Hameau de Saint-Jean
Le hameau de Saint Jean.
Le hameau de saint-Jean fait partie de la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas. Si vous arrivez directement sur cet article, vous pouvez lire la totalité de l’article sur la commune en Cliquant ICI.
Repérable de loin.
Lorsqu’on est à quelques kilomètres de Saint-Jean-Saint-Nicolas, le hameau de Saint-Jean se voit en premier.
Vue aérienne de Saint Jean.
Vue aérienne du hameau de Saint-Jean ( commune Saint-Jean-Saint-Nicolas)
Fin juin, j’ai eu l’opportunité de survoler le Champsaur pendant 1h30 en ULM. Point de départ Tallard vers 8h30, pour éviter trop de turbulences, vol à 6000 pieds (environ 2000m d’altitude……1000m par rapport au sol). Température en altitude 6°C avec un vol à 80km/h. Pour voir ces photos aériennes Cliquez ICI.
Une fois dans la commune, Saint-Jean surplombe un peu l’ensemble de la commune.
Saint-Jean-Saint-Nicolas (H. A.) commune champsaurine du canton d’Orcières. Cette commune est constituée de nombreux hameaux dont les trois principaux sont : Pont du Fossé, le Hameau de Saint-Jean, le Hameau de Saint-Nicolas. Au total : 1010 habitants.
Hameau central : Pont du Fossé (village commerçant et dynamique).
Deux paroisses: Saint Jean et Saint Nicolas. Pas d’église à Pont du Fossé mais un grand centre d’Accueil.
Un monument historique: Prégentil.
Des ruines: château de Montorcier.
L’église de Saint-Jean est également celle de Saint-Jean-Saint-Nicolas.
On retrouve dès le XIIe siècle, des écrits qui citent cette paroisse sous les noms de « Ecclesia Sancti-Joannis », puis « Parochia Sainctus Johannes de Monteorserio » au XVe siècle, et enfin « Saint Jean de Montorcier » au XVIIe. L’église actuelle a été construite en 1854.
Les paroisses de Saint-Jean et de Saint-Nicolas ont fusionné créant ainsi la commune Saint-Jean-Saint-Nicolas. Il n’y a pas d’église à Pont du Fossé mais un grand centre d’accueil catholique.
Cette paroisse a été tenue de 1936 à 1972 par l’abbé Louis Poutrain qui a profondément marqué la commune à plusieurs titres :
1 / Il a fondé un lycée professionnel (du même nom) qui fonctionne toujours.
2 / Il a été grand résistant pendant la guerre et s’est fait arrêter par la Gestapo puis déporté.
3 / Il a tenu la paroisse pendant 36 ans.
4 / Il a contribué au démarrage de la station de ski d’Orcières.
Atteint en 1936 d’une pleurésie, il était venu se reposer quelques mois à Saint-Jean………..Il y est resté 36 ans finalement. Nous allons revenir sur cette haute figure de Saint-Jean.
Paroisse de Saint-Jean et son cimetière au 1er plan. La tombe de Pierre et Louis Poutrain s’y trouve.
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L’abbé Louis poutrain.
L’abbé arrive à Saint Jean en 1936 après avoir fait une grave pleurésie. Il vient donc dans les Alpes quelques mois pour se reposer et rendre service à la Paroisse. Mais finalement il y restera 36 ans.
39-45 La guerre.
L’abbé Louis Poutrain et son frère Pierre fondèrent en 1941 le lycée professionnel pour l’enseignement de la menuiserie. Jusque là, rien de répréhensible. Mais en 1942 ils accueillirent clandestinement 20 jeunes Alsaciens (logés à la cure) qui ne voulaient pas être enrôlés dans l’armée allemande puis dans la foulée accueillirent également une vingtaine de jeunes réfractaires au STO (logés dans le lycée : de faux papiers leurs permettaient de tricher sur l’âge et donc de rester au lycée ).Tout cela était bien-sûr en lien avec la Résistance locale et en particulier avec le lieutenant Radères et le sous lieutenant Radius ( Collart dans la résistance ).
Photo transmise par Robert Faure.
Dénoncés par un jeune collaborateur qui était arrivé finalement à savoir ce qui se tramait dans la paroisse, tout le monde était arrêté dans la nuit du 12 au 13 novembre 1943.
