Histoire de la ferme de la Chaup , future colonie Timon David.

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Cet article a été écrit par Mr François Servel  ( Avril 2008 )

C’est à la suite de la visite du site  http://www.champsaur.net que l’idée de rassembler quelques documents ou souvenirs familiaux liés à la ferme de la Chaup, maison natale de mon père, m’est venue. N’ayant moi-même jamais vécu, ni passé de vacances dans cette maison, j’ai puisé dans les souvenirs des autres : d’abord ceux que ma mère qui n’est pourtant pas  champsaurine, m’a oralement communiqués, puis ceux écrits dans une ancienne et  abondante correspondance ou carnets laissés par mon père et mes aïeux disparus.

 

  1. 1.histoire de la maison

La ferme de La Chaud en 1906

 

Cette maison fut édifiée par l’entrepreneur Broguières de Saint Bonnet entre 1894 et 1895 au bénéfice de Jean Pierre Servel-Champagne (1844-1908) et de Marie Chaix, son épouse, sur les données suivantes : longueur 22 mètres, largeur 11 mètres, avec remise mesurant  8 m x 4 m et 2 mètres de profondeur. Le devis s’élevait au total à 9400 francs.

Auparavant, la famille Servel habitait dans une maison aujourd’hui disparue, qui s’élevait à l’emplacement actuel de la mairie du Glaizil.

Le terrain sur lequel la ferme de la Chaup est bâtie faisait partie d’un legs que de lointains cousins de Jean Pierre, François et Joseph Servel-Ricaille, morts sans héritier, lui laissèrent , à charge seulement que fût célébrée chaque année à perpétuité, une neuvaine de messes pour le repos de leurs âmes. Cette obligation a été fidèlement exécutée jusqu’au jour où fût vendue la propriété. A ce moment là, une commutation fût demandée au Saint Siège, lequel changea cette obligation en celle d’ trentain de messes, une fois pour toutes. Le trentain ayant été célébré, l’obligation s’est éteinte.

 

Les cultures se composaient de fenasses, prairies, céréales et pommes de terres. Quelques animaux étaient également élevés, vaches, moutons, cochons. A la mort de Jean Pierre, c’est l’aîné, Jean Baptiste, qui prend la suite.

 

 

 En 1922, la ferme sera mise en gérance auprès de Jacques Servel-Empereur, puis plus tard auprès de Joseph Galland jusqu’en 1953 où elle sera vendue à l’œuvre Timon David et emménagée en colonie de vacances.

 

Plan ayant servi lors de la vente

Les sobriquets

Une petite parenthèse sur un usage apparemment fréquent dans le Champsaur, en tous cas très vivant au Glaizil  jusqu’à la moitié du XXème siècle, les sobriquets. En effet, la famille de Jean Pierre agrémentait son nom Servel du sobriquet de « Champagne ». Ainsi les noms de Jean Pierre Servel, Jean Servel, Jean Pierre Servel-Champagne ou même de Jean Champagne pouvaient s’adresser à la même personne. Ces sobriquets servaient à distinguer les différentes lignages de Servel. Il existait alors des Servel-Bot, Servel-Lempereur, Servel-Ricaille, de même que chez les Gautier, il y avait des Gautier-Rond…

 

L’histoire de Jean Pierre et de Marie Chaix

Jean Pierre Servel est né au Glaizil (Hautes Alpes) le 15 juin 1844. Son père était cultivateur, mais aussi instituteur ambulant pendant l’hiver. Sa mère est morte alors qu’il avait deux ans. C’est sa sœur qui a dix ans au moment de la mort de sa mère qui assurera sa première formation ainsi qu’à son frère Auguste et son autre sœur Rosette.

 

Pendant quelques années, il suit l’enseignement d’un maître d’école dans un village voisin. Il y apprend suffisamment de latin pour comprendre la messe, le chant, les mathématiques et surtout la géométrie. Après quoi, il s’occupera avec sa famille des travaux des maigres champs de la ferme.

A l’âge de vingt ans, ayant tiré un mauvais numéro, et n’ayant pas assez d’argent pour se payer un remplaçant, il part pour un service militaire de sept ans, qu’il effectue en grande partie à Toulouse et Lannemezan. A peine a-t-il terminé son service militaire (mars 1870) qu’il est rappelé en juillet  pour la guerre franco prussienne où il sera fait prisonnier et déporté en Silésie  Le 2 mai 1877, il épouse Marie Chaix (22ans) qu’il installe dans la maison paternelle du Glaizil.. Entre 1877 et 1888 naissent 5 enfants.

 

Jean Pierre Servel , Marie Chaix son épouse et leurs 5 enfants. Cette photo a été prise la veille du départ pour la Louisiane . Seule Mélanie Servel , la soeur de Jean-Pierre, ne partira pas.

 

 Simultanément, il devient maire du village, fonction qu’il occupera de 1877 à 1887. Fin 1888, la famille décide de partir en Amérique. Jean Pierre réponds aux appels de son frère Auguste installé depuis quelques temps à St James (Louisiane).Malheureusement, les retrouvailles avec son frère ne sont pas bonnes :
“ Intendant de son frère, Jean Pierre a la charge de surveiller une immense plantation de canne à sucre. Un nombreux personnel de Noirs encore en semi-esclavage, y est employé. Un jour, Jean Pierre entend des cris. Il accourt et se trouve devant son frère rouant de coup un pauvre Noir coupable de quelque petit larcin ou de paresse. Jean Pierre bondit, arrête son frère. Le Noir déguerpit. Blême de colère, Auguste dit alors : Qui est le maître ici ? C’est toi répond Jean Pierre, mais il est un autre Maître au dessus de toi qui te défend de traiter un homme comme une bête de somme ”

Conscients qu’ils n’avaient plus les mêmes valeurs qu’Auguste, Jean Pierre et Marie décident de rentrer au Glaizil. L’aventure aura duré 3 mois. ”

Jean Pierre se remet à la culture de ses champs alpins. La petite Mélanie qui n’avait que 8 mois lors du voyage en Amérique meurt, mais quatre autres enfants naîtront par la suite.

 Il redevient maire du village quelques années, mais renonce  pour se consacrer à sa nombreuse famille et à sa ferme. Il exerce également quelques services de géomètre arpenteur dans son village. Il semble qu’il ait vécu à ce moment là, la période la plus heureuse de sa vie faite de labeur et de piété.

Il meurt  en 1888. Sa femme Marie lui survit 8 ans et finit par se suicider, accablée par d’autres deuils, la maladie et par la l’angoisse de la disparition possible de 2 de ses enfants partis à la guerre de 14.

 

La ferme de La Chaup , future colonie  Timon-David.

Histoire de Jean Baptiste et de Marguerite

A la mort de Jean Pierre, c’est l’aîné de ses garçons, Jean Baptiste,  qui reprend la tête de la ferme. Celui-ci épouse Marguetite Manuel, originaire du Domaine près de Saint Bonnet.en 1909

 

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