Mémoire du Champsaur édite en ce mois de décembre 2018, un livre sur la Résistance 39-45 dans le Champsaur. Pour en savoir plus Cliquez ICI
.
.
Année 1944
La Résistance Champsaurine est prête au combat.
L’année 1944 sera une très grande année pour le Champsaur. Les Résistants arriveront enfin à s’unifier sous la bannière des FFI (sur directive nationale), l’armement arrivera grâce aux parachutages des Alliés, ce sera l’année aussi du combat de Laye (17 juillet 1944) et quelques semaines plus tard de la libération de Gap grâce aux Résistants le 20 Août 1944. Gap est une des rares villes de France à avoir été libérée par les Résistants (avec Annecy, Barrage de Marèges, Limoges, Castres, Mazamet, Ussel, Gueret et Lauterbourg).
1944 sera aussi malheureusement l’année des exécutions sommaires perpétrées par les Allemands et l’année des combats pour la Libération qui feront de nombreux morts côté Français.
Revoyons en détails ces différents points.
1 / Unification des maquisards
Depuis le débarquement d’Afrique du Nord, le 8 novembre 1942, les responsables nationaux demandaient avec insistance à la Résistance de s’unifier et de s’organiser afin qu’il y ait des chefs bien identifiables, donnant des ordres cohérents et qui puissent répondre aux directives des forces Alliés.
De janvier à juin 1944 les réunions se succèdent dans la région pour regrouper l’ensemble des maquis et des Trentaines. Au fond, le principe de l’unité est acquis mais sa réalisation est difficile. Plusieurs chefs y participent, M. Pascal (chef de la Résistance départementale), le colonel Daviron, le commandant Dusserre-Telmon de Gap, Paul Héraud, Merle, Louis Balmens, le capitaine Frison, Bouvier (chef de l’AS) et bien d’autres. En ces 3 ans de guerre déjà écoulés, les hommes capables de diriger ont été repérés et sont officiellement choisis pour gérer les futurs FFI. Finalement les FFI sont créés. Il regroupe l’Armée Secrète (gaulliste), le groupe Combat, Libération-Sud, les Francs-Tireurs, le MUR, l’organisation de résistance de l’armée (ORA, giraudiste) …etc.
Autour de Gap, dans les vallées de l’Ubaye, de Briançon et dans la France entière, le même travail d’unité se fait.
.
Tous FFI mais …
Tous les Résistants champsaurins, ou presque tous, deviendront donc FFI à partir de février 1944 sous les ordres au niveau national du général Koenig (côté militaire) et du général De Gaulle (côté politique). En mai 1944, Paul Héraud est nommé chef départemental FFI des Hautes-Alpes et du secteur R2 (sud-est, aujourd’hui nous pourrions dire de la région PACA). C’est lui qui mettra sur pied le plan de libération de Gap, un plan qui fonctionnera très bien. Malheureusement il tombera dans une embuscade (à priori) et tué juste avant la Libération. Il ne verra donc pas le fruit de son immense travail.
Toutefois plusieurs groupes resteront dissidents jusqu’au bout continuant leurs actions sans concertation avec la hiérarchie officielle.
.
Exemple d’un dysfonctionnement en juillet 1944 : Dans son livre édité en 2008, le colonel Sassi racontait, avec un certain dépit d’ailleurs, que leur groupe FFI avait fait sauter tous les ponts allant vers Briançon sauf un pour permettre aux Alliés de remonter cette route quelques jours plus tard. Mais un groupe de Résistants dissidents, non informés de la stratégie, avait fait sauter dans la nuit ce dernier passage ! Donc la route était complètement coupée aux Allemands certes mais quelques jours plus tard aux Alliés dans l’autre sens. Sassi de rajouter « …à quoi ça sert de casser toute la vaisselle chez soi… cette route pouvait être gardée et facilement surveillée par une seule patrouille… »
Autres conséquences …
Au moment de la Libération certains groupes dissidents ne seront pas « répertoriés» officiellement comme Résistants FFI et donc pas reconnus comme « anciens combattants ». Ils ne seront pas décorés alors que certains l’auraient largement mérités, n’auront pas la possibilité d’intégrer l’armée de coalition qui remonte vers le nord-est à la poursuite des Allemands et bien d’autres conséquences que certains ont vécu comme une grande injustice.
.
.
.
.
2 / 1944, l’année des parachutages d’armements
Richard Duchamblo parle dans son livre référence « Maquisards et Gestapo » de cinquante parachutages au total sur le secteur. C’est surprenant et certains Champsaurins nient ce chiffre qu’ils jugent très exagéré. A moins qu’il ne parle de la région sud-est élargie (région PACA). Quoi qu’il en soit, les armes arrivent… Les maquisards et les militaires vont être bien équipés, capables d’affronter les Allemands.
En 1944, ils s’exercent chaque jour au maniement des armes, les anciennes et les nouvelles qu’il faut découvrir et font aussi beaucoup d’entraînements physiques. Le débarquement de Provence semble imminent (celui de Normandie a eu lieu le 6 juin 1944), au point que certains s’impatientent car les Anglais font passer de fausses dates, pour noyer la vraie en cas de fuite. Ce stratagème a été usant pour les nerfs de tout le monde.
De nombreux parachutages vont donc avoir lieu, en préparation du débarquement de Provence.
Déroulement de quelques largages au dessus des Alpes
1 / Un premier parachutage s’est déroulé en septembre 1943 à l’Adroit de Pontis, de l’autre côté du barrage de Serres Ponçon. Le lieutenant Paul-Marie Radius (Saint Cyrien) chef de Champoléon, puis de La Begüe dirige les opérations de récupération.
