Saint Julien en Champsaur
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Nous aimerions vous faire découvrir à travers une trentaine de photos récentes ce beau village de Saint Julien en Champsaur qui se trouve à 3 km de Saint Bonnet et 17 km de Gap.
J’ai survolé le village en ULM au mois de juin. Nous sommes partis de Tallard et avons découvert tout le Champsaur (en 2 heures) à environ 1000m d’altitude par rapport au sol. C’est un très beau souvenir. J’ai dû faire à cette occasion 70 photos.
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Lorsqu’on arrive à St Julien en Champsaur on est surpris par les dimensions imposantes de son église. Elle a été construite en 1862 sur l’emplacement d’une chapelle très ancienne dont la construction remontait au moyen-âge.
Au Moyen-âge, St Julien avait également la responsabilité paroissiale de Chabottes et du Forest ce qui posait d’ailleurs de gros problèmes lors des cérémonies. En effet, il fallait pour ces 2 villages traverser le Drac dans des conditions parfois périlleuses. Par exemple, lors d’un enterrement, il fallait faire passer le cercueil de l’autre côté du Drac sur un pont pas toujours très stable en cas de mauvais temps. Ce n’était pas simple. A partir de la Révolution, Chabottes et Le Forest deviendront Paroisse à part entière.
En 1837, l’ancienne église du moyen âge devenait dangereuse, menaçait de s’écrouler, et le curé de St Julien avait demandé au roi Louis Philippe une aide urgente en ces termes « J’ose me jeter aux pieds de votre Majesté afin d’implorer votre charité en faveur d’une des plus pauvres Églises du Département des Hautes-Alpes, c’est celle de Saint-Julien en Champsaur canton de Saint-Bonnet, qui a besoin d’une reconstruction nouvelle, vu que l’ancienne voûte est trop écrasée et fait la pluie en plusieurs endroits… »
Sur les plans de l’architecte Goulain, la construction débutera en 1858 sous la houlette de Charles Andreoletty (entrepreneur à Saint Bonnet ) et de Pierre Rambaud (entrepreneur à Buissard). Au lieu de garder la même orientation que l’ancienne église (à priori vers l’est) ils décident, afin de profiter au maximum de l’esplanade (de sa surface), de l’orienter un peu plus vers le nord-est. La construction sera terminée en 1862.
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En 1862, la population du village s’élevait à 620 habitants ce qui explique les dimensions de cette église d’autant qu’à l’époque peut-être 90% des habitants étaient pratiquants. Actuellement on dénombre 343 habitants dont 4,5% sont pratiquants (moyenne nationale)….(sauf mariages, baptêmes et les funérailles où le chiffre monte ). Donc cette église est aujourd’hui surdimensionnée.
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Le village de Saint Julien en Champsaur est jumelé avec Waldens en Allemagne. Ce village Allemand compte 5150 habitants et se trouve au centre Ouest du pays (alt 396m).
Nous sommes dans le Parc National des Ecrins. Je vous transmets la belle définition que j’ai trouvé sur le site du Parc : »Entre Alpes du Nord et Alpes du Sud, le massif des Ecrins est un vaste ensemble de hautes montagnes (150 sommets de plus de 3000 m et quelques 10 000 hectares de glaciers) compactes, abruptes, sauvages que tempèrent les vastes étendues d’alpages à peine gagnées par les plus hardis mélèzes annonciateurs des forêts de résineux.
De profondes vallées ciselées par les glaciers s’échappent de cette forteresse de pierre et de glace, s’ouvrant sur des territoires patiemment conquis par l’homme. Cette société montagnarde d’abord agropastorale puis impliquée dans l’activité touristique a façonné avec humilité ces paysages admirables. C’est ce rapport entre la puissance des reliefs et la ténacité des hommes qui confère au massif des Ecrins son caractère à la fois secret et d’une sauvage beauté que rien n’est venu altérer. »
Je trouve cette définition très belle. On peut rajouter que le Champsaur (et donc une bonne partie du parc National des Ecrins) est le plus haut bocage de France. Peu le savent…
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Allons découvrir le village en remontant jusqu’à la Mairie et l’église.