La Gestapo et la Whehrmacht ( 400 soldats) cernent le village, investissent l’église, le presbytère, le lycée professionnel, et font une fouille systématique. Tout le monde est arrêté. Ils tirent à tort et à travers au point que le Père Poutrain (à son retour de déportation) qualifiera ces tirs de mortier et de mitraillettes de « totalement inutiles et ridicules ». Les maquisards sont dans la montagne et leur maison vide. Les allemands sont dépités de ne pas trouver les acteurs principaux de cette résistance. Ils décident donc de brûler les maisons des FFI, surtout aux Tourronds et à Méoullion (ils sont très bien renseignés). Les résistants, avertis à temps, avaient pu quitter Prégentil pour fuir dans leur cache en montagne. Ce fût le cas en particulier du frère de Louis Poutrain. Pierre Poutrain (le frère de l’abbé) fut malheureusement arrêté quelques temps plus tard, torturé à Gap et fusillé.
Pour lire l’histoire de la résistance dans le Champsaur Cliquez ICI .
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La cure de la Paroisse où Louis Poutrain fut arrêté.
Il s’agit du presbytère où le père Poutrain logeait les jeunes alsaciens. A deux reprises au moment de l’arrestation le Père aurait pu s’échapper…..mais ne l’a pas fait. La première s’est passée de la façon suivante: prisonnier au rez de chaussée de la cure, le jeune allemand qui les gardait s’était endormi lourdement après une nuit difficile. Se réveillant, les yeux écarquillés, ce jeune leur demanda presque timidement : » tout le monde est-il là ? et le Père de répondre ( je n’ose pas dire paternellement ) oui tout le monde ! » La deuxième opportunité se passa au moment où on les fît sortir de la cure et qu’ils marchaient dans un petit chemin . Le père Poutrain réalisa qu’ils étaient 3 gaillards accompagnés d’un seul allemand plutôt petit. Ils pouvaient à la faveur d’un effet de surprise le maîtriser et s’échapper par des petits chemins qu’ils connaissaient bien mieux que les allemands. Ils ne le firent pas…..
Les allemands repartent avec tous les prisonniers, dont le Père Louis Poutrain (qui sera déporté jusqu’à la fin de la guerre). Dans son livre « La déportation au coeur d’une vie », il signale qu’il n’eut la vie sauve que par le hasard des circonstances et l’aide d’un co-détenu qui le fera boire à la petite cuillère pendant 15 jours alors qu’il était dans le coma et bouillant de fièvre…. Prisonniers également le Père de La Briolle, libéré quelques jours plus tard après l’intervention de l’Eveque de Gap (en effet ce prêtre n’était que de passage dans la paroisse), les 20 jeunes alsaciens de la cure, la famille Demontis avec leur bébé de quelques mois : la mère et l’enfant seront libérés rapidement. Proto Demontis suivra le chemin de la déportation avec le Père Poutrain, la cuisinière et son mari (qui seront libérés quelques mois plus tard) François Lauzier de Chaillol (qui mourra en déportation à Mauthaussen le 19 Aout 1944 sans avoir vu la naissance de son 7em enfant : ce sera une petite fille, 64 ans aujourd’hui.) ……. Beaucoup vont suivre l’horrible chemin de la déportation, en passant tout d’abord par la célèbre villa Mayoli à Gap, puis les Baumettes à Marseille et enfin direction l’Allemagne, Fussenburg pour beaucoup (espérance de vie 3 mois maximum ).
Le frère de l’abbé, Pierre Poutrain fut capturé dans sa cache (cabane) comme nous le disions plus haut, quelques semaines plus tard, torturé à la villa Mayoli et fusillé le 19 juin 1944, c’est à dire quelques jours avant la libération avec quatre autres résistants. Son corps fut transferé le 22 Aout 1946 dans le cimetière tout proche de la cure de « Saint Jean » (voir photo plus haut) sur demande de son frère Louis Poutrain (après son retour de déportation).
Louis Poutrain et le lycée Professionnel.
Dès son arrivée en 1936 à Saint-Jean, l’abbé Louis Poutrain avait été frappé par les difficultés des jeunes du Champsaur, qui se trouvaient, faute de formation, bloqués à la ferme souvent contre leur grè. Rapidement, il a pensé que la meilleure façon de les aider était de leur donner une formation professionnelle. Le lycée fonctionne toujours, et les dimensions importantes des bâtiments surprennent dans un si petit hameau.
C’est également avec ce souci des jeunes, que l’abbé Poutrain participa à l’émergence de la station de ski d’Orcières.