2 / Le 9 novembre 1943 parachutage à Savournon d’armes et d’explosifs à destination des Hautes-Alpes. C’est Lucien Brun qui les réceptionne et les transporte avec son camion jusqu’à Gap en prenant de gros risques. Pour mémoire, sur le trajet son camion est tombé en panne juste à côté d’un poste allemand. Frayeur… puis tout s’est arrangé.
Certains anciens maquisards signalent qu’à cette époque, ils étaient déçus par ces parachutages au compte gouttes malgré les promesses qui leur avaient été faites. Certes il y a les armes françaises récupérées en 1940 dans les casernes de Gap à l’arrivée des Italiens, il y a celles qu’ont laissées les Italiens à leur départ en octobre 1943, celles récupérées par-ci par-là dans la vallée du Champsaur. Mais c’est largement insuffisant. Les parachutages ne comblent pas le manque d’armes.
3 / Le soir du 18 février 1944, un autre parachutage a lieu. Le groupe écoute attentivement radio-Londres lorsque tombe la phrase annonciatrice d’un parachutage « …les descentes sur les neiges sont rapides, je répète les descentes sur les neiges sont rapides ». Cette fois c’est le secteur ! Un ancien Résistant ajoute « nul ne peut imaginer la joie et la fièvre qui régna alors parmi nous ». Le terrain convenu se trouve presque au sommet de Saint Jean (au plateau de Céüze), une clairière au milieu des bois. Il y avait à cette époque 1m50 de neige ! Vers une heure du matin, l’avion se présente, reçoit correctement les signaux et laisse tomber les précieux containers. Il faut suer malgré le froid pour les arracher à la neige, charger les uns sur des traîneaux, mettre les autres sur des plaques de tôle et les faire glisser en les retenant sur la neige. Enfin après plusieurs heures d’efforts, tout arrive à bon port, les cylindres d’armes, les paniers de chaussures et les vivres.
.
.
Cylindre d’armes et mitraillette « Sten ». Chaque maquisard en reçoit une.
.
.
Une partie des armes est également distribuée dans la vallée. La vie des maquisards commence à se transformer. Ils vont pouvoir enfin s’entraîner sérieusement.
Grand Morgon, un des lieux de parachutage, non loin de Savines le Lac. Photo inédite aimablement transmise par la famille du Lieutenant Paul Marie Radius.
.
4 / le 2 et 12 avril 1944 un 4eme et 5eme parachutage d’armes a lieu sur le même terrain à Saint-Jean (plateau de Céüze). La neige a fondu et le travail de récupération est plus simple. Quelques précisions pour le 12 avril 1944 : 10 tonnes de matériel (armes et ravitaillement) doivent être récupérées. A partir de 5 heures du matin, plus de 50 hommes sont sur le terrain. Ils ne termineront que le soir, totalement exténués. « Il y avait de tout : armes automatiques, munitions en grand nombre, explosifs, matériel de sabotage, viande en boîte, sucre, café, chocolat, fruits confits, chaussures, des parachutes…». Une bonne partie du matériel est enterrée sur place. Un plan des cachettes est établi et gardé par Paul Marie Radius. Malheureusement ce dernier est arrêté le 20 juin 1944 et les allemands trouveront ce plan sur lui ! (imprudence de sa part?) Quelqu’un l’a dénoncé. Il sera fusillé le 10 juillet 1944 (10 jours avant la Libération). JB Rouxel, son grand ami, est arrêté à son tour lors d’un barrage routier à l’entrée de Gap. Une 2eme grande figure de la Résistance vient de tomber. Il mourra en déportation (16 mars 1945) et l’une de ses dernières paroles sera « je suis fier de ne pas avoir parlé… ».
5 / le 6 juin 1944 même type de parachutage dans la vallée de l’Ubaye.
Le 10 juin 1944, les Allemands envoient une colonne de 300 hommes sur le plateau Saint-Jean pour essayer de récupérer ce matériel. Ils sont très bien renseignés… mais finalement redescendent bredouilles. Ils arrêtent malgré tout René et Émile Michellon. Ce dernier sera utilisé (!) quelques semaines plus tard comme bouclier humain sur un camion allemand entre Gap et Grenoble (je pense au moment de la débâcle). Alors que les combats font rage, il est finalement atteint au bras à Monestier de Clermont. Il sera libéré par les Américains quelques jours plus tard. Quant à René, malade au moment de son arrestation, il est mené sous bonne garde à l’hôpital. Grâce à l’aide d’une infirmière allemande, il arrive à s’échapper. Les deux frères Michellon seront bien vivants à la Libération.
Dans le Champsaur, deux parachutages devaient avoir lieu en 1944, l’un aux Tourronds sur le plateau de la Planure et l’autre aux Fermonds mais l’avion n’est pas venu. Par contre un parachutage s’est déroulé comme prévu aux Estaris. La vallée du Champsaur est très encaissée et faire un largage de nuit ne devait pas être évident pour les pilotes avec les instruments de navigation de l’époque. C’est la vallée de l’Ubaye qui manifestement a été préférée par les Alliés.
.
.
