Révolution de 1789 dans le Champsaur

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Révolution de 1789 dans le Champsaur

(article écrit par Robert Faure réactualisé le 20 décembre 2016)

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.Après juillet 1789, nous allons voir dans cet article les lendemains de la révolution dans le Champsaur.

On connait tous les chambardements provoqués à Paris, dans la capitale, par la prise de la Bastille et par la Terreur. Mais, que s’est-il passé, pendant ce temps là, dans les petites communes champsaurines ?

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En 1789, c’est toujours l’Ancien Régime en France.

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A Saint Jean Saint Nicolas, on compte encore 13 domaines nobles : Prégentil, Le Rival, Montorcier, Les Ricous, La Coche, Pré la Grange, La Pallue, Saint Jean, Le Diamant, Les Arieys, Les Roranches, Le Freyne, La Tour.

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prégentil à Pont du FosséA Saint Jean Saint Nicolas, Prégentil était l’un des 13 domaines nobles qui existaient encore en 1789 dans la commune.


Leurs propriétaires tiennent les meilleurs fonds. Et, en plus, plusieurs d’entre eux ont des châteaux. Ils touchent différents droits. Les héritiers des Demoiselles de Gril de Prégentil, entre autres, reçoivent tous les ans de chaque habitant de Chabottes deux quartaux de seigle pour droit de fournage.

Bien sûr, autour d’eux, la vie des 300 autres habitants de la commune n’est pas très idyllique. Les doléances sont nombreuses : « Ce sont les possesseurs de ces domaines qui nourrissent le gros bétail. Quant aux autres habitants, leurs possessions sont petites et mauvaises : on laboure avec des vaches et des bourriques qu’on est obligé de nourrir toute l’année à l’écurie pour n’avoir aucun endroit où l’on puisse faire pâturer le gros bétail ».

Partout, dans le Champsaur, on remplit des « cahiers de revendications ».

orcieres Bonabel

A Orcieres, comme dans les autres communes du Champsaur, la communauté remplit les « cahiers de revendications ».

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Les représentants d’Orcières, évoquant la triste situation de leur commune et le sort malheureux de ceux qui l’habitent, se plaignent surtout de ne pouvoir manger à leur faim : « les oeufs, le beurre, le fromage dont les habitants se privent sont vendus à Saint Bonnet ou à Gap. L’argent reçu est employé à l’achat du sel et de l’huile nécessaires au ménage… Pour le sel, son prix est si exorbitant que la moitié des habitants sont obligés de manger leur soupe sans sel faute de moyens. »

Les habitants de Chabottes où les toits sont en chaume, se plaignent de constater que le produit du méteil et du seigle est de quatre pour un.

A Champoléon, « la majeure partie des habitants connaissent à peine la charrue et ce n’est que par la force des bras qu’ils cultivent le peu de terrain qu’ils possèdent. Ils sont obligés de transporter le fumier sur leur dos, faute d’avoir des chemins praticables. Les rivières et les torrents causant de grands dégâts.

Le rapport des Etats du Dauphiné explique encore que la majeure partie des citoyens est obligée de s’expatrier pendant six à sept mois de l’année pour se procurer de quoi faire subsister leur famille, payer les deniers royaux et les droits seigneuriaux.

Très vite, la colère gronde.

Excités par les doléances des Champsaurins, des « révolutionnaires » vont alors exprimer leurs revendications à Vizille, dans le vieux château féodal du Champsaurin Lesdiguières.

Parmi eux : Pierre Thomé, procureur à Saint Bonnet, Combassive, le notaire Motte, Provensal d’Ancelle, Marchand d’Orcières et Baille de Champoléon. (Les Baille de Champolèon prendront plus tard possession de Prégentil).

Pourtant, la révolution ne va pas provoquer de trop sanglants dégâts dans le Champsaur. « Aucun excès ! ».

Toutefois, les différents châteaux sont envahis. Les révoltés martèlent la fleur de lys, symbole de la royauté qui figurait sur les armoiries de Claude Arnaud et de Clémence du Faure sculptées au – dessus de la porte d’entrée de Prégentil. Ils transforment en écurie la salle de réception où avaient été reçus Louis XI et Lesdiguières.

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Blason Prégentil Champsaur

Le blason des Arnauds figure encore sur la porte d’entrée de Prégentil. On constate que la fleur de lys, symbole de la royauté, (en haut à droite), a été cassée à coups de marteaux par les révolutionnaires.

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On fait quelques prisonniers ? Jacques Baile de Chaillol est emmené à Gap « lié et garrotté ».

On occupe à Chaillol le château de M. de Colignon et l’on fait un grand feu avec tout ce que l’on trouve. A Saint Julien, le maire fait enfermer les suspects au four communal.

Le curé de Champoléon Pascal Pierre est arrêté et meurt en prison à Gap. Le curé du Glaizil Jean Bontoux est déporté et conduit à l’Ile de Ré.

Au Glaizil, ce qui restait du château de Lesdiguières a été pillé, saccagé, au point de tomber en ruines. Les tombes de la chapelle ont été profanées obligeant les autorités à transférer ailleurs les restes des corps et le mausolée. Pour lire l’histoire du mausolée cliquer ici . Le prêtre qui vivait au château de Lesdiguières et qui s’occupait des domestiques est dans l’obligation de partir.

