençants. Il y avait quasiment une auberge par hameau, un charretier, un marchand de bestiaux, 2 ou 3 épiciers, un grainetier, un maréchal ferrant, un débit de tabac.
Un siècle de révolution industrielle a considérablement fait changer la société : transformation des techniques, transformations sociales et économiques….
Mr Auguste Dastrevigne tenait le moulin à huile et à farine, ainsi que la scierie.
Le 15 Mai 1900 à 2h du matin un violent orage mêlé de grêle s’est abattu sur le Champsaur.
Le col du Noyer
Ne perdons pas de vue que nous sommes au pied des versants raides des montagnes du Dévoluy, au départ du col du Noyer, seul passage « facile » entre le Champsaur et le Dévoluy.
La route du Col a été construite en 1850 transformant le sentier muletier qui était autrefois l’un des accès au Dévoluy le plus usité. Elle passe entre le Pic Ponsin et la Tête du Tourneau à une altitude de 1 664 m.
Première route d’accès au Dévoluy, elle contribua aux contacts privilégiés de cette vallée très enclavée avec le Champsaur. Elle était également empruntée pour se rendre à Gap.
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On repère bien sur cette photo le col du Noyer et la route qui y mène.
Au sommet du col du Noyer a été construit un des 6 refuges Napoléon, édifié grâce à un legs de 50000 Francs de Napoléon 1er au département des Hautes-Alpes pour remercier ses habitants de leur accueil chaleureux à son retour de l’île d’Elbe
Le refuge du Col du Noyer a été inauguré en 1858. Il fut détruit par un incendie en 1947, il ne fut pas reconstruit à l’identique.
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Pour voir le refuge Napoléon du col de Manse Cliquez ICI .
Ces refuges, devaient être des maisons de secours. Une corde avait été installée pour guider les voyageurs et pour actionner une cloche au refuge, signalant une présence dans la montée. Le gardien pouvait ainsi intervenir si le marcheur tardait trop. Au dessus de la porte une plaque en marbre porterait l’inscription suivante :
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Six refuges furent construits sous Napoléon III (en 1857-58), aux cols Lacroix 2.300m.), Agnel (2.744 m.), d’Izoard (2.400 m.), de Vars (2.100 m.), du Noyer (1.650 m.) et de Manse (1.290m.). Le refuge du col Agnel a d’abord été détruit par avalanche, puis celui du col Lacroix, ruiné, a également disparu.
Le sommet du Col offre un panorama saisissant avec, d’un côté, les crêtes arides du Dévoluy et de l’autre, l’ample vallée du Drac émaillée de cultures en boccage.
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Le versant côté Champsaur est très abrupt, tandis que le côté vers Dévoluy descend en pente relativement plus douce.
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Versant Champsaur
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La descente vers le Dévoluy est plus douce.
Côté Dévoluy
La route du col reste fermée près de 6 mois par an du fait de l’enneigement et de fréquentes chutes de pierres.
La présence au col de l’un des 6 refuges Napoléon, témoigne de l’importance qu’avait cette route à cette époque là.
Des produits de toutes sortes, ravitaillant le Dévoluy, transitaient par cette route tout au long de l’année. L’hiver, les conditions étaient particulièrement difficiles avec une bise glaciale et la neige très abondante. Jusqu’en 1900, des hommes faisaient l’aller-retour à pied quotidiennement entre St Bonnet et St Etienne, (environ 50 km) acheminant courrier, marchandises, argent, commissions orales. Ils servaient aussi souvent de guides. Avec l’ouverture de la route, beaucoup moins rude, du col du Festre, à la fin du XIXe siècle, l’utilisation du col du Noyer tomba peu à peu en désuétude.
(Photo Lou Semenaïre avec autorisation)
Zéphirin BONTHOUX, qui, durant 20 ans, assura la distribution du courrier, entre les deux vallées (1883-1903)
[Pour ceux ou celles qui aiment la lecture et voudraient parfaire leurs connaissances sur le sujet, ils pourront, s’ils le désirent, trouver l’excellent contre rendu de mon cousin Claude Piot en Cliquant ICI ]
Autres utilisateurs de la route et du col : Les chasseurs Alpins en manœuvre.
Photo Lou Semenaïre avec autorisation
Quelques photos des mille et une surprises que nous réserve le col du Noyer.
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Arbres déformés par les bourrasques de vent
La flore au col du Noyer, au mois de mai
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La table d’orientation
Le Noyer en Chiffres
Altitude des sommets de Chétive au col la Saume
- Col de Chétive……………………………. 1800 m
- Aiguille Roche Noire…………………… 2082 m
- Sommet Raz de Bec………………………2383 m
- Pyramide……………………………………2432 m
- Bec de l’Aigle……………………………… 2384 m
- Tête de la Madeleine………………………2366 m
- Brèche Pic Ponsin ……………………… 2245 m
- Sommet Pic Ponsin ……………………… 2334 m
- Beau Serre………………………………… 2050 m
- Col du Noyer ………………………………1664 m
- Tournel ou Tourneau …………………… 1905,5 m
- La Croix …………………………………… 1802 m
- Col la Saume……………………………… 1704,6
Du Col la Saume au Pic Chauvet
- Roc Grand Plane………………………… 1918 m
- Sommet de l’Oule ……………………… 2007 m
- Tête de Girbaud ………………………… 2371 m
- Tête de Claudel ………………………… 2562 m
- Tête du Collier …………………………… 2567 m
- Sommet Roc Roux…………………………2565 m
- Brèche de Faraut ………………………… 2202 m
- Croix de Quériéres……………………… 2098 m
- Pic Pierroux ……………………………… 2377 m
- Le Faraut ………………………………… 2237 m
- Pic Chauvet…………………………………1828 m
Noms des Torrents et Ravins du noyer en 1900
34 sur cadastre
- Rageous
- L’Ouragnerie
- Ste Catherine
- Saut Bertrand
- Chaups
- Eyssaranche
- Pré de l’Ours
- Pétarel
- Font Froide
- Peyre du Fouidiou
- La Blache
- Bois Sebeyra
- Peyre Aigu
- Combe des Bacous
- Claret
- Merdary
- Lauzon
- Rivet
- Chastelas
- Planes
- L’Adroit
- Laus
- Riou des Jallets
- Riou des Eymares
- Lauza
- Pré Chamois
- L’Ours
- L’Oule
- Pate Estrech
- Roulletes
- Chabasch
- Riou Manel
- L’Ayard
- Rialac
sur Poligny : Moutet
- Girolet ………………………… 2060 m
- Pyramide Moutet……………… 2079 m
- Haut Co………………………… 1867 m
- Sommet de la Pradelle…………1933 m
- Cabane des Pierres…………… 1401 m
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