1944, c’est aussi le combat de Laye
(revu et corrigé le 29/09/2018)
Le combat de Laye (17/07/1944) a toujours eu dans le cœur des Champsaurins une place particulière, même de nos jours. Toutefois, le sentiment est mitigé : ils sont fiers de leurs Résistants mais très critiques sur la façon dont ce combat s’est déroulé. De grosses erreurs ont été commises, soldées par 4 morts parmi les jeunes Français, de nombreux blessés et des représailles immédiates avec 7 fermes incendiées par les Allemands sur les 14 que comptait le village de Laye.
Il s’agit d’un épisode tout à fait étonnant. La manœuvre n’a été avalisée ni par le colonel Drouot L’Hermine (chef FFI du Champsaur depuis le 7 juillet 1944) et encore moins par Paul Héraud qui n’était plus responsable du secteur. D’ailleurs, lorsque Drouot L’Hermine le 17 juillet 1944 vers 16h apprend qu’un combat a débuté à Laye, il aurait dit « ils l’ont voulu, qu’ils se débrouillent maintenant » et a confirmé explicitement en 1945, qu’il ne l’avait en rien cautionné. Quant au colonel Daviron (bras droit de Drouot) il a été prévenu au dernier moment, quelques minutes avant l’affrontement.
Cette embuscade a été tendue par des maquisards stationnés provisoirement à Molines (ils étaient à priori de Champoléon), commandés par le lieutenant Curtet (surnommé Martial) et le lieutenant Benazech. Les autres Trentaines sont venues dans un deuxième temps au secours de ce groupe lorsque les choses ont mal tourné dans l’après-midi.
Voici le déroulement des événements : un certain Martin (probablement résistant de la vallée de Briançon et futur président du CDL après la Libération) a été arrêté quelques jours plus tôt par les Allemands. Sous la torture, à Gap, il lâche qu’une réunion de maquisards doit avoir lieu le 17 juillet 1944 à midi sans en préciser le lieu (en réalité Embrun). Il lui vient alors l’idée, pour sauver sa vie, de signaler qu’elle se passera à Saint-Bonnet-en-Champsaur car d’une part, se dit-il, les Allemands seront repérés dès leur arrivée dans le bourg et les nombreux Résistants seront informés sur le champ. Et Duchamblo de rajouter :« Martin espère que les Allemands trouveront à qui parler.»
Donc les Allemands arrivent le 17 juillet 1944 comme prévu vers 12h à Saint-Bonnet avec une voiture d’officiers et un camion rempli de soldats. Ils s’arrêtent près du Drac. Aux dires des témoins, les officiers sont nerveux et s’impatientent : ils sont là pour arrêter des responsables du maquis et ne voient rien venir. Martin qui est avec eux leur demande d’attendre jusqu’à 16h et assure qu’ils vont venir. Finalement, la réaction espérée par Martin se produit : un habitant du village téléphone aux Maquisards pour leur signaler que des Allemands viennent probablement prendre du bétail dans le village, ce qui est une interprétation complètement erronée.
Les Maquisards décident alors, en très peu de temps (moins d’une heure) et sans l’aval de leur hiérarchie militaire, de récupérer ce convoi de chevaux. « Non ils ne voleront pas ces chevaux à nos fermiers ». Ils choisissent de les intercepter dans la montée de Laye, au seul endroit du trajet où la côte est suffisamment importante pour ralentir les véhicules. Vers 14h tous les maquisards sont en place. Donc, ce combat a été élaboré en moins de 2 heures..
La côte des Roberts où la Gestapo a été attaquée.
.
Ils s’étaient répartis en 4 groupes. Le commandement se trouvait à l’emplacement du grand mémorial actuel (groupe Chabaut avec ses 2 lieutenants, Curtet et Benazech), deux autres groupes (dont le groupe Robert) se trouvaient en contre-bas de part et d’autre de la Nationale et le 4eme groupe se trouvait plus bas à l’embranchement de la route du Cros. Le commandement des maquisards était visible de loin mais cela n’avait pas beaucoup d’importance car l’opération devait être très rapide.
.
.
Le village de Laye traversée par la route Napoléon. Voici le positionnement des 4 groupes. En position 1, le groupe Chabaut qui commandait la manœuvre. Il a une vue très dégagée comme le montre ce cliché pris du mémorial.
.
Il s’agissait donc au départ d’une « mission commando », éclair, pour récupérer des chevaux. Mais en quelques secondes, vers 15 heures, tout va basculer. Il était convenu que c’était le groupe de commandement (sur le mamelon du mémorial) qui déclencherait avec son fusil-mitrailleur le début du combat. Mais un jeune combattant (on m’a signalé que c’était un Espagnol) tire trop tôt sans attendre l’ordre de le faire. Les Allemands ayant entendu le coup partir, font preuve d’expérience et s’arrêtent avant l’endroit prévu par les Maquisards. Ils évitent le pire car ils sont hors de portée des 2 fusils-mitrailleurs. Ils se mettent en position de riposte. Mais, beaucoup plus grave, les Résistants ne savaient pas qu’un camion rempli de soldats arrivait juste derrière. Il pensaient que ce serait plutôt le camion de chevaux, conduit par un Champsaurin…
Le combat s’engage durement alors que les Français auraient dû décrocher très vite. Paul Héraud qui était partisan des attaques « éclairs », fulmina plusieurs jours contre cet acharnement au combat et déplora amèrement les morts. Le colonel Jean Sassi (lieutenant à cette époque) dans son livre de 2008 parle de façon peu élogieuse de Laye « …au combat, c’était n’importe quoi. Pour une guérilla, c’est l’embuscade qui prime… on se positionne dans l’attente du convoi ou de la patrouille. Au coup de sifflet, on crache, dix minutes maximum, puis on décroche vers le point de ralliement, en sprintant… surtout avec les Allemands rompus à la contre-guérilla…». Mais le colonel Sassi avait toujours, 63 ans après les événements, une façon très polémique de parler de la région en ayant des propos déplacés. Juste retour, les Champsaurins ne le portent vraiment pas dans leur cœur et nous verrons pourquoi un peu plus loin.
