Et si les Champsaurins étaient tous des petits fils de Rois.

Article retouché en juillet 2011 par M. Robert Faure

Généalogie locale

 

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§ La généalogie est à la mode.

On cherche nos ancêtres et qui sont ces ancêtres.

Les généalogistes soutiennent qu’à partir de la sixième génération tous les habitants d’une même région sont parents et ont des ancêtres communs…à plus forte raison dans une vallée fermée comme l’est le Champsaur.

                                                                                                


Mais qui sont, en fait, nos vrais ancêtres?

 
Remontons très loin.

Commençons par un château.

Le château se dressait sur la colline de Frustelle, près de Pont du Fossé. Il s’appelait Montorcier.

C’était le château d’été des rois dauphins du Dauphiné: un beau château féodal de marbre noir ciselé, entouré de fortifications et de quatre tours carrées où flottaient les bannières aux couleurs et armes delphinales. Et c’est dans ce château, réservé aux fêtes, que les rois du Dauphiné revenaient chaque été avec toute leur cour.

 Là, entouré d’hommes d’armes, d’écuyers, d’officiers de bouche, de valets de chiens, de musiciens, sans parler de l’inévitable nain, le roi du Dauphiné Humbert II multipliait les festivités, recevant troubadours, jongleurs, baladins, montreurs d’ours, et organisait tournois, parties de chasse avec meutes et fauconniers.

 


Humbert II aimait les plaisirs, conviait et recherchait dans la population environnante spectateurs, spectatrices, gentes dames et proies faciles.

Avait beau séduire qui venait de loin.

Qui ne succombait pas aux désirs et aux bons plaisirs du roi?

Que de bâtards royaux nés en ce temps là!



Le château de Montorcier, château d’été du roi Humbert II et de Louis XI dauphin se dressait au dessus de la colline boisée de Frustelle, à mi-chemin entre Prégentil et la montagne du Palastre. De ce château, totalement en ruines aujourd’hui, il ne reste que quelques pierres et une entrée de souterrain.

Puis Montorcier tombait, lors de la vente du Dauphiné à la France, dans l’escarcelle royale. Le château du Champsaur devenait alors le lieu idéal pour les récréations et les ébats des nouveaux dauphins.


Imaginons le jeune dauphin, futur Louis XI
, régnant en souverain sur le Dauphiné, en pleine force de l’âge, droit de cuissage compris, folâtrant dans la vallée entre 24 et 33 ans, l’âge des passions, et occupant ses temps d’ennui à aimer sur son passage les plus belles de nos Champsaurines. Combien de bergères ont du être séduites quand le futur roi randonnait dans le Champsaur avec son compagnon de chasse, fournisseur de filles et de gibier, Martin de Champoléon, qu’il anoblira par la suite!

 

Humbert II

Les historiens reconnaissent, pour Louis XI dauphin plusieurs maîtresses officielles. Selon Murray Kendall, l’historiographe de Louis XI, il eut, dans la région, comme maîtresse reconnue, Félise Renard qui lui donna des enfants. La famille Renard était installée à Saint Julien en Champsaur.

Et au delà des maîtresses officielles, combien de maîtresses officieuses et de conquêtes à l’abordage!

 Que de bâtards royaux nés en ce temps là!

 

Mais le plus vaillant, en ce domaine, fut certainement Lesdiguières, chaud lapin et coureur de jupons. Or Lesdiguières assurait qu’il avait une ascendance royale. N’a t’ il pas laissé entendre à son ami Henri IV qu’il descendait de Guigues le Gras, premier roi dauphin du Viennois, et qu’il pouvait lui disputer la souveraineté du pays. Il se vantait beaucoup. Selon lui, dans ses conquêtes militaires, comme dans ses conquêtes féminines, personne ne lui résistait.


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A Champoléon où la tradition orale s’est maintenue, on retrace encore, dans les veillées, l’itinéraire secret qu’empruntait Lesdiguières, nuitamment, à travers la montagne, pour venir, clandestinement, retrouver ses bonnes amies au fond de la vallée.

Qui pouvait résister à Lesdiguières qui avait comme mot d’approche: « Viendrez ou brûlerez! »

Que de bâtards royaux et de bâtardes royales, nés en ces temps là…qui sont peut être nos vrais ancêtres!

Ainsi, de générations en générations, de conquêtes en mariages, de mariages en naissances, les sangs se sont mêlés, par bâtards et bâtardes interposés, dans cette vallée en cul de sac, encaissée, protégée, où l’endogamie était monnaie courante.

Il ne serait pas anormal de penser qu’aujourd’hui chaque Champsaurin a, dans ses veines, du sang de Louis XI, du sang d’Humbert II, du sang de Guigues le Gras.

Chaque Champsaurin peut donc penser, si ça l’amuse, qu’il est petit fils de roi.

Mais il peut penser aussi que, dans les fonds de vallées, se sont aussi réfugiés des bandits, des malfrats, des déserteurs, des traîtres, des proxénètes, des anarchistes, des révolutionnaires…

 

A chacun son rêve!

L’abbé Poutrain, créateur du Lycée Professionnel de Saint Jean Saint Nicolas, venu de son Nord natal pour évangéliser le Haut Champsaur,  avait fait ce commentaire en parlant de cette région :

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COMMENT LE PROUVER

Pour ceux qui douteraient de la particularité ethnologique et morphologique des Champsaurins, il serait amusant que, au delà de la généalogie, soit organisé dans le Champsaur ce qui a été réalisé dans le pays bigouden en Bretagne.

Une centaine de savants étaient venus à Plozéver, un village de Haut Pays Bigouden, entre 1961 et 1965, pour analyser, sous toutes les manières, les autochtones bretons du village.

Tout était disséqué : les mensurations, la forme du crane, la longueur des fémurs, les analyses de sang, les mœurs…Cinq films ethnographiques étaient tournés .

Toutefois, cette véritable étude pluridisciplinaire, sous l’égide du Musée de l’homme,  n’a pas donné de grands résultats car le but final n’était pas très précis.

Si une telle étude devait être réalisée de nos jours, pourraient s’y ajouter les recherches par ADN qui, dans certains pays (Etats-Unis, Suisse, Espagne sur des sites « internet ») permettent de recomposer grâce à ces tests génétiques des lignées généalogiques lointaines (jusqu’à 100 générations) et parviennent à préciser les origines historiques et géographiques des ancêtres.

Mais, en France la loi interdit ce genre de tests.

Les Champsaurins qui le souhaitent peuvent donc, faute de preuve, continuer à penser qu’ils sont des petits-fils de rois…


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