 

A Chabottes, on veut pendre Suzon des Combettes parce qu’elle ne veut pas crier : « ça ira ».

Catherine de Martin de Champoléon et son mari Le Long de Dreneuk s’enfuient en Angleterre. Leurs biens champsaurins sont pillés. Le splendide château que leurs ancêtres avaient fait construire au-dessus de Chorges est sauvagement saccagé et totalement détruit par les habitants.

C’est la débandade chez les nobles. Et chez les petits seigneurs, on courbe les épaules et on se fait modeste paysan. Certains tombent dans l’indigence. Beaucoup s’éclipsent.

Les villages changent de nom : On ne veut ni saint ni château ! Ils deviennent : Bonnet-Libre, Léger-les-Bois, Chaillol-la-Montagne, Firmin-Fort, Forest-Républicain, Mont-Eusèbe, Laurent-du-Serre, Le Petit Ancelle, Julien-la Montagne, Montorcier.

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UN CHANGEMENT TOTAL

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Pourtant les bienfaits de la Révolution se font attendre.

La situation du petit tiers-état tarde à s’améliorer. Il faut beaucoup de temps pour que les plaies se cicatrisent et pour se rendre compte que la révolution apporte enfin des bouleversements dans les communes champsaurines.

Puis la vie et l’administration vont changer du tout au tout.

Comme les anciennes élites s’étaient pour la plupart évaporées ou étaient tombées dans l’ombre, un renouveau arrive, venu des classes les plus basses qui profitent d’une instruction accessible et gratuite et d’une impulsion dynamique accordée par le Préfet et l’Education Nationale.

Ainsi des habitants de Saint Jean Saint Nicolas qui étaient repoussés presqu’au-delà de la commune (et qui n’avaient pas eu de domaines nobles) deviennent les personnages principaux de Saint Jean Saint Nicolas : Ribail, du haut de La Coche, le premier maire élu, et les Nicolas du Serre, perchés au ras du Palastre, vont représenter la population.

Le « laboureur » du Serre, Jean Nicolas, voit ses enfants et petits-enfants accéder à des postes politiques et à des situations qu’ils n’auraient jamais pu espérer auparavant : notaires, maire, médecin… Ce dernier, le médecin de Saint Bonnet, est un personnage un peu particulier puisqu’il va pousser très loin son idéal révolutionnaire en partant aux États-Unis pour vivre dans un phalanstère dans le Texas, un lieu utopique qui prône la distribution en commun pour le profit de tous.

Mais c’est vite une déception. Il retourne dans son Champsaur deux ans après, espérant, comme ses concitoyens du Champsaur, qu’arrive enfin une véritable mise en route de la République. Pour lire l’article sur Nicolas du Serre Cliquez Ici

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Au-delà de ces quelques promotions, la révolution effaça, en revanche, les dernières traces extérieures de la noblesse champsaurine et les heures de faste et de gloire connues dans le Champsaur après Louis XI et Lesdiguières.

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Blasons Champsaur

De nombreux nobles portant blasons ont été autrefois propriétaires de Prégentil : les Arnauds, les Gras, les de Gril…)

Lors de la terreur, (on risquait la guillotine… ) la plupart des familles pensèrent alors qu’il valait mieux faire disparaitre leurs propres archives et même effacer de leur esprit tout ce qu’il pouvait y avoir de noble dans leurs ancêtres.

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Archives Pont-du-Fosse

Ainsi peut-on expliquer beaucoup d’oublis dans les générations actuelles !

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Commentaire de Martial Rispaud

et réponse de Robert Faure le 20 décembre 2016

 

Bonjour
Habitant (et natif) de ce hameau je suis à la recherche d’informations historiques  en particulier sur le domaine familial qui appartenait avant la révolution à Catherine MARTIN épouse DRENEUK (marquise de St Nicolas sur un acte de 1787).
Compte tenu de vos connaissances locales, M. Robert Faure seriez vous en mesure de m’apporter quelques précisions?
En vous en remerciant par avance, respectueusement
Martial RISPAUD
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La réponse de Robert Faure

La recherche du passé peut parfois offrir d’intéressantes découvertes. Ainsi, vous, vous avez découvert que votre demeure avait appartenu à Catherine Dreneuk marquise de Saint Nicolas. Catherine Dreneuk était, en fait, une descendante du fameux Martin de Champoléon, compagnon de chasse de Louis XI et anobli, un peu plus tard par Louis XI. Catherine Martin était née le 25 décembre 1755 (un jour de Noël) et elle avait épousé en 1774 Maurice  le long de Dreuneuk. Ils sont devenus propriétaires en de nombreux endroits. Mais, à la révolution, les époux ont du abandonner leurs domaines (aux Estachys, comme à Chorges où leur beau château a été pillé) pour fuir et émigrer en Angleterre.Tous leurs biens (dont celui des Estachys) étaient alors vendus.

Là aussi existait aux « Eustaches » un temple pour les protestants de Saint Jean Saint Nicolas que fréquentait Lesdiguières alors seigneur de Saint Jean Saint Nicolas. Ce temple protestant a été détruit lors de la révocation de l’Edit de Nantes en 1686.

Il existe beaucoup d’endroits  dans le Champsaur qui ont une belle histoire et qui, comme le votre, peuvent évoquer d’intéressants souvenirs.

Cordialement.

Robert FAURE

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FIN

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