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Le village se trouve à 1100m d’altitude et semble s’être organisé autour de son église qui est perchée au sommet sur l’esplanade. Autrefois St Julien-en-Champsaur s’appelait St Julien de Buissard. Robert Faure signale dans son encyclopédie du Champsaur « qu’on peut voir à la maison Robin des armoiries en bas relief qui proviendraient de la maison forte de Beauregard »
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Les habitations profitent du plein soleil toute l’année.
Saint-Julien en Champsaur, bénéficie de son exposition en adret. Wikipédia signale « la bise (vent), qui refroidit le bas-Champsaur, ne l’atteint guère (effectivement elle passe par dessus , je confirme. Voir l’histoire qui suit) . Les hivers sont parfois rudes, mais les étés sont très doux.
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La nature est complètement mêlée aux habitations ce qui est très agréable…pour le citadin que je suis.
Anecdote : tout semblait relativement calme ce jour là (les nuages m’y font penser) et la météo annonçait un vent de 20km/h. Donc en toute confiance, à l’extérieur du village bien-sûr (en contrebas) j’ai fait décoller un drone sans difficulté pour faire des photos aériennes (j’ai photographié tout le Champsaur de cette façon ). Mais à peine atteint les 70m d’altitude, le vent qui devait passer par dessus le village, par dessus l’église, a emporté le drone comme un fétu de paille en direction de Chabotte avant même que j’ai pu avoir le bon réflexe d’enclencher le retour en urgence (perte de contrôle en 15 secondes maximum). Pendant 3 jours j’ai sillonné le secteur mais en vain. Mairies et gendarmeries ont été prévenues…qui sait, peut-être quelqu’un le retrouvera !…mais dans quel état après un hiver passé dehors ?
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Le même endroit vu sous un autre angle. Il s’agit de la rue du Fustier. Un fustier est une personne qui travaille le bois en général pour la construction (en latin fustem —-> c’est le bâton)
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En arrière plan le pic de l’Aiguille et plus à gauche le Pic de Gleize. On voit de profil l’hotel des Chenets.
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Hôtel-Restaurant des Chenets.
Voici la présentation de leur Site :
« A 1100 m d’altitude, entre Gap et Grenoble, dans un village du bocage champsaurin, à quelques kilomètres de la Route Napoléon, entourés de montagnes et de stations de ski, « Les Chenets« sont un havre de tranquillité, où l’on savoure une cuisine raffinée.
Appelez-nous pour préparer votre séjour au 04 92 50 03 15, nous serons heureux de vous renseigner.
A très bientôt. Danielle et Hervé Guérin »
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L’ancien four du village
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Rue du Cordonnier. Même les plus petits villages avaient à l’époque un cordonnier. Récemment une personne m’a affirmé qu’à St Bonnet, par exemple, il y avait (le siècle dernier) 3 cordonniers, et pratiquement tous les corps de métier. La désertification en un siècle a fait des ravages.
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Lors de la montée du village, l’église m’indique la bonne direction. Un ciel bleu magnifique et pas de vent….
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Centre de vacances les Jonquilles
Ce centre de vacances propose depuis plusieurs années des formules d’accueil pour des groupes :
– séjours vacances
– classe de découverte
– classe de neige
– collège, lycée
– familles
Le plus simple est de découvrir leur site en cliquant ICI
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La place Vivian Maier où se trouve la Mairie
Curieux destin que celui de Vivian Maier !
Fille d’une émigrée champsaurine, Vivian Maier est née, en fait, à New York le 1er février 1926. Sa mère, venait de Saint Julien en Champsaur. C’était une fille de paysans, du Domaine de Beauregard, née Jaussaud en 1897, qui était partie aux Amériques, comme beaucoup de Champsaurins à l’époque, espérant trouver une meilleure situation.
Démarrage difficile pour Vivian Maier aux USA. Sa mère, en grandes difficultés après un divorce, revenait alors avec Vivian Mayer dans le Champsaur. Et Vivian fréquentait, de 6 à 12 ans, l’école de Saint Bonnet en Champsaur. C’était, pour elle, les premières années de sa vie, les vraies années des découvertes !
Revenue en Amérique, Vivian allait mener une vie bizarre, tour à tour bonne, gouvernante, nourrice, nurse… Mais, noble revanche, cette célibataire endurcie a eu toute sa vie comme merveilleux hobby un appareil photo pendu à son cou avec lequel elle pouvait, tel un Doisneau, croquer la vie des Américains.