A Laye, les choses ne se passent donc pas comme prévu et tout se complique.
Les deux camps vont chercher des renforts et les combats s’intensifient. La trentaine de Molines, celle de Saint Laurent du Cros, le groupe de scouts de Saint-Léger, des Espagnols arrivent en renfort. Drouot L’Hermine et le colonel Daviron, déjà prévenus, tentent de solutionner cet imbroglio. Première décision de Drouot L’Hermine : il décide de bloquer les renforts allemands qui pourraient arriver du col Bayard, mais son intervention est trop tardive !
Moins d’une heure plus tard, Duchamblo précise :« Les Allemands arrivaient de Bayard par camions entiers, s’infiltraient de tous côtés, glissant comme des anguilles dans les rigoles de la route, débordant l’ouest du village… » Finalement ils encerclent les Maquisards. Malgré tout, plusieurs Allemands sont tués ou blessés et le milicien Vallet, qui faisait partie du convoi, est lui aussi touché.
Anecdote (qui aurait pu être très grave) : une fillette du village a traversé la route en plein milieu de la fusillade complètement inconsciente de ce qui se passait. Elle a pu malgré tout renseigner les Maquisards sur les positions allemandes !
Les combats ont duré jusqu’à la tombée de la nuit, tardivement en Juillet. C’est au moment du repli général que les quatre jeunes français sont tués. Ce sont-ils mis à découvert en quittant leur position ? C’est probable.
Dépités par cette attaque, les Allemands ont brûlé 7 maisons sur les 14 que comptait le village et il s’en est fallu de très peu pour que des exécutions sommaires n’aient lieu parmi la population au moment du rassemblement général des habitants. L’officier s’y opposa …
Les Maquisards apprendront au retour de cette mission ratée, que la voiture de la Gestapo (la même) avait abattu froidement, le matin même, juste avant ce combat, un Champsaurin dénommé Paulin Faure, au niveau des « Barraques » près de Saint Bonnet. En effet, voulant aider une personne âgée à se rendre à Gap, il avait fait signe à cette voiture banale pour qu’elle s’arrête. Il ne savait pas qu’il s’agissait en fait de la Gestapo. Afin de dégager la route ou peut-être par peur d’une embuscade, les Allemands tuèrent cet homme froidement sans sommation.
Une personne de Saint-Bonnet m’a signalé que Paulin Faure avait été très maladroit dans sa manœuvre en se mettant au milieu de la route pour obliger la voiture à s’arrêter. D’où la réaction excessive de l’officier.
La vieille dame traumatisée par l’exécution sommaire de son bienfaiteur, a été prise en charge malgré tout par le convoi allemand (avec les soldats) pour être accompagnée jusqu’à Gap. Selon toute vraisemblance, elle fut donc témoin 10 minutes plus tard du combat de Laye…bien malgré elle. Dure journée madame ! Nous comprenons mieux aussi le retard qu’avait pris le camion militaire par rapport à la voiture de son officier.
Les conséquences du combat de Laye:.
……… …………………………………………………………………………………….
Il y eut quatre morts côté français et de nombreux blessés. Voici les noms de ces 4 jeunes :
Panzini Roger. Il s’agissait d’un jeune Marseillais réfugié dans le Champsaur. Il a été tué en fin de journée, au moment du repli général.
Para Amédée : il était issu du scoutisme. Les événements se déroulèrent en quelques secondes : il a voulu informer ses camarades qui se trouvaient un peu plus loin, qu’une manœuvre allait se dérouler. L’information était importante. Sa dernière parole a été « ce sera ma BA (bonne action) de la journée ». Il n’avait pas fait quelques mètres qu’il a été abattu par une rafale de mitraillette.
Parmentier Maurice : c’était un des jeunes Alsaciens accueillis clandestinement par le Père Louis Poutrain en 1942 à la cure du village de St Jean. En 1942 et 1943 il avait participé aux entraînements du maquis de Champoléon et avait réchappé à la rafle de novembre 1943. Voici les circonstances de sa mort : au moment du décrochage général, en fin de journée, le groupe Chabaut dont il faisait partie a été le premier à se retirer. Il a été tué sur le coup, au moment de la manœuvre.
Vallon Henri. Il était étudiant et vivait à Gap. Il a été tué en fin de journée, juste après l’ordre du repli général.
.
.
Mémorial érigé par les scouts en mémoire d’Amédée Para. Il est fleuri plusieurs fois par an encore aujourd’hui.
Après ce combat, les Allemands prirent conscience de l’importance de la Résistance sur le secteur, de la modernité des armes et n’osèrent plus s’aventurer dans la vallée. Ils demandèrent du renfort en haut lieu qui ne vint jamais.
Pourquoi ce combat a-t-il été critiqué ?