Il y aurait beaucoup à dire sur ce prêtre. J’ai lu son livre « La déportation au coeur d’une vie » : il est bouleversant, surtout lorsqu’il raconte les camps de concentration. On y apprend beaucoup de choses. Après avoir pris sa retraite en 1972, l’abbé est devenu aumonier des anciens déportés.
Le lycée aujourd’hui ( Site web : www.lyceepoutrain.fr ) :
Le lycée propose l’externat, la demi-pension et la pension.
Il assure les formations suivantes :
– 4è préparatoire à projet professionnel
– CAP installateur sanitaire
– Bac Pro systèmes électroniques numériques
– Bac Pro technicien en installation des systèmes énergétiques et climatiques
– Bac Pro technicien du froid et du conditionnement de l’air
– Bac Pro technicien menuisier-agenceur
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Mais continuons la découverte du village.
Le château de Saint Jean faisait partie des 13 domaines nobles qui existaient encore, en 1789, dans la commune de Saint Jean Saint Nicolas. Autres biens nobles: Montorcier, le Rival, Prégentil, Les Ricous, La Coche, Pré-la-Grange, La Pallue, Le Diamant, Les Arieys, La Tour, Le Freyne, Les Roranches.
Belle tour du Château de Saint Jean.
Juste à côté de l’église, les Primevères font chambres et table d’hôtes.
Le Gîte de France « La Pallue ».
Un cliché tout simple…..
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Eh oui ! ……le temps se couvre. Dommage.
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Nous voyons très bien, en arrière plan, les trois grands bâtiments du lycée professionnel.
A la sortie du village, un bel oratoire sous le vocable de « Notre Dame du Champsaur ». L’agrandissement de la statue en médaillon, montre Marie portant dans ses bras des gerbes de blés.
…………et une vue magnifique sur Pont du Fossé.
Un plan de la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas.
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La Chapelle des Roranches
Ces photos proviennent de l’association « Sauvons la chapelle de Roranches » dont l’objectif est d’aider à la restauration de la chapelle actuellement gravement en péril. Le site de cette association est très bien fait. Vous pouvez cliquer ici pour le lire. Si vous souhaitez adhérer à l’association, faire un don ou avoir plus de renseignements, je vous conseille d’aller voir leur Site.
Rappel d’histoire :
Cette vieille chapelle se trouve au dessus de Saint-Jean à 1500 mètres d’altitude (voir plan au dessus).
Avant les années 1700, une première chapelle sous le vocable de l’Assomption avait déjà été édifiée en ce lieu et fut probablement détruite par une coulée de boue provenant du Palastre.
Elle fut reconstruite vers 1787, (le linteau au dessus de la porte en indique la date) sous le vocable de Saint-Pancrasse. Si aujourd’hui elle paraît décentrée, à l’époque elle était bien au coeur de ce petit hameau de 14 familles. Sa construction aurait été réalisée sur un terrain donné par un paroissien. Jusqu’à ces dernières années, une messe annuelle y était célébrée pour le 12 Mai, jour de la Saint Pancrasse.
Aujourd’hui la chapelle est en mauvais état et justifie des travaux (les derniers remontent aux années 30). Dans un souci de sécurité la cloche a été enlevée car elle menaçait de tomber et de provoquer un accident.
Les « Roranchons », soucieux de la conservation du patrimoine et voulant rendre un hommage à leurs ancêtres, souhaitent vivement que cette chapelle à laquelle ils sont très attachés retrouve un visage accueillant.
En redescendant, nous traversons le hameau de Montorcier.
Le hameau de Montorcier.
Juste un peu plus bas, le centre de montagne du Brudou
Le centre de montagne du Brudou. Il est situé dans Saint-Jean-Saint-Nicolas (au pied de Saint-Jean), en pleine nature, au bord du torrent « Le Brudou ». Agréé par l’éducation nationale, ce centre de « Classes-découvertes » accueille entre 140 et 160 enfants toute l’année.
1 / Le village de Pont du Fossé. Pour le lire cliquer ICI .
2 / Le hameau de Saint-Jean : Cliquer ICI.
3 / Le hameau de Saint-Nicolas : Cliquer ICI .
4 / L’histoire de Saint-Jean-Saint-Nicolas : Cliquer ICI .
5 / Photos anciennes de Saint-Jean-Saint-Nicolas (Robert Faure) Cliquez ICI .
6 / Pour voir ces photos aériennes Cliquez ICI.
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