Pour autant elle n’en gardait pas moins un attachement racinien et affectif avec son Champsaur. Elle y vient souvent : à Saint Bonnet, à Saint Julien, au Noyer, à Bénévent…et aussi à Saint Jean Saint Nicolas, en 1932 aux Ricous, pour, en fait, découvrir (sans grand attrait) son grand père biologique: Nicolas Baille (un ancien garçon de ferme qui avait mis enceinte sa mère Maria Jaussaud alors qu’il venait d’avoir 16 ans, et qui avait été aussitôt chassé du domaine de Beauregard).
D’autres séjours champsaurins encore, entre autres, en 1938, en 1951, en 1959…
TRAGIQUE FIN DE VIE
Un peu cigale, elle profite de ses dernières années pour faire un tour du monde mais se retrouve, en fin de vie, démunie, après une chute, dans une maison médicalisée, en proie à d’énormes difficultés financières.
Dans un garage, elle a placé plus de 200 cartons contenant plus de 100 000 photos.
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Grosse surprise !
… à sa mort, découverte d’une artiste hors-norme
A 83 ans, en 2009, Vivian Maier décède. N’ayant pu payer les frais de stockage, ces cartons de photos et de pellicules sont vendus aux enchères.
John Maloof, fils de brocanteur, fait alors un achat hasardeux mais étonnant. Et il découvre un trésor. Il découvre que Vivian Maier, n’ayant connu tout au long de sa vie, souvent dans l’indifférence, que des travaux de survie, était, en réalité, une photographe particulièrement douée et brillante.
Pour lire la suite, car il y a une suite …. Cliquez ICI
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Domaine familial (photo trouvée sur le site officiel Vivian Maier)
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Reprenons la visite du village
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De la place Vivian Maier, on voit très bien l’église, elle est juste au dessus.
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Cette photo a été prise juste à côté de la Mairie.
Il faut se souvenir que les parents de la Bienheureuse Benoite Rancurel (1647-1718), la voyante du Laus, ont vécu à St Julien en Champsaur. Benoite elle même est revenue plusieurs fois dans le Champsaur au cours de sa vie et à St Julien en Champsaur en particulier. La famille Rancurel a donc connu l’ancienne petite église médiévale. Pour lire l’article sur l’histoire du Laus Cliquez ICI
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La Mairie. Téléphone: 04 92 50 70 69
Horaires d’ouverture :
Le Lundi : de 16h00 à 18h00
Le Jeudi : de 10h00 à 12h00
Le Vendredi : de 14h00 à 16h0
Courriel : mairie.st-julien-en-champsaur@wanadoo.fr
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La place Vivian Maier vue sous un autre angle. Petit doute sur la montagne qui est en arrière plan : le Chaillol peut-être. Toutefois il me semble petit…
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J’arrive sur le parvis de l’église avec une vue magnifique sur le Pic Aiguille. Devant une église on peut parler de choses sérieuses, n’est-ce pas ? Je vais donc vous parler de la peste dans le Champsaur
La peste à St Julien en Champsaur :
On dénombre cinq grandes pestes : 1347, 1585, 1630, 1668, 1720 ! A chaque fois ce fut une véritable hécatombe dans le Champsaur.
La peste de 1347 à 1352, qui a touché toute l’Europe, semble avoir diminuer la population du Champsaur de 76% !
Lors des autres pestes, des villages entiers furent rayés de la carte en particulier le village de Villard Mouren. Dans certains villages les survivants n’étaient pas assez nombreux pour enterrer leurs morts.
La peste de 1585 touche de plein fouet l’armée de Lesdiguières. Alors que le duc vient de piller la ville d’Embrun, voler son trésor, profaner la cathédrale et fait beaucoup de morts au passage, la peste touche son armée. Mais rien ne l’arrête, les combats se poursuivent. Devant tous ces fléaux beaucoup fuiront dans la montagne pour éviter la peste …..et Lesdiguières.