1 / Le premier reproche a été d’attaquer en un lieu si proche des habitations. Les civils ne devaient pas être mêlés à ce combat militaire. D’ailleurs 2 événements prouvent que le reproche était justifié : en plein combat une petite fille du village a traversé la Nationale sans se rendre compte du danger, et surtout le soir, sept habitations ont été brûlées par représailles. Une habitante me signalait même qu’en plein combat un Résistant s’était réfugiait dans sa grange ! … et de rajouter, complètement dépitée « ce combat était une improvisation totale. »
2 / Le deuxième reproche est venu de la hiérarchie militaire. D’une part les officiers n’ont pas été prévenus, ni consultés ce qui est surprenant et d’autre part, il fallait après l’attaque décrocher très vite et partir. Les Allemands n’auraient pas eu le temps d’appeler des renforts. Toutefois, il faut rappeler que les Français ont été très rapidement encerclés et ont du se battre surtout pour se dégager.
3 / On a reproché aux deux lieutenants de cette mission d’avoir pris des hommes trop jeunes, et inexpérimentés, expliquant le coup de feu prématuré (Duchamblo signale qu’il y en a eu deux) et la mauvaise tournure des événements.
4 / Le commandement des maquisards se trouvait au dessus du cimetière, à l’emplacement du grand mémorial actuel, visible de très loin : beaucoup trop visible. Au premier coup de feu, les Allemands du col Bayard les ont repérés et ont appelé des renforts. Par ailleurs, cet emplacement qui permettait effectivement de superviser les manœuvres était trop loin de la route pour un fusil-mitrailleur. La voiture s’est arrêtée 100m trop tôt, hors d’atteinte de ce poste de commandement !
Juste après Laye, un épisode incroyable !
Après ce combat, les Résistants déploraient parmi eux des blessés graves dont un certain André Lew (commando Barrière) qui inquiétait beaucoup ses camarades. Le médecin du secteur est finalement appelé en urgence. Il confirme la gravité de la blessure avec pronostic vital engagé. Il conseille l’opération dans les plus brefs délais. Un Résistant descend à Gap pour aller chercher le Dr Bruyère, médecin du Maquis. Malheureusement ce médecin, soupçonné par les Allemands, est assigné à résidence et ne peut pas se déplacer. Les maquisards décident donc que le blessé sera déguisé en femme enceinte (coussin sur le ventre, petites mèches blondes dépassant du foulard, rouge à lèvre…) puis descendu à Gap pour une opération de la dernière chance. C’est une manœuvre très risquée.
Le petit groupe, composé de femmes (Mme Chevalier joue le rôle de la tante, Mlle Galleron celui de la jeune sœur) est bloqué à la barrière d’entrée de l’hôpital par les soldats. Pris par la peur et l’émotion, Mme Chevalier fond en larme. Bienheureuses larmes ! Les Allemands sont touchés et les laissent passer. Elles entrent dans l’hôpital, arrivent jusqu’au bloc opératoire où le Dr Bruyère les attend pour ce travail. Au dernier moment un soldat Allemand (Autrichien en réalité) semble avoir un doute. Il demande à assister à l’accouchement. Une fois dans le bloc opératoire, tout le monde se dévoile et le soldat Autrichien opte pour fermer les yeux et se tait. Lui aussi a pris, par humanité, un risque énorme avec sa hiérarchie. Le blessé est sauvé ! Il sortira de l’hôpital un mois plus tard, le 18 Août, c’est à dire 2 jours avant la Libération de Gap. Il sera raccompagné chez lui par un véhicule des « Eaux et Forêts », conduit par …un Résistant. Pour rester du 17 juillet au 18 Août 1944 au sein de cet établissement hospitalier rempli d’Allemands, sans être inquiété, il ne fait aucun doute que son statut de « femme enceinte » a dû changer en cours de séjour.
.
Certains émettent des doutes sur les motifs réels de ce combat
Plusieurs personnes m’ont affirmé (malgré les écrits officiels de Duchamblo), que les Résistants avaient surtout voulu à Laye « taper un grand coup sur les Boches ». L’histoire des chevaux volés ou du prisonnier à libérer aurait été inventée de toute pièce quelques jours plus tard pour justifier leur action et la gravité des conséquences. Effectivement, dans le récit de Duchamblo il y a beaucoup de zones d’ombre et des incohérences manifestes.
Un certain Barreaux, qui avait participé à l’embuscade, a refusé poliment après la guerre de répondre aux questions de Duchamblo et lui écrit : «Je ne vois pas la raison de retracer ces faits et surtout le combat de Laye sur lequel, à mon avis, il vaudrait mieux jeter un voile. Il est vrai que ce combat n’est connu que de ce qu’on en a raconté, beaucoup de choses fausses si j’en crois les termes d’un certain discours qui m’ont été rapportés.» . Duchamblo est donc resté sur sa version officielle.
Le 7 Juillet 1944 est un jour fondateur
En 1944, nous venons de le voir, la Résistance a pu s’unifier sous la bannière des FFI. C’est le lieutenant-colonel Drouot L’Hermine qui sera désigné par les instances nationales et le général Zeller, pour commander le secteur centre des Hautes-Alpes, c’est à dire Champsaur, Valgaudemar, Dévoluy.
Lorsque Drouot L’Hermine arrive le 7 juillet 1944 de la Drôme pour commander la Résistance des Hautes-Alpes, toute la région est prête aux combats. Ce n’est plus un secret, le débarquement de Provence va avoir lieu. Depuis le débarquement de Normandie (6 juin 1944), tout le monde est galvanisé.
Dès son arrivée, Drouot forme des commandos, appelés commandos l’Hermine qui prendront quelques mois plus tard une part importante dans les combats. Ils seront composés essentiellement de Résistants de la Drôme et du Champsaur qui étaient déjà sur place entre 1941 et 1943.
Les commandos L’Hermine (dont les effectifs changeront au fur et à mesure de leur progression vers l’Allemagne), poursuivront l’ennemi jusqu’à la frontière nord-est, participeront aux batailles d’Héricourt, Belfort, Bourbach et enfin Bischwiller. Les combats seront très rudes et 82% des hommes des commandos L’hermine seront tués ! Lui-même sera blessé dans la poche de Belfort. Il recevra alors l’ordre d’arrêter les combats et de redescendre ses troupes à Valence. Ainsi se terminera quelques mois plus tard son combat héroïque !
Qui est Drouot l’Hermine ?
Le Lieutenant-Colonel Jean Drouot l’Hermine (ou Lhermine) est né le 15 septembre 1907 à Luxeuil-les-Bains (Haute-Saône).
Il accède au commandement des Hautes-Alpes à l’âge de 37 ans ! Il a été avant cette nomination, chef des FFI de la Drôme où son action avait été particulièrement remarquée, efficace, parfois incroyablement audacieuse, chaque fois d’un courage hors norme. Vous pouvez en lire un résumé sur le site suivant : http://www.triel-sur-seine.fr/jean-drouot-l-hermine.htm .
Voici l’essentiel de son action (et celle de son groupe) pour l’année 1943 dans la Drôme :
- 108 attaques contre la circulation ferroviaire
- 107 locomotives hors d’usage
- 500 allemands tués et 1 millier de blessés (ce n’est pas le plus glorieux…)
- 5 agents de la Gestapo et 25 indicateurs tués.
- 20 usines en partie détruites
- 57 destructions de lignes à haute tension
- Réception de parachutages issus de 67 avions
Sur ce site, vous trouverez également son action en 1940, 1941, 1942.
Le colonel Drouot doit donc quitter la Drôme et rejoindre les Alpes…..
Drouot arrive dans la région avec cette réputation énorme de héros de la Résistance acquise dans la Drôme. Mais paradoxalement il fait peur. Pourquoi ? Une Résistance est déjà en place, et elle ne tient pas à se faire chapeauter par lui, d’autant que certains signalent que dans la Drôme ses relations avec ses hommes étaient tendues (tout spécialement avec les FTP communistes). Dans le Champsaur (très FTP), tout un équilibre va être perturbé. Que va faire ce nouveau venu ? Ne va t-il pas provoquer des heurts inutiles avec les Allemands ?
Une arrivée spectaculaire dans le Champsaur confirme les craintes. En effet le 7 juillet 1944, après 7 jours d’un voyage mouvementé, Jean Drouot-Lhermine et 9 officiers en uniforme (+ quelques FFI de la Drôme) arrivent dans le secteur, traînant derrière eux 3 tonnes de matériel. Ils se montrent partout en uniforme français, sillonnant les routes avec le fanion tricolore au vent. Heureusement que plusieurs témoignages sont concordants car autrement nous aurions du mal à le croire. Ils créent ainsi de tels remous dans la région que les Allemands sont immédiatement informés. A Gap les Allemands ne s’engagent plus dans la vallée du Champsaur autrement qu’en convois lourdement armés, attachant parfois des otages à leurs camions ou à leurs automitrailleuses.
Parmi les 9 officiers de Drouot se trouvent 3 membres du commando Chloroform, les fameux Jedburghs. Ces commandos avaient été formés très durement en Angleterre. On peut rappeler leur nom :
-
1 / Macintosh qui a été décoré à la Libération de la Croix de Guerre avec étoile d’argent, 3eme niveau. (Information donnée par un fils de Résistant).
-
2 / Le sous-lieutenant Sassi, militaire assez controversé, décoré de la Croix de Guerre 1er niveau (source identique). Le rôle du Sous-lieutenant Sassi a été important : celui d’opérateur radio. Il connaissait tous les codes anglais, les façons de procéder avec les Alliés. Il a été formé pour ça. Il deviendra colonel plus tard, après l’Indochine et l’Algérie. Dans son livre de mémoire, Sassi affirmait en 2008 « … entrer dans l’action, dans le combat, être parachutés sur la France était l’obsession de nos groupes de commandos ». Il sera connu des anglais sous le nom de « Latimer »
-
3 / Jacques Martin, à priori non décoré, en tout cas aucune information allant dans ce sens.
Les Anglais comptaient beaucoup sur ces Jedburghs, formés chez eux, pour encadrer les Maquisards. Par contre ces même Anglais n’avaient aucune confiance dans la Résistance locale et le Général de Gaulle en fera les frais. Ce dernier ne sera même pas informé de la date exacte du débarquement afin qu’il n’y ait pas de fuite ! Au moment de la Libération, même logique, les décorations sont allées vers ces hommes connus des Alliés, mais beaucoup moins vers les maquisards du Champsaur qui pourtant s’étaient battus à leur côté. Il y a donc eu beaucoup de rancœur concernant ces décorations et quelques propos acerbes à l’encontre de Drouot-LHermine et des Jedburghs arrivés le dernier mois pour cueillir le travail des Champsaurins et recevoir la reconnaissance hiérarchique. Nous en reparlerons plus loin.
Le colonel Drouot-Lhermine et le sous-Lieutenant Sassi se dirigent donc sur ordre du général Zeller dans un premier temps vers le Vercors, puis dans un deuxième temps vers les Hautes-Alpes.
Drouot-Lhermine a environ 2 mois pour optimiser la Résistance existante. Elle existe, elle est même assez importante. Il arrive dans la vallée le 7 juillet 1944 et le débarquement de Provence aura lieu le 15 Août 1944.