Qu’est-ce que la Peste Noire ? En deux mots, il s’agit d’une infection transmise par les rongeurs après morsure (plus rarement par piqure de puce), la maladie évolue le plus souvent vers la mort en 8 jours. Sans traitement il y a 80% de morts. Le chiffre est frappant puisqu’il rejoint le chiffre de 76% de morts dans le Champsaur que l’on peut donc considérer comme exact !
Ensuite la maladie se transmet d’homme à homme souvent par voie respiratoire (peste respiratoire).
Trois histoires retrouvées dans des écrits anciens: 1 / cette épidémie entraînait de véritables drames familiaux car les malades ne devaient plus être approchés. Ils étaient donc livrés à leur sort, délaissés pour éviter la contagion, abandonnés dans des souffrances terribles, la faim et la soif…..Deuxième exemple : je lisais dans un document que certains paysans du Champsaur creusaient eux-mêmes leur tombe et s’y allongeaient afin d’avoir une sépulture décente. Car pour les autres, faute de temps, ils étaient rapidement mis dans des fosses communes et dans des conditions qu’on ose à peine imaginer. Dernier exemple : la soif des malades était telle qu’ils se traînaient parfois jusqu’à la fontaine la plus proche et on les retrouvait morts, la tête sous l’eau (par épuisement) …. je passe.
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J’ai pris cette photo dans des conditions acrobatiques….mais j’y suis arrivé. De l’esplanade, c’est impossible. Dans son répertoire d’archéologie de 1888, Joseph Roman parle d’une église moderne, toute neuve et pour cause …elle a été construite en 1862. Il ne dit rien de plus. D’autres écrits signalent que l’église de St Julien est « quelque peu originale avec des contreforts extérieurs, un clocher-tour à quatre clochetons, un maître-autel en marbre sculpté, un fond de chœur lambrissé, etc. »
Regardez bien : les contreforts sur les côtés et devant l’église sont si importants et inhabituels qu’on peut penser que l’architecte craignait des affaissements de terrain et des fissures. L’esplanade est effectivement très petite.
Je n’ai malheureusement pas pu entrer dans le bâtiment pour le photographier.
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Et me voilà de l’autre côté de la butte …
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Photo prise de l’esplanade en direction du Nord-Ouest.
Devant nous, jusqu’aux montagnes au loin, se trouve le bas-Champsaur. On repère toujours le Pic de l’Aiguille (plutôt à gauche), et la naissance de la chaine du Faraud.
Sur l’ensemble de ces clichés, je trouve que les montagnes ne semblent pas majestueuses comme elles le sont en réalité. Donc je vous livrerai en fin d’article 2 photos aériennes du bas-Champsaur qui sont plus justes dans les proportions.
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De ce côté, on sort très vite du village…
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….pour découvrir une nature magnifique.
Initialement, en voyant ce petit édifice (en très mauvais état) j’ai pensé à une chapelle. En réalité il s’agit d’un petit mausolée avec 2 ou 3 tombes à l’intérieur. Donc c’est privé et le propriétaire n’a pas entretenu l’ensemble. Dommage.
On a retrouvé dans le Champsaur, en particulier dans les cimetières, (ce mausolée m’y fait penser) des traces assez nombreuses de la présence Romaine (autre époque bien-sûr).
Six cents ans de présence Romaine dans la région.
Les Romains franchirent les Alpes de – 135 à -125 avant Jésus Christ ( soit dix ans d’invasion) et contrôlèrent rapidement la région qu’ils rattachèrent à leur Province de Narbonnaise dans un premier temps puis à la Viennoise. Ce fut une période de grande stabilité dans le Champsaur pendant 600 ans !
Cette situation demeura donc jusqu’aux invasions barbares du Ve siècle après JC.
Par exemple cette présence a été confirmée au Glaizil par la découverte en 1840, à environ 3 mètres de profondeur, de tombes romaines dans le cimetière actuel du Glaizil, tombes en maçonnerie qui renfermaient des urnes de cendre. Dans le cimetière de Notre Dame de Bois Vert, on a découvert des tombes très anciennes pouvant également être d’origine Romaine.
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Des photos de la vallée
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Voici les vraies dimensions de ces montagnes !
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Les montagnes qui surplombent St Julien. On distingue Chaillol (station et village)
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Photo de St Julien faite en hiver
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Pour découvrir l’ encyclopédie du Champsaur écrite par Robert Faure
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