Informés de ces mouvements, les Allemands de Gap demandent du renfort en haut lieu, à plusieurs reprises, mais en vain.
Une prise de commandement difficile pour Drouot L’Hermine:
Certains chefs locaux refusent d’obéir, de suivre ses instructions. La haine entre certains hommes commence à se faire sentir. A plusieurs reprises le Lieutenant Sassi dégaine son arme pour se faire respecter (ce qui n’est jamais bon signe), d’où cette réputation sulfureuse qui l’a suivi pendant plusieurs années. De mémoire, il est même allé jusqu’à dégainer son pistolet dans un bar de Pont du Fossé ! Il semble avoir eu des propos méprisants à l’égard des Résistants (il était très fier d’être Jedburgh) et s’est accroché avec le capitaine Baudel vertement alors que ce dernier était non seulement responsable du secteur depuis 1942 et de surcroît capitaine donc supérieur hiérarchique ! En 2008 dans son livre, le colonel Sassi avait encore des propos déplacés, jugeant même « que les Champsaurins se battaient comme en 14-18 ». Cela n’a pas du tout été apprécié des Maquisards. Juste après la Libération il a quitté immédiatement la région et certains m’ont écrit par courriels qu’il aurait pu craindre pour sa vie et il le savait. Officiellement Sassi a justifié son départ rapide de Gap en prétextant qu’il avait été écœuré par les exécutions sommaires perpétrées juste après la Libération et le sort odieux réservé aux femmes accusées de « collaboration horizontale » avec les Allemands…
Voici un témoignage reçu sur Drouot (parmi d’autres) :« Quant à Drouot, que Zeller a nommé « responsable de la Résistance dans les Alpes centrales», c’était une fonction pour le faire partir de la Drome, où il s’était mis à dos tous les FTP. C’était une fonction fictive où il a surtout paradé. Et il a participé à la libération de Gap comme toutes les autres unités, et sans décider de rien ( le plan d’attaque a été conçu par Paul Héraud avant sa mort et accepté par les alliés, réalisé par Etienne Moreaud) tout en prétendant l’avoir libéré seul.» (JPP)
Un témoignage reçu sur Sassi (parmi d’autres) « …Sassi n’était qu’un simple opérateur radio. Qu’a donc fait Sassi à cette époque pour mériter la Légion d’Honneur ? Il était au milieu de vrais héros courageux au moins autant que lui et il n’a pas pu agir mieux qu’eux…ce qu’il dit dans son livre est complètement éhonté voire calomnieux pour les vrais Résistants…..le sous-lieutenant Sassi n’a acquis que la croix de guerre 1er niveau… Il prétend que le père Ludovic (des Borels) aurait déterré pour lui 107 fusils Lebel alors qu’avec le capitaine Henri Baudel, ils avaient passé plus d’un an à organiser tout ça … je pense que la valeur que se donne Sassi dans son livre de 2008 relève de l’imaginaire et tout son jugement est réellement faussé ». Et de conclure un peu plus positivement « En conclusion, mon but n’est pas de descendre Sassi ou Drouot mais de mettre en évidence la valeur des résistants du Champsaur, et en particulier ceux de Saint-Laurent du Cros. Vous le dîtes, c’est exact, Sassi était légitime car joint aux Jedburghs via le gouvernement de la France Libre… ». ( Fils de Résistant désirant garder l’anonymat)
J’ai ainsi reçu de nombreux témoignages allant dans ce sens.
Et pourtant tout va se mettre en place…
Face à l’ennemi Allemand et pour le bien supérieur de tous, le Maquis se calme et comprend que les hommes de Drouot arrivent avec un mandat légitime.
Les Résistants sont armés avec du matériel moderne (grâce aux parachutages) et les militaires circulent dans la vallée pour donner les instructions. En 1944 Maquis et Trentaines sont finalement très mêlés à travers ces formations.
.
.
Photo inédite. Elle m’a été adressée par Mme Roux-Laurent.
(probablement la Trentaine Piot). Ils ont entre les mains une mitraillette Browning calibre 30. Efficace mais pas très moderne.
.
.
Résistants à l’entraînement. Photos inédites, Mme Laurent-Roux.
Malgré les oppositions internes, les commandos « Lhermine » vont se multiplier. C’est l’occasion de préciser que le nom « Lhermine » était un surnom de guerre pour le colonel Drouot (il l’avait reçu pour la 1ere fois chez les scouts comme nom de totem car il était très blond ). Il garda les 2 noms (Drouot et L’hermine) après la guerre sur décision administrative afin de faciliter le lien entre cette période de guerre et la reprise d’une vie sociale normale.
Pendant 2 mois les maquisards s’activent !
Il faut remettre leurs actions en perspective. Le débarquement de Normandie a eu lieu le 6 juin 1944. Tous les Résistants sont galvanisés par cette annonce. Ils savent que le débarquement de Provence ne va pas tarder. Leur courage redouble !
-
En cette année 1944, en lien avec les Maquisards de la vallée de l’Ubaye ils font sauter la voie ferrée Briançon-Gap à de nombreuses reprises, 17 fois pour la seule ligne Veyne-Briançon. Ils veulent absolument bloquer les déplacements ennemis ! Seul le manque d’explosifs les limite.
-
Paul Héraud aidé de Galetti et d’Edouard, vont, grâce à 30 kg de dynamite, essayer de faire sauter l’usine d’Argentière qui fabrique 650 tonnes d’aluminium par an. Il s’agit d’une demande des Anglais. Mais le sabotage est partiellement loupé car la première charge de dynamite, en explosant, a désamorcé les autres charges qui se trouvaient à proximité. La deuxième tentative, beaucoup plus dangereuse car les Allemands avaient mis des sentinelles, sera réussie (ce soir là, les gardes s’étaient endormis).
-
Paul Héraud fait sauter à répétition les lignes téléphoniques et les lignes à haute tension avec Jean Le Petit et Raymond Ribaud pour gêner les Allemands qui en sont exaspérés. Duchamblo signale par ailleurs « que de braves gens à cette époque ne comprenaient guère la raison de tous ces sabotages et maugréaient contre « les types du maquis ». A quoi riment toutes leurs histoires ? On dirait que ces gens-là ne détruisent que pour le plaisir de détruire et d’ennuyer ! ». En compagnie de Jean Roux, de son ami Moreaud et de Lombard, il prive également d’électricité Saint Auban en faisant sauter un gros pylône du côté du Poët.
-
Toujours lui, Paul Héraud arrive à mettre deux usines de Saint Auban en arrêt total. Il est aidé de Moreaud et de Robert Antoine.
-
Le capitaine Baudel, accompagné du lieutenant Céard, de B. Poirier et de quelques maquisards va chercher un stock d’armes qui vient d’être parachuté dans la Drôme. Malgré les énormes risques …tout se passe bien.
-
Ils organisent des secours à l’égard des réfugiés du Vercors.
-
Du côté d’Aspres le lieutenant Céard sous les ordres d’Henri Baudel surveille la route. Tout convoi allemand arrivant sur le secteur est attaqué (source R. Duchamblo).
-
Sur le secteur de Paul Heraud, à La Faurie (à 35 km de Gap), un convoi Allemand de 50 camions accompagné d’une auto mitrailleuse se dirigeant vers le Vercors est accroché par le maquis. L’ennemi n’arrive pas à passer et un rude combat s’engage. Ils n’arriveront à passer qu’au bout de 24h, grâce à de gros renforts. Les pertes seront terribles pour eux. Quelques jours plus tard au même endroit, même scénario.
-
Les maquisards attaquent à plusieurs reprises la RN 94 (route Gap-Briançon), détruisant tout le matériel Allemand... A partir de là, l’ennemi est beaucoup plus prudent car il pense être encerclé de toute part autour de Gap. Les Allemands n’osent plus s’aventurer en dehors de la ville. Leur capitulation le 20 Août 1944 à Gap, face aux commandos l’Hermine, avant l’arrivée des Américains, est en partie due à cette intime conviction… conviction, à vrai dire, que les Résistants ont su faire passer.
-
Le 8 juin 1944, il est demandé à Paul-Marie Radius (ordre de Mermet) de rejoindre le groupe de maquisards de Barcelonnette pour verrouiller la vallée de l’Ubaye. A cet effet ils font tomber quelques gros sapins et un camion est mis en travers, trois FM sont bien positionnés, les hommes sont prêts au combat. Il y a une grosse effervescence car l’affrontement va avoir lieu d’égal à égal avec les allemands. Mais rien ne se passe et deux jours plus tard, l’opération est annulée.
-
La veille du débarquement (Drouot en est informé), ses hommes font sauter le pont de chemin de fer à Savines et les derniers ponts routiers.
-
Paul Héraud étant aussi responsable du secteur R2 (le sud-est), il organise de nombreux sabotages dans les Bouches du Rhone dont un spectaculaire à Gardanne (« un vrai feu d’artifice » nous signalait un ancien Résistant). L’usine d’aluminium de Gardanne est largement inutilisable (sur ordre venant d’Angleterre).
-
Une course poursuite a eu lieu le 10 Aout 1944 jusqu’au fond de la vallée du Valgaudemar (soit dix jours avant la libération). La surprise fut double dans cette vallée car les habitants y vivaient depuis le début de la guerre comme en terre libre (pas d’Allemand) et par ailleurs on savait que depuis les combats de Laye les Allemands ne s’aventuraient même plus dans le Champsaur.
Voilà donc ce qui est arrivé et qui aurait pu très mal tourner ……
Le groupe de Maquisards mené par le lieutenant Stavro a été finalement repéré par les Allemands. Une course poursuite s’engage à travers le Champsaur. Les résistants n’ont plus de munitions et sont à bout de force. Ils sont épuisés. Arrivant à la bifurcation vers la Chapelle en Valgaudemar ils hésitent : soit ils vont tout droit vers La Mure et Grenoble avec le risque de tomber sur une autre patrouille allemande qui viendrait dans l’autre sens, soit ils entrent dans cette vallée très encaissée, en cul de sac, d’où ils ne peuvent plus sortir. Le lieutenant opte pour rentrer dans la vallée et ce fut très judicieux. Les Allemands ont peur d’une embuscade mais les poursuivent jusqu’à Villard Loubière. Puis prudents ils font demi-tour et ressortent de la vallée. Les maquisards épuisés sont accueillis deux villages plus loin. Ils sont cachés dans l’église où on leur donne les premiers soins. Puis ils s’endorment aux dires des témoins avec une rapidité étonnante. Tous furent sauvés. Dix jours plus tard c’était la Libération.
Pour lire la suite (libération de Gap ) Cliquez ICI
.
– 15 / Souvenirs de guerre d’un petit enfant (JP Clot, chirurgien) : Cliquez ICI.